Itte : Différence entre versions

De SiefarWikiFr

(Import automatique)
(Aucune différence)

Version du 13 août 2010 à 19:43

Itte
Dénomination(s) Iduberga
Ide
sainte Ide
Biographie
Date de naissance Vers 592
Date de décès 652
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Noëlle Deflou-Leca, 2006.

Itte appartient à une grande famille aristocratique dont les domaines, mal localisés, sont très étendus. Son père est probablement comte ou duc en Aquitaine et son frère, Modoald, devient évêque de Trèves. Elle épouse Pépin Ier de Landen, richement possessionné dans la région de Metz, en Brabant et en Namurois. Nommé maire du palais d'Austrasie par le roi Clotaire II, celui-ci dirige cette partie du royaume et assure, avec Arnoul, évêque de Metz, la tutelle de Dagobert, alors mineur, que son père a installé en Austrasie afin de satisfaire l'aristocratie locale. À la mort de Clotaire en 629, Dagobert, devenu roi de l'ensemble du royaume franc, garde Pépin auprès de lui et lui retire ses fonctions austrasiennes. Après la mort du souverain (639), sous le règne de son fils Sigebert III, le couple revient à Metz et s'installe à la cour d'Austrasie, mais Pépin meurt peu après en 640. Il laisse trois enfants: Begga, mariée au fils d'Arnoul de Metz, Anségise, qui donne aux Pippinides leurs successeurs, futurs Carolingiens; Grimoald, qui reprend la fonction paternelle de maire du palais et Gertrude, qui est élevée par sa mère.
Devenue veuve, Itte se retire à Nivelles, l'un des domaines familiaux aujourd'hui situé en Brabant wallon, pour y mener une vie pieuse avec sa fille Gertrude qui a refusé tout autre époux que le Christ. Vers 648-649, elle rencontre le missionnaire Amand, futur évêque de Tongres-Maastricht, qui lui suggère d'y fonder un monastère. Itte reçoit aussitôt le voile et fait élever une abbaye de femmes. Elle se heurte alors à de nombreuses oppositions, sans doute de la part de familles qui comptaient, malgré tout, nouer une alliance matrimoniale avec Gertrude. Devant ces menaces, Itte coupe les cheveux de sa fille, la vouant à la vie religieuse. La paix ainsi revenue, Itte obtient que Gertrude et ses compagnes reçoivent à leur tour le voile, puis elle institue sa fille abbesse de la nouvelle communauté. Si l'on en croit la Vie de sainte Gertrude, écrite peu après la mort de celle-ci, Itte aurait aidé sa fille dans la direction de la communauté sans pour autant porter le titre d'abbesse. Son expérience, ses qualités morales, son souci de l'ascèse et de la prière ainsi que son attention aux pauvres en font un guide et un modèle. Elle veille également à l'éducation et à la formation des moniales en faisant venir des ouvrages de Rome et d'Outre-Manche.
C'est ainsi que, peu après 650, Feuillen et son frère Ultain, deux moines irlandais venus sur le continent, arrivent à Nivelles. Ils y reçoivent d'Itte, probablement avec l'approbation de son fils Grimoald, une terre distante d'une trentaine de kilomètres de Nivelles, pour y fonder un monastère qui prend le nom de Fosses. Ces liens noués entre Itte et les moines irlandais sont sans doute à l'origine de la fondation d'une communauté masculine à Nivelles qui devient ainsi une abbaye double sous la direction de l'abbesse. Aux frères sont notamment confiées les missions en dehors du monastère. Encouragés par Itte, les liens entre Fosses et Nivelles demeurent étroits.
Âgée d'une soixantaine d'années, Itte meurt à Nivelles le 8 mai 652. Elle est inhumée à Saint-Pierre, l'une des trois églises du monastère.
Itte est une figure caractéristique de ces veuves de grands aristocrates qui, entre la fin du VIe siècle et le début du VIIIe siècle, ont participé à la diffusion du monachisme féminin et ont inscrit les fondations monastiques dans des stratégies familiales de développement et d'ancrage religieux du pouvoir aristocratique.

Choix bibliographique

  • Dierkens, Alain, «Saint Amand et la fondation de l'abbaye de Nivelles», dans Saint Géry et la christianisation dans le nord de la Gaule Ve-IXe siècles, Actes du colloque de Cambrai (5-7 octobre 1984),Revue du Nord, 269, avril-juin 1986, p.325-334.

- Moreau de, Édouard, Histoire de l'Église en Belgique, I, La formation de la Belgique chrétienne des origines au milieu du Xe siècle, Bruxelles, L'Édition universelle, 1945 (2e éd.).
- Santinelli, Emmanuelle, Des Femmes éplorées. Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003.
- Thiellet, Claire, Femmes, reines et saintes (Ve-XIe siècles), Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2004.

Outils personnels