Marie-Anne Peuvret de Gaudarville : Différence entre versions
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* Blaufard, Rafe, « La banalité d’une seigneurie féminine : Eyguières versus Sade », Ghislain Brunel et Serge Brunet (dir.), ''Luttes anti-seigneuriales dans l’Europe médiévale et moderne'', Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009, p. 33-44. | * Blaufard, Rafe, « La banalité d’une seigneurie féminine : Eyguières versus Sade », Ghislain Brunel et Serge Brunet (dir.), ''Luttes anti-seigneuriales dans l’Europe médiévale et moderne'', Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009, p. 33-44. | ||
− | + | * Blaufard, Rafe, « The Phenomenon of Female Lordship. The Example of the Contesse de Sade », Daryl M. Hafter et Nina Kushner (dir.), ''Women Work in Eighteenth-Century France'', Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2015, p. 16-32. | |
− | + | * Dufour, Anaïs, ''Le pouvoir des « dames ». Femmes et pratiques seigneuriales en Normandie (1580-1620),'' Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013. | |
− | + | * Fortin, Jonathan, « Le célibat féminin à Québec et Montréal au XVIIIe siècle : travail, famille et sociabilité », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Sherbrooke, 2016. | |
− | + | * Grenier, Benoît, ''Marie-Catherine Peuvret. Veuve et seigneuresse en Nouvelle-France 1667-1739'', Québec, Septentrion, 2005. | |
Version du 2 mars 2018 à 15:20
Marie-Anne Peuvret de Gaudarville | ||
Titre(s) | Seigneuresse de Fossaumbault; Seigneuresse de Gaudarville | |
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Dénomination(s) | La dame de Gaudarville | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1700 | |
Date de décès | 1760 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Jonathan Fortin (2017)
Marie-Anne Peuvret de Gaudarville, née à Québec (Nouvelle France) le 2 décembre 1700, décède à l’Ancienne-Lorette le 3 février 1760. Elle est la fille de Marie-Anne Gaultier de Comporté (1681-1711) et d’Alexandre Peuvret de Gaudarville (1664-1702), greffier du Conseil Souverain de Québec. Marie-Anne est donc issue des milieux favorisés de la colonie, bien que sa famille ne soit pas noble. Elle n’a qu’un frère, Joseph-Alexandre Peuvret. Orpheline dès l’âge de 11 ans, c’est probablement sa famille paternelle qui s’occupe de son éducation jusqu’à ce qu’elle reçoive, ainsi que son frère, son émancipation en 1720. Nous manquons toutefois d’éléments à propos de sa jeunesse. En l’absence de son frère, négociant aux Antilles, c’est elle qui administre les seigneuries héritées de ses parents. En 1725, elle prête foi et hommage au gouverneur, le représentant du roi, pour ses parts des fiefs Fossambault et Gaudarville, ainsi que pour celles de son frère. La même année, elle s’occupe de faire préparer l’aveu et dénombrement de ses domaines et, après la mort d’Alexandre, décédé célibataire en 1731, Marie-Anne devient l’unique propriétaire des deux fiefs. C’est elle qui administre les deux seigneuries pendant les trente années suivantes sans jamais se marier. C’est d’ailleurs en tant que seigneuresse que celle qui est appelée « la dame de Gaudarville » se démarque. Administratrice douée, « la dame de Gaudarville » tient un censier pour ses deux seigneuries, comme le mentionne un inventaire de sa succession fait en 1774, plus d’une décennie après son décès. En plus de concéder de nombreuses censives, la seigneuresse est souvent appelée à se rendre devant les tribunaux pour des litiges l’opposant aux censitaires. Que ce soit à propos du « Chemin du roi » – route, construite avec les corvées, reliant les principales villes et villages et longeant le fleuve Saint-Laurent–, pour les obliger à tenir feu et lieu ou pour les forcer à payer leurs cens et rente, la dame Peuvret utilise tous les recours pour faire appliquer ses droits seigneuriaux. En 1729, elle est même condamnée « à reparer les clotures qu’elle a fait rompre et briser ». Cela témoigne des relations houleuses qu’elle entretient avec certains de ses censitaires, donnant parfois l’impression d’une seigneuresse belliqueuse. Ce parcours fait d’ailleurs penser