Marie Stuart/Hilarion de Coste : Différence entre versions
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[II,504] MARIE STUART, REYNE DE FRANCE, d'Escosse, d'Angleterre, et d'Irlande (1).
ZENOBIE Reyne des Palmyreniens, estoit tellement accomplie, qu'elle estoit la merveille et le miracle de son temps. Sa taille estoit riche et droite, sa façon agreable, son teint delicat et blanc; les traits de son visage si bien proportionnez, qu'il sembloit que la nature y eust employé tout ce qu'elle a de science et d'industrie. Son esprit estoit doux et genereux, modeste et accort, ouvert et serieux. Si la severité permettoit quelques exemples publics à la justice, sa clemence usoit plus souvent de pardon; sa liberalité tenoit la balance, pour ne donner jamais tout à un, ny à personne sans sujet, sans merite, ny sans raison. Durant les guerres elle endossoit le harnois, prenoit la javeline en main, marchoit à pied trois ou quatre lieues au milieu des armées, montoit sur un monceau de pierres pour exhorter les soldats, et faisoit encore mieux dans les occasions qu'elle ne disoit aux harangues. Aprés les combats, cette vaillante Pallas estoit une Minerve sçavante: et on eust dit la voyant tenir la balance de la Justice en paix, qu'elle ne sçavoit point manier l'espée de la vengeance en guerre. Mais par l'envie du malheur, qui ne peut supporter long temps la lumiere des plus éclatantes vertus, la belle, la sçavante, et la vaillante Reyne Zenobie, prisonniere de guerre de l'Empereur Aurelian, fut conduite dans la ville de Rome, menée en triomphe, et attachée devant le chariot de son vainqueur. Object lamentable, de voir ce corps delicat chargé de liens, et ces yeux, qui ne perçoient les coeurs que de compassion. On ne pouvoit considerer sans souspirer et sans larmes, que cet esprit enfermé dans ce beau corps, et capable de tant de genereuses entreprises, ne s'employoit [505] plus qu'à rechercher de fortes considerations pour s'armer contre l'impatience et le desespoir.
Si les coeurs les plus durs des Lecteurs stoiques et revesches sont attendris par le recit de cet extraordinaire changement, les coeurs tendres des Lecteurs debonnaires et Catholiques Escossois, Anglois, et particulierement des François, qui ayment naturellement leurs Rois et leurs Reynes, doivent estre entierement fondus au recit de la funeste Histoire et Tragedie de cette grande Reyne, qui avoit toutes les vertus Morales de Zenobie, et par dessus elle les Chrestiennes. Elle estoit la plus belle, la plus noble, la plus sçavante, et la plus genereuse et constante Princesse de l'Univers: Et en un mot, Marie Stuart Reyne d'Escosse, douairiere de France, et presomptive heritiere d'Angleterre, estoit la perle des Dames de ces derniers temps, qui pour ses vertus et ses merites a esté admirée de toutes les nations et de tous les peuples de l'Europe, comme l'unique merveille du monde, et l'abregé de tout ce que la nature a jamais fait de plus achevé;
car toute la beauté
Prés de la sienne est laide, et la mere nature
Ne composa jamais si belle creature. (2)
Comme Jeanne Infante de Portugal a esté la plus belle Dame du quinziéme siecle, de mesme Marie Stuart Reyne des Escossois l'a esté du seiziéme.
Mais cette incomparable Princesse, qui avoit esté en ses jeunes ans la merveille et le miracle de la beauté, de la grandeur, de la gloire, et de la majesté Royale, a esté sur la fin de ses jours, l'exemple de l'inconstance et de la fragilité des choses humaines. On l'a veue captive de ses sujets les Escossois rebelles, et des Anglois ses capitaux ennemis; elle qui auparavant triomphoit dans les murs de Paris nostre grande ville, capitale de l'Empire François, dont elle portoit le Diadéme. On l'a veue prisonniere plus de vingt ans dans les forts de Lochlevin et de Fodringaye; elle qui mettoit les prisonniers en liberté. On l'a veue indigente; elle qui faisoit largesse; dédaignée et méprisée, elle qui donnoit les charges et les honneurs aux Magistrats et aux Ca-[506]pitaines: et enfin l'on a veu entre les mains d'un infame bourreau, une Reyne deux fois Reyne, et ce corps Royal le logis et la demeure d'une belle et d'une bonne ame, et qui s'estoit veue dans le lit nuptial d'un Roy Tres-Chrestien, et fils aisné de l'Eglise de Dieu, François II. du nom, Roy de France, la douceur et la bonté de son siecle, deshonorée sur un eschaffaut: Cette excellente beauté (l'un des miracles du monde) flestrie en une dure prison, et enfin toute effacée par une piteuse mort, et un supplice honteux: mais pour parler plus Chrestiennement, par un glorieux martyre, estant morte pour la querelle de Dieu et de son unique Epouse l'Eglise Catholique; pour laquelle nous pouvons croire raisonnablement qu'elle est couronnée dans le Ciel de cette troisiéme Couronne, mille et mille fois plus glorieuse que les Couronnes Royales, et dont les premiers traits paroissent heureusement dans l'Anagramme de son nom, MARIE STUART, TU AS MARTIRE.
Je ne veux pas louer icy la Reyne Marie pour la noblesse de son pere et de sa mere, l'ayant desja fait ailleurs (3). Il me suffira de dire en passant qu'elle a eu cet heur d'estre la fille de Jaques V. du nom Roy d'Escosse, qui n'estoit pas seulement un des plus vaillans et sages Princes de son temps; mais aussi (comme j'ay remarqué en l'Eloge de Magdelaine de France sa premiere femme) des plus nobles du monde, et de Marie de Lorraine, de la Maison de Guyse. Un des doctes Hommes de nostre France (4), qui par ses fideles services a esté honoré par nos Rois des premieres charges de la Couronne, en l'Oraison Funebre de cette vertueuse Princesse, dit en sa louange: C'a bien esté un grand heur à cette Reyne de naistre en la famille de si grands et illustres Princes; (il entend ceux des Maisons d'Escosse et de Lorraine, dont il loue la generosité en cette harangue) mais Dieu a de beaucoup favorisé sa naissance, d'avoir voulu adjouster à l'honneur de son origine l'heur du siecle où elle nasquit. Il estoit plein de grands et admirables Princes: la terre n'avoit oncques veu de si triomphans Capitaines: la discipline militaire estoit en grand honneur, et les lettres florissoient plus qu'elles n'avoient fait depuis mil ans, et les artifices et inventions mecaniques estoient plus excellentes [507] qu'oncques elles n'avoient esté. Or cette Princesse estant née en Escosse en un tel temps, et de tels parens, fut par le malheur et trouble du pays, aprés le decés de son pere, menée en France à l'aage de six ans. Elle y fut, par l'exquise sollicitude de sa mere et de ses parens, nourrie et eslevée, et y huma avec l'air du pays la douceur des moeurs du peuple: et enfin par une singuliere grace de nature, et soigneuse instruction des siens, devint avec l'aage la plus belle, la plus agreable, et la plus vertueuse Princesse que le Soleil ait veu au siecle où nous sommes.
