Madame de Laisse : Différence entre versions

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== Notice de [[Katherine Astbury]] 2005. ==
 
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On sait peu de choses de la vie de Mme de Laisse, dont on ignore la date exacte de naissance (17**), et qui se dit l'épouse d'un capitaine de cavalerie au régiment d'Artois. Malgré une courte carrière littéraire (1772 à 1778), elle acquiert une certaine renommée à la suite d'une longue querelle avec Mme de Montanclos.
 
On sait peu de choses de la vie de Mme de Laisse, dont on ignore la date exacte de naissance (17**), et qui se dit l'épouse d'un capitaine de cavalerie au régiment d'Artois. Malgré une courte carrière littéraire (1772 à 1778), elle acquiert une certaine renommée à la suite d'une longue querelle avec Mme de Montanclos.
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Mme de Laisse fait ses débuts de femme de lettres en offrant, comme beaucoup d'écrivains de son temps, des contes moraux au ''Mercure de France''. Si le premier, ''L'Orgueilleux corrigé par l'amour'' (mai 1772), est publié sous l'anonymat, Mme de Laisse signe le second, ''Les Dangers d'une mauvaise éducation'' (octobre 1772). L'année suivante, ces deux contes forment la base d'un ''Recueil d'anecdotes'' auquel est jointe une «Épître à mon sexe», où l'autrice justifie sa décision de parler des défauts de la femme et de «blâmer l'éducation que l'on vous donne», thème qu'elle reprendra tout au long de sa carrière, encourageant les femmes à étudier la morale, les beaux-arts et les sciences, et démontrant dans ses contes les avantages de la vertu. À la parution du second recueil, ''les Nouveaux Contes moraux'' (1774), le compte rendu du ''Mercure'' est plutôt positif, à l'inverse de celui, très sévère, de Mme de Montanclos dans son ''Journal des Dames'' (juin 1774), critiquant le manque d'imagination de Mme de Laisse, ce qui provoque une querelle littéraire entre les deux femmes.
 
Mme de Laisse fait ses débuts de femme de lettres en offrant, comme beaucoup d'écrivains de son temps, des contes moraux au ''Mercure de France''. Si le premier, ''L'Orgueilleux corrigé par l'amour'' (mai 1772), est publié sous l'anonymat, Mme de Laisse signe le second, ''Les Dangers d'une mauvaise éducation'' (octobre 1772). L'année suivante, ces deux contes forment la base d'un ''Recueil d'anecdotes'' auquel est jointe une «Épître à mon sexe», où l'autrice justifie sa décision de parler des défauts de la femme et de «blâmer l'éducation que l'on vous donne», thème qu'elle reprendra tout au long de sa carrière, encourageant les femmes à étudier la morale, les beaux-arts et les sciences, et démontrant dans ses contes les avantages de la vertu. À la parution du second recueil, ''les Nouveaux Contes moraux'' (1774), le compte rendu du ''Mercure'' est plutôt positif, à l'inverse de celui, très sévère, de Mme de Montanclos dans son ''Journal des Dames'' (juin 1774), critiquant le manque d'imagination de Mme de Laisse, ce qui provoque une querelle littéraire entre les deux femmes.
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Mme de Laisse y répond aussitôt avec un roman épistolaire mettant ses lectrices en garde contre le danger de romans comme ''La Nouvelle Héloïse'', intitulé ''Ouvrage'' sans titre; Minerve le donnera. Le titre est bien sûr une référence explicite à sa querelle avec Mme de Montanclos. Par la suite, Mme de Laisse se lance dans le proverbe dramatique -nouveau genre à la mode qui commence à supplanter le conte moral mensuel au ''Mercure''-, dont elle publie deux recueils. Le critique du ''Mercure'' relève dans le premier,''Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues'', «des détails ingénieux et pleins d'agréments» (mai 1777, p.110). Le second volume, ''Nouveau Genre de proverbes dramatiques'' (1778), est le dernier ouvrage de cette femme d'esprit. Sa préface pourrait servir de résumé à la carrière de l'autrice. Mme de Laisse y revient sur sa querelle avec Mme de Montanclos et réaffirme ses principes littéraires: «[J]'ai pu manquer de talens dans l'exécution de mon projet, mais je crois mon but celui de la délicatesse, faire aimer la vertu et détester le vice, voilà le seul [but] que doit se proposer un Auteur. Si j'ai manqué le mien, je dois être excusée, surtout par mon sexe que j'aime de tout mon coeur». Ce second volume ne suscite aucun compte rendu, et c'est ainsi que Mme de Laisse disparaît sans bruit de la scène littéraire.
 
