Françoise Scelles de la Varengère : Différence entre versions
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Françoise Scelles de la Varengère | ||
Conjoint(s) | Le Forestier, seigneur d’Osseville, Louis-Jacques | |
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Dénomination(s) | Françoise Scelles de la Varengère d’Osseville, Mme d’Ozeville, Mme d’Osseville, Mme Dosseville, Mme Dozeville | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1662? | |
Date de décès | après 1713 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Élise Legendre, 2025
Françoise Scelles de la Varengère (1662 ? - après 1713) est une salonnière et poétesse amatrice née près de Caen. Elle est issue d’une famille d’aristocrates cotentinais anoblie en 1543 ; son père, Louis Scelles, seigneur de la Varengère, s’est marié à Jeanne Rouxelin le 17 janvier 1662 à Saint-Côme-du-Mont (Manche). La naissance de Françoise Scelles, qui resta fille unique, peut être datée d’après ce mariage, vers 1662 ou 1663. Elle se marie le 1er avril 1677 avec Louis-Jacques Le Forestier, seigneur d’Osseville, décédé après 1712. La famille Le Forestier d’Osseville, associée autrefois à la maison d’Harcourt, signe d’une haute noblesse, avait été anoblie vers la fin du XIVe siècle. De leur union naissent sept enfants. Aucune information n’existe après 1713 sur Mme d’Osseville.
Mme d’Osseville anime la vie littéraire de Caen au sein d’un salon prisé. Ses Poésies diverses ont été rassemblées dans un manuscrit non autographe signé de son nom, ayant appartenu à un certain Pincon en mars 1821. Composé de 76 pages de texte, en reliure de veau, il comporte notamment un portrait de Mme d’Osseville rédigé par elle-même. Elle s’y peint comme une femme marquée par la maigreur, sensible à la mélancolie et goûtant la solitude que lui offrent les joies de l’étude. Elle considère l’amitié comme le charme le plus doux qu’elle connaisse. Ce manuscrit souligne également la diversité des genres dans lesquels elle s’exerce, comme l’idylle, l’épître, le rondeau ou encore le petit genre mondain de la chanson dont certaines ont été composées sur des airs à la mode. Sa poésie circule sous forme manuscrite au tout début du XVIIIe. En effet, un recueil factice dont les pièces ont sans doute été recueillies par le P. François Martin (1639-1726, cordelier à Caen ; son ex libris apparaît deux fois dans le recueil) précise que le portrait de Mme d’Osseville a été traduit en latin par le P. Noël-Étienne Sanadon (1676-1733), poète néo-latin et traducteur ; d’autres vers composés par Mme d’Osseville ont également été copiés dans ce recueil. Cependant sa poésie n’est pas destinée à la publication et s’inscrit dans la veine galante sans prétendre à la gloire littéraire. Elle s’offre comme pur divertissement mondain. Nous pouvons hésiter à lui attribuer la pièce « Le Songe d’un impie » (p. 67 du manuscrit) qui soulignerait sa grande piété : la tonalité de cette pièce, placée à la fin du recueil, détonne et la calligraphie est différente.
La notoriété de son salon est manifeste dans ce manuscrit à son nom qui se rapproche davantage d’un « mémoire de la vie sociale et littéraire » (M. Maître, p. 483) du groupe constitué autour d’elle. Des vers comme ceux de M. de Vandoeuvre retranscrits dans le manuscrit nous renseignent sur la composition de ce cercle mondain réunissant la haute société caennaise. Mme d’Osseville adresse des vers à M. Foucault, intendant de la généralité de Caen et, à ce titre, protecteur de l’académie de Caen de 1689 à 1706 ou encore à M. Le Guerchois, intendant à Alençon (1705-1708). Elle est aussi l’amie de la comtesse de Goigny, de Mme du Hamel et de Mme de Saint-Luc qui anime un salon à Caen. Elle est encore l’amie intime de l’écrivain Jean de Segrais (1624-1701), dont elle rédige l’épitaphe, et traduit du latin celle rédigée par M. Foucault (BnF, Ms 6138, p.160). Elle écrit également l’épitaphe de Mlle de Scudéry cette même année. Dans un autre manuscrit, on découvre sa correspondance avec Antoine Galland. Membre de l’académie et installé à Caen entre 1697 et 1706, il devient son ami proche et fréquente son salon. Mme d’Osseville contribue ainsi à la diffusion et à la notoriété des Mille et Une Nuits. De retour à Paris, Galland continue de correspondre avec Mme d’Osseville dont il ne cesse de vanter la « si grande delicatesse d’esprit et un goust si excellent » (lettre du 1er avril 1701, ms 6138 p. 162 bis).
Enfin, la renommée du salon de Mme d’Osseville est due à sa brève rencontre avec Voltaire. Selon une note de M. Trebutien en charge des bibliothèques de Caen (Ms n°245, p.75), transcrivant un passage du manuscrit de M. de Quens, ami et transcripteur du père jésuite André, Mme d’Osseville a reçu le jeune Voltaire, mais lui a interdit bien vite l’entrée de sa maison, quand elle a appris qu’il lisait des vers libertins en ville.
Le nom de Mme d’Osseville et l’adresse de son hôtel particulier à Caen sont désormais oubliés. Son parcours témoigne toutefois de l’importance et de la vitalité de la vie culturelle provinciale, pas si éloignée de celle de Paris et assez loin des ridicules que lui prête Molière.