Tout le monde sçait qu'elle a emporté le prix de beauté, non seulement sur les autres Princesses, mais aussi sur toutes les Dames de son aage, comme ont remarqué les Historiens de ces derniers temps, tant de l'un que de l'autre party; je veux dire les amis et les ennemis de cette Reyne. Feu Mr le Cardinal du Perron, et Messieurs Desportes, de Ronsard, du Bellay (5), Dorat, et tous les autres chers Nourrissons des Muses, louent et admirent sa bonne grace, son port, et sa riche taille dans leurs Poesies; et un de ces Poetes, qui estoit d'une des illustres Maisons d'Anjou et de la France, la compare, pour son exquise beauté, à la Deesse des Amans, que le Paganisme croyoit avoir emporté le prix de beauté sur toutes les autres Dames et Deesses.
Si en sa main elle avoit un brandon,
On la prendroit pour Venus la Deesse.
Par une chaisne en ses beaux yeux cachée.
Par une chaisne à sa langue attachée,
Hercule à soy les peuples attiroit;
Mais cette-cy tire ceux qu'elle voit
Outre cette émerveillable beauté qui attiroit les yeux de tout le monde, elle avoit l'esprit si excellent, l'entendement si net, la memoire si heureuse, le jugement si certain, que toutes ces belles qualitez estoient autant de miracles en son aage, et en son sexe. Elle parloit et escrivoit fort bien en six Langues; sçavoir la Latine, la Françoise, l'Italienne, l'Angloise, l'Escossoise, et l'Espagnole. Estant encor fort jeune, elle prononça en la presence de nostre Roy [508] Henry II. (accompagné de la pluspart des Princes et des Seigneurs de sa Cour) une Oraison Latine, en forme de paradoxe, par laquelle elle soustint, qu'il est bien seant aux femmes de sçavoir les lettres et les arts liberaux,laquelle depuis elle a traduite en François (6). Et l'on peut dire qu'au poinct de sa naissance les Muses luy firent un favorable accueil. Elle composoit parfaitement bien en vers François, et lisoit, tant lors qu'elle demeura en ce Royaume, que depuis qu'elle se fut retirée en son Escosse, les écrits et les Poesies de Ronsard, de du Bellay, et mesme les Latines de Buchanan, de Turnebe, et autres; sur tous elle se plaisoit à celle de Ronsard, qui luy envoyoit souvent quelque piece de sa façon, comme on void en ses oeuvres. Aussi cette Princesse, non moins liberale que belle, en reconnoissance des louanges qu'il luy a justement données dans ses écrits, luy fit present l'an 1585. d'un buffet de deux mil escus, qu'elle luy envoya par le sieur Nau son Secretaire, avec une inscription sur un vase qui estoit elabouré en forme de rocher, representant le Parnasse, et un Pegaze au dessus, l'inscription portoit ces mots: A Ronsard l'Apollon de la source des Muses.
Pource que cette grande Princesse affectionnoit les bonnes lettres, et s'adonnoit à la Poesie, ses ennemis ont pris sujet de la calomnier, et d'interpreter en mauvaise part ses moindres actions. Un de ceux qui a le plus invectivé dans son Histoire médisante contre cette Reyne (7), a esté si passionné et si peu respectueux de l'honneur et du respect qui est deu aux Rois et aux Princes Souverains, qu'il a eu l'effronterie de remplir plusieurs pages de Vers et de Sonnets d'amour, qu'il veut faire croire avoir esté composez par cette sçavante Princesse en faveur du Comte Bothuvel, durant la vie et aprés la mort du Milord d'Arlay son second mary, qui fut emporté d'un caque ou deux de poudre, estant couché au lit de sa femme, pour rendre la Reyne Marie coupable de la mort de ce Prince, comme fait Buchanan, qui a fagotté mensonge sur mensonge en son Histoire d'Escosse.
Ce menteur, qui merite la qualité de Panegyriste et de Paranymphe du Calvinisme (comme Sleidan, grand parti-[509]san des Lutheriens, est appellé Panegyriste Lutherien par le Polonois Cromerus) et non pas celle d'Historien, a esté suivy de plusieurs autres Ecrivains de ce siecle, tant François, qu'Allemans, Flamans, Anglois, et Escossois, dont la pluspart sont Heretiques, Libertins, ou Athées, gens sans front et sans conscience. C'est pourquoy je me garderay bien d'employer leurs écrits en cette Vie, quoy que je les aye tous remarquez; mais je me serviray de ceux qui ont écrit sans passion, et qui ont acquis la reputation de garder la fidelité, à laquelle les Historiens sont obligez; et bien que Guillaume Camden soit de contraire Religion à la nostre, pour la defense de laquelle la Reyne Marie a souffert et enduré tant de persecutions, et la mort mesme, je ne laisseray pas de me servir quelquefois de son ouvrage, à cause qu'il a écrit avec assez de modestie et de retenue (8).
Marie Stuart nasquit le 15. Novembre 1542. Peu de jours aprés sa naissance le Roy Jaques V. son pere passa de cette vie à l'autre. Elle ne fut pas si tost née, qu'elle fut Reyne d'Escosse, et receut tous les honneurs deus à une Princesse Souveraine. Le 18. mois aprés sa naissance, elle fut couronnée en presence d'un grand nombre de Seigneurs et de peuple. La Reyne sa mere, fille aisnée de Claude de Lorraine I. Duc de Guyse et d'Antoinette de Bourbon, eut pendant son bas aage la Regence du Royaume d'Escosse, et prit le soin de la faire eslever à la pieté Chrestienne. Le Duc de Sommerset Regent du Royaume d'Angleterre, pour son neveu le Roy Edouard VI. fils du Roy Henry VIII. et de Jeanne de Seymer soeur de ce Duc là, envoya des Ambassadeurs vers la Reyne Regente d'Escosse, pour faire l'alliance du Roy Anglois, avec la jeune Reyne d'Escosse. Mais la Reyne Douairiere, Françoise de nation et d'affection, refusa l'alliance d'Angleterre, et remonstra par ses belles harangues aux Escossois, les mauvais services qu'ils avoient receus des Anglois, et les grandes obligations que la Maison d'Escosse avoit de tout temps à l'Auguste Maison de France. Les Lecteurs curieux les pourront lire au troisiéme Tome de celuy qui depuis peu a écrit l'Histoire de France (9).
[510] A six ans elle quitta l'Escosse, et vint demeurer en ce premier Royaume du Christianisme, où elle fut nourrie et élevée au Chasteau de Saint Germain en Laye avec les enfans de nos Rois. Ses moeurs et ses actions particulieres estoient dés l'aage de quatorze et quinze ans si remplies de devotion et de pieté, qui sont les semences de toutes les autres vertus, qu'elle sembloit proprement un Soleil entre les Princesses et les Dames de son temps: Cela fut cause que nostre Roy Henry II. le plus sage Prince de la terre, et la Reyne Caterine de Medicis sa femme, Princesse douée d'une prudence admirable, desirans marier leur fils aisné François de France Daufin de Viennois, heritier de la Couronne, et procurer en son mariage la felicité de ce grand et fleurissant Estat, choisirent cette jeune Reyne comme une perle exquise pour la luy donner à femme. L'on ne peut exprimer l'applaudissement, tant des François que des Escossois, qui envoyerent huict des principaux Seigneurs de leur Royaume, pour se trouver aux ceremonies et solemnitez de ce Royal hymen qui fut celebré dans Nostre-Dame de Paris par Charles Cardinal de Bourbon, le 28. Avril 1558 (10).
