Hedwig Margrethe Elisabeth von Ranzau : Différence entre versions

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Hedwig von Rantzau, née vers 1625, à Hadersleben, est issue d’une famille noble du Schleswig-Holstein, province alors danoise, dont son père Gehrard est le gouverneur. Il meurt en 1627, peu après la naissance de sa benjamine. Au décès de sa mère, Dorothea Brockdorff (1630), l’éducation d’Hedwig est confiée aux d’Ahlefelt, parents des Rantzau, qui l’élèvent dans la foi luthérienne. Vers 1638-1639, elle épouse son petit-cousin Josias, moins fortuné qu’elle, mais déjà illustre sur les champs de bataille, au service de l’Empire, de la Suède, puis de la France. Installée avec lui à Paris dès 1640, Mme de Rantzau s’investit dans la catéchèse auprès de ses coreligionnaires. Elle paraît également à la cour, où [[Anne d'Autriche]]  travaille à sa conversion. Mais Hedwig résiste et triomphe des tentatives d’approches des théologiens catholiques. Quand elle ne suit pas son mari sur les champs de bataille, la comtesse fréquente l’aristocratie parisienne, et, donc, bon nombre de militants catholiques. Pierre Colombet, curé de Saint-Germain l’Auxerrois, finit par ébranler ses convictions. Elle abjure en 1643 et s’engage dans l’autre camp. Paroissienne de Jean-Jacques Olier et disciple de Vincent de Paul, elle devient une lectrice assidue de François de Sales. S’associant aux œuvres des Dames de la Charité, elle travaille aux côtés de la [[Marie-Madeleine de Vignerot|duchesse d’Aiguillon]], de la [[Charlotte-Marguerite de Montmorency|princesse de Condé]]  et de [[Louise-Marie de Gonzague]] , œuvre à la conversion des protestants, obtenant, notamment, celle de son mari en 1645, et fréquente les parloirs des couvents, salons spirituels où se bouscule la bonne société civile et religieuse. Lors de la Fronde, le maréchal paie le prix fort de sa proximité avec Condé. Emprisonné à Vincennes en 1649, puis libéré l’année suivante, il meurt peu après. Sa veuve, qu’il a en partie ruinée, projette de se retirer du monde. La protection de Mazarin et d’[[Anne d'Autriche]] lui permet d’espérer une place dans un établissement prestigieux. Mais son choix se porte sur le modeste couvent de l’Annonciade céleste , que [[Marie Dauvaine|Marie Agnès Dauvaine]], a rendu célèbre pour son respect de la [[clôture]]. Elle y prend l’habit en 1652 en présence de son amie la [[Marie de Hautefort|duchesse de Schomberg]]. Devenue Mère Marie Élisabeth, elle garde un contact régulier avec le monde, à travers les grilles. Les quémandeurs d’avis spirituels se pressent au parloir, encouragés par le clergé, tandis que le St-Siège lui accorde la permission d’y poursuivre son œuvre de mission auprès des luthériens allemands de passage à Paris. Elle aurait joué à cette occasion un rôle diplomatique important dans la mise en place de la Ligue du Rhin (1658). Prieure entre 1660 et 1663, elle ne l’est plus quand arrive [[Angélique Arnauld d'Andilly|Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly]], déplacée de Port-Royal chez les annonciades, sur ordre de l’archevêque de Paris (1664). La crise janséniste  bat alors son plein. Durant plus de dix mois, deux fortes personnalités s’affrontent : lorsque l’autorité pontificale a parlé, il n’y a point de place chez Mme de Rantzau pour la liberté de conscience, ce à quoi ne peut souscrire la moniale de Port-Royal. L’annonciade ne parvient pas à convertir son adversaire. En 1665, elle s’entretient encore avec son compatriote l’anatomiste Niels Stensen qui témoigne avoir discuté avec elle de la question de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. L’année suivante, elle part ériger un couvent à Hildesheim (Basse-Saxe), encore largement occupée par les luthériens. Elle y est invitée par le duc de Brunswick-Calenberg, récemment converti, qui prend la nouvelle communauté d’annonciades sous sa protection. Pendant quarante ans, la fondatrice y déploie une énergie considérable pour assurer l’avenir matériel et spirituel de l’établissement et poursuivre sans relâche son œuvre de reconquête catholique. Elle s’éteint le 7 février 1706 dans sa fondation saxonne, devenue lieu d’accueil pour d’anciennes protestantes converties par ses soins.<br>  
