Marie Philippine Frédérique Dorothée d’Oberkirch : Différence entre versions

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Marie Philippine Frédérique Dorothée d'Oberkirch est née en 1777. Elle est la fille unique de la célèbre mémorialiste, Henriette-Louise d’Oberkirch, fille de François-Louis comte de Waldner et de Wilhelmine de Berckheim de Ribeauvillé. Le père de Marie, Charles Siegfried d’Oberkirch appartient au patriciat strasbourgeois : il est conseiller noble de la Chambre des Quinze au Sénat de Strasbourg. Du côté maternel, Marie descend de deux des plus anciennes familles nobles d'Alsace. Sa mère est l’amie des plus grandes familles d’Europe, en particulier de la princesse Dorothée de Wurtemberg. Après le mariage de cette dernière avec le grand-duc Paul de Russie, les deux amies entretiennent une correspondance suivie pendant de longues années. En 1782, Marie demeure à Strasbourg avec son père alors que sa mère participe au périple de son amie, la grande duchesse de Bourbon, dans les Pays-Bas. En 1786, Marie séjourne à Paris avec ses parents. En 1788, elle partage le plus clair de son temps avec sa mère qui a décidé de se consacrer à son éducation, prenant moins part à la vie mondaine. En 1788, Marie passe l’hiver à Strasbourg où elle devient l’amie des quatre sœurs de Berckheim : [[Henriette de Berckheim|Henriette]], [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie]], [[Octavie de Berckheim|Octavie]] et Fanny. Celles qui sont passées à la postérité comme « les demoiselles de Berckheim », sont aussi de lointaines parentes et, appartenant à « la noblesse immémoriale », sont fort appréciées de sa mère. L’été, elle séjourne avec celle-ci à Stotzheim où elle reçoit ses amies ainsi qu’elle le fait en hiver dans leur hôtel strasbourgeois situé dans l’impasse de la Corneille. Elle entretient aussi des relations amicales solides avec les filles du poète Pfeffel, et notamment avec [[Frédérique Pfeffel|Frédérique]], la fille préférée du fondateur de l’Académie militaire. Marie est un des membres actifs du cercle, littéraire et amical, de [[cercle de Schoppenwihr|Schoppenwihr]]. Elle y est surnommée «Germandrée» alors que sa mère y est assimilée à «Cornélie», mère des Gracques. Accompagnée de celle-ci et des demoiselles de Berckheim, elle rend visite au pasteur Oberlin à Waldersbach, ce dont témoigne le journal intime de l’aînée des demoiselles Berkheim, [[Octavie de Berckheim|Octavie]]. En 1797, elle félicite son amie [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie de Berckheim]] de son mariage avec Jean-Albert-Frédéric de Dietrich. Elle se marie à son tour en 1798 avec Louis Simon Bernard, comte de Montbrison, par la suite recteur de l'Université de Strasbourg. Ses noces ont lieu la même année que celles de sa grande amie et correspondante [[Marie Anne Suzanne de Rathsammhausen|Annette de Rathsamhausen]] avec l’idéologue Joseph de Gérando. En 1793, alors que ses parents sont dénoncés et arrêtés en raison de la « loi des suspects », Marie demande à Foussedoire, le représentant du peuple, d’être emprisonnée avec sa mère qu’elle soutient moralement par-delà leur libération en juillet 1794 et qui meurt en 1803, affaiblie par le décès de son époux en 1797. En 1801, Marie séjourne avec son mari au château de Vizille. Elle y retrouve [[Henriette de Berckheim]], épouse d’Augustin Perier, et [[Marie Anne Suzanne de Rathsammhausen|Annette de Rathsamhausen]]. En relation épistolaire avec [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie de Berckheim]] devenue une de Dietrich, elle la revoit ainsi que les anciens condisciples du [[cercle de Schoppenwihr]], lors de séjours parisiens. Marie meurt en 1828.<br/>  