Sept mois aprés la celebration de leur mariage, Marie Reyne d'Angleterre vint à mourir, le Roy Henry II. beau-pere de Marie, voyant que tous les enfans legitimes de Henry VIII. Roy d'Angleterre estoient morts aprés avoir regné les uns aprés les autres sans laisser aucun successeur à leur Couronne, et qu'il ne restoit qu'Elizabet, qui avoit esté declarée bastarde par le Parlement qui compose les Estats generaux d'Angleterre; ce qui estoit encore confirmé par les Bulles de deux Papes: (ainsi que j'ay desja remarqué en la Vie que j'ay écrite de cette Reyne) (11) la fit publier dans Paris (12), par le conseil du Cardinal de Lorraine, Reyne d'Angleterre, comme petite fille de Marguerite d'Angleterre Reyne d'Escosse, soeur aisnée du Roy Henry VIII. Cette grandeur fut bien tost rabaissée, et ses esperances aneanties; ceux qui vouloient la rehausser, et luy faire prendre la Couronne Angloise, furent cause, sans y penser, qu'elle perdit la sienne quelques années aprés, et qu'elle [511] vid naistre un evident dommage de ce qui sembloit luy devoir apporter beaucoup de profit et de gloire. La France avoit une Reyne d'Angleterre, mais Londres en avoit une autre plus heureuse que legitime. Elizabet, fille de Henry VIII. et de cette infame Anne de Bolen, fut proclamée Reyne par les Anglois, despouillant de cette gloire le Comte de Nongtinton, qui fut vingt-quatre heures Roy du premier Royaume de la Grand' Bretagne.
Cette nouvelle Reyne ayant sceu qu'on avoit declaré en France sa cousine Reyne d'Angleterre à son prejudice, craignant que les armes Françoises ne fussent tournées contre elle, et ne fondissent sur ses bras au milieu de tant de desordres et de troubles qui l'environnoient, conceut une haine mortelle contre Marie Stuart, et brouilla les cartes en France et en Escosse, par le moyen des mauvais François et des Escossois, ses agens et ses confidens. Mais les desseins de l'Angloise avec tous ses artifices eussent esté dissipez, si la mort de nostre bon Roy Henry II. ne fust survenue le 10. de Juillet 1559. auquel succeda le Roy François II. mary de cette Princesse, lequel prit le titre des deux Royaumes, de France et d'Escosse, et les armes de France escartelées avec celles d'Escosse, et liées sous mesme Couronne.
Il portoit, à cause de sa femme, le titre de Roy d'Escosse: mais il portoit encore à cause d'elle un titre plus grand et plus riche de beaucoup, qui estoit du plus heureux et du plus content Prince que la terre ait jamais veu (13): car il avoit rencontré une Princesse, qui outre un million d'autres rares et grandes vertus, s'estoit entierement conformée à toutes les volontez de son mary, et y apportoit, non le soin ordinaire de Princesse, mais plus de peine et de sollicitude que ne font les femmes de mediocre qualité mariées à de grands Princes. Chacun remercioit Dieu de cette grace: et comme la fortune des peuples ressemble ordinairement à celle de ceux qui leur commandent, tout le peuple François commençoit à esperer sous un si heureux mariage, une grande tranquillité; mais comme la condition des choses humaines porte ordinairement que ce qui est monté à un bien haut degré de felicité, n'y peut pas long temps demeu-[512]rer, et qu'il y a je ne sçay quel envieux malheur qui cueille les esperances des hommes en leur premiere fleur, de peur qu'ils ne poussent plus avant qu'il n'est permis à l'humanité; la mort du Roy François II. advint bien tost aprés, sçavoir le 5. Decembre 1560. qui troubla, avec le repos de la France, le bon-heur de cette Princesse. Elle porta avec tant de fascherie cette perte, et s'abandonna si démesurément à son deuil, que ne pouvant trouver consolation à sa tristesse, elle delibera de s'esloigner du lieu où elle avoit perdu ce qu'elle aymoit mieux que soy-mesme. L'amitié de ses parens et alliez la retenoit, la douceur de ce pais l'invitoit à demeurer, le regret de toute la France la rappelloit (14). Mais sa douleur trop fraische et trop forte estoit sourde à tout cela. Elle estoit lors qu'elle arriva en Escosse en la fleur de sa beauté, et de l'aage de 18. ans, où sa Majesté se retira, par l'avis de Messieurs de Guyse ses oncles, qui luy conseillerent d'y aller, tant pour asseurer son Estat et y vivre avec plus d'authorité qu'en France, (où elle ne pouvoit demeurer que comme une jeune douairiere, sans faveur ny credit) se faisant connoistre à ses sujets, que pour y restablir sa Religion: et que par mesme moyen elle s'approcheroit de l'Angleterre, dont elle estoit la plus proche heritiere. Ce que la Reyne Caterine mere du Roy Charles IX. trouva fort à propos, et mesme fut bien aise de s'en défaire. Et pour cet effet on luy bailla un grand douaire, sçavoir le Duché de Touraine, le Comté de Poitou, et d'autres terres, sans ses pensions, qui estoient au delà de toutes les autres precedentes. Aprés qu'elle eut fait ses adieux, et donné ordre à son partement, Castelnau, frere de Mr de Mauvisiere, fut envoyé à Nantes, pour faire passer à Calais deux galeres de celles que François de Lorraine Grand Prieur de France son oncle avoit amenées l'année precedente de Marseille; esquelles il entreprit de la faire passer, contre les desseins que l'on disoit que la Reyne Elizabet avoit de la surprendre, ou d'empescher son passage; mais cette crainte ne l'empescha pas de s'embarquer à Calais, où elle fut accompagnée de force Noblesse jusques au bord de la mer; les Ducs de Guyse et de Nemours, et plusieurs [513] autres Seigneurs et Gentilshommes de la Cour s'y trouverent. Et ses oncles le Duc d'Aumale, le Grand Prieur General des galeres qui avoit charge de la conduire, et le Marquis d'Elbeuf, avec le Seigneur d'Anville (qui depuis a esté Duc de Montmorency, et Connestable de France) la Guiche, Strossy, la Noue, et plusieurs autres, tous pour lors affectionnez à cette Princesse, et à la Maison de Guyse, la suivirent jusques en son Royaume, où elle arriva le 8. jour aprés son embarquement, ayant eu la veue et quelque apprehension de l'armée d'Angleterre qui estoit en mer, soit pour la prendre, ou pour luy empescher le passage: ce qui estoit tres-mal aysé, parce que les galeres voguent beaucoup plus legerement que les vaisseaux ronds: Aussi elle prit terre un matin sans aucun danger à la rade du Petit lit, lors qu'elle n'estoit nullement attendue de ses sujets, et se fit conduire et porter à sa Maison de Saint James, autrement appellée le Cavignet, au faux-bourg de l'Isle Bourg: où soudain elle se mit au lit, et y demeura vingt jours.
Les Comtes, les Barons, et les Seigneurs d'Escosse la furent trouver; et comme on luy faisoit tout l'honneur et le service qu'elle pouvoit desirer, elle s'efforçoit de se rendre agreable, et de contenter autant qu'il luy estoit possible, aussi bien les petits que les grands (15). Elle donna si bonne opinion d'elle à ses sujets, que l'Escosse s'estimoit heureuse d'avoir la presence de sa Reyne, qui estoit des plus belles et des plus parfaites Dames de son temps: ayant rallié tous ses sujets qui estoient divisez en factions, et se voyant en pleine et paisible possession, la pluspart des François se retirerent les uns aprés les autres; et mesme son Confesseur René Benoist, Angevin, Docteur en Theologie de la Faculté de Paris, de la Maison de Navarre, qui depuis fut Curé de Saint Eustache à Paris, premier Professeur Royal en Theologie par fondation du Roy Henry III. et Confesseur du Roy Henry IV. et nommé par sa Majesté à l'Evéché de Troye.