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Hedwig von Rantzau, née vers 1625, à Hadersleben, est issue d’une famille noble du Schleswig-Holstein, province alors danoise, dont son père Gehrard est le gouverneur. Il meurt en 1627, peu après la naissance de sa benjamine. Au décès de sa mère, Dorothea Brockdorff (1630), l’éducation d’Hedwig est confiée aux d’Ahlefelt, parents des Rantzau, qui l’élèvent dans la foi luthérienne. Vers 1638-1639, elle épouse son petit-cousin Josias, moins fortuné qu’elle, mais déjà illustre sur les champs de bataille, au service de l’Empire, de la Suède, puis de la France. Installée avec lui à Paris dès 1640, Mme de Rantzau s’investit dans la catéchèse auprès de ses coreligionnaires. Elle paraît également à la cour, où [[Anne d'Autriche]]  travaille à sa conversion. Mais Hedwig résiste et triomphe des tentatives d’approches des théologiens catholiques. Quand elle ne suit pas son mari sur les champs de bataille, la comtesse fréquente l’aristocratie parisienne, et, donc, bon nombre de militants catholiques. Pierre Colombet, curé de Saint-Germain l’Auxerrois, finit par ébranler ses convictions. Elle abjure en 1643 et s’engage dans l’autre camp. Paroissienne de Jean-Jacques Olier et disciple de Vincent de Paul, elle devient une lectrice assidue de François de Sales. S’associant aux œuvres des Dames de la Charité, elle travaille aux côtés de la [[Marie-Madeleine de Vignerot|duchesse d’Aiguillon]], de la [[Charlotte-Marguerite de Montmorency|princesse de Condé]]  et de [[Louise-Marie de Gonzague]] , œuvre à la conversion des protestants, obtenant, notamment, celle de son mari en 1645, et fréquente les parloirs des couvents, salons spirituels où se bouscule la bonne société civile et religieuse. Lors de la Fronde, le maréchal paie le prix fort de sa proximité avec Condé. Emprisonné à Vincennes en 1649, puis libéré l’année suivante, il meurt peu après. Sa veuve, qu’il a en partie ruinée, projette de se retirer du monde. La protection de Mazarin et d’[[Anne d'Autriche]] lui permet d’espérer une place dans un établissement prestigieux. Mais son choix se porte sur le modeste couvent de l’Annonciade céleste , que [[Marie Dauvaine|Marie Agnès Dauvaine]], a rendu célèbre pour son respect de la [[clôture]]. <br>
Connue à Hildesheim mais oubliée en France, Mme de Rantzau s’est illustrée comme agent actif de la Contre-Réforme, conjuguant activités catéchétiques, apologétiques et missionnaires. Aristocrate luthérienne puis nouvelle catholique, maréchale et membre de la cour puis contemplative cloîtrée, elle a expérimenté  tous les états réservés aux femmes de son temps (mariage, veuvage, vie consacrée) et articulé savamment son désir de retraite spirituelle à l’entretien d’un riche réseau relationnel qui l’a maintenue en contact permanent avec de grands acteurs de la vie politique, intellectuelle et religieuse.  
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Elle y prend l’habit en 1652 en présence de son amie la [[Marie de Hautefort|duchesse de Schomberg]]. Devenue Mère Marie Élisabeth, elle garde un contact régulier avec le monde, à travers les grilles. Les quémandeurs d’avis spirituels se pressent au parloir, encouragés par le clergé, tandis que le St-Siège lui accorde la permission d’y poursuivre son œuvre de mission auprès des luthériens allemands de passage à Paris. Elle aurait joué à cette occasion un rôle diplomatique important dans la mise en place de la Ligue du Rhin (1658). Prieure entre 1660 et 1663, elle ne l’est plus quand arrive [[Angélique Arnauld d'Andilly|Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly]], déplacée de Port-Royal chez les annonciades, sur ordre de l’archevêque de Paris (1664). La crise janséniste  bat alors son plein. Durant plus de dix mois, deux fortes personnalités s’affrontent : lorsque l’autorité pontificale a parlé, il n’y a point de place chez Mme de Rantzau pour la liberté de conscience, ce à quoi ne peut souscrire la moniale de Port-Royal. L’annonciade ne parvient pas à convertir son adversaire. En 1665, elle s’entretient encore avec son compatriote l’anatomiste Niels Stensen qui témoigne avoir discuté avec elle de la question de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. <br>
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L’année suivante, elle part ériger un couvent à Hildesheim (Basse-Saxe), encore largement occupée par les luthériens. Elle y est invitée par le duc de Brunswick-Calenberg, récemment converti, qui prend la nouvelle communauté d’annonciades sous sa protection. Pendant quarante ans, la fondatrice y déploie une énergie considérable pour assurer l’avenir matériel et spirituel de l’établissement et poursuivre sans relâche son œuvre de reconquête catholique. Elle s’éteint le 7 février 1706 dans sa fondation saxonne, devenue lieu d’accueil pour d’anciennes protestantes converties par ses soins.<br>  
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Connue à Hildesheim mais oubliée en France, Mme de Rantzau s’est illustrée comme agent actif de la Contre-Réforme, conjuguant activités catéchétiques, apologétiques et missionnaires. Aristocrate luthérienne puis nouvelle catholique, maréchale et membre de la cour puis contemplative cloîtrée, elle a expérimenté  tous les états réservés aux femmes de son temps (mariage, veuvage, vie consacrée) et articulé savamment son désir de retraite spirituelle à l’entretien d’un riche réseau relationnel qui l’a maintenue en contact permanent avec de grands acteurs de la vie politique, intellectuelle et religieuse.
  
