Marguerite-Jeanne Delaunay/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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STAAL, (de Launai, Comtesse de) naquit à Paris, vers 1693. La misère entoura son berceau. Son père était peintre à Paris; il quitta la France, et fut en Angleterre exercer sa profession. Sa mère, après avoir été la gouvernante de Mademoiselle de Ventadour, se retira dans un couvent. L'intérêt que la jeune de Launai inspirait, la rendit chère à Mesdames de Grieu, dont l'une était abbesse de Saint-Louis à Rouen, et l'autre simple religieuse. Elles l'élevèrent dans leur monastère, et soignèrent son éducation. Elle y resta depuis l'âge de deux ans, jusqu'à celui de seize ou dix-sept ans. A cette époque, la mort lui enleva ses protectrices. En 1711, elle fut placée auprès de la duchesse du Maine, en qualité de femme-de-chambre. Livrée à des emplois qui ne convenaient ni à ses goûts, ni à son mérite, elle cherchait les moyens d'améliorer son sort. L'occasion s'en présenta bientôt. Une jeune beauté, nommée Tétard, se disait possédée du démon. Tout Paris courut voir cette prétendue merveille. Fontenelle y alla, et en parla moins en philosophe qu'en apôtre: Mlle de Launay, qui était très-liée avec l'auteur des Mondes, lui écrivit à ce sujet. Dès le même jour, il se trouva dans une société où on lui fit des plaisanteries à l'égard de Mademoiselle Tétard. En voici de meilleures que les vôtres, répondit-il, en montrant l'ingénieuse lettre de Mlle de Launay. On en prit des copies; tout le monde voulut la posséder. La duchesse du Maine la lut et en fut contente. Dès-lors elle employa Mlle de Launay dans toutes les fêtes qui se donnaient à Sceaux. Elle faisait des vers pour quelques-unes des pièces que l'on y jouait, dressait les plans de quelques autres, était consultée pour toutes, et en faisait elle-même. Sous la régence, elle fut enveloppée dans la disgrace de Madame du Maine. On la renferma à la Bastille, le 29décembre 1718. Ayant recouvré la liberté dans les premiers jours de février 1720, elle retourna auprès de la duchesse. Le célèbre Dacier, veuf depuis quelque tems, conçut le projet de se marier avec elle. Madame du Maine ne voulut pas y consentir. Elle lui fit épouser M. de Staal, lieutenant aux Gardes-Suisses, et depuis capitaine et maréchal-de-camp. Madame de Staal devint dame d'honneur de la duchesse. Elle eut la gloire d'avoir pour amis la Rochefoucault, l'abbé de St-Pierre, l'abbé de Vertot, Toureil, Malezieu, Valincourt et Chaulieu. Quelques-uns d'eux eurent pour elle un sentiment plus tendre que celui de l'amitié. L'abbé de Chaulieu, octogénaire et presque aveugle, fut un de ses adorateurs, et fit beaucoup de vers à sa louange. Il avait passé la saison des amours: il y fut ramené par la vue de Madame de Staal, qui alors était Mademoiselle de Launai. Elle mourut au mois de juin 1750.
On lui doit: Mémoires de sa vie, 3 vol. in-12. Ils ont été imprimés après sa mort. On y ajouta en 1755, un 4e. vol. qui contient deux comédies en 3 actes et en prose, dont l'une est intitulée: L'Engouement; et l'autre, la Mode. Elles furent jouées à Sceaux. La dernière a aussi été représentée aux Italiens en 1761, sous le titre des Ridicules du jour. Ses Mémoires sont écrits avec autant d'agrément que de finesse. On y trouve de l'élégance et de la simplicité, de l'esprit et du naturel. En lisant Madame de Staal, on fait un cours de morale-pratique: car il y a de tems en tems des aperçus du coeur humain qui montrent une femme accoutumée à regarder de près et les autres et elle-même. Quant à ses comédies, le dialogue en est vif et spirituel. -- Recueil de Lettres de Mademoiselle de Launai au chevalier de Menil, au marquis de Silly et à M. d'Héricourt, auxquelles on a joint celles de M.de Chaulieu à Mademoiselle de Launai, et celles de M.Remond à la même, et le portrait de Madame la duchesse du Maine par Mademoiselle de Launai, Paris, Bernard, en 9, 2 vol. in-12. Ces lettres sont au nombre des modèles du genre épistolaire. On remarque dans celles au chevalier de Menil, cet heureux abandon qui plaît sans le vouloir et sans le savoir. Les lettres adressées au marquis de Silly et à M. d'Héricourt inspirent beaucoup d'intérêt. Le portrait de Madame du Maine annonce qu'elle avait le talent de Labruyère. Elle a eu beaucoup de part au recueil intitulé: Amusemens de Sceaux. La Naissance du Quolibet et son Épigramme sur un grimacier ont été insérées dans divers recueils.