Elle se retira doncque de la sorte en son Royaume d'Escosse, se deliberant d'employer toute son estude à reunir les esprits de ses sujets, desja fort divisez d'opinion et de volonté, parti-[514]culierement depuis le decés de la Reyne sa mere. Et certainement elle y apporta tant d'industrie et de prudence, que si le mal n'eust esté extréme, et presque irremediable, et que la prudence humaine y eust pû profiter, elle en fust venue à bout: mais le mal avoit desja gagné les parties nobles de l'Estat, et ne recevoit plus le conseil ny le remede des hommes. Tellement que cette sage Princesse se trouva incontinent emportée par la violence de ses sujets, comme seroit celuy qui se voudroit opposer contre le cours d'un torrent. Ainsi esperant tousjours les ramener par douceur à la raison, elle se trouva incontinent surmontée par leur audace, et se vid comme captive entre leurs mains.
Ciel ingrat et cruel, je te pry responds moy,
Responds je te supply, que te fit nostre Roy,
Et vaincus du destin ferions place au malheur. (16)
Auquel si jeune d'ans tu as tranché la vie?
Que t'a fait son espouse et sa fidelle amie,
De luy faire laisser le Sceptre si soudain,
Et veuve, l'envoyer en un pays loingtain,
En la fleur de son âge, ayant émeu contre elle,
Et contre sa grandeur sa terre naturelle?
Si nous qui sommes nais entre les peuples bas,
D'un coeur pesant et lourd qui ne resiste pas,
Avions souffert ensemble une moindre partie
De la tristesse, helas! que seule elle a sentie,
Nous serions surmontez de peine et de douleur,
Ces mutins parlerent alors de la contraindre à se marier, pour l'esperance que chacun d'eux avoit de l'épouser, et la Couronne quant et quant. Enfin elle épousa avec dispense du Pape Pie IV. un Seigneur du pays qu'elle pensoit estre le plus agreable à tous; c'estoit Henry Stuart Seigneur d'Arlay (17), fils aisné de Mathieu Stuart II. du nom, Comte de Lenos, et de Marguerite du Glas, fille d'Archambaud du Glas Comte d'Anguse, et de Marguerite d'Angleterre, fille de Henry VII. et veuve de Jaques IV. Roy d'Escosse: mais ce mariage, qui sembloit estre desiré de tous les Escossois, ne fut pas si tost fait, que plusieurs du pais entrerent en jalousie, s'estimans méprisez qu'on leur en eust preferé un autre. Ils avoient empes-[515]ché qu'elle ne prist alliance avec les étrangers, entre autres le Comte de Mare ou de Mouray son frere bastard, esperant, si elle venoit à defaillir sans lignée, de monter à la dignité Royale, à laquelle son ambition déreglée le faisoit aspirer: car lors elle estoit recherchée de plusieurs Princes, Maximilien Archiduc d'Austriche, Charles Infant d'Espagne, et Eric Roy de Suede; et elle avoit envoyé Michel de Castelnau Seigneur de Mauvisiere (18) au Roy Charles IX. et à la Reyne Caterine sa belle-mere, pour demander leur avis touchant le mariage avec le Milord d'Arlay, qui luy firent sçavoir qu'ils ne l'avoient pas desagreable, et le trouvoient beaucoup meilleur que celuy de quelque autre Prince que ce fust, et l'eussent demandée pour le Duc d'Anjou, qui depuis a esté le Roy Henry III. s'ils n'eussent esté si proches, et renvoyerent le Seigneur de Castelnau en Ambassade pour la seconde fois, et le Roy envoya l'Ordre de France au nouveau Roy avec quelques presens.
La Reyne d'Escosse estant devenue grosse, la Reyne d'Angleterre augmenta sa fureur contre cette Princesse, et par le moyen des Seigneurs Escossois Anglisez, excita plusieurs troubles et seditions en Escosse. Alors la Reyne Marie eut recours à l'alliance de France, pour avoir aide et secours d'hommes, de munitions de guerre, et d'argent, et pressa vivement pour les avoir: ce qui estonna fort le Roy Charles et la Reyne mere, et tout le Conseil, qui ne faisoient que sortir de la guerre civile, laquelle avoit esté si cruelle en France, et qui venoient de faire la paix avec la Reyne d'Angleterre, qui n'eust pas failly, si l'on eust secouru la Reyne d'Escosse, de rentrer en mauvais mesnage avec nous: et par ce moyen troublé le repos qu'on commençoit d'establir en France. Il fut advisé de renvoyer Monsieur de Castelnau vers ces deux Reynes, avec lettres, pouvoir, et instructions pour les exciter à demeurer bonnes soeurs et amies, en l'amitié desquelles le Roy et la Reyne sa mere ne desiroient rien plus que de se lier et conjoindre fermement, avec remonstrances particulieres à la Reyne d'Escosse, et à ses sujets de se garder bien d'entrer en guerre ci-[516]vile, qui est la ruine et la destruction de tous Estats; et mesmes de se mettre en mauvaise intelligence avec la Reyne d'Angleterre: que c'estoit le meilleur conseil et le plus grand secours que leurs Majestez, et tout le Conseil de France, tant de la part de l'une que de l'autre Religion luy pouvoient donner.
Mais cette jeune Princesse descouvrant tous les jours les pratiques de la Reyne d'Angleterre sur son Estat, ne pouvoit pas s'accommoder avec elle. Elizabet, plus fine et rusée que Marie, fait écrire au nouveau Roy d'Escosse par son Secretaire Cecille, qu'il se doit faire Roy absolument, sans dépendre d'une femme, dont bien souvent l'Empire est insupportable; qu'il n'a point d'honneur de vivre et regner par elle, et recevoir les loix qu'elle luy veut dicter; que la Royauté ne veut point de compagnon; qu'ils sont prests à le mettre à ce degré d'honneur qui luy est deu: luy remonstrent outre cela, que la Reyne avoit un Secretaire nommé David Riccio, Piémontois, duquel elle se servoit fort en ses affaires, comme celuy qui les manioit dextrement, à son contentement; que c'estoit luy qui avoit tousjours favorisé la Maison des Hamiltons contre la sienne, et qu'il falloit s'en dépescher le plustost qu'on pourroit. Ce jeune Roy ingrat de l'honneur que luy avoit fait cette belle Princesse, veuve d'un si grand Roy, de l'avoir espousé en secondes noces, fut bien tost gagné par l'ambition, qui est un aiguillon bien suffisant pour picquer les ames les plus endormies. Le Ministre Knox fit un petit livre exprés contre le gouvernement des femmes. Henry d'Arlay le leut, et d'un esprit preoccupé de ses affections, trouva ces raisons bonnes, et consentit qu'on luy aydast à monter à cette grandeur Royale, de laquelle il ne pensoit avoir que l'ombre; et suscité par le Comte de Morthon, le Milord de Reven, et autres Escossois, luy tua son Secretaire honteusement en sa presence, tenant la robbe de sa Majesté, aux pieds de laquelle il se jetta, criant à haute voix en son Italien, giustitia, giustitia.
