Sophie-Rose de Rosen-Kleinroop : Différence entre versions
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Sophie-Rose de Rosen-Kleinroop | ||
Titre(s) | Princesse de Broglie, puis marquise d’Argenson | |
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Conjoint(s) | Charles-Louis-Victor de Broglie (1756-1794) ; Marc-René-Marie de Voyer d’Argenson (1771-1842) | |
Biographie | ||
Date de naissance | 16 mars 1764 | |
Date de décès | 31 octobre 1828 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Anne-Sophie Traineau-Durozoy, 2017
Fille unique de Fulgence-Eugène-Octave-Augustin comte de Rosen (issu d’une très ancienne famille originaire de Livonie, riche et influente), marquis de Bollwiller, comte de Detwiller et de Grammont, et de Marie-Antoinette-Louise de Harville de Trainel, Sophie de Rosen naît en 1764. Sa première éducation ne nous est pas connue mais, à lire l’abondante correspondance échangée avec son second mari, elle semble avoir été une fine lettrée. Sa beauté est admirée lors de son premier mariage en 1779 avec le prince Victor de Broglie, dont elle a quatre enfants. Ouvert aux idées nouvelles, le couple fait inoculer son fils, Victor, et est dans un premier temps très favorable à la Révolution. Mais, selon le récit resté manuscrit du fils du second lit Charles-Marc-René (Les amours de mon père et de ma mère), Sophie se sent «assez malheureuse et délaissée» au moment où son mari est élu député des États Généraux par la noblesse du bailliage de Colmar et reçoit, avec elle, rue de Bourgogne à Paris les députés aux idées avancées. En juillet 1790, lors des préparatifs de la Fête de la Fédération, elle participe elle-même à la Journée des brouettes. En 1792, elle part en Angleterre avec sa famille à la demande de son mari, mais en revient dès novembre (et dans la plus grande discrétion) pour ne pas avoir à subir les lois contre l’émigration. Elle séjourne ensuite avec ses enfants dans une maison de campagne dans le Nord de la France. Son mari est plusieurs fois arrêté et relâché pendant cette période. Puis la famille part à Saint-Rémy (Franche-Comté) en 1793. C’est là que les deux époux sont arrêtés: l’un est emmené à la prison de Gray, puis à Paris où, livré au Tribunal révolutionnaire, il est guillotiné le 27 juin 1794; l’autre est emprisonnée à Vesoul. Là, grâce à une ruse (elle se propose comme lingère et prend l’empreinte de la clé du grenier qui donne dehors) et avec la complicité de son (futur) second mari (selon son second fils) ou d’un vieux serviteur (selon son fils Victor), elle s’évade de prison et s’enfuit pendant l’été 1794 à pied à Coppet en Suisse chez Mme de Staël. Toujours aidée par Marc-René-Marie de Voyer d’Argenson, qui vient la retrouver quand la nouvelle de la mort de son premier mari est connue et qu’elle épouse par amour en septembre ou décembre 1795, elle rentre en France en février 1795 pour s’occuper de ses enfants et de ses biens. En son absence, une partie ce qu’elle possède a été vendue comme bien national, mais ce qu’il en reste lui est rendu. Elle est rayée de la liste des émigrés des départements de Haute-Saône et du Haut-Rhin les 28 février et 5 mars 1795.
Petit-fils du comte d’Argenson, qui fut ministre et secrétaire d’Etat à la Guerre, son second mari, qu’elle connaît depuis plus de dix ans et qui est de sept ans plus jeune qu’elle, semble être resté très épris jusqu’à la fin de leur vie. Ils élèvent les quatre enfants de Broglie et ont ensemble trois filles et un garçon dont Sophie prend en charge l’éducation et la santé. Riche héritière, elle apporte à son mari des biens fonciers importants. Ils partagent de nombreuses valeurs et s’intéressent tous deux aux problèmes politiques, en France et à l’étranger. Quand elle est à Paris, Sophie de Rosen fréquente le salon de Mme de Staël, mais elle passe les étés aux Ormes (demeure des Argenson dans la Vienne depuis 1729), avant de s'y installer toute l'année pour l’éducation des enfants de son second mariage vers 1805. Président du collège électoral de la Vienne en 1803, Marc-René-Marie devient préfet des Deux-Nèthes de 1809 et Sophie de Rosen vit à Anvers jusqu’à sa démission en 1813. Tandis que celui-ci s’occupe de ses forges en Alsace, Sophie revient aux Ormes avec ses enfants. Son mari est plusieurs fois élu député. Elle meurt, après une maladie qu’elle cache à ses proches (et peut-être à elle-même, selon Victor) le 31 octobre 1828 à Paris, dans sa maison de la rue du Marché-d’Aguesseau.
Au début de la période révolutionnaire, comme beaucoup d’autres femmes des cercles libéraux, elle est mal considérée par la presse aristocrate. Après son retour en France, elle gagne en renom pour son intelligence, sa culture, sa piété, son ouverture d’esprit et sa vie romanesque. Malgré des sources manuscrites abondantes mais redondantes (actes notariés, lettres familières, témoignages familiaux), Sophie de Rosen est aujourd'hui très peu connue, elle reste dans l’ombre de son mari, «le marquis rouge», qu’elle n’a cessé cependant d’épauler comme le montrent ses lettres.
