Françoise Gillier
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Françoise Gillier | ||
Conjoint(s) | Barbin | |
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Biographie | ||
Date de naissance | Vers 1410 | |
Date de décès | 1478 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Claudette Roussel, 2009
Françoise Gillier est née au début du XVe siècle. Sa célébrité est liée à la fondation, l’année de sa mort, d’un collège à Poitiers. Sa famille poitevine, modeste à ses origines, est connue pour sa rapide réussite sociale et pour les services qu’elle rendit aux rois Jean le Bon et Charles V, ainsi qu’au duc de Berry comte du Poitou. Ambitieux et peu scrupuleux, Philippe Gillier s’est hissé à la fonction de receveur des finances du Poitou, de la Saintonge et du Limousin, avant de devenir chancelier de France, fonction pareillement occupée par son fils, grand-père de Françoise, également cinq fois élu maire de Poitiers et anobli en 1379. Élevée comme une jeune fille noble, dans l’hôtel des Gillier à Poitiers et au château de La Villedieu de Comblé dans les Deux-Sèvres, elle grandit dans le milieu de notables bourgeois fraîchement anoblis sur lesquels s’appuie Charles VII. En effet, après son désastreux repli à Poitiers et à Bourges, consécutif à la prise de Paris par les Bourguignons et les Anglais, le roi a installé un Parlement à Poitiers et il a fait de cette ville la capitale judiciaire et politique du royaume. Quand Jeanne d’Arc y vient en 1429, elle est logée dans la maison de maître Rabateau, relation des Gillier. Trois ans après, la création de l’Université est une réalisation glorieuse, à laquelle s’associent toute la clergie de la ville et le personnel parisien fidèle au roi. Cette même année 1432, Françoise épouse Jean Barbin, avocat déjà célèbre et estimé de Charles VII qui en fait un de ses avocats lors du procès de Jacques Cœur en 1452. Après leur mariage et l’acquisition, en Haut-Poitou, du beau domaine de Puygareau qu’ils obtiennent l’autorisation de fortifier, les époux vivent tantôt à la campagne, tantôt dans leur hôtel de Poitiers. Au retour de Charles VII et du Parlement à Paris en 1436, Barbin continue à remplir son office de conseil auprès du roi; son épouse réside vraisemblablement avec lui pendant ses séjours parisiens.
Devenue veuve en 1469, elle achète pour y établir un collège une maison sise à Poitiers, paroisse Notre Dame la Petite: «... Ay, aujourd’huy fondé, ordonné, étably à perpetuité en la ville et cité de Poitiers, un collège d’un Maître ou Prieur de huit escoliers qui s’appelleront boursiers desquels huit il y en aura un qui sera prestre et un autre qui sera procureur et receveur des rentes et revenus, et les autres six seront pauvres escoliers, desquels y en aura trois qui estudieront es ars et trois en théologie. Le prêtre de mondit collège sera séculier et non religieux et ne prendra aucune chose dudit collège par bénéfice ecclésiastique». L’acte précise le budget et le fonctionnement du futur établissement, ainsi que l’équipement de la chapelle et l’ordonnancement des offices qui devront s’y dérouler: «ie donne vingt aulnes de damas blanc, une aulne de drap d’or, deux courtines de taffetas gris avec les orfrais de deux chappes [...] et à ladite chapelle deux calices d’argent, chesubles, aubes, amis et autres ornements pour faire le divin service». Enfin, Françoise Gillier fait don de sa bibliothèque au futur collège: «Je donne en outre à mesdits boursiers mes livres en latin qui furent à mondit seigneur mon mary de quelques sciences qu’ils soient, […] lesquels livres ie veux estre mis et enchainés en la librairie de mondit collège pour y estre et demeurer toujours, et tous mes livres en françoys avec mes croniques, je donne à mon neveu Pierre Gillier». Ce document permet d’apprécier les préoccupations intellectuelles d’une fondatrice, pieuse, lettrée, mécène et attachée à son rang. On y découvre aussi le rôle, souvent ignoré, des femmes dans la mise en place des établissements universitaires de nombreuses villes. Le collège poitevin de Puygarreau restera néanmoins au XVIe siècle, une institution modeste et mal gérée financièrement, jusqu’à sa reprise en mains par la Compagnie de Jésus au siècle suivant.
C’est à l’occasion d’études sur le Poitou du XVIe siècle que les érudits d’aujourd’hui ont commencé à mentionner le rôle de Françoise dans la vie intellectuelle de Poitiers. Elle n’a pas fait l’objet de recherches particulières depuis lors, mais les travaux actuels soulignent l’importance de femmes mécènes comme elle.
Choix bibliographique
Principales sources:
- Poitiers, Archives départementales de la Vienne: D, 16 et 17, Etablissements d’enseignement d’Ancien Régime.
Principales études:
- Favreau, Robert,La ville de Poitiers à la fin du Moyen Âge, Poitiers, MSAO, 1978.
- Boissonnade, Prosper, Histoire de l’Université de Poitiers (1432-1932), Poitiers, Imprimerie nouvelle, 1932.
- Guérin, Paul, «Recueil de documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. Tome VIII (1431-1447)», Archives Historiques du Poitou, 1898, p.1-506.
- Wilson-Chevalier, Kathleen, Femmes mécènes aux XVe et XVIe siècles, Saint-Etienne, Presses universitaires de Saint-Etienne, 2006.