Cette Princesse donnoit à la verité à ce vieillard qui luy estoit tres-fidele (19) beaucoup de credit et d'authorité sur tou-[517]tes les affaires d'Escosse: dont pour luy rendre compte il ne pouvoit qu'il ne se tinst prés d'elle, et le plus souvent en son cabinet, où il fut massacré cruellement de plusieurs coups, tant que le sang en tomba sur la Reyne; spectacle estrange, et assez souvent pratiqué par les Escossois, quand ils se mettent quelque chose de sinistre en l'esprit. Cela fait, ils la prirent prisonniere, elle leur eschapa estant grosse de son fils le feu Roy Jaques VI. Roy d'Escosse, et depuis premier du nom Roy d'Angleterre. Elle accoucha quelque temps aprés, et estant rentrée par sa douceur et sa bonté en bonne intelligence avec son mary, ses ennemis tascherent de les perdre tous deux ensemble: et un jour entre autres, ayans entrepris d'attraper leurs Majestez sous la ruine d'une maison, ils mirent ordre d'y mettre quelques poudres et machines pour la faire sauter: mais la mine ayant joué plus tard qu'ils n'esperoient, la maison tomba aprés que cette Princesse en fut partie.
Ce miserable spectacle luy ayant esté rapporté, elle pleura la fortune de son cher époux, et implora la vengeance d'une si cruelle et si abominable méchanceté. Aprés avoir essuyé ses pleurs, et repris ses esprits, elle commença à vouloir employer l'authorité et la force que Dieu luy avoit donnée pour venger par la rigueur des loix un acte si meschant et si detestable. Alors les conjurez penserent qu'il n'y avoit point de moyen d'asseurer une telle méchanceté que par une autre plus grande, ny d'autre invention pour esteindre le feu qu'ils avoient embrasé, que par la ruine universelle du pays. Ils commencerent donc à paroistre en armes pour achever à force ouverte ce qu'ils avoient commencé par trahison. Cette pauvre Princesse se vid incontinent assiegée de tous costez, et de toutes sortes d'artifices, d'armes, de faux bruits, de calomnie, de mal-veillance populaire, qui la méconnoissoit pour sa longue absence, la reputoit comme estrangere et Françoise, et qui comme changeant, avoit changé de Religion, ayant quitté l'ancienne et la vraye, pour embrasser une nouvelle et une fausse. Il estoit mesme devenu si insolent et si superbe, qu'il ne vouloit pas permettre à cette Princesse sa Reyne et sa [518] Souveraine, de faire celebrer la Messe publiquement, ayant à peine un seul Prestre à sa suite. Ces miserables conjurez, supportez par le peuple ignorant et grossier, la contraignirent et la forcerent pour avoir quelque pretexte de la blasmer, comme complice de la mort de son mary, d'espouser Bothuvel, un des conspirateurs de cette malheureuse entreprise: ils la menerent en triomphe dans Edimbourg, non comme leur Reyne, mais comme leur esclave, puis la mirent en prison au Chasteau de Lochlevin, d'où elle sortit miraculeusement.
Alors la France et les autres Princes voisins advertis de ce desastre, commencerent à l'appeller à soy, luy tendirent les bras, et luy offrirent tout office d'amitié. Mais comme la Reyne Elizabet d'Angleterre estoit sa plus proche parente, et plus proche voisine, aussi fut-elle la premiere à luy offrir aide et secours: elle luy écrivit des lettres pleines de fraternité, luy envoya, selon la façon du pays, un anneau pour gage d'hospitalité, et luy offrit les Ports de son Royaume. Comme ceux qui ont l'ame innocente, ne sont pas ordinairement soupçonneux, Marie se fia aussi tost aux promesses de cette Reyne, contre le sage avis de ses plus fideles Conseillers et serviteurs, le premier desquels estoit Jean Archevéque de Saint André, Primat d'Escosse, de la noble et illustre Maison des Hamiltons (20), qui luy conseilla de se retirer en France vers le Roy Tres-Chrestien Charles IX. son beau-frere, et les Princes de la Maison de Guyse et de Lorraine ses proches parens. N'ayant pas voulu suivre l'advis de ce venerable vieillard, elle ne fut pas si tost arrivée en Angleterre qu'elle reconnut sa faute, et que ce grand homme d'Estat luy avoit predit son malheur, s'estant apperceue peu aprés son arrivée en ce Royaume étranger, que l'apparence de courtoisie par laquelle on l'avoit auparavant invitée, et depuis accueillie, n'estoit qu'un piege que l'on tendoit à sa personne pour la faire trébucher en une extréme misere et captivité. Car incontinent qu'elle fut advancée dans le pays, sous couleur de vouloir l'asseurer, on luy donna des gardes qui devindrent de jour en jour plus rudes et plus fascheux. Ainsi elle commença à con-[519]noistre le malheureux estat où elle estoit reduite: mais plus on vid qu'elle connoissoit son mal, et se plaignoit de ce traitement, plus commença-t'on à redoubler la rigueur vers ceux qui la gardoient, et sa servitude à devenir plus dure et plus fascheuse.
Les Anglois et leur Reyne au commencement ne la voulurent pas laisser sortir de prison, craignant que si elle sortoit de leurs mains, elle se ressentist de l'affront qu'ils luy avoient fait, et animast contre eux les Rois de France et d'Espagne ses beaux freres, puis l'ayant tenue captive et prisonniere plusieurs années voyans que leur Reyne vieillissoit, et que si la mort arrivoit ils tomberoient sous la legitime puissance de cette pauvre prisonniere, qu'ils avoient si injustement et si outrageusement tourmentée, ils penserent à prevenir leur malheur quasi present par une signalée méchanceté: ils conjurerent la mort de cette Princesse, comme le seul gage de leur seureté. Ils commencerent à semer mille faux bruits, et de longue main à luy imputer tout ce qui ne reussissoit pas à l'Angleterre; à donner mille peurs, mille impressions à la Reyne leur Maistresse, luy faire croire que sous l'esperance que prenoient les Catholiques d'avoir la Reyne d'Escosse pour Reyne et protectrice, ils entreprenoient contre son Estat; ils luy remonstrerent ouvertement que si elle venoit à la succession du Royaume d'Angleterre, comme le droit du pays l'y appelloit, que tous les Grands d'Angleterre, et principalement tous les Officiers, ne pouvoient attendre qu'une entiere ruine et desolation: ils la supplierent d'avoir plus chere la vie de tant de bons serviteurs et sujets, que d'une femme qui estoit de contraire Religion, qui luy estoit ennemie par la captivité, en laquelle elle avoit esté par tant d'années detenue, et qui estoit l'unique esperance de tant de Catholiques ruinez, qui ne desiroient que de se relever par son appuy.
Toutes ces remonstrances et prieres, firent que cette Reyne, qui n'a jamais regné que dans la méfiance et dans la cruauté, prit resolution avec son Conseil de la faire mourir, sous ce beau pretexte qu'elle avoit attenté contre sa personne, et contre les affaires de son Estat.
[520] Ayant tenu vingt ans une Reyne captive,
Dont le bel oeil pouvoit tous les coeurs allecher,
D'une injuste prison au supplice l'appelle. (21)
Et la fleur de son âge en douleurs fait secher,
Durant qu'un long exil de liberté la prive.
