Marie-Louise Auget de Monthyon
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Marie-Louise Auget de Monthyon | ||
Conjoint(s) | Michel Bouvard de Fourqueux (1719-1789), procureur général de la chambre des comptes | |
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Dénomination(s) | Madame de Fourqueux | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1728 | |
Date de décès | 1798 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Laurence Croq, 2012
Marie-Louise est la fille de Jean Auget de Monthyon, maître ordinaire de la chambre des comptes du roi, et de Catherine Surirey de Saint-Remy. Sa mère étant morte peu après sa naissance, son père se remarie avec Marie Anne Pajot du Bouchet, dont il aura un fils, Antoine, baron de Monthyon. En décembre 1740, elle est mariée à Michel Bouvard de Fourqueux, procureur général de la chambre des comptes. Cette date marque aussi son entrée dans le monde. Elle fréquente en particulier le salon de Mme de Graffigny.
Elle met au monde Anne Marie Rosalie, probablement en 1744, et Adélaïde Agnès Élisabeth en 1745. Elle les allaite et se charge de leur instruction.
Après le décès de Bouvard père en juillet 1754, les Fourqueux apparaissent dans l’entourage amical de l’intendant des finances Daniel Charles Trudaine. Plusieurs habitués deviendront ses amis: le mathématicien Alexis-Claude Clairaut, l’homme de lettres Guynement de Kéralio, le parlementaire dijonnais Malteste, l’académicien Gaillard et le président Nicolaï.
En janvier 1762, elle unit sa fille aînée à Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny, intendant des finances et conseiller d’État, mariage dont naitront Charles-Louis en 1765 et Charles-Michel en 1766. Sa seconde fille épouse Étienne Maynon d’Invault, contrôleur général des finances, en décembre 1768. Peu après, M. de Fourqueux devient conseiller d’État.
Marie-Louise tient alors son propre salon que fréquente notamment le jeune Dupont de Nemours, tandis qu’elle rencontre d’autres intellectuels dans celui du baron d’Holbach.
Au printemps 1776, les Fourqueux emménagent dans le Marais avec leur fille aînée, leur gendre, les deux fils de ces derniers et le baron de Monthyon. Leur salon, ouvert aux «idées nouvelles», est fréquenté par l’abbé André Morellet, par le poète et historien Rulhière, et par Malesherbes. Avec les Nicolaï, Mme de Fourqueux et son mari adhèrent à la loge de La Candeur. Elle s’intéresse au mesmérisme, fait débattre les acteurs et les auteurs importants de l’illuminisme. En 1777, elle contribue à la libération de Delisle de Sales, incarcéré après la publication de la Philosophie de la nature. Selon une anecdote qui a beaucoup circulé mais qui semble peu crédible à ce moment-là de sa vie, elle aurait été l’objet d’une mystification par le chevalier d’Eon en 1778. Durant cette période, elle écrit des romans et s’occupe activement de ses petits-fils, recueillis après la mort de sa fille aînée et de son gendre (1776 et 1777).
Après la mort de son époux, en 1789, elle s’installe au château de Fourqueux (Yvelines), puis, sans doute infirme, le quitte en 1792 pour une maison à Marly-la-Machine. Elle est incarcérée pendant la Terreur (à Versailles du 30 oct. au 11 nov. 1793, à la Conciergerie du 21 nov. au 20 janv. 1794). Elle est très affectée par la mort de Malesherbes, de Nicolaï et surtout de ses petits-fils, exécutés le 28 juillet 1794. Elle meurt le 1er octobre 1798. Son testament, rédigé en 1793, désignait Gabriel-Henri Gaillard comme son exécuteur testamentaire. «Je prie qu’on lui remette tout ce qu’on trouvera de manuscrits écrits de ma main, je crois que cela ne mérite que d’être brulé, il en jugera, j’ajoute à toutes mes autres confiances celle du sacrifice de mon amour propre».
Gaillard publiera ses deux romans en 1805 et 1806 et peu avant sa mort chargera Jean-Baptiste-Antoine Suard de l’édition de ses Confessions, ce qui sera fait en 1817. Les Confessions, rédigées vers 1766-1767 puis vers 1776, appartiennent au genre autobiographique même si les événements sont rarement situés dans le temps et dans l’espace. Mme de Fourqueux y met l’accent sur la genèse de sa personnalité, confessant non les péchés qui l’empêchent de faire son salut, mais ses défauts qui la privent du bonheur ici-bas. Elle réfléchit de façon approfondie sur les rapports de genre. Elle défend une morale rattachée à la religion.