Mme de Laisse y répond aussitôt avec un roman épistolaire mettant ses lectrices en garde contre le danger de romans comme ''La Nouvelle Héloïse'', intitulé ''Ouvrage'' sans titre; Minerve le donnera. Le titre est bien sûr une référence explicite à sa querelle avec Mme de Montanclos. Par la suite, Mme de Laisse se lance dans le proverbe dramatique -nouveau genre à la mode qui commence à supplanter le conte moral mensuel au ''Mercure''-, dont elle publie deux recueils. Le critique du ''Mercure'' relève dans le premier,''Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues'', «des détails ingénieux et pleins d'agréments» (mai 1777, p.110). Le second volume, ''Nouveau Genre de proverbes dramatiques'' (1778), est le dernier ouvrage de cette femme d'esprit. Sa préface pourrait servir de résumé à la carrière de l'autrice. Mme de Laisse y revient sur sa querelle avec Mme de Montanclos et réaffirme ses principes littéraires: «[J]'ai pu manquer de talens dans l'exécution de mon projet, mais je crois mon but celui de la délicatesse, faire aimer la vertu et détester le vice, voilà le seul [but] que doit se proposer un Auteur. Si j'ai manqué le mien, je dois être excusée, surtout par mon sexe que j'aime de tout mon coeur». Ce second volume ne suscite aucun compte rendu, et c'est ainsi que Mme de Laisse disparaît sans bruit de la scène littéraire.
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Ses ouvrages se caractérisent par une représentation novatrice de la femme. À la différence des portraits de femmes idéalisés des auteurs masculins de l'époque, les protagonistes féminines de Mme de Laisse ont toutes des défauts de caractère. Ses héroïnes sont des individualistes qui ont du mal à s'adapter aux exigences de la société. Elles sont presque toutes facilement induites en erreur par les hommes, qui ne profitent que trop bien de leur manque d'éducation solide. Les poncifs romanesques qu'elle utilise sont extravagants, souvent rebattus, mais elle les manipule avec un clin d'oeil aux stéréotypes de son époque. Elle est donc typique des femmes écrivains de la seconde moitié du XVIIIe siècle: elle fournit des sentences et des exemples de comportements à éviter, mais elle déstabilise de l'intérieur l'image de la femme parfaite des Lumières.
 
Ses ouvrages se caractérisent par une représentation novatrice de la femme. À la différence des portraits de femmes idéalisés des auteurs masculins de l'époque, les protagonistes féminines de Mme de Laisse ont toutes des défauts de caractère. Ses héroïnes sont des individualistes qui ont du mal à s'adapter aux exigences de la société. Elles sont presque toutes facilement induites en erreur par les hommes, qui ne profitent que trop bien de leur manque d'éducation solide. Les poncifs romanesques qu'elle utilise sont extravagants, souvent rebattus, mais elle les manipule avec un clin d'oeil aux stéréotypes de son époque. Elle est donc typique des femmes écrivains de la seconde moitié du XVIIIe siècle: elle fournit des sentences et des exemples de comportements à éviter, mais elle déstabilise de l'intérieur l'image de la femme parfaite des Lumières.
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Mme de Laisse reste méconnue à l'aube du XXIe siècle; elle n'est étudiée par aucun critique moderne, sauf dans certaines études sur le conte moral.
 
Mme de Laisse reste méconnue à l'aube du XXIe siècle; elle n'est étudiée par aucun critique moderne, sauf dans certaines études sur le conte moral.
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== Oeuvres ==
 