Enfin pour s'apprester une honte eternelle,
Jettant aux vents legers sa promesse et sa foy,
Contre tout droit divin, et toute humaine loy,
Le Roy Tres-Chrestien de France et de Pologne Henry III. interessé en plusieurs façons à l'injure que l'Eglise et le Trosne des Rois, et particulierement celuy de la France recevroit de cette injustice et tyrannie, envoya vers la Reyne Elisabet Monsieur de Bellievre Conseiller d'Estat, (lequel depuis le grand Henry a honoré de la charge de Chancelier) pour empescher cette cruelle execution, mais la Reyne Elizabet, aprés trois mois de retardement, ne laissa pas de passer outre.
Ny du plus grand des Rois la priere et les larmes,
Ny l'honneur d'avoir eu le beau lys en la main,
Qui rit de nostre perte, et se baigne en nos larmes. (22)
Ne peurent destourner ce courage inhumain,
Car le dix-huictiesme jour de Fevrier elle luy fit trancher la teste dans la salle du Chasteau de Fodringaye l'an 1587. estant aagée de quarante-six ans, non avec une espée à la Françoise, mais avec une hache. La Reyne Marie se voyant proche de sa fin monstra une si merveilleuse constance, et tant de pieté Chrestienne, qu'elle n'eut point besoin de consolation de ses Gentils-hommes et de ses Demoiselles, au contraire elle les consoloit elle-mesme. Le jour de son martyre elle se communia: car ne luy estant pas permis de voir son Aumosnier ou son Confesseur, et par consequent se voyant privée de l'usage des Sacremens, elle avoit obtenu du Pape Pie V. de sainte memoire, par un special privilege de se communier soy-mesme, afin de n'estre pas privée de ce salutaire Viatique: et sous main on luy faisoit tenir des boetes pleines d'Hosties consacrées.
Aprés avoir fait ses devotions, elle écrivit au Roy Henry III. son beau-frere, auquel elle envoya une pierre excel-[521]lente pour la santé, au Roy d'Escosse son fils, à Henry de Lorraine Duc de Guyse, son cousin germain, qu'elle avoit fait executeur de son testament: ayant donné quelques heures à la meditation et à la lecture de la Passion de JESUS-CHRIST, elle demeura en priere jusques à neuf heures du matin que le Cherif entra dans sa chambre, qui la fit conduire en la salle par deux valets.
Ainsi serve et captive en triomphe est menée,
Celle que tant de pompe et de gloire suivoit,
Celebrant dans nos murs son premier Hymenée. (23)
Quand sa jeune beauté les peuples captivoit,
Elle marchoit neantmoins avec la mesme majesté qu'elle avoit accoustumé, nullement effrayée d'entrer en ce triste lieu qui pleuroit son infortune. La salle estoit tendue de noir, portant le deuil de l'injuste execution qu'on avoit destiné d'y faire. Cette tres-belle Princesse n'eut pas si tost paru aux yeux des assistans, qu'elle ravit chacun en admiration de voir une si belle creature conduite à cette fin si triste et si funeste: la beauté de son corps, auquel toute la beauté faisoit hommage, rehaussoit la perfection de celle de son ame, qui paroissoit en la constance dont elle bravoit la mort, et se mocquoit de l'irreligion et de l'impieté des Heretiques, et de leurs Ministres qui la vouloient détourner d'adorer la Croix du Sauveur, le signe salutaire des Chrestiens, et de finir ses jours en la Foy de l'Eglise Romaine.
Les Catholiques qui assisterent à ce tragique spectacle, eurent cette consolation en leur desolation et tristesse, d'admirer le courage et la solide pieté
De cette noble Reyne, et haute et magnanime,
Dont le coeur genereux par la vertu s'anime:
Qui ensemble défie la Fortune et la Mort.
Ne ployant sous le mal, d'un courage indonté,
Comme ferme et constante a le mal surmonté.
Et n'a voulu souffrir que Fortune eust la gloire
D'avoir en l'assaillant sur elle la victoire,
Portant un jeune coeur en un courage fort,
Estant montée sur l'eschaffaut, et ayant finy son Oraison avec le signe de la Croix, qu'elle reitera trois fois, elle [522] se releva, et fit oster à deux filles qui estoient prés de sa Majesté, le voile blanc qu'elle avoit sur sa teste, son manteau à queue, et son pourpoint. L'executeur vestu d'une robe de veloux, portant une chaisne d'or au col, se voulut approcher pour l'ayder: mais elle le pria en Anglois qu'il ne la touchast pas, ce qu'elle ne pût empescher. Elle portoit une Croix au col, laquelle elle voulut donner à une de ses Dames, avec promesse au bourreau de luy faire donner le double de ce qu'elle valoit, mais il ne voulut pas. Elle se fit bander par ses filles aprés leur avoir donné sa benediction, et le pardon au bourreau, et se jettant à genoux, sans estre liée, monstrant sa gorge plus blanche que la neige, tenoit la teste haute, faisant sa priere, et disant in manus tuas, croyant qu'on luy deust couper la teste à la façon de France: mais le bourreau luy fit mettre la teste sur un billot, laquelle il luy coupa à grands coups de hache reiterez trois fois, pendant lesquels la Reyne Marie continua sa priere; son sang estant receu dans des bassins d'argent. Son corps, aprés l'execution, demeura quelques heures sur l'eschaffaut (aprés que le bourreau eut monstré sa teste aux assistans, criant à haute voix: Vive la Reyne Elizabet, ainsi advienne aux ennemis de l'Evangile) et depuis fut porté dans une chambre pour estre embaumé, de là inhumé en l'Eglise de Peterbourg, dont le feu Roy de la Grand' Bretagne son fils l'a fait transporter à celle de Vesmontier, où sont les sepulchres des Rois d'Angleterre, et son ame prit la route du Ciel, où ceux qui meurent pour la justice, aussi bien que ceux qui l'enseignent aux autres reluisent comme de belles estoilles en des perpetuelles eternitez, et sont couronnez de la Couronne de gloire: car nous ne pouvons, sans blesser la charité, douter du salut de cette Reyne Tres-Chrestienne et Tres-Catholique. Elle est couronnée de cette gloire que l'homme mortel ne peut voir, ny l'oreille entendre, et qui est si sublime que l'humaine pensée ne s'y peut eslever. Il suffit de dire que l'ame de ceux qui souffrent pour la Justice sont en la main de Dieu, qu'encores qu'ils semblent morts aux yeux des hommes insensez, ils ne laissent pas de vivre et de se reposer en une profonde paix. O que bien-[523]heureux sont ceux qui meurent au Seigneur! ouy, car ils sont au bout de leurs travaux, et mangeans du fruit de leurs mains, ils jouissent de la recompense de leurs bonnes oeuvres: et quelle oeuvre meilleure que de donner son ame, son sang, et sa vie, pour la defense de la Foy? Certes, dit la sainte Parole, celuy qui sera fidele jusques à la fin aura la Couronne de gloire, goustera la manne cachée, et mangera du fruit de vie qui est au Paradis de Dieu. C'est à celuy-là qui meurt pour un si digne sujet, qu'il appartient de dire avec saint Paul; J'ay combatu un bon combat, j'ay achevé ma course, j'ay gardé ma Foy, que me reste-t'il plus que de recevoir la Couronne de Justice de la main du grand Juge au jour de la retribution? Nous ferions tort à cette grande Princesse si fidelle à Dieu, à sa creance, à la vertu, et à nous-mesmes, si nous la tenions en autre estime que de Martyre: qui est le plus haut degré de gloire où se puisse eslever une ame Chrestienne, puisque c'est en la derniere souffrance que consiste le plus sublime de la charité. Plusieurs excellents Ecrivains de ce siecle (24) l'ont appellée Martyre. On luy a aprés sa mort rendu les derniers devoirs en plusieurs Eglises de la Chrestienté; à Saint Pierre de Rome par l'authorité du Pape Sixte V. à Nostre-Dame de Paris, par le commandement du Roy Henry III. A l'Eglise de saint Denys en France on luy fit ses pompes funebres à la Royale, comme elle avoit ordonné par son testament, où la pluspart de ses serviteurs et domestiques assisterent.