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Marie Philippine Frédérique Dorothée d'Oberkirch est née en 1777. Elle est la fille unique de la célèbre mémorialiste, Henriette-Louise d’Oberkirch, fille de François-Louis comte de Waldner et de Wilhelmine de Berckheim de Ribeauvillé. Le père de Marie, Charles Siegfried d’Oberkirch appartient au patriciat strasbourgeois : il est conseiller noble de la Chambre des Quinze au Sénat de Strasbourg. Du côté maternel, Marie descend de deux des plus anciennes familles nobles d'Alsace. Sa mère est l’amie des plus grandes familles d’Europe, en particulier de la princesse Dorothée de Wurtemberg. Après le mariage de cette dernière avec le grand-duc Paul de Russie, les deux amies entretiennent une correspondance suivie pendant de longues années. En 1782, Marie demeure à Strasbourg avec son père alors que sa mère participe au périple de son amie, la grande duchesse de Bourbon, dans les Pays-Bas. En 1786, Marie séjourne à Paris avec ses parents. En 1788, elle partage le plus clair de son temps avec sa mère qui a décidé de se consacrer à son éducation, prenant moins part à la vie mondaine. En 1788, Marie passe l’hiver à Strasbourg où elle devient l’amie des quatre sœurs de Berckheim : [[Henriette de Berckheim|Henriette]], [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie]], [[Octavie de Berckheim|Octavie]] et [[Françoise|Fanny]]. Celles qui sont passées à la postérité comme « les demoiselles de Berckheim », sont aussi de lointaines parentes et, appartenant à « la noblesse immémoriale », sont fort appréciées de sa mère. L’été, elle séjourne avec celle-ci à Stotzheim où elle reçoit ses amies ainsi qu’elle le fait en hiver dans leur hôtel strasbourgeois situé dans l’impasse de la Corneille. Elle entretient aussi des relations amicales solides avec les filles du poète Pfeffel, et notamment avec [[Frédérique Pfeffel|Frédérique]], la fille préférée du fondateur de l’Académie militaire. Marie est un des membres actifs du cercle, littéraire et amical, de [[cercle de Schoppenwihr|Schoppenwihr]]. Elle y est surnommée «Germandrée» alors que sa mère y est assimilée à «Cornélie», mère des Gracques. Accompagnée de celle-ci et des demoiselles de Berckheim, elle rend visite au pasteur Oberlin à Waldersbach, ce dont témoigne le journal intime de l’aînée des demoiselles Berkheim, [[Octavie de Berckheim|Octavie]]. En 1797, elle félicite son amie [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie de Berckheim]] de son mariage avec Jean-Albert-Frédéric de Dietrich. Elle se marie à son tour en 1798 avec Louis Simon Bernard, comte de Montbrison, par la suite recteur de l'Université de Strasbourg. Ses noces ont lieu la même année que celles de sa grande amie et correspondante [[Marie Anne Suzanne de Rathsammhausen|Annette de Rathsamhausen]] avec l’idéologue Joseph de Gérando. En 1793, alors que ses parents sont dénoncés et arrêtés en raison de la « loi des suspects », Marie demande à Foussedoire, le représentant du peuple, d’être emprisonnée avec sa mère qu’elle soutient moralement par-delà leur libération en juillet 1794 et qui meurt en 1803, affaiblie par le décès de son époux en 1797. En 1801, Marie séjourne avec son mari au château de Vizille. Elle y retrouve [[Henriette de Berckheim]], épouse d’Augustin Perier, et [[Marie Anne Suzanne de Rathsammhausen|Annette de Rathsamhausen]]. En relation épistolaire avec [[Amélie Louise de Berckheim|Amélie de Berckheim]] devenue une de Dietrich, elle la revoit ainsi que les anciens condisciples du [[cercle de Schoppenwihr]], lors de séjours parisiens. Marie meurt en 1828.<br/>  
 