== Oeuvres ==
1772 : ''L'Orgueilleux corrigé par l'amour'', Mercure de France, mai.
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1772 :''Les Dangers d'une mauvaise éducation'', Mercure de France, octobre.
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1772 : ''L'Orgueilleux corrigé par l'amour'', Mercure de France, mai.<br />
1773 : ''Recueil d'anecdotes par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois'', Amsterdam 1773. Contient: ''Épître à mon sexe; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour.''
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1772 :''Les Dangers d'une mauvaise éducation'', Mercure de France, octobre.<br />
1774 : ''Nouveaux Contes moraux par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois, dédiés à Mme la comtesse d'Artois'', Paris, Valade. Contient: 1re partie:''Épître à Mme la comtesse d'Artois; Lettre à mon ami, ou les soeurs rivales; Il n'est pas impossible de parvenir au bonheur''. 2e partie: ''Aux femmes; Aux hommes; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour; L'Orgueilleux non corrigé par l'amour ou lettre de Madame de P*** à Mme de L***.''
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1773 : ''Recueil d'anecdotes par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois'', Amsterdam 1773. Contient: ''Épître à mon sexe; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour.''<br />
1775 : Ouvrage sans titre, Minerve le donnera, par Mme de Laisse,''Auteur des Nouveaux Contes moraux, dédié à la Reine'', Paris, Saugrin.
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1774 : ''Nouveaux Contes moraux par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois, dédiés à Mme la comtesse d'Artois'', Paris, Valade. Contient: 1re partie:''Épître à Mme la comtesse d'Artois; Lettre à mon ami, ou les soeurs rivales; Il n'est pas impossible de parvenir au bonheur''. 2e partie: ''Aux femmes; Aux hommes; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour; L'Orgueilleux non corrigé par l'amour ou lettre de Madame de P*** à Mme de L***.''<br />
1777 : ''Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues dédiés à S.A.S. Madame la Duchesse de Bourbon,'' Amsterdam et Paris, La Veuve Duchesne. Contient: ''Épître à Mme la comtesse de Beauharnais; L'Innocence éclairée; À l'Amour tout est possible; Qui possède un ami, n'a rien à désirer; La Grandeur ne fait pas le bonheur; Les Ridicules; Si Jeunesse savoit, si vieillesse pouvoit; L'Or fait tout; Le Fat puni; La Vanité trompée, ou le François à Paris; Le Bonheur échappe à qui croit le tenir; La Bonne Mère; L'Heureux Déguisement; L'Apparence est trompeuse; Le Hasard sert mieux quelquefois que la Prudence.''
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1775 : Ouvrage sans titre, Minerve le donnera, par Mme de Laisse,''Auteur des Nouveaux Contes moraux, dédié à la Reine'', Paris, Saugrin.<br />
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1777 : ''Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues dédiés à S.A.S. Madame la Duchesse de Bourbon,'' Amsterdam et Paris, La Veuve Duchesne. Contient: ''Épître à Mme la comtesse de Beauharnais; L'Innocence éclairée; À l'Amour tout est possible; Qui possède un ami, n'a rien à désirer; La Grandeur ne fait pas le bonheur; Les Ridicules; Si Jeunesse savoit, si vieillesse pouvoit; L'Or fait tout; Le Fat puni; La Vanité trompée, ou le François à Paris; Le Bonheur échappe à qui croit le tenir; La Bonne Mère; L'Heureux Déguisement; L'Apparence est trompeuse; Le Hasard sert mieux quelquefois que la Prudence.''<br />
 
1778 : ''Nouveau genre de proverbes dramatiques, mêlés de chants, pour servir de suite au premier volume. Dédiés à Mme la Duchesse de Villeroy par Madame de Laisse, auteur des Nouveaux Contes moraux dédiés à Madame la Comtesse d'Artois, et d'un Ouvrage sans titre, dédié à la Reine,''Amsterdam et Paris, chez l'auteur, au Luxembourg, cours des Fontaines. Contient: ''L'Heureux Repentir; L'Heureux Racommodement; La Française aimable; L'Amour précepteur; L'Agréable Surprise; L'Erreur du moment; Les Deux Cousines; Le Concert projeté.''
 
1778 : ''Nouveau genre de proverbes dramatiques, mêlés de chants, pour servir de suite au premier volume. Dédiés à Mme la Duchesse de Villeroy par Madame de Laisse, auteur des Nouveaux Contes moraux dédiés à Madame la Comtesse d'Artois, et d'un Ouvrage sans titre, dédié à la Reine,''Amsterdam et Paris, chez l'auteur, au Luxembourg, cours des Fontaines. Contient: ''L'Heureux Repentir; L'Heureux Racommodement; La Française aimable; L'Amour précepteur; L'Agréable Surprise; L'Erreur du moment; Les Deux Cousines; Le Concert projeté.''
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== Choix bibliographique ==
 
