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Quelques lignées, dont la geste est connue depuis le Moyen Age, se caractérisent par une ouverture européenne, en lien avec leur ancrage frontalier, de part et d’autre de la France, des Etats allemands et la Suisse. De la fin du siècle des Lumières jusqu’au début de la période contemporaine, ces anciennes familles rhénanes du deuxième ordre, présentent quelques spécificités par rapport à d’autres aristocraties du royaume. Traditionnellement, leur sociabilité se définit par une saison à la ville et à la campagne. Elles résident l’hiver à Strasbourg, capitale de la province et ville libre royale depuis 1681. Dans des hôtels particuliers, elles y reçoivent représentants du roi et princes allemands possessionnés en Alsace. L’été, elles séjournent dans leurs propriétés à la campagne dont elles tirent l’essentiel de leurs revenus. Elles se consacrent à améliorer leurs terres et leur esprit, les protestants voisinant en bonne intelligence avec les catholiques. Les demoiselles de Berckheim ont pour amie [[Annette de Ratsamhausen]]. Ces noblesses maintiennent leur prééminence de l’Ancien Régime après 1789. Les barons de Berckheim, mentionnés pour la première fois en 1197, seigneurs de Schoppenwihr, s’adaptent aux bouleversements de la Révolution. Philippe-Frédéric, capitaine au régiment d'Alsace, député à l'assemblée provinciale de 1787 voit son fils aîné Sigismond, en quête de gloire et partisan de l’aventure d’un monde nouveau, se distinguer comme officier de cavalerie pendant l’Empire et devenir député de la Restauration. Leurs stratégies matrimoniales se réalisent avec des familles illustres, des anoblis de fraîche date, à la fois par l’Empereur et le roi de France, comme les Dietrich, et des notables dauphinois industriels comme les Perier. Leurs alliances s’inscrivent de part et d’autre du Rhin, non pas frontière mais trait d’union. Ces élites cultivées, ouvertes à l’Aufklärung et aux Lumières, se caractérisent par le bilinguisme. La future mémorialiste Henriette-Louise de Waldner de Freundstein illustre cette double culture, appréciant Goethe et Wieland comme Beaumarchais et Rousseau. Par son mariage avec Charles Siegfried, baron d’Oberkirch, dont la famille a fourni au roi de France des officiers de mérite depuis les traités de Wesphalie, elle est l’exemple d’une union entre deux courants nobiliaires différents. Ce mariage, entre un Alsacien du Nord et une Alsacienne du Sud, montre le Nord plus marqué par la culture germanique et le Sud plus ouvert à la langue française, en raison de la proximité de la Franche-Comté. | Quelques lignées, dont la geste est connue depuis le Moyen Age, se caractérisent par une ouverture européenne, en lien avec leur ancrage frontalier, de part et d’autre de la France, des Etats allemands et la Suisse. De la fin du siècle des Lumières jusqu’au début de la période contemporaine, ces anciennes familles rhénanes du deuxième ordre, présentent quelques spécificités par rapport à d’autres aristocraties du royaume. Traditionnellement, leur sociabilité se définit par une saison à la ville et à la campagne. Elles résident l’hiver à Strasbourg, capitale de la province et ville libre royale depuis 1681. Dans des hôtels particuliers, elles y reçoivent représentants du roi et princes allemands possessionnés en Alsace. L’été, elles séjournent dans leurs propriétés à la campagne dont elles tirent l’essentiel de leurs revenus. Elles se consacrent à améliorer leurs terres et leur esprit, les protestants voisinant en bonne intelligence avec les catholiques. Les demoiselles de Berckheim ont pour amie [[Annette de Ratsamhausen]]. Ces noblesses maintiennent leur prééminence de l’Ancien Régime après 1789. Les barons de Berckheim, mentionnés pour la première fois en 1197, seigneurs de Schoppenwihr, s’adaptent aux bouleversements de la Révolution. Philippe-Frédéric, capitaine au