Louise -Blanche-Thérèse Perrucard de Ballon
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Louise -Blanche-Thérèse Perrucard de Ballon | ||
Dénomination(s) | Mère Louise de Ballon | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 5 juin 1591 | |
Date de décès | 14 décembre 1668 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) |
Sommaire
Notice de Marie-Elisabeth Henneau, 2014
Louise de Ballon naît le 5 juin 1591 à Vanchy, dans le pays de Gex, au sein d’une famille noble apparentée à celle de François de Sales. Ses parents, Charles-Emmanuel Perrucard, seigneur de Ballon et Jeanne de Chevron-Villette, sont tous deux au service de la Maison de Savoie. Élevée avec ses frères et ayant bénéficié d’une éducation quasi semblable, Louise devient cistercienne à l’abbaye Sainte-Catherine du Semnoz, non loin d’Annecy, le 4 mars 1607. De 1608 à 1624, son action s’inscrit dans le contexte de réformes qui visent, au sein de l’ordre de Cîteaux, à restaurer la régularité et, sur le plan universel, à faire triompher l’Église catholique aux marges des territoires protestants. François de Sales, alors évêque de Genève, mais installé à Annecy, est commissionné par l’abbé de Cîteaux, Nicolas Boucherat, pour agir en ce sens auprès des moniales de Sainte-Catherine. Il trouve auprès de sa cousine Louise une oreille attentive. La cistercienne, elle-même engagée dans un processus de conversion personnelle, prend la tête d’un groupe de religieuses favorables à la réforme, qui finissent par quitter les lieux pour s’installer à Rumilly dans un couvent rigoureusement cloîtré, placé sous l’invocation de la Divine Providence (1620-1622). Elles sont bientôt rejointes par des moniales de l’abbaye des Ayes (diocèse de Grenoble), animées d’un désir similaire. Après un temps de cohabitation, ces dernières s’installent à Grenoble avec Louise de Ponsonas, dont la forte personnalité s’accommode difficilement du caractère tout aussi trempé de la mère de Ballon. Celle-ci, cheminant de son côté et sans éclat sur les voies de la mystique, consacre le reste de sa vie à l’établissement d’une trentaine de nouvelles maisons en Savoie, en Provence et dans le Valais, qu’elle dote de constitutions propres. En 1628, la congrégation des bernardines réformées est placée par le pape Urbain VIII sous la juridiction des évêques et connaît désormais un destin séparé de celui de Cîteaux. Le souvenir des origines cisterciennes et de la paternité spirituelle de Bernard de Clairvaux y demeure toutefois très vivace. Louise de Ballon incarne bien ces relectures modernes de l’idéal cistercien, tout autant imprégnées d’humanisme dévot que de l’héritage des mystiques rhéno-flamands. Son cousin et directeur spirituel François de Sales, fondateur de la Visitation, ainsi que Jeanne de Chantal ont exercé sur elle un ascendant indéniable. Après la mort de son parent, Louise semble avoir entretenu des relations étroites avec l’Oratoire. On lui connaît aussi un autre directeur, l’antonin Jean Palerne, qui lui demande de relater ses expériences spirituelles. Après sa mort survenue à Seyssel, le 14 décembre 1668, les notes manuscrites de la bernardine réformatrice sont rassemblées au couvent de Rumilly (Savoie). Elles serviront à l’oratorien Jean Grossi pour l’élaboration de sa vie et la publication de ses œuvres de piété.
Sans se livrer à une autobiographie proprement dite, Louise inscrit des éléments de sa vie en interaction avec ses expériences de Dieu. Surgis de sa mémoire, ses souvenirs prennent sens nouveau à mesure qu’ils s’énoncent et s’inscrivent, dit-elle, dans le plan que Dieu a conçu pour elle. Si l’acte d’écrire est présenté comme une mortification imposée à la dirigée par ses confesseurs, il répond en fait, comme pour beaucoup d’autres mystiques, au besoin irrépressible de dire l’indicible, aussi éprouvant que cela soit, et de faire en sorte que cette parole, enfin livrée, agisse sur son autrice comme sur son lectorat. Au fil des pages, l’exercice devient moins ardu : Louise se sent portée par ses expériences mystiques, qui la confortent dans un sentiment d’élection et lui confèrent assurance et autorité face au magistère ecclésiastique. Quoique dotée d’une instruction de qualité, Louise répugne pourtant à en faire état et rejette la science des savants au bénéfice de celle des saints. Secret de Dieu, celle-ci est absence de savoir ; elle ne donne pas à penser mais à goûter la présence divine. Louise la nomme simplicité : elle lui ouvre un accès immédiat à Dieu auquel ne peuvent prétendre les plus brillants théologiens.
