Magdeleine Neveu/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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LAVILLÉE, (Magdeleine Neveu, d'abord Dame Desroches, ensuite Dame de) naquit à Poitiers où elle fit sa résidence. Elle fut élevée dans l'amour des sciences et des lettres. Sa maison était une espèce d'Académie où se rassemblaient tous les hommes de mérite que les grands jours de Poitiers attiraient dans cette ville. On remarque Scévole de Sainte-Marthe, et Pasquier, parmi les personnages illustres qui étaient admis dans sa société, et qui rendirent hommage à l'étendue de ses lumières, aux charmes de son esprit, et à sa modestie. Plusieurs auteurs lui dédièrent leurs ouvrages. Scévole de Sainte-Marthe lui a donné un rang distingué dans son Recueil d'éloges latins; le Père Hilarion de Coste ne l'a point oubliée dans son Eloge des Dames illustres; Mornac, dans ses Ferioe forenses, l'a mise au nombre des plus grands génies que l'on connut alors: il la compare à Sapho et à Sulpicie. Non-seulement elle se rendit célèbre par ses talens, mais encore par son amour maternel. Elle eut la plus grande affection pour sa fille unique. Leurs OEuvres portent le sceau de leur union, et l'on voit que mutuellement l'une n'était entièrement occupée que de l'autre. La peste qui régna à Poitiers, en 1587, enleva Madame Lavillée à la république des lettres.
Ses ouvrages ont été imprimés sous le titre de Premières OEuvres, Paris, Abel Langelier, 1579, in-4. Ce Recueil renferme une Epître aux Dames, en prose; une Epître à sa fille; neuf Odes; trente Sonnets; les Epitaphes de son mari, de Monsieur le comte de Brissac, et de feu Sieur baron d'Anguernaques. -- Secondes OEuvres, Poitiers, Nicolas Courtois, 1583, in-4.; Rouen, Robert Feron, 1604, in-12. On y lit des sonnets et autres vers. -- Premières et secondes OEuvres de Mesdames Desroches, Paris, 1604, 1 vol. in-8. Cette dernière édition est la plus complette; elle contient la tragédie de Panthée. Parmi les poésies de Madame Lavillée, on distingue les suivantes: Des Stances à Madame la baronne de Gernole sur l'absence de son mari; l'Epître à sa fille, où elle fait des voeux pour l'immortalité de Mademoiselle Desroches: l'Ode première, l'Ode deuxième, dont voici une strophe:
Notre principe est songe,
Notre maître, malheur;
Notre vie est mensonge,
Et notre fin, douleur.
lOde septième, l'Ode neuvième, lEpitaphe de M.Lavillée, son second mari. Elle lui fait dire:
Mon corps n'est pas tout seul sous cette froide tombe;
Le coeur de ma compagne y gît avec le mien:
Jamais de son esprit notre amitié ne tombe;
La mort ne tranche point un si ferme lien.
Scaliger adressa à Madame Lavillée des félicitations en style poétique, à l'égard d'un poëme d'environ trois cents vers, qu'elle composa sur la mort du comte de Brissac. -- Missives de Mesdames Desroches. On remarque parmi celles de Madame Lavillée, l'Épître à sa fille, et les Lettres cinquième, sixième, vingtième et vingt-sixième. Cette dernière sur-tout est très-jolie.