 
==Oeuvres==
 
==Oeuvres==

Version du 25 janvier 2014 à 18:28

Hedwig Margrethe Elisabeth von Ranzau
Titre(s) Comtesse von Ranzau (ou Rantzau)
Conjoint(s) Josias von Ranzau, maréchal de France
Dénomination(s) La Maréchale de Ranzau (ou Rantzau), Madame de Ranzau (ou Rantzau), Mère Marie Elisabeth de l'Annonciade
Biographie
Date de naissance Hadersleben (Holstein) vers 1625
Date de décès Hildesheim, 1706
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice

Hedwig von Rantzau, née vers 1625, à Hadersleben, est issue d’une famille noble du Schleswig-Holstein, province alors danoise, dont son père Gehrard est le gouverneur. Il meurt en 1627, peu après la naissance de sa benjamine. Au décès de sa mère, Dorothea Brockdorff (1630), l’éducation d’Hedwig est confiée aux d’Ahlefelt, parents des Rantzau, qui l’élèvent dans la foi luthérienne. Vers 1638-1639, elle épouse son petit-cousin Josias, moins fortuné qu’elle, mais déjà illustre sur les champs de bataille, au service de l’Empire, de la Suède, puis de la France. Installée avec lui à Paris dès 1640, Mme de Rantzau s’investit dans la catéchèse auprès de ses coreligionnaires. Elle paraît également à la cour, où Anne d'Autriche travaille à sa conversion. Mais Hedwig résiste et triomphe des tentatives d’approches des théologiens catholiques. Quand elle ne suit pas son mari sur les champs de bataille, la comtesse fréquente l’aristocratie parisienne, et, donc, bon nombre de militants catholiques. Pierre Colombet, curé de Saint-Germain l’Auxerrois, finit par ébranler ses convictions. Elle abjure en 1643 et s’engage dans l’autre camp. Paroissienne de Jean-Jacques Olier et disciple de Vincent de Paul, elle devient une lectrice assidue de François de Sales. S’associant aux œuvres des Dames de la Charité, elle travaille aux côtés de la duchesse d’Aiguillon, de la princesse de Condé et de Louise-Marie de Gonzague , œuvre à la conversion des protestants, obtenant, notamment, celle de son mari en 1645, et fréquente les parloirs des couvents, salons spirituels où se bouscule la bonne société civile et religieuse. Lors de la Fronde, le maréchal paie le prix fort de sa proximité avec Condé. Emprisonné à Vincennes en 1649, puis libéré l’année suivante, il meurt peu après. Sa veuve, qu’il a en partie ruinée, projette de se retirer du monde. La protection de Mazarin et d’Anne d'Autriche lui permet d’espérer une place dans un établissement prestigieux. Mais son choix se porte sur le modeste couvent de l’Annonciade céleste , que Marie Agnès Dauvaine, a rendu célèbre pour son respect de la clôture.
Elle y prend l’habit en 1652 en présence de son amie la duchesse de Schomberg. Devenue Mère Marie Élisabeth, elle garde un contact régulier avec le monde, à travers les grilles. Les quémandeurs d’avis spirituels se pressent au parloir, encouragés par le clergé, tandis que le St-Siège lui accorde la permission d’y poursuivre son œuvre de mission auprès des luthériens allemands de passage à Paris. Elle aurait joué à cette occasion un rôle diplomatique important dans la mise en place de la Ligue du Rhin (1658). Prieure entre 