Marthe Jobart
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Marthe Jobart | ||
Dénomination(s) | Soeur Madeleine Thérèse de Saint-Joseph | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 3 janvier 1645 | |
Date de décès | 17 mars 1717 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Julie Piront, 2019
Née à Paris le 3 janvier 1645, Marthe Jobart est l’aînée des trois enfants de Dominique Jobart, conseiller du duc de Lorraine puis « agent des affaires » de Mazarin, et de Marie Dehault, femme de chambre de Marguerite de Lorraine, mariés à Paris le 19 janvier 1644. Au décès de Dominique, sa veuve rentre en Lorraine avec ses enfants en bas-âge et veille à leur éducation. Dès l’âge de douze ans, Marthe formule le souhait de devenir religieuse dans un monastère voué à la Vierge. Orientée par son confesseur, carme déchaux resté anonyme, elle entre en janvier 1662 au premier Carmel thérésien de Nancy, fondé en 1618, et y fait profession le 31 mai 1663 sous le nom de Madeleine Thérèse de Saint-Joseph.
Durant les années qui suivent, la religieuse participe aux deux déménagements de sa communauté. Logées dès les premières heures dans une maison que leur ont cédée les carmes déchaux, les carmélites n’y ont fait que des aménagements sommaires : leurs revenus, comme ceux de bien d’autres communautés religieuses, ont été éprouvés par la guerre de Trente Ans. En 1666, leur cadre de vie est en mauvais état et elles obtiennent du duc de Lorraine, Charles IV, de pouvoir édifier un nouveau monastère sur les anciens fossés qui séparaient la ville neuve de la vieille ville. Elles s’y installent en 1668, mais doivent l’abandonner dès 1673 sur ordre de Louis XIV qui, s’étant emparé de la Lorraine (1670), fait rétablir l’enceinte fortifiée. La communauté réintègre sa première maison rue des Quatre Eglises et y accomplit des travaux ponctuels.
Selon sa notice nécrologique, le zèle, les talents et les qualités intellectuelles de Madeleine Thérèse de Saint-Joseph attirent l’attention de la communauté qui lui confie, à partir de 1675 et de manière presque ininterrompue jusqu’à sa mort, une charge au sein du comité restreint qui assure son gouvernement. D’abord sous-prieure, elle est élue prieure en 1681, fonction qu’elle occupe à nouveau en 1687, 1699, 1705 et 1714, en alternance avec celle de discrète (conseillère). Cultivée, Madeleine Thérèse s’adonne alors à l’écriture et se fait historienne, dressant le récit des principaux événements survenus, peut-être sous la forme d’une chronique, et compilant des biographies des religieuses. Créative et dotée d’un sens artistique, elle se distingue dans la production de fleurs artificielles, confectionnées à partir de tissus gaufrés et destinées à la décoration des autels. À l’aube de la cinquantaine, la religieuse s’attèle à des travaux d’ampleur : la reconstruction intégrale de son monastère, fragilisé lors de la destruction des fortifications en 1698 à la suite du traité de Ryswick.
Elle conçoit dès 1698 – elle est alors seconde discrète – quatre plans différents soumis à deux professionnels du bâti : Christophe André, intendant des bâtiments du duc de Lorraine et ami de la communauté, et Giovan Betto (1642-1722), architecte italien bien connu des carmes déchaux en Lorraine qui construira le second Carmel de Nancy (1714-1718). Ils retiennent un projet « sans rien y changer », transmis à Paris, probablement au siège provincial de l’ordre, où ils reçoivent approbation. Élue prieure en décembre 1699 puis première discrète en 1702, Madeleine Thérèse de Saint-Joseph ne ménage pas sa peine pour assurer le suivi du chantier du monastère, débuté le 23 septembre, puis de l’église, inauguré le 25 septembre 1701 et achevé le 15 novembre 1704.
De ce complexe architectural, seules subsistent deux ailes très remaniées, identifiées grâce aux plans conservés du rez-de-chaussée et du premier étage, vraisemblablement contemporains du chantier. Non signés, ils ne peuvent être attribués avec certitude à la supérieure architecte, mais témoignent – par le cloisonnement des espaces et leur articulation – d’une maîtrise évidente des besoins de cette communauté soumise à une clôture stricte. L’église, décrite en 1811, empruntait aux formes et au vocabulaire architecturaux de son temps, insufflés sans doute par Betto. Elle était précédée d’une façade ordonnancée, surmontée d’un fronton triangulaire. A l’intérieur, la travée centrale de la nef était dilatée par un dôme soutenu par deux murs incurvés où se logeaient dans des niches les statues de saint Joseph et de Thérèse d’Avila.
Madeleine Thérèse de Saint-Joseph Jobart rejoint désormais le groupe des carmélites architectes qui, aux côtés de nombreux carmes, ont laissé leur empreinte dans la pierre.