Françoise d'Issembourg d'Happencourt : Différence entre versions

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Françoise de Grafigny, née Françoise d'Issembourg d'Happencourt, naît à Nancy en 1695. Elle meurt à Paris le 12 décembre 1758. En 1712, elle épouse François Huguet de Grafigny, officier dans l'armée de Lorraine. Leur union est juridiquement séparée au bout de quelques années, car son mari se révèle violent. Plus tard, il est jugé tellement dangereux qu'on l'enferme dans une maison de santé où il meurt en 1725. Les trois enfants issus de cette union meurent en bas âge. Jusqu'en 1737, Françoise de Grafigny vit à la cour de Lorraine, où elle fait ses premières essais littéraires avec son cercle d'amis auquel appartiennent alors François-Antoine Devaux, l'actrice Clairon Lebrun et Nicolas Liébault. Après la dissolution de la cour de Lunéville, elle loge chez des amis et dans des cloîtres. À cette époque, elle commence sa correspondance avec son ami François-Antoine Devaux, dit Panpan. L'hiver 1738-39, passé chez Madame du Châtelet et Voltaire à Cirey, constitue une partie particulièrement intéressante de cette correspondance puisqu'elle nous introduit dans la vie intime de ces deux célébrités et finit par un éclat: Françoise de Grafigny est accusée par Mme du Châtelet d'avoir divulgué une partie du manuscrit de''La Pucelle ''de Voltaire''.'' En 1739, Françoise de Grafigny vient vivre à Paris chez la duchesse de Richelieu. Puis, elle passe des années dans des cloitres comme dame de compagnie. À partir de l'année 1742, elle fréquente le salon de l'actrice Mademoiselle Quinault, «Le Bout du Banc», pour lequel elle compose deux nouvelles: ''La'' ''Nouvelle Espagnole'' et ''La Princesse Azerolle'' en 1744. Malgré des soucis financiers permanents, elle commence en 1751 à présider à son propre salon dans son appartement près du Luxembourg; parmi les habitués figurent de nombreux jeunes écrivains, mais aussi Helvétius, Turgot, Malesherbes, le Duc de Choisel ainsi que Voltaire et Rousseau. Vers cette période, elle se met à composer des pièces en un acte (''Ziman et Zénise, L'ignorant présomptueux, Le Temple de la vertu)'' pour les enfants de Marie-Thérèse. Certaines de ces pièces ont été représentées à Vienne, et publiées de façon posthume.
 
Françoise de Grafigny, née Françoise d'Issembourg d'Happencourt, naît à Nancy en 1695. Elle meurt à Paris le 12 décembre 1758. En 1712, elle épouse François Huguet de Grafigny, officier dans l'armée de Lorraine. Leur union est juridiquement séparée au bout de quelques années, car son mari se révèle violent. Plus tard, il est jugé tellement dangereux qu'on l'enferme dans une maison de santé où il meurt en 1725. Les trois enfants issus de cette union meurent en bas âge. Jusqu'en 1737, Françoise de Grafigny vit à la cour de Lorraine, où elle fait ses premières essais littéraires avec son cercle d'amis auquel appartiennent alors François-Antoine Devaux, l'actrice Clairon Lebrun et Nicolas Liébault. Après la dissolution de la cour de Lunéville, elle loge chez des amis et dans des cloîtres. À cette époque, elle commence sa correspondance avec son ami François-Antoine Devaux, dit Panpan. L'hiver 1738-39, passé chez Madame du Châtelet et Voltaire à Cirey, constitue une partie particulièrement intéressante de cette correspondance puisqu'elle nous introduit dans la vie intime de ces deux célébrités et finit par un éclat: Françoise de Grafigny est accusée par Mme du Châtelet d'avoir divulgué une partie du manuscrit de''La Pucelle ''de Voltaire''.'' En 1739, Françoise de Grafigny vient vivre à Paris chez la duchesse de Richelieu. Puis, elle passe des années dans des cloitres comme dame de compagnie. À partir de l'année 1742, elle fréquente le salon de l'actrice Mademoiselle Quinault, «Le Bout du Banc», pour lequel elle compose deux nouvelles: ''La'' ''Nouvelle Espagnole'' et ''La Princesse Azerolle'' en 1744. Malgré des soucis financiers permanents, elle commence en 1751 à présider à son propre salon dans son appartement près du Luxembourg; parmi les habitués figurent de nombreux jeunes écrivains, mais aussi Helvétius, Turgot, Malesherbes, le Duc de Choisel ainsi que Voltaire et Rousseau. Vers cette période, elle se met à composer des pièces en un acte (''Ziman et Zénise, L'ignorant présomptueux, Le Temple de la vertu)'' pour les enfants de Marie-Thérèse. Certaines de ces pièces ont été représentées à Vienne, et publiées de façon posthume.
  