Quelques Ecrivains, la pluspart passionnez partisans de l'heresie, ont blasmé cette Princesse dans leurs Histoires, et l'ont décriée comme une perdue dans leurs livres; mais ils passeront tousjours pour des libelles.
Plusieurs excellens hommes ont parlé pour cette tres-Catholique Princesse, qui n'a jamais pû estre ébranlée en sa Religion. Elizabet et ses Anglois se sont trompez; car ils ont trouvé que cette Reyne estoit un rocher; si les vents l'ont battu, ç'a esté pour l'affermir; si les flots l'ont frappé, c'a esté pour le polir. Ny menace, ny flatterie, ny douceur, ny cruauté, ny violence, ny finesse n'ont pû rien contre une Princesse si constante en la foy de ses peres.
[524] Le grand Ronsard a tellement écrit en sa faveur, qu'à moins que d'estre envieux ou méchant tout à fait, on ne peut accuser sa vertu, et l'on ne peut rien dire contre elle, sinon qu'elle fut également innocente et malheureuse: cet Homere François reprend fort bien en l'un de ses Sonnets Elizabet Reyne d'Angleterre, qui retenoit cette Reyne prisonniere;
Reyne qui enfermez une Reyne si rare,
Adoucissez vostre ire et changez de conseil:
Le Soleil se levant et allant au sommeil,
Ne void point en la terre un acte si barbare.
'
Qu'eust-il dit s'il eust veu cette teste doublement couronnée entre les mains d'un bourreau?
Pompone de Bellievre Chancelier de France: Bertrand de Salignac (25), Vicomte de saint Julien, Seigneur de la Mothe Fenelon, et Chevalier des Ordres du Roy: Guillaume de Laubespine, Baron de Chasteauneuf, Chancelier des Ordres de nos Rois, sous les regnes de Henry IV. et de Louys XIII. et qui a aussi esté Chancelier de la Reyne Louyse, femme de Henry III. et tous trois Ambassadeurs de France en Angleterre: Et Jaques de la Guesle Conseiller du Roy en ses Conseils, et son Procureur general en sa Cour de Parlement, de qui les noms sont immortels, ont si genereusement parlé pour elle contre ses ennemis, par des harangues que nos curieux conservent encores, et dont quelques-unes ont esté imprimées, que mesme les enfans de ses plus grands adversaires ont souvent entrepris sa defense en Angleterre contre leurs propres peres.
Regnaud de Beaune (26), et Guillaume du Vair, dont les merites sont aussi connus en ce Royaume; celuy-là Archevéque de Bourges, et depuis de Sens, Grand Aumosnier de France; celuy-cy Maistre des Requestes, puis Premier President au Parlement de Provence, Garde des Sceaux de France, et Evéque de Lisieux, ont publié des Oraisons et des Discours funebres en l'honneur de cette Reyne.
Jaques Davy (27) Evéque d'Evreux (qui depuis a esté Cardinal du Perron, Archevéque de Sens, et Grand Aumosnier [525] de France) l'honneur de l'Eglise universelle, le bon-heur de la Gallicane, l'ornement des lettres, l'appuy des sçavans, et la terreur de l'heresie, fit son Epitaphe peu de jours aprés son execution; ce tombeau les fera vivre l'un et l'autre en la memoire de tous les hommes.
Un livre intitulé le Martyre de la Reyne d'Escosse, imprimé sous main dans Londres, découvrit la verité de son Histoire, obscurcie par la méchanceté des Puritains, qui semoient par toutes les Isles Britaniques des libelles diffamatoires contre son innocence.
Adam Blacvod, Escossois, Conseiller du Roy au Siege Presidial de Poitiers, s'est acquité dignement, ayant fait voir la constance et l'innocence de cette Reyne, et la cruauté et perfidie d'Elizabet dans son livre intitulé, le Martyre de Marie Stuart Reyne d'Escosse, et Douairiere de France.
'
Un Discours excellent sur le mesme sujet, courut entre les mains des curieux, dont Claude de la Chastre Mareschal de France est estimé l'Autheur.
M. de Remond (28) Conseiller au Parlement de Bordeaux, dans le VI. livre de la Naissance de l'Heresie, a fait voir à toute la terre la longue tyrannie d'Elizabet, et la constante patience de Marie.
André du Chesne (29), le premier Historien de ce siecle, et homme de rare probité, loue dans son Histoire de la Grand'Bretagne les vertus de cette Reyne, et sa constance en la vraye Religion. Il rapporte aussi quelques lignes de la harangue que fit Mr de Bellievre, pour détourner Elizabet Reyne d'Angleterre de la passion qu'elle avoit de faire passer cette Princesse souveraine, et la belle soeur du Roy Henry III. son maistre du lit d'un Roy des François, et du Trosne du Royaume d'Escosse, sur l'eschaffaut, et sous l'espée d'un infame bourreau.
Le Reverend Pere Nicolas Caussin, de la Compagnie de JESUS, Confesseur du feu Roy Louis XIII. (l'un des plus grands ornemens de son Ordre, duquel les ouvrages en l'une et en l'autre Langue, et en diverses matieres, sont pleins d'une rare doctrine) a fait un excellent Discours sur la vie et la mort de cette tres-Catholique Princesse dans le IV. Tome de sa Cour Sainte.
Adrien Rouler ou des Roulers de l'Isle en Flandre, a écrit l'an 1593. une Tragedie en Latin, intitulée Stuarta Tragaedia, [526] où il deteste la barbarie de la Reyne Elizabet, et loue les vertus de cette Princesse; et depuis quelques années Monsieur Regnault (30), Parisien, a aussi écrit une Tragedie sous le titre de Marie Stuart, où l'on void les jalousies et les cruautez des Anglois et de leur Reyne, et la bonté de nostre Reyne Marie, et de ses serviteurs ou partizans.
Il faudroit des volumes entiers pour rapporter les témoignages de tous ceux qui ont écrit pour cette Princesse, et blasmé la cruauté d'Elizabet; entre autres les Docteurs Anglois, Thomas Stapleton, Nicolas Sanderus, et son neveu Nicolas Pitseus (31).
Dans l'Italie le Reverend Pere Thomas Bosio Prestre de l'Oratoire, Romain, et disciple de saint Philippe Nery, Fondateur de cette Sainte Congregation a fait l'Eloge de cette Catholique Princesse dans son beau livre des Marques de l'Eglise. François Augustin della Chiesa Evéque de Salusses, en son Theatre des Dames sçavantes; et François-Marie le Moine, Prestre Regulier de l'Ordre des Theatins, en son livre de l'Unité de la Foy à Charles Roy de la Grand'Bretagne. petit fils de cette Reyne.
