Dame Peronne/Aloïs Delacoux : Différence entre versions
De SiefarWikiFr
(Page créée avec « [137] '''PERONNE (la dame)''', maîtresse sage-femme jurée à Paris, née à Chartres en 156r [sic]. Comme toutes les sages-femmes de son siècle et même celles des temps p… ») |
(Aucune différence)
|
Version actuelle en date du 6 novembre 2011 à 18:18
[137] PERONNE (la dame), maîtresse sage-femme jurée à Paris, née à Chartres en 156r [sic]. Comme toutes les sages-femmes de son siècle et même celles des temps précédens, la dame Peronne se forma à la pratique des accouchemens après avoir acquis quelques notions théoriques par la lecture des livres d’Ambroise Paré. Au XVIe siècle, point d’institutions spéciales pour l’enseignement où il fût permis de s’instruire librement. L’Hôtel-Dieu recevait cependant déjà une multitude de femmes qui y faisaient leurs couches; mais il n’y avait de moyens d’instruction que pour celles qui desservaient cet hospice, et les sages-femmes qu’on y formait étaient affectées presque exclusivement au service de l’établissement, rarement elles portaient leur expérience au dehors. Alors le nombre des sages-femmes habiles était minime, mais celles qui acquéraient quelque réputation la méritaient à tous égards; car il n’y avait guère que les femmes douées de beaucoup d’intelligence et pourvues de quelque éducation qui pouvaient se former une théorie première par la lecture, et devenir bonnes sages-femmes ensuite par la pratique.
C’est à l’expérience de Peronne et à celle de quelques autres sages-femmes de son temps, que Guillemeau dut les connaissances pratiques dont il a donné des preuves dans son [138] Traité des accouchemens heureux. Véritablement c’est aux lumières des sages-femmes et à leur expérience que nous devons tous les écrits que nous ont laissés les médecins ou chirurgiens qui ont écrit avant Moriceau.
La dame Peronne est citée par Louise Bourgeois comme l’une de ses examinatrices, fonctions qui supposent au moins des connaissances dans l’art des accouchemens. Assistée de Marchand, gendre de Guillemeau, elle donna ses soins à la duchesse de Montbazon qui mourut d’une perte utérine sur la fin de sa grossesse. Il est bon de remarquer que cet événement eut lieu avant que Louise Bourgeois eût écrit son livre et fait connaître que dans le cas de perte utérine, la grossesse étant avancée, le seul moyen à employer est de provoquer l’accouchement. M. Deneux, dont nous respectons le savoir, prétend que ce précepte important doit être attribué à Ambroise Paré et que Guillemeau l’a proclamé avant Bourgeois. Nous objecterons à cet habile professeur que rien ne prouve que cette idée soit d’Ambroise Paré, que nous n’avons rien lu de semblable dans Guillemeau, et qu’il est bien étonnant que Marchand ne fût point instruit d’un précepte si important, dont l’application eût sans doute conservé les jours de la duchesse de Montbazon.
La dame Peronne n’a point écrit, mais elle a fourni beaucoup d’observations d’un haut intérêt à Guillemeau, à son gendre et à tous les auteurs de son temps; en outre elle forma beaucoup d’élèves de l’un et l’autre sexe qu’elle instruisit dans son art. Cette sage-femme jouit d’une grande réputation et exerça sa profession parmi les dames de la cour de Catherine et de Marie de Médicis, et en ville parmi celles des conditions les plus élevées.