Toujours honorée dans l’ordre de Cîteaux et dans sa congrégation de bernardines réformées de Savoie, Louise de Ballon est une figure représentative de ces religieuses qui ont conjugué l’art de disserter sur leurs expériences spirituelles avec un esprit d’entreprise mis au service de la Réforme catholique.
Oeuvres
- 1656-1668 : Extraits de quatre retraites annuelles de dix jours et de trois lettres de Louise de Ballon, dans Myriam de G., Louyse de Ballon, Voir infra Choix bibliographique, p. 523-533.
- avant 1668 : Les Œuvres de piété de la vénérable Mère Louise Blanche Thérèse de Ballon, fondatrice et première supérieure des religieuses Bernardines Réformées de Savoie et de France, éd. Jean Grossi, Paris, Nicolas Couterot, 1700, 2 parties, 204 et 224 p. [1] -- réimpression anastatique avec une introduction du P. Edmond Mikkers, Sierre, 1979.
Sources imprimées
- Jean Grossi, Vie de la vénérable Mère Louise Blanche Thérèse de Ballon, fondatrice et première supérieure de la Congrégation des Bernardines Réformées, en Savoie et en France, Annecy, Humbert Fontaine, 1695.
Choix bibliographique
- Guerrier, Alain, « De la réforme cistercienne à la congrégation moderne : le cas des bernardines réformées en Savoie (17e-18e s.) », dansNaissance et fonctionnement des réseaux monastiques et canoniaux, Actes du CERCOM, Saint-Étienne, 1991, p. 747-779.
- Guerrier, Alain, « Quatre itinéraires de réforme en France au XVIIe siècle », dans Cîteaux et les femmes, dir. Bernadette Barrière et Marie-Élisabeth Henneau, Paris, Créaphis, 2001, p. 267-281.
- Henneau, Marie-Élisabeth, « Expériences spirituelles d’une bernardine contemporaine de Marie Guyard : se trouver simplement en la présence de Dieu », dans Marie Guyard de l’Incarnation : un destin transocéanique, éd. Françoise Deroy-Pineau, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 225-234.
- Henneau, Marie-Élisabeth, « Louise de Ballon », dans Les femmes mystiques. Histoire et dictionnaire, dir. Audrey Fella, Paris, R. Laffont (Coll. Bouquins), 2013, p. 141-143.
- Myriam de G., Louyse de Ballon, Paris Desclée de Brouwer, 1933.
Choix iconographique
- 1700 : Nicolas Guérard, « Le vray portrait de la mère de Ballon », gravure en frontispice des Oeuvres de piété… Voir supra Oeuvres.
Choix électronique
- Archives des bernardines de Collombey (Suisse)[2]
Jugements
- « Je trouve… que dans la suite des Siècles, quelques saintes femmes ont été […] plus favorisées du Ciel, en ce qu’elles se sont effectivement élevées au rang des auteurs par des ouvrages de piété dont la composition ne peut assurément être rapportée ni attribuée qu’à l’influence autant qu’à l’inspiration de l’Esprit Divin […] Je ne crains point de mettre dans ce rang illustre l’admirable Vierge dont je donne ici les œuvres au public, assuré que je suis que nul n’en pourra être le lecteur qu’il n’en devienne […] l’admirateur […]. » (Jean Grossi, Préface aux Oeuvres de piété, 1700, Voir supra Oeuvres)
- « Bien que, soit par ma faute, comme il est vraisemblable, soit par celle de son redoutable biographe – 600 pages et éloquentes –, je n’arrive pas à m’intéresser à cette pieuse moniale, je la signale aux curieux qui trouveront dans sa Vie une foule de détails sur l’histoire religieuse de ce temps-là … Elle a eu notamment des démêlés avec l’évêque de Marseille, mais si longs, mais racontés d’une manière si fastidieuse, que j’ai renoncé à en connaître l’issue. » (Henri Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. VI/2, La conquête mystique, Paris, 1926, p. 417-418)
- « Parente du grand saint Bernard de Menthon et de notre doux saint François de Sales, Louyse-Blanche-Thérèse Perrucard de Ballon a porté une âme profonde. Timide sœur de l’intrépide Thérèse d’Avila, de l’étonnante Vierge de Sienne et de la douce orante Brigitte, elle reçut des lumières très vives. » (Myriam de G., Louyse de Ballon, Voir Supra Choix bibliographique, p. XXVII)