== Choix bibliographique ==
Astbury, Katherine, «La femme amoureuse et le conte moral des femmes écrivains: vers un conte moral &quot;féminin?&quot;», dans Suzan van Dijk et Madeleine van Strien-Chardonneau (éd.),''Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800: la Question du «gender».'' Actes du XIVe Colloque de la SATOR (Amsterdam/ Leyde 2000), Louvain, Paris, Peeters, 2002, p.349-361.
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Astbury, Katherine, «La femme amoureuse et le conte moral des femmes écrivains: vers un conte moral &quot;féminin?&quot;», dans Suzan van Dijk et Madeleine van Strien-Chardonneau (éd.),''Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800: la Question du «gender».'' Actes du XIVe Colloque de la SATOR (Amsterdam/ Leyde 2000), Louvain, Paris, Peeters, 2002, p.349-361.<br />
 
Astbury, Katherine, «La représentation de l'homme dans les contes moraux des femmes écrivains 1750-1789», dans Katherine Astbury et Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval (éd.),''Le Mâle en France 1715-1830: représentations de la masculinité'', Berne, Peter Lang, «French Studies of the Eighteenth and Nineteenth Centuries», 15, 2004, p.123-134.
 
Astbury, Katherine, «La représentation de l'homme dans les contes moraux des femmes écrivains 1750-1789», dans Katherine Astbury et Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval (éd.),''Le Mâle en France 1715-1830: représentations de la masculinité'', Berne, Peter Lang, «French Studies of the Eighteenth and Nineteenth Centuries», 15, 2004, p.123-134.
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== Jugements ==
 
== Jugements ==
«Chaque conte de ce recueil renferme des maximes de morale-pratique» (compte rendu des''Nouveaux Contes moraux'', Mercure de France, juin 1774, p.109).
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«Si Madame de Laisse inspiroit moins d'intérêt, si elle avoit moins de talens, nous aurions supprimé nos réflexions, et nous aurions livré simplement ses contes aux lecteurs. Mais sa réputation nous intéresse, et nous démêlons assez ce qu'elle peut faire, pour ne point lui rapeller ici les conseils des grands Maîtres de la littérature. [...] Nous ne trouvons dans ses Contes aucune marche, aucun intérêt, aucun caractere. La connoissance du coeur humain n'est presque jamais consulté» (Mme de Montanclos, compte rendu des ''Nouveaux Contes moraux'', Journal des Dames, juin 1774, p.182-83).
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«Chaque conte de ce recueil renferme des maximes de morale-pratique» (compte rendu des''Nouveaux Contes moraux'', Mercure de France, juin 1774, p.109).<br />
«Vous blâmez ma manière d'écrire: oh! je ne la justifierai point; mais ce dont je ne puis m'empêcher de demeurer convaincue, c'est qu'avec ma manière d'être, il est impossible de présenter un tableau ''dégoûtant et bas''; l'ame, Madame, perce à travers ce que l'on écrit: il me semble que dans mon ouvrage on y voit la mienne; et c'est ce qui me le fait aimer» («Lettre de Mme de Laisse en réponse à la critique de Mme la Baronne de Prinsen, dans le ''Journal des Dames du mois de juin», Mercure de France'', août 1774, p.182-183).
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«Si Madame de Laisse inspiroit moins d'intérêt, si elle avoit moins de talens, nous aurions supprimé nos réflexions, et nous aurions livré simplement ses contes aux lecteurs. Mais sa réputation nous intéresse, et nous démêlons assez ce qu'elle peut faire, pour ne point lui rapeller ici les conseils des grands Maîtres de la littérature. [...] Nous ne trouvons dans ses Contes aucune marche, aucun intérêt, aucun caractere. La connoissance du coeur humain n'est presque jamais consulté» (Mme de Montanclos, compte rendu des ''Nouveaux Contes moraux'', Journal des Dames, juin 1774, p.182-83).<br />
«Madame de Laisse a parfaitement rempli son plan. Elle a tracé dans une correspondance de lettres très variées et très-intéressantes, le tableau des séductions de l'Amour et le modèle de l'honnêteté, qui doit faire le plus bel avantage des jeunes personnes du sexe» (compte rendu d'''Ouvrage sans titre, Mercure de France'', février 1775, p.55).
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«Vous blâmez ma manière d'écrire: oh! je ne la justifierai point; mais ce dont je ne puis m'empêcher de demeurer convaincue, c'est qu'avec ma manière d'être, il est impossible de présenter un tableau ''dégoûtant et bas''; l'ame, Madame, perce à travers ce que l'on écrit: il me semble que dans mon ouvrage on y voit la mienne; et c'est ce qui me le fait aimer» («Lettre de Mme de Laisse en réponse à la critique de Mme la Baronne de Prinsen, dans le ''Journal des Dames du mois de juin», Mercure de France'', août 1774, p.182-183).<br />
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«Madame de Laisse a parfaitement rempli son plan. Elle a tracé dans une correspondance de lettres très variées et très-intéressantes, le tableau des séductions de l'Amour et le modèle de l'honnêteté, qui doit faire le plus bel avantage des jeunes personnes du sexe» (compte rendu d'''Ouvrage sans titre, Mercure de France'', février 1775, p.55).<br />
 
