Madeleine Noble : Différence entre versions
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Version du 31 août 2022 à 08:51
Madeleine Noble | ||
Dénomination(s) | « mademoiselle de Jousserand », « mademoiselle de Jousserand la cadette », « demoiselle de la Voulernie », « Marie Anne » | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 7 décembre 1760 | |
Date de décès | ? | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Nicole Pellegrin, 2022
Native d’un écart du bourg de Saint-Coutant (actuel département de la Charente) dans lequel sa mère, Jeanne Beaussand/Beausens/Bosseng, habite encore en 1785, Madeleine Noble est « âgée de 21 ans ou environ » (en fait 24) quand elle dépose le 16 février 1785 dans un procès intenté, pour calomnie, par la sœur d’un ancien maître, une demoiselle noble qui aurait accouché clandestinement et avec qui elle fut un temps peut-être confondue. À ses dires (elle ne sait les contresigner), « elle a eu le malheur detre abusée par le sieur chevalier de Jousserand des œuvres duquel elle a accouchée d’un garçon chés le sieur Joseau chirurgien a Courcôme sur la fin de 1781 [en fait, le 29 janvier 1782], quelle avoit prise chés ce chirurgien le nom de marie anne, […] que son enfans a été porté a la boiste Dangoulesme » trois mois plus tard. Après ce temps (passé chez la femme de son probable accoucheur) et l’abandon – anonyme – de son enfant dans un établissement religieux équipé d’un « tour » ou « boîte », Marie Noble est servante dans plusieurs maisons d’Angoulême pendant 18 mois. Puis, elle revient chez sa mère où elle se dit désormais journalière quand elle est interrogée comme témoin. Elle prétend ne pas savoir avoir été surnommée « mademoiselle de Jousserand », ni connaître les responsables des bruits répandus à l’égard de « la plaintive […] par tant de personnes quelle ne peut en nommer aucune ».
Son bref et tardif témoignage (le 151éme d’une série de 167, tous évasifs à son égard) est en fait la seule source qui permette d’imaginer quelque peu ce que furent les premières années d’une servante de 17-18 ans, analphabète et séduisante, engrossée par le fils de son maître et chassée aussitôt son état connu. À noter que, contrairement à beaucoup d’autres, elle n’a pas eu à déclarer sa grossesse devant un juge seigneurial pour obtenir dédommagement et frais de gésine et se protéger ainsi de l’accusation d’infanticide en cas de mort du nouveau-né. Dans la procédure judiciaire qui la fait connaître mais dont elle n’est pas l’objet, Madeleine Noble se révèle une protagoniste essentielle bien que toujours fantomatique. Elle semble néanmoins avoir épousé à Saint-Coutant le 14 janvier 1788 un tailleur de pierre nommé Charles Dechâtre (son père, Pierre Lenoble, alors décédé, est déclaré « journalier »), mais elle disparaît ensuite des sources mobilisables dans sa région de naissance.
Ce destin de fille-mère est classique, à quelques détails près : d’une part, son choix d’un pseudonyme élégant le temps de sa grossesse ; d’autre part, la prise en charge, en un lieu coûteux, de son accouchement par un séducteur et amant, plus attentionné que de coutume ; enfin, la publicité que celui-ci donne à la naissance de leur enfant par souci – probable – de compromettre sa propre sœur, Marguerite de Jousserand en lui attribuant des relations fécondes hors mariage. Malgré des amours ancillaires connues de toute la contrée, cet homme réussit à se bien marier, quand sa sœur et sa servante ont sans doute perdu l’une et l’autre leur bonne renommée, en ces temps de patriarcat officiel et dominant.
Le cas de Madeleine Noble vaudrait d’être comparé à celui d’autres jeunes femmes, victimes parfois consentantes de leurs maîtres et mères d’enfants qui, abandonnés, sont voués à mourir très vite.