En 1853, son fils publie les écrits autobiographiques de sa grand-mère. Si les ''Mémoires de la Baronne d'Oberkirch'' témoignent, entre autres, de la vie des familles patriciennes alsaciennes telle que la jauge, selon une éthique nobiliaire traditionnelle, un de ses membres avisés, la correspondance de la fille souligne l’activité intellectuelle et sociale des élites rhénanes, naviguant entre l’Alsace et Paris au tournant de la période contemporaine.  On commence à peine à mesurer l’importance de ces sociabilités provinciales où les femmes jouèrent un rôle essentiel.
 
En 1853, son fils publie les écrits autobiographiques de sa grand-mère. Si les ''Mémoires de la Baronne d'Oberkirch'' témoignent, entre autres, de la vie des familles patriciennes alsaciennes telle que la jauge, selon une éthique nobiliaire traditionnelle, un de ses membres avisés, la correspondance de la fille souligne l’activité intellectuelle et sociale des élites rhénanes, naviguant entre l’Alsace et Paris au tournant de la période contemporaine.  On commence à peine à mesurer l’importance de ces sociabilités provinciales où les femmes jouèrent un rôle essentiel.
  

Version du 19 décembre 2014 à 14:23

Marie Philippine Frédérique Dorothée d’Oberkirch
Conjoint(s) Louis Simon Joseph Bernard de Montbrison (1768-1841)
Dénomination(s) Germandrée
Biographie
Date de naissance 23 janvier 1777
Date de décès 6 mars 1828
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Laure Hennequin-Lecomte, 2013

Marie Philippine Frédérique Dorothée d'Oberkirch est née en 1777. Elle est la fille unique de la célèbre mémorialiste, Henriette-Louise d’Oberkirch, fille de François-Louis comte de Waldner et de Wilhelmine de Berckheim de Ribeauvillé. Le père de Marie, Charles Siegfried d’Oberkirch appartient au patriciat strasbourgeois : il est conseiller noble de la Chambre des Quinze au Sénat de Strasbourg. Du côté maternel, Marie descend de deux des plus anciennes familles nobles d'Alsace. Sa mère est l’amie des plus grandes familles d’Europe, en particulier de la princesse Dorothée de Wurtemberg. Après le mariage de cette dernière avec le grand-duc Paul de Russie, les deux amies entretiennent une correspondance suivie pendant de longues années. En 1782, Marie demeure à Strasbourg avec son père alors que sa mère participe au périple de son amie, la grande duchesse de Bourbon, dans les Pays-Bas. En 1786, Marie séjourne à Paris avec ses parents. En 1788, elle partage le plus clair de son temps avec sa mère qui a décidé de se consacrer à son éducation, prenant moins part à la vie mondaine. En 1788, Marie passe l’hiver à Strasbourg où elle devient l’amie des quatre sœurs de Berckheim : Henriette, Amélie, Octavie et Fanny. Celles qui sont passées à la postérité comme « les demoiselles de Berckheim », sont aussi de lointaines parentes et, appartenant à « la noblesse immémoriale », sont fort appréciées de sa mère. L’été, elle séjourne avec celle-ci à Stotzheim où elle reçoit ses amies ainsi qu’elle le fait en hiver dans leur hôtel strasbourgeois situé dans l’impasse de la Corneille. Elle entretient aussi des relations amicales solides avec les filles du poète Pfeffel, et notamment avec Frédérique, la fille préférée du fondateur de l’Académie militaire. Marie est un des membres actifs du cercle, littéraire et amical, de Schoppenwihr. Elle y est surnommée «Germandrée» alors que sa mère y est assimilée à «Cornélie», mère des Gracques. Accompagnée de celle-ci et des demoiselles de Berckheim, elle rend visite au pasteur Oberlin à Waldersbach, ce dont témoigne le journal intime de l’aînée des demoiselles Berkheim, Octavie. En 1797, elle félicite son amie Amélie de Berckheim de son mariage avec Jean-Albert-Frédéric de Dietrich. Elle se marie à son tour en 1798 avec Louis Simon Bernard, comte de Montbrison, par la suite recteur de l'Université de Strasbourg. Ses noces ont lieu la même année que celles de sa grande amie et correspondante Annette de Rathsamhausen avec l’idéologue Joseph de Gérando. En 1793, alors que ses parents sont dénoncés et arrêtés en raison de la « loi des suspects », Marie demande à Foussedoire, le représentant du peuple, d’être emprisonnée avec sa mère qu’elle soutient moralement par-delà leur libération en juillet 1794 et qui meurt en 1803, affaiblie par le décès de son époux en 1797. En 1801, Marie séjourne avec son mari au château de Vizille. Elle y retrouve Henriette de Berckheim, épouse d’Augustin Perier, et Annette de Rathsamhausen. En relation épistolaire avec Amélie de Berckheim devenue une de Dietrich, elle la revoit ainsi que les anciens condisciples du cercle de Schoppenwihr, lors de séjours parisiens. Marie meurt en 1828.
En 1853, son fils publie les écrits autobiographiques de sa grand-mère. Si les Mémoires de la Baronne d'Oberkirch témoignent, entre autres, de la vie des familles patriciennes alsaciennes telle que la jauge, selon une éthique nobiliaire traditionnelle, un de ses membres avisés, la correspondance de la fille souligne l’activité intellectuelle et sociale des élites rhénanes, naviguant entre l’Alsace et Paris au tournant de la période contemporaine. On commence à peine à mesurer l’importance de ces sociabilités provinciales où les femmes jouèrent un rôle essentiel.