Oeuvres
- Bibliothèques universitaires de Poitiers (France), fonds ancien, archives d’Argenson, P 407: 154 lettres manuscrites à son mari (1811-1824)
Principales sources manuscrites
- Bibliothèques universitaires de Poitiers (France), fonds ancien, archives d’Argenson, P 228 à 234 : correspondance, procurations, inventaires, pièces relatives à des séquestres, mémoires et documents sur la succession de Sophie de Rosen ; P 249 : documents sur la dernière maladie de Sophie de Rosen ; P 256 : Les amours de mon père et de ma mère, de Charles-Marc-René d’Argenson, son fils (t. 5, 175) ; P 277: notes écrites par Charles-Marc-René (1796-1862) sur sa mère ; D 376: lettre de Marie Louise Magdelaine de Harville des Ursins de Traisnel à Jeanne-Octavie, marquise de Rosen, qui évoque l’union à venir entre Sophie de Rosen et le prince Broglie (1777)
- Archives départementales de la Haute-Saône (France, Vesoul), 1 Q 249: certificat de résidence accordé à Sophie de Rosen par la commune de Boulogne (Pas-de-Calais), le 31 janvier 1793
Principales sources imprimées
- [Genlis, Caroline-Stéphanie-Félicité DU Crest], Mémoires inédits de Madame de Genlis, Paris, Pierre-François Ladvocat, 1825.
- [Broglie, Victor de], Souvenirs du prince de Broglie, Paris, C. Lévy, 1886.
- Staël-Holstein, Germaine de, Lettres à Narbonne, Paris, Gallimard, 1960.
- Staël-Holstein, Germaine de, Correspondance générale, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1960-1985.
Choix bibliographique
- Blanc, Bernard Dominique, "Voyer d’Argenson, aristocrate, libéral, niveleur", Mémoire de maîtrise, Paris, EHESS, 2001.
- Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie et autres, «Trois femmes du XVIIIe siècle à leur écritoire: les épouses d’Argenson», Revue historique du Centre-Ouest, (à paraître fin 2017), p.1-83.
- Martin, Georges, Histoire et généalogie de la maison de Voyer de Paulmy d’Argenson, La Ricamarie, Sud-Offset, 1997.
- Les seigneurs de Saint-Rémy : du XIIe siècle à la Révolution, Saint-Rémy, Turriers, Naturalia publications, 2013.
- Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, «Les archives d’Argenson: état de la recherche», Revue historique du Centre-Ouest, XIII, 2014, p.127-143
- Tumminelli, Roberto, Il Sangue e la ragione : il progetto politico del marchese d’Argenson, Milano, F. Angeli, 1990.
Choix iconographique
- Portrait dans Georges Martin, Histoire et généalogie de la maison de Voyer de Paulmy d’Argenson, La Ricamarie, Sud-Offset, 1997, p.132 (le lieu de conservation n’est pas indiqué).
- Dans Les amours de mon père et de ma mère, son fils Charles-Marc-René évoque un « portrait qui la représente assise en négligé de campagne, au pied d’un arbre & près d’un ruisseau. Elle est en robe blanche avec des rubans d’azur ; un teint de rose. De beaux cheveux blonds bouclés pendent sur ses épaules, et sont légérement poudrés.» (Nous ne savons pas si ce portrait a été conservé jusqu’à nos jours).
Jugements
- « Sophie Rosen Epouse du Citoyen Victor Broglie Maréchal de camp agée de vingt huit ans, taille de cinq pieds, cheveux et sourcils chatains, yeux bleux, nez aquilin, bouche petite, menton rond, front haut, visage oval » (Certificat de résidence accordé à Sophie de Rosen par la commune de Boulogne le 31 janvier 1793, Archives départementales de la Haute-Saône (France, Vesoul), 1 Q 249)
- « J’ai beaucoup vu madame d’Argenson dans sa première jeunesse, et avant son mariage […]. [Elle] avoit la figure la plus agréable, et sa personne le sera toujours, parce qu’elle est gracieuse, qu’elle a de la douceur, de la gaieté, la politesse la plus aimable, et beaucoup de naturel.» (MMe de Genlis, Mémoires inédits, Paris, Pierre-François Ladvocat, 1825, t.VII, p.525)
- « Ma mère était l’unique héritière du nom et du bien de la famille de Rosen, considérable en Suède, établie en Alsace depuis la fin de la guerre de Trente Ans, et la conclusion du traité de Westphalie. C’est une femme d’une rare beauté, d’un esprit plus rare encore, d’un caractère et d’une vertu supérieurs à sa beauté et à son esprit. […] J’y retrouvai ma mère, tout entière à ses préoccupations domestiques, à ses livres, à ses correspondances charmantes, toujours la même, toujours bonne, vive, gaie, d’une égalité d’humeur incomparable, d’une inépuisable conversation, s’intéressant, à tout et renonçant à tout sans le moindre effort. […] Nous l’appelions, entre nous, madame de Sévigné, et, pour qui l’a connue, il n’y avait là rien de trop. » (Victor de Broglie [son fils], Souvenirs, Paris, C. Lévy, 1886, t.I, p.4; t.II, p.109)