1660 et 1663, elle ne l’est plus quand arrive Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, déplacée de Port-Royal chez les annonciades, sur ordre de l’archevêque de Paris (1664). La crise janséniste bat alors son plein. Durant plus de dix mois, deux fortes personnalités s’affrontent : lorsque l’autorité pontificale a parlé, il n’y a point de place chez Mme de Rantzau pour la liberté de conscience, ce à quoi ne peut souscrire la moniale de Port-Royal. L’annonciade ne parvient pas à convertir son adversaire. En 1665, elle s’entretient encore avec son compatriote l’anatomiste Niels Stensen qui témoigne avoir discuté avec elle de la question de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
L’année suivante, elle part ériger un couvent à Hildesheim (Basse-Saxe), encore largement occupée par les luthériens. Elle y est invitée par le duc de Brunswick-Calenberg, récemment converti, qui prend la nouvelle communauté d’annonciades sous sa protection. Pendant quarante ans, la fondatrice y déploie une énergie considérable pour assurer l’avenir matériel et spirituel de l’établissement et poursuivre sans relâche son œuvre de reconquête catholique. Elle s’éteint le 7 février 1706 dans sa fondation saxonne, devenue lieu d’accueil pour d’anciennes protestantes converties par ses soins.
Connue à Hildesheim mais oubliée en France, Mme de Rantzau s’est illustrée comme agent actif de la Contre-Réforme, conjuguant activités catéchétiques, apologétiques et missionnaires. Aristocrate luthérienne puis nouvelle catholique, maréchale et membre de la cour puis contemplative cloîtrée, elle a expérimenté tous les états réservés aux femmes de son temps (mariage, veuvage, vie consacrée) et articulé savamment son désir de retraite spirituelle à l’entretien d’un riche réseau relationnel qui l’a maintenue en contact permanent avec de grands acteurs de la vie politique, intellectuelle et religieuse.

Oeuvres

  • 1643-1662 : Correspondance (français et allemand) inédite sur des questions d’ordre spirituel, in Hanovre, Niedersächsichen Landesarchiv, Hannover Hauptastaatsarchiv, Hildesheim Br. 3, 12, « Annuntiatenkloster zu Hildesheim », n° 4.
  • 1653 : Copie d’une lettre de Mme de Rantzau à un prince allemand à propos de sa conversion et de son entrée en religion in Marburg, Hessiches Staatsarchiv, Staatenabteilung, Rantzau 2.
  • 1652 ? : Élégie de Madame la Mareschale de Ransau à M. le comte de Ransau, son père, sur sa retraite au couvent de l’Annonciade de Paris, s.l., s.d., in-4° (Bibliothèque Mazarine 18824 Z-23).
  • 1665 : « Lettre de Madame de Rantzau à Mademoiselle Sevin de Miramion, le 15 mai 1665 », in Relation de la captivité de la Mère Angélique de Saint-Jean, religieuse de Port-Royal, [Amsterdam], 1711, p. 290-292.
  • Une partie de sa correspondance en français, partiellement citée et traduite en allemand par Maria Krebs (Voir infra Choix bibliographique), est probablement encore conservée dans les archives du château de Breitenburg. Ces lettres ne figurent pas dans les fonds de la famille de Rantzau conservés au Landesarchiv Schleswig-Holstein.

