Suzanne Curchod/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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NECKER, (Curchod, Dame) fille d'un ministre protestant de Suisse, épouse de Necker, ministre des finances sous Louis XVI, mère de Madame Staël, parente du célèbre Saussure, fut amie des hommes les plus savans de son tems. Jusqu'à l'âge de 24 ans, elle connut toutes les privations qui naissent de la détresse, et les supporta avec courage. Lorsqu'elle fut comblée des faveurs de la fortune, elle s'exerça aux actes de la bienfaisance la plus active, et cultiva les lettres. Le zèle qu'elle mit, et les soins qu'elle se donna pour soulager l'humanité souffrante, rendent sa mémoire chère à toutes les ames sensibles. A Paris, elle dirigea particulièrement un hospice qui porte son nom, et qui était devenu l'exemple et le modèle des établissemens de ce genre. De tous les momens de sa vie, la bienfaisance fut l'ame de ses pensées et de ses projets. Ses vues sages et son attachement à ses devoirs, étaient encore relevés par ses connaissances et son esprit. Elle fut en relation avec les gens de lettres les plus distingués, entr'autres avec Gibbon, Diderot, Saint-Lambert, Buffon et Thomas. C'est chez Madame Necker que se fit la souscription pour la statue de Voltaire. L'auteur de la Henriade l'en remercia par un morceau de poésie. Lebrun lui adressa une lettre, où l'on trouve ces vers:
O de Buffon illustre et digne amie!
Vous, dont il m'a vanté l'ame et les agrémens
Si chers à sa docte Uranie;
Vous, qui d'un trait de feu peignez avec génie
L'Ode et ses fiers ravissemens,
Que vous inspirez bien les nymphes de mémoire!
Qu'il est beau de tenir le flambeau de la gloire,
Et d'en éclairer leurs amans!
Elle mourut à Copet, en 1796.
On lui doit: les Inhumations précipitées, 1790, in-8. -- Réflexions sur le Divorce, 1795, in-8; Paris, Charles Pougens, an 10, in-8. Cet ouvrage respire la vertu. -- Sur l'établissement des Hospices. --Mélanges extraits des manuscrits de Madame Necker, ouvrage posthume; Paris, Charles Pougens, an 6, 3 vol. in-8. Son époux est l'éditeur de cette production*. Dans les observations qu'il a mises à la tête de cet ouvrage, il répand des fleurs sur la tombe de sa compagne, et il rend hommage à ses vertus et à ses talens. Ces Mélanges contiennent des Portraits, des Lettres, des Fragmens, écrits, ou pour ses amis, ou pour exercer son style; des Traits et des Anecdotes qui la frappaient, et des Pensées fugitives, que les circonstances ou ses méditations lui suggéraient, et qu'elle fixait journellement sur le papier. Ce recueil qui annonce une belle ame, et qui prouve que Madame Necker aurait obtenu facilement, si elle l'eût désiré, un des premiers rangs parmi les femmes de lettres, renferme cependant des maximes qui ne sont pas toujours vraies, du faux bel-esprit, et de la métaphysique qui dans plus d'un endroit est obscure et entortillée. -- Nouveaux Mélanges, extraits des manuscrits de Madame Necker; Paris, Charles Pougens, an 10, 2 vol. in-8. Ce second recueil des Mélanges offre, comme le premier, des beautés et des défauts. Il est composé de réflexions détachées, sous le titre de Fragmens, d'anecdotes, de traits, de bons-mots, intitulés: Pensées et Souvenirs. Si on doit louer M. Necker d'avoir fait connaître au public les productions de son épouse, on doit aussi lui reprocher que sa vénération pour la mémoire de l'amie qu'il a perdue, lui ait fait publier des choses que le goût aurait dû retrancher.
- Erratum: cette production, lisez ce recueil.