Jeanne d'Albret/Fortunée Briquet

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JEANNE D'ALBRET, reine de Navarre, fille de Henri II d'Albret, roi de Navarre, et de Marguerite de Valois, soeur de François Ier, naquit l'an 1531. Elle épousa, le 20octobre 1548, Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, et donna le jour à Henri IV le 13 décembre 1555. Ses principaux titres à la gloire sont d'avoir été amie des sciences, protectrice des savans, et savante elle-même. Le pape avait enlevé, par une bulle, le royaume de Navarre à Henri II d'Albret. Cet attentat religieux fit abandonner à Jeanne d'Albret la religion catholique. Elle posséda toutes les qualités qui caractérisent les grands politiques. Austère dans ses principes de vertu, elle ne protégea que les poëtes et les savans, qui joignaient au talent d'écrire, les qualités qui font l'honnête homme et le bon citoyen. Le célèbre Dumoulins ayant été mis à la Conciergerie, ne dut son élargissement qu'aux sollicitations de Jeanne d'Albret. Les différentes occupations de cette princesse ne l'empêchèrent point de s'adonner aux ouvrages qui sont ordinaires aux Dames. On raconte que les ministres de sa religion lui avaient permis, lorsqu'elle allait aux prêches, de travailler en broderie, ou en tapisserie, pour l'empêcher de dormir; mais au milieu de cette occupation, son attention était si forte, et sa mémoire si fidelle, qu'au sortir du prêche, elle était en état de rapporter mot à mot le discours qu'elle venait d'entendre. Elle eut le bonheur de ne point voir l'affreuse journée de la Saint-Barthélemi. Une mort subite l'enleva, le 9juin 1572. On composa pour elle un grand nombre d'épitaphes en vers et en prose.
«Son esprit était agréable et cultivé; elle parlait la plupart des langues modernes (entr'autres l'espagnol), savait assez bien le grec, et possédait le latin; elle écrivait le français en vers et en prose avec autant de facilité que d'énergie; et, comme Montagne, elle était capable de créer des idées vraies et fortes qui n'appartenaient qu'à elle». (Histoire de la maison de Bourbon, tom. 4.)
Les OEuvres de Joachin Dubellay offrent quelques vers de cette femme célèbre, tels que deux sonnets où elle répond aux louanges que ce poëte lui avait données. Celui qui commence par ces mots: de leurs grands faits, etc., est fort ingénieux. Dreux-du-Radier, dans son livre intitulé: Récréations historiques, etc., cite une Chanson, qui peut, dit-il, servir à réformer bien des bévues dans les historiens français, sur les amours de la maréchale de Saint-André, de la belle Limeuil et du prince de Condé. On trouve, dans le 3e. volume du Parnasse des Dames, un impromptu qu'elle fit en voyant l'imprimerie du savant Robert Etienne. Il y a plusieurs de ses poésies qui sont restées manuscrites. Elle a composé diverses lettres, que Prosper Marchand a rassemblées à la fin de son Dictionnaire critique.

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