à celui de sa tante Marie-Catherine Peuvret, seigneuresse de Beauport, auprès de qui elle a peut-être appris à gérer ses seigneuries. Sa mort, en 1760, marque la disparition des Peuvret en Nouvelle-France. Elle laisse toutefois un patrimoine enviable pour ses collatéraux, tant sur le plan foncier que financier. Son testament mentionne que ses biens doivent être séparés entre « [ses] parents Duchenai ». Cette clause, jugée trop vague, engendre un procès entre les trois cousines et le cousin de la dame Peuvret. Le procès concernant cette succession s’étire sur plusieurs années et se rend même jusqu’à Paris. C’est finalement Antoine Juchereau Duchesnay, avançant que les femmes ne peuvent hériter de biens nobles en succession collatérale, qui remporte le procès et qui reçoit la totalité des seigneuries de Gaudarville et Fossambault. C’est dire si les dernières volontés de Marie-Anne Peuvret ont été bafouées ! On trouve là un témoignage de l’inégalité du droit concernant la succession collatérale des biens nobles. Aujourd’hui, il ne reste aucune trace, dans les mémoires, de cette femme célibataire qui administra pendant plus de trois décennies les fiefs de Fossambault et de Gaudarville. Il ne reste que les actes notariés pour témoigner de l’activité de cette seigneuresse qui a concédé de nombreuses censives, poursuivi ses censitaires à maintes reprises et qui semble jouir d’une grande notoriété dans ses deux fiefs. Pourtant, c’est grâce à son célibat que les deux seigneuries se sont retrouvées dans la famille Juchereau Duchesnay. Ironiquement, Fossambault et Gaudarville seront les deux derniers fiefs à appartenir aux Juchereau Duchesnay au XIXe siècle, après la perte de Beauport en 1844, le régime seigneurial étant aboli en 1854 au Québec. La seigneuresse Marie-Anne Peuvret de Gaudarville est l’exemple d’une femme de l’élite qui administre ses fiefs, témoignage du pouvoir féminin en absence d’homme.
Sources inédites
- Bibliothèque et archives nationales du Québec (BAnQ), Fonds Pierre-Paul Côté, P745, Copie par Joseph Laurin, notaire, de l'acte de foi et hommage de Demoiselle Marie-Anne Peuvret pour les Fiefs de Gaudarville et Fossambault, le 1er août 1725, 14 mai 1869 ; ibid., Aveu et dénombrement des Seigneuries de Gaudarville et Fossambault, 2 août 1725 ; greffe du notaire Christophe-Hillarion Dulaurent, Procuration de Marie-Anne Peuvret, du château de la terre, fief et seigneurie de Beauport, à Pierre Millot, négociant du Cap français en l'île et Coste de Saint-Domingue, 15 octobre 1753 ; greffe du notaire André Genest, Etat servant d'inventaire des meubles et effets de feue Marie-Anne-Geneviève Peuvret, Dame de Gaudarville et de Fossembault, 2 septembre 1774 ; Fonds Conseil Souverain, Arrêt qui condamne la demoiselle Peuvret à rétablir et faire mettre en état les clôtures déplacées et rompues par ses ordres sur les terres d'Ignace Bonhomme et Pierre Voyer, habitants de Champigny. Cette condamnation ne pourra toutefois nuire ni préjudicier à ses prétentions, en ce qui regarde le chemin en contestation, 27 juillet 1729.
- BAnQ-Q, TP5, S1,11,D188, Procès entourant la succession de demoiselle Peuvret.
Choix bibliographique
- Blaufard, Rafe, « La banalité d’une seigneurie féminine : Eyguières versus Sade », Ghislain Brunel et Serge Brunet (dir.), Luttes anti-seigneuriales dans l’Europe médiévale et moderne, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009, p. 33-44.
- Blaufard, Rafe, « The Phenomenon of Female Lordship. The Example of the Contesse de Sade », Daryl M. Hafter et Nina Kushner (dir.), Women Work in Eighteenth-Century France, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2015, p. 16-32.
- Dufour, Anaïs, Le pouvoir des « dames ». Femmes et pratiques seigneuriales en Normandie (1580-1620), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013.
- Fortin, Jonathan, « Le célibat féminin à Québec et Montréal au XVIIIe siècle : travail, famille et sociabilité », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Sherbrooke, 2016.
- Grenier, Benoît, Marie-Catherine Peuvret. Veuve et seigneuresse en Nouvelle-France 1667-1739, Québec, Septentrion, 2005.