Sources manuscrites

  • Langres, Dépôt d’Art sacré, « La Mère Elisabeth de Rantzau par le Rd Père Dumortier », [XIXe s.], 14 p.
  • Paris, Archives nationales, L 1040 (9) : Récit français des principaux événements survenus au couvent des annonciades célestes de Hildesheim en 1668-1669, 14 f. – (10) Récit du voyage depuis Paris et de la fondation du couvent des annonciades célestes à Hildesheim, par la sœur Marie Jeanne l’Evangéliste [de Bojois] en 1666, 33 f°.
  • Collection particulière, « Abrégé des vies des Religieuses de nostre Monastère de l’Annonciades célestes de Paris recueillies par nostre Rde mère Marie Agnès, première secrétaire du monastère les années 1642 et 1643 [et poursuivie ensuite] », copie XVIIIe s., p. 611-621.
  • Collection particulière, Chronique du couvent de l’Annonciade céleste de Paris, copie XVIIIe s., p. 66.

Sources imprimées

  • Camus, Jean-Pierre, Harangue funèbre sommairement discourue aux obsèques de... Josias Cte de Ransau, maréchal de France... célébrées à Paris le XXIII septembre MDCL, et puis plus amplement rédigée par écrit, Paris, G. Méturas, 1650.
  • de La Barre, Jean-Baptiste, La Vie de la vénérable mère Marie-Agnès Dauvaine, l'une des premières fondatrices du monastère de l'Annonciade céleste de Paris, recueillie sur les Mémoires des religieuses du même monastère et composée par un père de la Compagnie de Jésus, amy de l'ordre, Paris, E. Michallet, 1675, p. 285-290.
  • Loret, Jean, 'La Muze historique ou Recueil des lettres en vers contenant les nouvelles du temps', t. III, Paris, 1658, Lettre 11 (17 mars 1652) et 15 (21 avril 1652), p. 39 et 54.
  • Loret, Jean, La Muze historique…, Paris, Cl. Chenault, 1663-1665, Lettre du 10 octobre 1663.

Sources éditées

  • Arnauld d’Andilly, Angélique de Saint Jean, Aux portes des ténèbres. Relation de captivité, Préface de S. Lapaque, Notes de L. Cognet, Paris, Gallimard (La Table Ronde), 2005.
  • de Groot, Hugo, « Lettre du 1er novembre 1642 à de Wickefort », in Briefwisseling van Hugo Grotius, t. 13, éd H. J. M. Nellen et C. M. Ridderikhoff, La Haye, 1990, p. 501-502. [1]
  • Steno, Nicolas, Opera theologica, éd. K. Larsen et G. Scherz, t. 1, Copenhague, 1941, p. 191, 268.

Choix bibliographique

  • Henneau, Marie-Elisabeth, "Quand les religieuses cloîtrées sillonnent l’Europe, itinéraires transfrontaliers d’annonciades célestes au XVIIe s.", in Les rôles transfrontaliers joués par les femmes dans la construction de l’Europe, éd. Guyonne Leduc, Paris, L’Harmattan, coll. Des idées et des femmes, 2012, p. 177-188.
  • Krebs, Maria, « Maria Elisabeth von Rantzau (1625?-1706), Gründerin des Annuntiaten-Klosters in Hildesheim. Ein Leben am Rande großer Weltgeschichte », in Die Diözese Hildesheim, Zeitschrift des Vereins für Heimatkunde im Bistum Hildesheim, t. 44, 1976, p. 45-154.
  • Nowak, Gisela, Maria Elisabeth von Rantzau, Hildesheim, 1984.
  • Scherz, Gustav, « In einem Kloster von Hildesheim : Niels Stensen und Frau H. M. E. von Rantzau », in Die Diözese in Vergangenheit und Gegenwart, t. 31, 1962, p. 42-51.

