Marie de Brinon/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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BRINON, (Madame de) fille d'un président au parlement de Normandie, vécut dans le 17e. siècle. Favorisée d'un génie supérieur, et d'un goût décidé pour les sciences, elle se livra de bonne heure et avec succès à l'étude. Elle était très-jeune lorsqu'elle fit profession dans un couvent d'Ursulines. Ce monastère fut supprimé. Madame de Brinon erra quelque tems de cloître en cloître, sans pouvoir se fixer. Enfin elle prit le parti de s'adonner à l'éducation de la jeunesse. Elle vint à Ruel, et bientôt, avec la protection de Madame de Maintenon, elle eut cent demoiselles confiées à ses soins. Ce fut là le premier berceau de Saint-Cyr. Madame de Maintenon engagea Louis XIV à seconder cet établissement. Il accorda Noisy, mais située dans le parc de Versailles. Quelques années après, il fit élever Saint-Cyr. Madame de Brinon dressa le plan des constitutions. Ce plan est marqué au coin de la sagesse et du bon-sens. Elle fut établie supérieure, quoiqu'elle n'eût pas le talent de gouverner. Son humeur était inégale, brusque et impérieuse. Ces défauts étaient rachetés par de vastes connaissances et une érudition profonde. Les pères de l'église et les poëtes lui étaient connus. Elle instruisait tous les jours les professes et les novices. Les dimanches, elle faisait des exhortations sur les épîtres et les évangiles avec tant d'éloquence, que, de toutes parts, on se rendait à la grille du choeur pour l'entendre. Sa réputation dans le monde, et sa faveur auprès de Louis XIV étaient si grandes, que lorsqu'elle fut aux eaux de Bourbon, les villes où elle passa députèrent pour la complimenter, et les villages se mirent sous les armes. Au retour de ce voyage, elle critiqua ce que Madame de Maintenon avait fait à Saint-Cyr pendant son absence, et elle lui écrivit plusieurs fois avec aigreur. Madame de Maintenon, excédée par ses lettres, songea à l'éloigner. Madame de Brinon, après avoir fait d'inutiles efforts pour la fléchir, se retira successivement dans quelques maisons religieuses de Paris; mais elle les trouva toutes insupportables. Enfin elle s'établit à Maubuisson, où elle mourut. | BRINON, (Madame de) fille d'un président au parlement de Normandie, vécut dans le 17e. siècle. Favorisée d'un génie supérieur, et d'un goût décidé pour les sciences, elle se livra de bonne heure et avec succès à l'étude. Elle était très-jeune lorsqu'elle fit profession dans un couvent d'Ursulines. Ce monastère fut supprimé. Madame de Brinon erra quelque tems de cloître en cloître, sans pouvoir se fixer. Enfin elle prit le parti de s'adonner à l'éducation de la jeunesse. Elle vint à Ruel, et bientôt, avec la protection de Madame de Maintenon, elle eut cent demoiselles confiées à ses soins. Ce fut là le premier berceau de Saint-Cyr. Madame de Maintenon engagea Louis XIV à seconder cet établissement. Il accorda Noisy, mais située dans le parc de Versailles. Quelques années après, il fit élever Saint-Cyr. Madame de Brinon dressa le plan des constitutions. Ce plan est marqué au coin de la sagesse et du bon-sens. Elle fut établie supérieure, quoiqu'elle n'eût pas le talent de gouverner. Son humeur était inégale, brusque et impérieuse. Ces défauts étaient rachetés par de vastes connaissances et une érudition profonde. Les pères de l'église et les poëtes lui étaient connus. Elle instruisait tous les jours les professes et les novices. Les dimanches, elle faisait des exhortations sur les épîtres et les évangiles avec tant d'éloquence, que, de toutes parts, on se rendait à la grille du choeur pour l'entendre. Sa réputation dans le monde, et sa faveur auprès de Louis XIV étaient si grandes, que lorsqu'elle fut aux eaux de Bourbon, les villes où elle passa députèrent pour la complimenter, et les villages se mirent sous les armes. Au retour de ce voyage, elle critiqua ce que Madame de Maintenon avait fait à Saint-Cyr pendant son absence, et elle lui écrivit plusieurs fois avec aigreur. Madame de Maintenon, excédée par ses lettres, songea à l'éloigner. Madame de Brinon, après avoir fait d'inutiles efforts pour la fléchir, se retira successivement dans quelques maisons religieuses de Paris; mais elle les trouva toutes insupportables. Enfin elle s'établit à Maubuisson, où elle mourut. | ||
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Version actuelle en date du 17 novembre 2010 à 20:25
BRINON, (Madame de) fille d'un président au parlement de Normandie, vécut dans le 17e. siècle. Favorisée d'un génie supérieur, et d'un goût décidé pour les sciences, elle se livra de bonne heure et avec succès à l'étude. Elle était très-jeune lorsqu'elle fit profession dans un couvent d'Ursulines. Ce monastère fut supprimé. Madame de Brinon erra quelque tems de cloître en cloître, sans pouvoir se fixer. Enfin elle prit le parti de s'adonner à l'éducation de la jeunesse. Elle vint à Ruel, et bientôt, avec la protection de Madame de Maintenon, elle eut cent demoiselles confiées à ses soins. Ce fut là le premier berceau de Saint-Cyr. Madame de Maintenon engagea Louis XIV à seconder cet établissement. Il accorda Noisy, mais située dans le parc de Versailles. Quelques années après, il fit élever Saint-Cyr. Madame de Brinon dressa le plan des constitutions. Ce plan est marqué au coin de la sagesse et du bon-sens. Elle fut établie supérieure, quoiqu'elle n'eût pas le talent de gouverner. Son humeur était inégale, brusque et impérieuse. Ces défauts étaient rachetés par de vastes connaissances et une érudition profonde. Les pères de l'église et les poëtes lui étaient connus. Elle instruisait tous les jours les professes et les novices. Les dimanches, elle faisait des exhortations sur les épîtres et les évangiles avec tant d'éloquence, que, de toutes parts, on se rendait à la grille du choeur pour l'entendre. Sa réputation dans le monde, et sa faveur auprès de Louis XIV étaient si grandes, que lorsqu'elle fut aux eaux de Bourbon, les villes où elle passa députèrent pour la complimenter, et les villages se mirent sous les armes. Au retour de ce voyage, elle critiqua ce que Madame de Maintenon avait fait à Saint-Cyr pendant son absence, et elle lui écrivit plusieurs fois avec aigreur. Madame de Maintenon, excédée par ses lettres, songea à l'éloigner. Madame de Brinon, après avoir fait d'inutiles efforts pour la fléchir, se retira successivement dans quelques maisons religieuses de Paris; mais elle les trouva toutes insupportables. Enfin elle s'établit à Maubuisson, où elle mourut.