Jacquette de Montbron : Différence entre versions
De SiefarWikiFr
(Import automatique) |
(Aucune différence)
|
Version du 13 août 2010 à 22:44
Jacquette de Montbron | ||
Conjoint(s) | André de Bourdeille, sénéchal de Périgord | |
---|---|---|
Dénomination(s) | Jacquette de Montberon | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1544 | |
Date de décès | 1592 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Madeleine Lazard, 2003.
Troisième fille de François de Montbron (ou Montberon), baron de Villefort et de Beaulieu, capitaine de Blaye, et de Marie-Jeanne de Montpezat, Jacquette de Montbron est mariée, par contrat du 27 juin 1558, à André de Bourdeille, sénéchal de Périgord, frère aîné du chroniqueur Brantôme. Dame des vicomtés de Bourdeille et d'Aunay, des baronnies d'Archiac et de Mathas, et des châtellenies de la Tour Blanche et de Sertonville, Jacquette, mère de quatre filles et de deux fils, devient veuve en 1582, après vingt-quatre ans d'une union sans nuage, et refusera toujours de se remarier. Elle s'entend si bien à gérer le patrimoine familial qu'elle réussit à s'acquitter de lourdes dettes (deux cent mille francs) contractées par son défunt mari au service du roi.
Catherine de Médicis, avertie des mérites de cette veuve exemplaire, fait d'elle l'une de ses dames d'honneur, ce que confirme un brevet du 21 novembre 1587. Jacquette séjourne à la cour des Valois, se lie d'amitié avec Fulvie, veuve de Pic de la Mirandole et épouse de Charles de la Rochefoucauld, mais regagne souvent sa province. Douée pour la géométrie et l'architecture, elle fait construire à côté de la vieille forteresse de Bourdeille, sans le secours d'aucun architecte, un joli château Renaissance («le château neuf»), château «de son invention et seule façon» (Brantôme), en présidant à l'exécution des plans qu'elle a elle-même dressés, «prenant l'équerre et le té et dessinant de ses mains le prospect de sa future demeure». Elle espère y recevoir la reine-mère et obtenir d'elle quelques subsides, mais celle-ci meurt en 1589 avant de pouvoir s'y rendre. Jacquette passe alors au service de Louise de Lorraine, femme du roi Henri III.
Durant la dernière guerre de religion, elle est menacée d'être assiégiée dans son château de Mathas (auj. Matha, Charente Maritime) par le prince de Condé; elle refuse de lui livrer les notables catholiques venus se mettre sous sa protection et, assistée de son beau-frère Brantôme, lui répond qu'elle ne craint «ni son canon ni son siège». C'est la mort du prince (mars 1588) qui met fin à cette entreprise. Jacquette pour sa part meurt en 1592 à Archiac (Charente-Maritime), accablée par la perte de sa fille Renée.
Brantôme reste à peu près l'unique source de témoignage sur sa belle-soeur, qu'il admirait fort. Secrètement amoureux de Jacquette, il aurait souhaité l'épouser après son veuvage, mais il dut se contenter de rester très proche d'elle et de l'aider à plusieurs reprises. Dans les éloges de toutes sortes qu'il lui a décernés, il a vanté sa vertu et sa fidélité conjugale, la rangeant parmi les veuves exemplaires. Brantôme a aussi célébré les qualités exceptionnelles d'intelligence et de coeur de sa belle-soeur, ainsi que son aptitude à gérer ses biens et à pratiquer l'une des vertus majeures de la noblesse, la libéralité. Il a chanté son «esprit fort bon et subtil» et son jugement «ferme et solide, qui ne se rencontre pas toujours en un même sujet». Le chroniqueur était fier de la correspondance abondante que Jacquette entretenait avec les plus grands personnages, et de sa conversation qui englobait tous les sujets, y compris la théologie et l'histoire. Il a affirmé qu'elle composait «de très belles poésies et d'autres belles choses en prose» et qu'elle s'adonnait à la lecture jour et nuit.
Le souvenir de Jacquette est essentiellement lié à la construction très originale de son château et les rares mentions de sa personne sont à trouver dans les études sur sa région et sa famille. Les mérites de sa riche personnalité ont toutefois été soulignés par A. Dujarric-Descombe, qui lui a consacré un article en 1922 pour réparer, dit-il, l'oubli que le Dictionnaire portatif des femmes célèbres (1788) avait fait de son nom.
Choix bibliographique
- Babelon, Jean-Pierre, et Rémy, Christian. «Les châteaux de Bourdeille», Extrait du Congrès du Périgord, Paris, Société française d'archéologie,1999, p.136-137.
- Bourdeille, Marquis de. Maison de Bourdeille en Périgord, Filiation complète établie sur titres depuis 1011 jusqu'en 1893, Troyes, Lenglen, 1895.
- Brantôme, Pierre de Bourdeille, abbé de. Recueil des Dames, poésies et tombeaux, éd. É. Vaucheret. Paris, Gallimard, 1991: Recueil des Dames, Livre II, Discours IV, p.533-534, Discours VII,passim; Oraison funèbre de feu Mme de Bourdeille..., p.967-977; Tombeaux, p.978-991.
- Dujarric-Descombes, A. Jacquette de Montbron, dame de Bourdeille et de la Tour Blanche. Angoulême, Imprimerie Ouvrière, 1822.
- Lazard, Madeleine. «Jacquette de Montbron, une bâtisseuse humaniste», in K. Wilson-Chevalier et E. Viennot (dir.) Royaume de Fémynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes de la Renaissance à la Fronde. Paris, Champion, 1999, p.17-26.