«Avec mille talens, de Laisse est sans orgueil;/ Son esprit est charmant, sa science est profonde;/ Et sa sagesse enfin, lui fait voir d'un même oeil,/ Ce qui fait le repos, ou le trouble du monde» («M. de Laisse», Épître, Ouvrage sans titre seconde partie, Paris, 1775, sp).  
 
«Avec mille talens, de Laisse est sans orgueil;/ Son esprit est charmant, sa science est profonde;/ Et sa sagesse enfin, lui fait voir d'un même oeil,/ Ce qui fait le repos, ou le trouble du monde» («M. de Laisse», Épître, Ouvrage sans titre seconde partie, Paris, 1775, sp).  
«Nous nous sommes interdites pour l'avenir toutes réflexions sur les productions de cette Dame» (Mme de Montanclos, ''Journal des Dames'', février 1775, p.241).
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«Nous nous sommes interdites pour l'avenir toutes réflexions sur les productions de cette Dame» (Mme de Montanclos, ''Journal des Dames'', février 1775, p.241).<br />
 
«Il y a des détails ingénieux et pleins d'agrémens dans ces petits Drames, qui réunissent presque tous, à ce mérite, celui d'une grande simplicité d'intrigue: le style en général en est coulant et facile; on trouvera peut-être seulement que Madame de Laisse se permet trop souvent d'employer dans sa prose les cadences et les inversions de la poésie, ce qui est contraire à la simplicité du Dialogue» (compte rendu des ''Proverbes dramatiques, Mercure de France'', mai 1777, p.109).
 
«Il y a des détails ingénieux et pleins d'agrémens dans ces petits Drames, qui réunissent presque tous, à ce mérite, celui d'une grande simplicité d'intrigue: le style en général en est coulant et facile; on trouvera peut-être seulement que Madame de Laisse se permet trop souvent d'employer dans sa prose les cadences et les inversions de la poésie, ce qui est contraire à la simplicité du Dialogue» (compte rendu des ''Proverbes dramatiques, Mercure de France'', mai 1777, p.109).
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Version actuelle en date du 3 mai 2011 à 19:23

Madame de Laisse
Biographie
Date de naissance Après 1700
Date de décès Après 1778
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Katherine Astbury 2005.

On sait peu de choses de la vie de Mme de Laisse, dont on ignore la date exacte de naissance (17**), et qui se dit l'épouse d'un capitaine de cavalerie au régiment d'Artois. Malgré une courte carrière littéraire (1772 à 1778), elle acquiert une certaine renommée à la suite d'une longue querelle avec Mme de Montanclos.

Mme de Laisse fait ses débuts de femme de lettres en offrant, comme beaucoup d'écrivains de son temps, des contes moraux au Mercure de France. Si le premier, L'Orgueilleux corrigé par l'amour (mai 1772), est publié sous l'anonymat, Mme de Laisse signe le second, Les Dangers d'une mauvaise éducation (octobre 1772). L'année suivante, ces deux contes forment la base d'un Recueil d'anecdotes auquel est jointe une «Épître à mon sexe», où l'autrice justifie sa décision de parler des défauts de la femme et de «blâmer l'éducation que l'on vous donne», thème qu'elle reprendra tout au long de sa carrière, encourageant les femmes à étudier la morale, les beaux-arts et les sciences, et démontrant dans ses contes les avantages de la vertu. À la parution du second recueil, les Nouveaux Contes moraux (1774), le compte rendu du Mercure est plutôt positif, à l'inverse de celui, très sévère, de Mme de Montanclos dans son Journal des Dames (juin 1774), critiquant le manque d'imagination de Mme de Laisse, ce qui provoque une querelle littéraire entre les deux femmes.

