Françoise d'Aubigné/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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MAINTENON, (Françoise d'Aubigné, d'abord Dame Scarron, ensuite Marquise de) petite-fille de Théodore-Agrippa d'Aubigné, naquit le 8 septembre 1635, à la conciergerie de Niort, où étaient enfermés son père et sa mère. Il semble qu'elle fut destinée à éprouver toutes les vicissitudes de la fortune. Conduite à l'âge de trois ans en Amérique, ramenée orpheline à l'âge de douze ans, traitée avec la plus grande dureté chez Madame de Neuillant, sa parente, elle se trouva trop heureuse d'épouse, à l'âge de seize ans, l'auteur du Roman comique. Elle resta veuve en 1660. La mort de Scarron la fit retomber dans l'indigence. Elle sollicita long-tems et vainement auprès de Louis XIV une pension dont avait joui son époux; Madame de Montespan la lui fit obtenir et la chargea de l'éducation de ses enfans. Les soins qu'elle leur donna, et sur-tout la manière dont elle éleva le duc du Maine, lui valurent des gratifications de la part du roi. En 1674, elle acheta la terre de Maintenon. Louis le Grand, qui d'abord avait eu pour elle de l'antipathie, passa de l'aversion à la confiance, et de la confiance à l'amour. En 1679, il lui donna la place de dame d'atours de la dauphine. Elle devint son épouse vers la fin de 1685, dans sa 50e. année. Ce mariage fut tenu secret. En général elle fut plus occupée de complaire au roi, que de le gouverner. Elle ne regarda la faveur que comme un fardeau que la bienfaisance seule pouvait alléger. L'abbé Testu, Racine, Despréaux, Bussi, Montchevreuil, Mademoiselle de Scudéry, Madame Deshoulières, éprouvèrent les effets de sa protection. C'est d'elle que Boileau a dit dans sa Satyre contre les Femmes:
J'en sais une chérie, et du Monde et de Dieu,
Humble dans les grandeurs, sage dans la fortune,
Que le vice lui-même est contraint d'estimer.
Qui gémit, comme Esther, de sa gloire importune,
Ce fut à la prière de Madame de Maintenon, que Louis XIV fonda, en 1686, dans l'abbaye de Saint-Cyr, une communauté pour y élever et instruire trois cents jeunes demoiselles. Elle fit les réglemens de cette maison, avec Godet-Desmarêts, évêque de Chartres. Cet établissement rappelle celui que l'impératrice de Russie fonda, à Pétersbourg, à l'instar de Saint-Cyr. Après la mort du roi, Madame de Maintenon se retira à Saint-Cyr, où elle donna l'exemple de toutes les vertus. Elle y mourut, le 15 avril 1719, à 84 ans. Labeaumelle publia la Vie de cette femme célèbre, en 1735, et Caraccioli en 1786. Labeaumelle fit paraître, en 6 volumes, des Mémoires pour servir à l'Histoire de Madame de Maintenon. Son portrait, peint par Pierre Mignard, se trouve à l'école centrale du département des Deux-Sèvres.
On lui doit des Lettres, publiées par Labeaumelle; Nancy, 1753, 2 vol. in-12... 1756, 9 vol. in-12; traduites en anglais, Londres, 1759, 2 vol. in-12. Les Lettres de Madame de Maintenon sont un modèle excellent dans la partie des affaires. Elle dit ce qu'il faut dire, le dit bien, et ne dit que cela. -- Maintenoniana, Amsterdam, 1773, in-8. Cet ouvrage est un recueil d'anecdotes, de portraits, de pensées et de bons-mots, tirés des Lettres et des Mémoires de Madame de Maintenon. Montagnac a donné, en 1771, l'Esprit de Madame de Maintenon.