Jeanne-Françoise Quinault/Henri Lyonnet : Différence entre versions

Version actuelle en date du 13 août 2010 à 19:54

[58] La famille des Quinault avait donné à la scène française au moins autant d'artistes que celle des Dangeville. Il y eut au XVIIe et XVIIIe siècles de ces dynasties théâtrales, telles encore celles des Baron et des Poisson. Mademoiselle Quinault la cadette ou la soubrette, Jeanne-Françoise, fille et soeur de comédiens, née à Strasbourg en 1699, au cours d'une pérégrination théâtrale de ses parents, avait débuté à la Comédie en 1718. Femme d'esprit, elle fut le type de la comédienne littéraire du XVIIIe siècle. Jouant les rôles de soubrettes, les caractères, les ridicules, ce fut elle qui donna à Lachaussée le sujet du Préjugé à la mode et à Voltaire celui de l'Enfant prodigue. Puis, ayant attiré autour d'elle toute une société d'écrivains, de poètes, de philosophes, d'hommes d'esprit, de gentilshommes du plus haut rang, elle eut l'idée de fonder dans son Salon la Société du Bout-du-banc. Les dîners du Bout-du-banc devinrent célèbres. On vit s'y asseoir Voltaire, Destouches, Pont-de-Veyle, Marivaux, le Comte de Caylus, le Marquis d'Argenson, Piron, Diderot, d'Alembert, etc. Bref, les convives devinrent si nombreux que les repas durent se tenir au dehors; à la fin, les philosophes et les réformateurs chassèrent les poètes qui ne revinrent plus, et, la gaîté s'éteignant, le dîner du Bout-du-banc mourut de sa belle mort.
Retirée du théâtre à peine âgée de 40 ans, Mademoiselle Quinault cadette put encore jouir de ses pensions pendant 44 ans. Sa soeur aînée, qui mourut presque centenaire, [59] en avait profité pendant 70 ans, fait presque unique dans l'Histoire théâtrale.