Angélique-Marguerite Leboursier/Aloïs Delacoux : Différence entre versions
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[70] '''DUCOUDRAY (ANGÉLIQUE-MARGUERITE LEBOURSIER)'''. Sage-femme jurée de la ville et des faubourgs de Paris, agrégée à la Communauté des maîtres chirurgiens de la ville de Clermont-Ferrand, née en ce dernier lieu en 1712, morte en 1789. | [70] '''DUCOUDRAY (ANGÉLIQUE-MARGUERITE LEBOURSIER)'''. Sage-femme jurée de la ville et des faubourgs de Paris, agrégée à la Communauté des maîtres chirurgiens de la ville de Clermont-Ferrand, née en ce dernier lieu en 1712, morte en 1789. | ||
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[70] DUCOUDRAY (ANGÉLIQUE-MARGUERITE LEBOURSIER). Sage-femme jurée de la ville et des faubourgs de Paris, agrégée à la Communauté des maîtres chirurgiens de la ville de Clermont-Ferrand, née en ce dernier lieu en 1712, morte en 1789.
Marguerite Leboursier fut placée, jeune encore, comme apprentie dans l’art des accouchemens, chez la dame Bairsin, sage-femme renommée à Paris, qui l’instruisit dans la théorie et la forma à la pratique de l’obstétrique. Après plusieurs années d’étude et d’exercice sous la direction de cette patronne, elle obtint ses grades à Saint-Côme, le 26 septembre 1739; et, par jugement de police du 21 février suivant, le titre de jurée lui fut conféré.
Pourvue d’une éducation première et formée dans sa profession par des études régulières, Marguerite Leboursier se fit bientôt remarquer par ses succès et son instruction, et acquit la confiance publique qui la plaça non-seulement au premier rang de sa condition, mais au niveau des praticiens accoucheurs les plus famés.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, Paris était à peu près le [71] seul endroit de la France qui possédât des sages-femmes et même des chirurgiens habiles dans l’art obstétrical. L’enseignement de cet art manquait à peu près complètement partout ailleurs. Ses rapports et ses relations avec quelques personnages éminens valurent à la dame Ducoudray l’honneur plutôt que la faveur d’être brévetée et pensionnée par le Roi, à l’effet de répandre l’instruction par des cours et de former des élèves sages-femmes dans les provinces. Comme professeur habile et méthodique, elle fut appréciée aussi bien par les médecins que par les personnes du monde; les premiers suivirent ses cours, et y puisèrent des connaissances véritables. Nous voyons qu’en 1766 elle fut mandée et priée par les médecins de l’école navale de Rochefort, de faire, au profit de cette école, un cours théorique et pratique d’accouchement. Ces mêmes médecins au nombre desquels nous avons connu les Clemot, les Tardif, les Vivez, hommes supérieurs à tous égards, donnèrent à la célèbre accoucheuse des témoignages authentiques de la plus profonde estime et de la plus vive reconnaissance. Le premier de ces médecins a joui d’une célébrité justement méritée, en cet art même que lui avait enseigné la dame Ducoudray. Dans toutes les provinces du midi, dans celles du nord, de la Flandre et de l’Artois, pendant une longue suite d’années, elle répandit les connaissances utiles de son art. Ce que ne pouvait ce mode défectueux d’instruction, la dame Ducoudray l’obtenait par sa patience, son zèle, et surtout par sa méthode simple, claire et exacte. Aussi recueillait-elle partout les témoignages les plus honorables de la reconnaissance publique et ceux en particulier des hommes de l’art. Peu de femmes de sa profession furent entourées de plus [72] d’estime et de considération. En rapport avec les grands de l’époque, elle ne profita de son crédit que pour faire et répandre le bien, sans jamais rien perdre de son indépendance. Necker, l’évêque d’Acqs, Laneuville, l’intendant Caumartin furent du nombre des personnes qui correspondirent le plus affectueusement avec cette femme de bien.
Madame Ducoudray s’éleva à la hauteur de son art comme praticienne et comme professeur. Esprit juste, elle indiqua de grandes choses à créer, utiles à la science, plus utiles encore à l’humanité. La fondation d’hospices de Maternité, dans beaucoup de grandes villes, lui est due. En 1786 elle demanda pour Bordeaux un établissement de ce genre qu’elle ne put obtenir. Ce que refusa la puissance monarchique, fut réalisé sous la puissance républicaine, en 1794, sur la demande de Coutanceau, élève et neveu de cette célèbre sage-femme.
La carrière de la dame Ducoudray ne se borna point à des devoirs d’humanité et à répandre l’instruction, elle sut encore mettre à profit sa longue expérience et la résumer dans un travail qui a pour titre: Abrégé de l’Art des Accouchemens. Ce livre, qui ne renferme que les règles principales de l’art, constitue la science première des élèves sages-femmes. Il paraît avoir été écrit, bien plus sous l’empire d’un sentiment de charité et de pitié, que sous l’influence et dans des vues d’amour-propre; comme le dit l’auteur dans son avant-propos, la compassion seule l’a rendue auteur.
La difficulté de se faire comprendre aux esprits accoutumés à ne rien saisir que par les sens, lui fit prendre le parti de rendre ses leçons palpables en faisant manoeuvrer [73] les élèves devant elle sur une machine qu’elle construisit à cet effet, qui représentait le bassin d’une femme, la matrice, son orifice, ses ligamens, un modèle d’enfant de grandeur naturelle; en un mot un mannequin complet. Au dire de l’auteur, elle fut la première qui en France ait enseigné artificiellement la manoeuvre des accouchemens. Quoi qu’il en soit, l’appareil imaginé ou perfectionné par madame Ducoudray fut approuvé par l’Académie de chirurgie, ainsi qu’on le voit par l’extrait des registres du 1er décembre 1758, sur le rapport de Verdier et de Levret, nommés commissaires par la même Académie. Pour rendre plus sensibles les démonstrations des accouchemens par son ouvrage, l’auteur a ajouté à la 2e édition de 1777 des planches coloriées.