Choix iconographique

  • Après 1653: Portrait de la Mère Marie Elisabeth de Rantzau en habit d’annonciade, Huile sur toile ?, Allemagne, Schleswig-Holstein, Château de Breitenburg -- Maria Krebs, « Maria Elisabeth von Rantzau (1625?-1706) », Voir supra Choix bibliographique, illustration 9 hors-texte.

Choix de liens électroniques

  • Le site de l’ « Elisabeth von Rantzau Schule » à Hildesheim fournit une courte biographie à propos de la patronne de l’école. [2]
  • Elisabeth von Rantzau demeure une figure locale populaire à Hildesheim. [3]

Jugements

  • « La maréchale de Ranszau
    Dont l’époux est dans le tombeau,
    Pour comble de ses infortunes,
    Depuis quatorze ou quinze lunes,
    Quoiqu'elle eût encor dans les yeux
    Des charmes doux et gracieux,
    Et malgré son triste veuvage,
    Tout plein d'attraits sur le visage,
    Souhaitant aveque ferveur.
    Aux pieds de son divin Sauveur,
    Consacrer tant d'aimables restes,
    Entra dans les Filles célestes
    Jeudy dernier, et dans ce lieu
    Se voua tout à fait à Dieu.
    De Schomberg la Noble Duchesse,
    Ma généreuse et belle Hôtesse,
    Dans son Carosse, l’a conduit
    en ce saint et sacré réduit
    Où l’on reçeut, aveque joye,
    Une si précieuse proye. »
    (Jean Loret, La Muze historique…, 1658, Voir supra Sources imprimées, t. III, Lettre du 17 mars 1652, p. 39)
  • « Madame] la comtesse de Ranseau, veuve de Mr de Ranseau, maréchal de France et gouverneur de Dunkerque […] ayant dès longtems le dessin d’estre Religieuse, poussée d’une vocation toute particulière, a demandé d’estre reçue dans notre monastère dont elle a fait le choix principalement à cause de la grande solitude et retraite du monde qui s’y [observe…], où après avoir mis ordre à ses affaires, elle a fait la sainte profession avec dessein d’estre traitée comme une simple religieuse, quoi qu’elle ait donné à la maison un bien très considérable et fait beaucoup d’accomodemens considérables à la maison. » (Chronique du couvent de l’Annonciade céleste de Paris [1652], Voir supra Sources manuscrites, p. 66)
  • [À propos de la conversion du duc Christian de Mecklembourg-Schwerin à laquelle plusieurs ont contribué…]
    « Et, mesmes, cette Maréchale,
    Dont la vertu n’a point d’égale,
    Directrice, aveque raizon,
    D’une sainte et chaste Maizon,
    A qui, pour ses rares mérites,
    Ce Prince rendoit des vizites,
    Ses charmans discours écoutoit,
    Et bien-souvent en profitoit.
    Bref l’on tient que cette belle Ame,
    cette aimable et prudente Dame,
    A de ce divin changement
    Été le premier fondement,
    Dieu se servant de sa sagesse
    Pour le salut de cette Altesse… »
    (Jean Loret, La Muze historique…, 1663-1665, Voir supra Sources imprimées, Lettre du 10 octobre 1663, np)
  • « Mme de Rantzau […] voulait que ces distinctions [entre le droit et le fait] fussent impossibles et qu’on dût un égal respect à tout ce que les papes décident, comme étant conduits en tout par le Saint-Esprit, et s’engagea à une application de tout cela à l’affaire présente d’une manière si peu raisonnable que je m’imaginai que c’était qu’elle n’en avait jamais ouï parler qu’en l’air, et qu’elle ne savait point du tout de quoi il s’agissait. Cela fit que je lui dis que j’aurais souhaité qu’elle voulût s’informer un peu de cette affaire, dont il était difficile de bien juger si on n’en savait le fond. Elle répliqua d’un air méprisant et d’un ton de Mme la Maréchale : 'Je sais tout ce que vous pouvez dire. Je sais ce que c’est que Moulina [Miguel de Molinos] et toute la suite'. Par là elle me rendit aussi savante, car je jugeai bien