Mme de Fourqueux a quelque temps alimenté la tradition mondaine. On a rapporté des anecdotes de sa vie et des citations incertaines jusqu’au début du XIXe siècle. Ses Confessions, publiées sous la Restauration, déroutent et déçoivent ses lecteurs qui ne peuvent décrypter ses allusions aux personnes de l'Ancien Régime. Des bibliophiles de la fin du siècle lui ont attribué à tort un roman publié en 1775 (Zély, ou la Difficulté d'être heureux). Elle est ensuite rapidement tombée dans l’oubli.
Oeuvres
- 1805 : Julie de Saint-Olmont, ou les premières illusions de l’amour, par Madame***, Paris, Dentu, préface de Gaillard.
- 1806 : Amélie de Treville ou la Solitaire, Paris, Dentu, avertissement de Gaillard.
- 1817 : Confessions de Madame***. Principes de morale pour se conduire dans le monde, Paris, Maradan, préface de Suard. [1] et [2]
Choix bibliographique
- Croq, Laurence, «Madame de Fourqueux, femme du monde et écrivain», dans Histoire et civilisation du livre. Revue internationale, t. VII, 2011 («À travers l'histoire du livre et des Lumières. Études d’histoire du livre offertes au professeur Daniel Roche par ses élèves, ses collègues et ses amis», dir. Frédéric Barbier et Robert Descimon), p.157-177.
Choix iconographique
- Aucun portrait de Mme de Fourqueux n’est connu, mais on sait que son portrait ornait le salon du président de Nicolaï dans les années 1780 (voir Henri Courteault, «Souvenirs d’enfance et de jeunesse de la marquise de Villeneuve-Arifat», dans Revue des études historiques, 67, 1901, p.142).
Jugements
- «Mme de Fourqueux avait inventé une manière très agréable de donner à souper; on appelait cette espèce de souper, un café. […] La maîtresse de maison et ses deux filles en grand tablier blanc en faisaient les honneurs. […] On les auraient prises pour les trois sœurs.» (Du Pont de Nemours, L’Enfance et la jeunesse de Du Pont de Nemours, racontées par lui-même, Paris, Plon-Nourrit, 1906, p. 276-277)
- «Je lui dois le bonheur dont j’ai joui dans le cours de ma vie, qui a été très inégal. Elle a partagé longtems ma mauvaise fortune avec la vertu, le courage et la douceur qui rendent les malheurs suportables.» (Michel Bouvard de Fourqueux, testament olographe rédigé le 1er mars 1781, AN, MC, CXII 813A, 11 avril 1789)
- « Il est bien certain que l’excellente et roucoulante Mme de Fourqueux n’avait rien, à l’âge où je l’ai connue, qui lui donnât l’air d’un auteur, et elle n’avait pas eu le temps de l’être, étant toujours dans le monde ou en recevant chez elle. Sa société lui formait comme une petite cour, où ses adorateurs étaient à ses ordres. […] M. de Fourqueux, magistrat distingué […] avait habituellement une bonne maison, dont le ménage faisait les honneurs avec cette grâce un peu doucereuse que la dame du logis, vraie tourterelle, mettait à tout. Le mari et la femme ne s’adressaient pas la parole sans une épithète caressante. » Henri Courteault, «Souvenirs d’enfance et de jeunesse de la marquise de Villeneuve-Arifat », dans Revue des études historiques, n°67, 1901, p. 142.
- «Quant au caractère aimable et bienfaisant de cette héroïne, on pourra y voir le portrait du peintre, comme on a pu le voir dans madame de Saint-Géran et dans Julie de Saint-Olmont.» Gaillard, Amélie de Treville ou la Solitaire, Paris, Dentu, 1806, tome 1er préface p. III.
- «Elle aimait avec passion la littérature et la société des hommes instruits, mais elle n’avait aucun goût pour la réputation littéraire.» Suard, «Préface», dans Confessions de Madame***. Principes de morale pour se conduire dans le monde, Paris, Maradan, 1817, p. IX.
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