George Buchanan mesme, Poete Latin fort fameux, qui a esté l'un de ses plus grands adversaires, et grand partizan des Calvinistes, n'a pû s'empescher de la louer en mourant, quoy qu'il receust pension des Heretiques pour écrire contre elle; ce qui doit passer pour marque infaillible de sa vertu, puisque son ennemy se trouve son Panegyriste.
Henry de Sponde Evéque de Pamiers aux années 1567. et 1568. de ses Annales de l'Eglise, et P. Mathieu au livre VIII. de son Histoire, font voir clairement les calomnies et les mensonges de ce furieux Escossois, qui injurie dans son Histoire celle qu'il avoit tant louée dans l'Epigramme qu'il luy adresse, luy dediant sa paraphrase sur les Pseaumes, comme une Heroine et une Deesse dont la reputation estoit surmontée par ses merites, son âge par ses vertus, son sexe par son courage, et sa naissance par ses bonnes moeurs et ses vertus. Voicy ses vers:
Nympha Caledoniae quae nunc feliciter orae
Missa per innumeros sceptra tueris avos:
Sexum animis, morum nobilitate genus.
Quae sortem antevenis meritis, virtutibus annos,
Tous les hommes judicieux ne peuvent pas excuser Eli-[527]zabet Tither (que l'heretique Aubigné appelle l'honneur des testes couronnées) d'avoir trempé ses mains dans le sang d'une Princesse de son sang, et qui estoit née Souveraine: Voicy comme Monsieur le Bret (32) Conseiller d'Estat en parle clairement au chap. XV. du livre II. De laSouveraineté du Roy:
C'est un droit qui est uny à la Majesté Royale, que quand bien le Prince deviendroit ennemy de la patrie, neantmoins on ne doit jamais attenter à sa personne, non pas mesme par la voye de Justice. C'est pourquoy Domitian s'acquit une grande louange, d'avoir puny l'affranchy de Neron, qui luy avoit aydé à se faire mourir. David est estimé d'avoir exercé une semblable action de justice contre celuy qui avoit tué Saul. L'on remarque que Bajazet fut loué de tous les Princes de son temps, de ce qu'il fit executer à mort un Bernard Baudin, qui s'estoit refugié en Asie, aprés avoir tué Julien de Medicis, bien qu'il fust tenu pour Tyran de Florence: Et tant que les siecles dureront, l'on blasmera la memoire d'Isabel Reyne d'Angleterre, d'avoir fait mourir ignominieusement Marie Reyne d'Escosse, et vefve d'un Roy de France.
La Reyne Marie Stuart du vivant de nostre Roy François II. son premier mary, avoit pris pour devise des Couronnes, avec ces mots Latins: ALIAMQUE MORATUR, Elle en attend une autre, designant la Couronne d'Angleterre qu'elle attendoit, ou comme plus proche heritiere, ou comme luy appartenant de droit: ce qui a eu lieu en son fils. Si elle n'a eu cette Couronne de la terre, elle a eu celle de Martyre dans le Ciel, plus glorieuse mille et mille fois que tous les Diadémes des Rois et des Empereurs.
Aprés la mort du Roy son mary, elle prit l'arbrisseau de Reglisier, qui croist en abondance au Pont, en Cappadoce, en Italie, et principalement au Mont Saint Ange en la Pouille, en Allemagne és environs de Bamberge et de Noremberg, duquel la racine est douce, et tout le reste hors de terre amer, avec ces mots: DULCE MEUM TERRA TEGIT, La terre cache ma douceur. Par cette belle devise, fort propre à une vraye veuve, la bonne Reyne d'Escosse monstroit que toutes ses joyes, tous ses plaisirs et ses delices estoient enfermées dans le tombeau du Roy son premier époux, tous ses [528] jours qu'elle a passez en Escosse et en Angleterre ayans esté pleins de tristesses, de douleurs et de miseres, sa vie ayant esté un continuel martyre.
(1) France, bazonné en l'Eloge precedent. Escosse, d'or, au lyon de gueules, lampassé et armé d'azur; renfermé dans double trescheur fleuronné et contrefleuronné de gueules: Les autres disent environné d'un double treschoir ou trescheur de gueules, fleuronné ou contrefleuronné de fleurs de lys de mesme, ou à l'orle fleurdelisé et contrefleurdelisé de mesme.
(2) Ronsard.
(3) En l'Histoire Catholique.
(4) Monsieur du Vair Evéque de Lisieux.
(5) La Maison du Bellay porte d'argent, à la bande fuzelée de gueules, accompagnée de six fleurs de Lys d'azur, mises en orle, 3. en chef, et trois en pointe.
(6) A. Fouquelin en sa Rhetorique. La Croix-du Maine.
(7) L'Autheur des Memoires de l'Estat de France sous Charles IX.
(8) Camdenus in vita Reg. Elisabetha.
(9) Du Pleix.
(10) Leslaus. Thuanus. Du Chesne.
(11) En l'Histoire Catholique.
(12) Belcarius. Mauvisiere.
(13) Regnault de Beaune en l'Oraison funebre de cette Reyne, et Monsieur du Vair.
(14) Il faut voir les poemes de Ronsard, où la France fait de tristes plaintes pour le depart et l'absence de cette belle Reyne.
(15) Sans doute elle eust donné la paix à tous ses sujets, qui eussent vécu fort doucement sous une si bonne Princesse, sans la rage des Heretiques qui la hayssoient de mort, à cause de son zele pour la vraye Religion. Ils n'ont pas manqué de la décrier dans leurs livres, entre autres, George Buchanan Apostat Cordelier, qui estoit gagé par le Comte de Mouray, en parle trop indignement dans son Histoire, et Theodore de Beze l'appelle La cruelle et l'infame Medée et Athalie des Escossois.
(16) Ronsard.
(17) Aprés la mort de Henry Stuart, les ennemis couverts de cette Reyne l'obligerent d'épouser Jaques Hepburne Comte de Bothuvel, Calviniste, qui depuis est mort miserable en Dannemarc. Ce mariage estoit nul ayant esté fait par force: C'est pourquoy on parla de la marier estant en Angleterre à Thomas Hauvard Duc de Norfolc, que quelques Catholiques Anglois tenoient pour leur Protecteur, et que la Reyne Elizabet fit decapiter. Il faut voir le III. Tome des Annales Ecclesiastiques de M. de Sponde, et le I. Tome de l'Histoire de P. Mathieu, qui parlent en faveur de cette Princesse contre Buchanan.
(18) Castelnau, coupé de gueules sur or, la gueule chargée d'un Chasteau d'or, et l'or chargé d'un lyon de gueules. Mauvisiere, de gueules, à trois moletes d'argent, écartelé de palé d'or et d'azur de six pieces, au chef de gueules, chargé d'une vivre d'argent.
(19) Memoires du Seigneur de Mauvisiere.
(20) Hamilton, party d'argent, à l'aigle à deux testes de sable, couronné d'une Couronne Imperiale de mesme: et d'or au Lyon de gueules, couronné d'une Couronne Imperiale de mesme.
(21) Monsieur le Cardinal du Perron.
(22) Du Perron.
(23) Du Perron.
(24) Bellarmin. Du Perron. Bosius. Sanderus. Stapleton.
(25) Salignac, d'or, à la bande de trois pieces de sinople.
(26) Beaune, de gueules, au chevron d'argent, accompagné de trois besans d'or, 2. en chef, et I. en pointe.
(27) Davy du Perron, d'azur, au chevron d'argent, accompagné de 3. harpe