Marie de Hautefort
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Marie de Hautefort | ||
Titre(s) | Mlle de Hautefort; duchesse d'Halluin | |
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Conjoint(s) | Charles de Schomberg, duc d'Halluin | |
Dénomination(s) | l'Aurore | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1616 | |
Date de décès | 1691 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Claudine Nédelec, 2018
Marie de Hautefort, cadette de sept enfants, est fille de Charles-François, marquis de Hautefort (Périgord), et de Renée du Bellay (apparentée au poète Joachim du Bellay). Les deux familles sont d’ancienne noblesse, et proches de la Cour. Aussi, très tôt orpheline, y est-elle introduite dès 1628 par sa grand-mère maternelle, Mme de La Flotte, et nommée fille d’honneur de Marie de Médicis. Le conflit de celle-ci avec Louis XIII, et son ministre Richelieu, aurait pu lui coûter cher ; mais, à partir d’avril 1630, selon Bassompierre, Louis XIII trouve à son goût cette charmante adolescente, que la Cour surnommait « l’Aurore » pour son très beau teint de blonde. Il l’impose alors à Anne d’Autriche comme fille d’honneur, puis dame d’atours. Celle-ci, d’abord méfiante envers la jeune fille, s’y attache, tant elle est « de ses dévotions et de tous ses divertissements » (Vie de Marie de Hautefort). Et Marie prend si nettement en charge ses intérêts dans les graves conflits qui divisent le couple royal, ainsi que dans son inimitié pour Richelieu, qu’elle finit par tenir une grande place auprès de la reine, jusqu’à lui servir en quelque sorte d’espionne (non sans intelligence ni courage) dans les intrigues complexes de 1637, où Anne d'Autriche est soupçonnée de relations avec l’Espagne contraires aux intérêts de la France. Selon Mme de Motteville, « la Reine aima Madame de Hautefort pour l’amour d’elle-même, et [...] cette belle et sage fille estimant les belles qualités de la Reine, et assez dégoûtée de l’humeur du Roi, se donna entièrement à elle, et lui fut fidèle dans tous ses malheurs ». En effet, Louis XIII lui porte une attention amoureuse et complexe (elle n’a pas été sa maîtresse au sens sexuel du terme, selon tous les mémorialistes), jouant avec elle à « je t’aime je te hais », ce qui impacte notablement la vie de cour. Une énième crise, liée à la faveur montante de Cinq-Mars, que Marie n’apprécie pas, et aux manœuvres de Richelieu, qui sait bien qu’elle lui est hostile, conduit le roi à l’exiler. Elle quitte Paris en décembre 1639, avec un de ses frères et une sœur, Mlle Descars, pour le château de La Flotte (Sarthe). Ce séjour provincial lui donne l’occasion de rencontrer deux poètes, Jean Mairet, et surtout Paul Scarron et Jean Loret, dont elle devient la mécène (plus tard, elle a protégé aussi le jeune Bossuet).
Marie est rappelée à la Cour trois jours après la mort du roi par Anne d’Autriche, qui désormais se trouve « en état de récompenser tous ceux qui l’avaient servie » (F. de Motteville). Cependant, elle se laisse plus ou moins entraîner dans les intrigues de la haute noblesse (la cabale des Importants), du côté des dévots ; s’insurgeant avec eux contre l’influence de Mazarin auprès de la régente, elle se permet de le railler ouvertement et de critiquer la conduite de la reine. Anne d’Autriche supporte mal les orgueilleuses incartades de Marie, dont l’esprit « commençait à prendre par beaucoup de dévotion des sentiments qui la rendaient sévère, un peu contrariante et trop critique » (F. de Motteville). Elle lui signifie son congé de la Cour en avril 1644. Très affligée, car elle aime la reine, Marie songe un temps à se faire religieuse, mais son goût de la vie mondaine l’emporte, et elle épouse en 1646 le maréchal de Schomberg, veuf d’Anne, duchesse d’Halluin.
Pendant la crise de la Fronde, Schomberg reste neutre, se cantonnant au service militaire du roi, puis le couple s’installe en 1652 à Metz, dont le maréchal est gouverneur. Marie revient à Paris après sa mort (1656), et se remet à fréquenter les salons (chez Mme de Sablé, Mme de Lafayette). Anne d’Autriche reprend contact avec elle après la mort de Mazarin, et elles restent liées, au point que la reine a écrit dans une lettre à Louis XIV : « je ne trouve rien où je sois plus engagée par honneur, par conscience et par reconnaissance qu’à Mme de Schomberg qui m’a servie avec une fidélité tout extraordinaire » (Vie manuscrite). Louis XIV accueille toujours avec beaucoup de courtoisie Mme de Schomberg lors de ses rares visites à la Cour, en souvenir de l’amitié qu’il avait eue pour elle dans son enfance. Elle consacre la fin de sa vie à des œuvres de charité, ce qui lui vaut la réputation d’une bonne chrétienne.
Les nombreux témoignages qui nous sont parvenus dessinent une personnalité complexe : générosité, fidélité et dévotion d’une part, orgueil aristocratique, goût du monde et propension à la raillerie de l’autre.
Principales sources
- Françoise de Motteville, Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, dans Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France [...], Paris, Foucault, 1824, t. 36-37.
- La Vie de Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg [...] par une de ses amies, ouvrage imprimé pour la première fois par G. É. J. M. A. L. [Guyonne-Élisabeth-Josèphe de Montmorency-Luynes], sur un manuscrit tiré de la bibliothèque de Monsieur Beaucousin, avec une préface et des notes par I. F. A. O. [Jean-Félicissime Adry, oratorien], an VIII [1799].
- Vie manuscrite, publiée par Victor Cousin en annexe à ses Nouvelles études sur les femmes illustres et la société du XVIIe siècle. Madame de Hautefort, Paris, Didier et Cie, 1856, p. 168-267.