Oeuvres

  • 1797-1827 : Correspondance des Demoiselles de Berckheim et de leurs amis, précédée d'un extrait du Journal de Mlle Octavie de Berckheim et d'une préface de M. Philippe Godet, Paris et Neuchâtel, Imprimerie Delachaux et Niestlé, 1889, 2 vol.

Principales sources

  • Oberkirch, Baronne de, Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789, Paris, Mercure de France, coll. « Le Temps retrouvé », 1989.

Choix bibliographique

  • Kintz, Jean-Pierre et al., (dir), Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, n°28,Strasbourg, Fédération d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 1994, p.2865-2867.
  • Hennequin-Lecomte, Laure, "Le Ban de la Roche d’Oberlin : éthique du paysage et pastorale du « Cèdre »", CTHS, 6-11 avril 2010, Faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Neuchâtel, Suisse, 135e congrès des sociétés historiques et scientifiques, Paysage et religions, thème 6 (publication électronique en cours) [1].
  • Hennequin-Lecomte, Laure, Le patriciat strasbourgeois (1789-1830), Destins croisés et voix intimes', Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2011.

Choix iconographique

  • date inconnue (1777-1827) ? : Guérin, "Portrait", collection particulière de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg –- Reproduction dans Kintz, Jean-Pierre et al., (dir), 'Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne', n°28, Strasbourg Fédération d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 1994, p. 2866 [2].

Jugements

  • « Après notre séjour en ville, je suis allée à Stotzheim, cette demeure charmante habitée par des anges : Mme d’Oberkirch et sa fille. La nature y est dans tout son éclat et la vertu dans toute sa grâce. La paix de leurs âmes, la bonté de leurs cœurs et la culture de leurs esprits répandaient un vrai baume sur mon cœur. » (Octavie de Berckheim, dans Correspondance des Demoiselles de Berckheim et de leurs amis, précédée d'un extrait du Journal de Mlle Octavie de Berckheim et d'une préface de M. Philippe Godet, Paris et Neuchâtel, Imprimerie Delachaux et Niestlé 1889, t. 1, p. 31-32).
  • « Marie fait plaisir à voir, le bonheur embellit ; et le bonheur est peint sur sa physionomie. Elle est bonne comme à l’ordinaire, mais plus aimable et plus tendre. » (Fanny de Berckheim, Correspondance des Demoiselles de Berckheim, voir supra, p.204).
  • « J’ai revu et embrassé Marie, dans tout l’épanouissement de cette jeunesse de cœur, qui est la plus vive image du bonheur. Sa bonté m’a touchée, sa beauté m’a éblouie. Je me suis sentie le plus grand désir de lui ressembler, et pourtant sa charmante figure, ses grâces, ses talents, n’ont aucune part à ce souhait ; je suis, heureusement, depuis longtemps détachée de tout désir de succès à cet égard, mais je voudrais avoir le calme vertueux de Marie, sa douceur, son application, ses lumières. » (Annette de Rathsamhausen, dans Gustave de Gérando, Lettres de la baronne de Gérando, née de Rathsamhausen, suivies de fragments d'un journal écrit par elle de 1800 à 1804, Paris, Didier et Compagnie, 1880, p. 38).
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