Mme de Laisse y répond aussitôt avec un roman épistolaire mettant ses lectrices en garde contre le danger de romans comme La Nouvelle Héloïse, intitulé Ouvrage sans titre; Minerve le donnera. Le titre est bien sûr une référence explicite à sa querelle avec Mme de Montanclos. Par la suite, Mme de Laisse se lance dans le proverbe dramatique -nouveau genre à la mode qui commence à supplanter le conte moral mensuel au Mercure-, dont elle publie deux recueils. Le critique du Mercure relève dans le premier,Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues, «des détails ingénieux et pleins d'agréments» (mai 1777, p.110). Le second volume, Nouveau Genre de proverbes dramatiques (1778), est le dernier ouvrage de cette femme d'esprit. Sa préface pourrait servir de résumé à la carrière de l'autrice. Mme de Laisse y revient sur sa querelle avec Mme de Montanclos et réaffirme ses principes littéraires: «[J]'ai pu manquer de talens dans l'exécution de mon projet, mais je crois mon but celui de la délicatesse, faire aimer la vertu et détester le vice, voilà le seul [but] que doit se proposer un Auteur. Si j'ai manqué le mien, je dois être excusée, surtout par mon sexe que j'aime de tout mon coeur». Ce second volume ne suscite aucun compte rendu, et c'est ainsi que Mme de Laisse disparaît sans bruit de la scène littéraire.

Ses ouvrages se caractérisent par une représentation novatrice de la femme. À la différence des portraits de femmes idéalisés des auteurs masculins de l'époque, les protagonistes féminines de Mme de Laisse ont toutes des défauts de caractère. Ses héroïnes sont des individualistes qui ont du mal à s'adapter aux exigences de la société. Elles sont presque toutes facilement induites en erreur par les hommes, qui ne profitent que trop bien de leur manque d'éducation solide. Les poncifs romanesques qu'elle utilise sont extravagants, souvent rebattus, mais elle les manipule avec un clin d'oeil aux stéréotypes de son époque. Elle est donc typique des femmes écrivains de la seconde moitié du XVIIIe siècle: elle fournit des sentences et des exemples de comportements à éviter, mais elle déstabilise de l'intérieur l'image de la femme parfaite des Lumières.

Mme de Laisse reste méconnue à l'aube du XXIe siècle; elle n'est étudiée par aucun critique moderne, sauf dans certaines études sur le conte moral.

Oeuvres

1772 : L'Orgueilleux corrigé par l'amour, Mercure de France, mai.
1772 :Les Dangers d'une mauvaise éducation, Mercure de France, octobre.
1773 : Recueil d'anecdotes par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois, Amsterdam 1773. Contient: Épître à mon sexe; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour.
1774 : Nouveaux Contes moraux par Mme de Laisse, épouse d'un capitaine de cavalerie, au régiment d'Artois, dédiés à Mme la comtesse d'Artois, Paris, Valade. Contient: 1re partie:Épître à Mme la comtesse d'Artois; Lettre à mon ami, ou les soeurs rivales; Il n'est pas impossible de parvenir au bonheur. 2e partie: Aux femmes; Aux hommes; Les Dangers d'une mauvaise éducation; La Jeunesse de François, anecdote; L'Orgueilleux corrigé par l'amour; L'Orgueilleux non corrigé par l'amour ou lettre de Madame de P*** à Mme de L***.
1775 : Ouvrage sans titre, Minerve le donnera, par Mme de Laisse,Auteur des Nouveaux Contes moraux, dédié à la Reine, Paris, Saugrin.
1777 : Proverbes dramatiques mêlés d'ariettes connues dédiés à S.A.S. Madame la Duchesse de Bourbon, Amsterdam et Paris, La Veuve Duchesne. Contient: Épître à Mme la comtesse de Beauharnais; L'Innocence éclairée; À l'Amour tout est possible; Qui possède un ami, n'a rien à désirer; La Grandeur ne fait pas le bonheur; Les Ridicules; Si Jeunesse savoit, si vieillesse pouvoit; L'Or fait tout; Le Fat puni; La Vanité trompée, ou le François à Paris; Le Bonheur échappe à qui croit le tenir; La Bonne Mère; L'Heureux Déguisement; L'Apparence est trompeuse; Le Hasard sert mieux quelquefois que la Prudence.
1778 : Nouveau genre de proverbes dramatiques, mêlés de chants, pour servir de suite au premier volume. Dédiés à Mme la Duchesse de Villeroy par Madame de Laisse, auteur des Nouveaux Contes moraux dédiés à Madame la Comtesse d'Artois, et d'un Ouvrage sans titre, dédié à la Reine,Amsterdam et Paris, chez l'auteur, au Luxembourg, cours des Fontaines. Contient: L'Heureux Repentir; L'Heureux Racommodement; La Française aimable; L'Amour précepteur; L'Agréable Surprise; L'Erreur du moment; Les Deux Cousines; Le Concert projeté.