que, puisqu’elle en était si instruite qu’elle ne savait pas même bien juste le nom d’un si célèbre auteur, je n’avais beaucoup à disputer avec elle, et n’aurais qu’à la laisser dans la bonne opinion qu’elle avait, qu’elle savait tout. […] Comme elle est fort bonne, je ne sais si cela [refus d’Angélique de controverser davantage] la toucha, ou si pour d’autres considérations, elle changea de conduite à mon égard, mais le lendemain, elle vint devant la messe dans le chœur me faire elle-même quelque sorte d’excuse de ce qui avait pu me faire de la peine dans cet entretien, m’assurant qu’elle ne souhaitait que de me servir avec une véritable affection ; et depuis, elle a agi avec beaucoup plus de modération. » (Angélique de Saint Jean Arnauld d’Andilly, Relation de captivité [1664], Voir supra Sources éditées, p. 52-53 et 59)
  • [Au cours du voyage vers Hildesheim] À l’entrée des villes, les officiers qui gardaient la porte s’informoyent soigneusement qui nous estions, d’où nous venions et où nous allions, mais si tost qu’on entendoit le nom de Mme de Ranzau, ils estoyent en respect et n’avoyent nulle payne à nous laisser passer, joint aussi que nous avions de bons passeports et souvent encore, dans les carrosses des princes, ils voyoient leurs livrées, ils n’avoyent garde de nous nuire, bien au contraire. Nous avions tant de révérences et de coups de chapeau que merveille et pas un ne nous a dit aucune parolle fascheuse. Nous voyant, ils disoyent seullement par admiration 'voicy ces nones, vous diriez que ce sont des esprits'. » (« Récit du voyage…», 1666, Voir supra Sources manuscrites)
  • «Elle s’estoit rendue […] très sçavante dans tous les points de la foy orthodoxe contraires à la croyance des Protestans. Elle entendoit fort bien la langue latine : elle lisoit les autheurs de l’un et de l’autre party dans leurs propres ouvrages, elle conféroit assez souvent avec les plus sçavants et par ses ferventes prières et par ses bons exemples, comme par ses solides raisons, elle gagna enfin le coeur du mareschal. […] Dieu s’est quelques fois servy d’une femme pour convertir des peuples et des royaumes tous entiers. Il a converty tout l’Empire romain par sainte Hélène, la France par sainte Clotilde, l’Espagne par Ildegarde. Et qui sçait les desseins qu’il veut faire réussir par tant de belles qualitez qu’il a mises en celle dont nous parlons et qui a tant fait et tant quittté pour se rendre digne d’estre employée par luy à de si saintes intentions.» (Jean-Baptiste de La Barre, La Vie de la vénérable mère Marie-Agnès Dauvaine, Voir supra Sources imprimées, 1675, p. 287 et 290)
  • «[À Hildesheim] Elle ne borna pas sa charité à ceux qui vouloient ou qui estoient sortis de l’hérésie. Elle ne connut jamais d’indigence que son cœur et sa main ne fussent ouverte pour la secourir. On estoit si persuadé que sa charité embrassoit tout, qu’un jour un père dénaturé ayant exposé en vente dans le marché une petite fille qu’il avoit, on en vint donner avis à notre mère qui l’envoya quérir dans le moment, donna à ce malheureux ce qu’il voulut et eslevea cet enfant dans sa maison où elle a esté Religieuse. La conduite de la mère Marie Elisabeth ne fut pas aprouvée de tous, on lui représenta plusieurs fois qu’elle ruineroit son monastère, elle qui scavoit que c’est donner à Dieu que de jetter dans le sein du pauvre, ne put goûter ses avis qui ne s’accordoient point avec sa foy et sa parfaite confiance. » («Abrégé des vies des Religieuses de nostre Monastère de l’Annonciades célestes de Paris…», XVIIIe s., Voir supra Sources manuscrites, p. 619)
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