régiment d'Alsace, député à l'assemblée provinciale de 1787 voit son fils aîné Sigismond, en quête de gloire et partisan de l’aventure d’un monde nouveau, se distinguer comme officier de cavalerie pendant l’Empire et devenir député de la Restauration. Leurs stratégies matrimoniales se réalisent avec des familles illustres, des anoblis de fraîche date, à la fois par l’Empereur et le roi de France, comme les Dietrich, et des notables dauphinois industriels comme les Perier. Leurs alliances s’inscrivent de part et d’autre du Rhin, non pas frontière mais trait d’union. Ces élites cultivées, ouvertes à l’Aufklärung et aux Lumières, se caractérisent par le bilinguisme. La future mémorialiste Henriette-Louise de Waldner de Freundstein illustre cette double culture, appréciant Goethe et Wieland comme Beaumarchais et Rousseau. Par son mariage avec Charles Siegfried, baron d’Oberkirch, dont la famille a fourni au roi de France des officiers de mérite depuis les traités de Wesphalie, elle est l’exemple d’une union entre deux courants nobiliaires différents. Ce mariage, entre un Alsacien du Nord et une Alsacienne du Sud, montre le Nord plus marqué par la culture germanique et le Sud plus ouvert à la langue française, en raison de la proximité de la Franche-Comté. |
Version du 9 décembre 2014 à 16:06
Notice de Laure Hennequin-Lecomte]], 2014
Quelques lignées, dont la geste est connue depuis le Moyen Age, se caractérisent par une ouverture européenne, en lien avec leur ancrage frontalier, de part et d’autre de la France, des Etats allemands et la Suisse. De la fin du siècle des Lumières jusqu’au début de la période contemporaine, ces anciennes familles rhénanes du deuxième ordre, présentent quelques spécificités par rapport à d’autres aristocraties du royaume. Traditionnellement, leur sociabilité se définit par une saison à la ville et à la campagne. Elles résident l’hiver à Strasbourg, capitale de la province et ville libre royale depuis 1681. Dans des hôtels particuliers, elles y reçoivent représentants du roi et princes allemands possessionnés en Alsace. L’été, elles séjournent dans leurs propriétés à la campagne dont elles tirent l’essentiel de leurs revenus. Elles se consacrent à améliorer leurs terres et leur esprit, les protestants voisinant en bonne intelligence avec les catholiques. Les demoiselles de Berckheim ont pour amie Annette de Ratsamhausen. Ces noblesses maintiennent leur prééminence de l’Ancien Régime après 1789. Les barons de Berckheim, mentionnés pour la première fois en 1197, seigneurs de Schoppenwihr, s’adaptent aux bouleversements de la Révolution. Philippe-Frédéric, capitaine au régiment d'Alsace, député à l'assemblée provinciale de 1787 voit son fils aîné Sigismond, en quête de gloire et partisan de l’aventure d’un monde nouveau, se distinguer comme officier de cavalerie pendant l’Empire et devenir député de la Restauration. Leurs stratégies matrimoniales se réalisent avec des familles illustres, des anoblis de fraîche date, à la fois par l’Empereur et le roi de France, comme les Dietrich, et des notables dauphinois industriels comme les Perier. Leurs alliances s’inscrivent de part et d’autre du Rhin, non pas frontière mais trait d’union. Ces élites cultivées, ouvertes à l’Aufklärung et aux Lumières, se caractérisent par le bilinguisme. La future mémorialiste Henriette-Louise de Waldner de Freundstein illustre cette double culture, appréciant Goethe et Wieland comme Beaumarchais et Rousseau. Par son mariage avec Charles Siegfried, baron d’Oberkirch, dont la famille a fourni au roi de France des officiers de mérite depuis les traités de Wesphalie, elle est l’exemple d’une union entre deux courants nobiliaires différents. Ce mariage, entre un Alsacien du Nord et une Alsacienne du Sud, montre le Nord plus marqué par la culture germanique et le Sud plus ouvert à la langue française, en raison de la proximité de la Franche-Comté.