Choix bibliographique

Astbury, Katherine, «La femme amoureuse et le conte moral des femmes écrivains: vers un conte moral "féminin?"», dans Suzan van Dijk et Madeleine van Strien-Chardonneau (éd.),Féminités et masculinités dans le texte narratif avant 1800: la Question du «gender». Actes du XIVe Colloque de la SATOR (Amsterdam/ Leyde 2000), Louvain, Paris, Peeters, 2002, p.349-361.
Astbury, Katherine, «La représentation de l'homme dans les contes moraux des femmes écrivains 1750-1789», dans Katherine Astbury et Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval (éd.),Le Mâle en France 1715-1830: représentations de la masculinité, Berne, Peter Lang, «French Studies of the Eighteenth and Nineteenth Centuries», 15, 2004, p.123-134.

Jugements

«Chaque conte de ce recueil renferme des maximes de morale-pratique» (compte rendu desNouveaux Contes moraux, Mercure de France, juin 1774, p.109).
«Si Madame de Laisse inspiroit moins d'intérêt, si elle avoit moins de talens, nous aurions supprimé nos réflexions, et nous aurions livré simplement ses contes aux lecteurs. Mais sa réputation nous intéresse, et nous démêlons assez ce qu'elle peut faire, pour ne point lui rapeller ici les conseils des grands Maîtres de la littérature. [...] Nous ne trouvons dans ses Contes aucune marche, aucun intérêt, aucun caractere. La connoissance du coeur humain n'est presque jamais consulté» (Mme de Montanclos, compte rendu des Nouveaux Contes moraux, Journal des Dames, juin 1774, p.182-83).
«Vous blâmez ma manière d'écrire: oh! je ne la justifierai point; mais ce dont je ne puis m'empêcher de demeurer convaincue, c'est qu'avec ma manière d'être, il est impossible de présenter un tableau dégoûtant et bas; l'ame, Madame, perce à travers ce que l'on écrit: il me semble que dans mon ouvrage on y voit la mienne; et c'est ce qui me le fait aimer» («Lettre de Mme de Laisse en réponse à la critique de Mme la Baronne de Prinsen, dans le Journal des Dames du mois de juin», Mercure de France, août 1774, p.182-183).
«Madame de Laisse a parfaitement rempli son plan. Elle a tracé dans une correspondance de lettres très variées et très-intéressantes, le tableau des séductions de l'Amour et le modèle de l'honnêteté, qui doit faire le plus bel avantage des jeunes personnes du sexe» (compte rendu d'Ouvrage sans titre, Mercure de France, février 1775, p.55).
«Avec mille talens, de Laisse est sans orgueil;/ Son esprit est charmant, sa science est profonde;/ Et sa sagesse enfin, lui fait voir d'un même oeil,/ Ce qui fait le repos, ou le trouble du monde» («M. de Laisse», Épître, Ouvrage sans titre seconde partie, Paris, 1775, sp). «Nous nous sommes interdites pour l'avenir toutes réflexions sur les productions de cette Dame» (Mme de Montanclos, Journal des Dames, février 1775, p.241).
«Il y a des détails ingénieux et pleins d'agrémens dans ces petits Drames, qui réunissent presque tous, à ce mérite, celui d'une grande simplicité d'intrigue: le style en général en est coulant et facile; on trouvera peut-être seulement que Madame de Laisse se permet trop souvent d'employer dans sa prose les cadences et les inversions de la poésie, ce qui est contraire à la simplicité du Dialogue» (compte rendu des Proverbes dramatiques, Mercure de France, mai 1777, p.109).

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