Version du 19 décembre 2010 à 17:27

Françoise d'Issembourg d'Happencourt
Conjoint(s) François Huguet de Grafigny
Dénomination(s) Madame de Grafigny
Madame de Graffigny
Biographie
Date de naissance 1695
Date de décès 1758
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Charles de Mouhy (1780)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution.


Notice de Rotraud von Kulessa, octobre 2002. (mise à jour: février 2006)

Françoise de Grafigny, née Françoise d'Issembourg d'Happencourt, naît à Nancy en 1695. Elle meurt à Paris le 12 décembre 1758. En 1712, elle épouse François Huguet de Grafigny, officier dans l'armée de Lorraine. Leur union est juridiquement séparée au bout de quelques années, car son mari se révèle violent. Plus tard, il est jugé tellement dangereux qu'on l'enferme dans une maison de santé où il meurt en 1725. Les trois enfants issus de cette union meurent en bas âge. Jusqu'en 1737, Françoise de Grafigny vit à la cour de Lorraine, où elle fait ses premières essais littéraires avec son cercle d'amis auquel appartiennent alors François-Antoine Devaux, l'actrice Clairon Lebrun et Nicolas Liébault. Après la dissolution de la cour de Lunéville, elle loge chez des amis et dans des cloîtres. À cette époque, elle commence sa correspondance avec son ami François-Antoine Devaux, dit Panpan. L'hiver 1738-39, passé chez Madame du Châtelet et Voltaire à Cirey, constitue une partie particulièrement intéressante de cette correspondance puisqu'elle nous introduit dans la vie intime de ces deux célébrités et finit par un éclat: Françoise de Grafigny est accusée par Mme du Châtelet d'avoir divulgué une partie du manuscrit deLa Pucelle de Voltaire. En 1739, Françoise de Grafigny vient vivre à Paris chez la duchesse de Richelieu. Puis, elle passe des années dans des cloitres comme dame de compagnie. À partir de l'année 1742, elle fréquente le salon de l'actrice Mademoiselle Quinault, «Le Bout du Banc», pour lequel elle compose deux nouvelles: La Nouvelle Espagnole et La Princesse Azerolle en 1744. Malgré des soucis financiers permanents, elle commence en 1751 à présider à son propre salon dans son appartement près du Luxembourg; parmi les habitués figurent de nombreux jeunes écrivains, mais aussi Helvétius, Turgot, Malesherbes, le Duc de Choisel ainsi que Voltaire et Rousseau. Vers cette période, elle se met à composer des pièces en un acte (Ziman et Zénise, L'ignorant présomptueux, Le Temple de la vertu) pour les enfants de Marie-Thérèse. Certaines de ces pièces ont été représentées à Vienne, et publiées de façon posthume.

En 1747, son roman épistolaire Lettres d'une Péruvienne est publié sous l'anonymat. En 1752, paraît une deuxième édition modifiée et augmentée d'une «Introduction historique». Cette fois-ci, Françoise de Grafigny fait publier le roman sous son propre nom et avec le Privilège du Roi. Le grand succès du roman (134 rééditions -en plusieurs langues- ainsi que quatre suppléments, jusqu'en 1835, date après laquelle l'oeuvre tombe dans l'oubli) améliore une peu sa situation financière. En 1750, Françoise de Grafigny compose sa comédie larmoyante, Cénie, dont la mise en scène à la Comédie Française dans la même année remporte un succès considérable. Elle monte un autre drame, La Fille d'Aristide, en 1758, que le public n'apprécie guère. Elle meurt la même année.

L'attention des chercheurs a été particulièrement attirée par sa correspondance privée dont les manuscrits se trouvent à la Beinecke Rare Books Library, New Haven, et qui est en voie d'être publiée par une équipe de chercheurs américains et franco-canadiens sous la direction d'English Showalter. Françoise de Grafigny y relate les petits événements de sa vie privée, ses états d'âme, mais aussi ses lectures. Grâce à ces lettres, nous pouvons reconstruire assez fidèlement le processus d'acculturation d'une femme au XVIIIe siècle. Ces vingt dernières années ont également vu naître une foule de publications sur les Lettres d'une Péruvienne. À première vue, les missives de la jeune Péruvienne Zilia, chassée du Temple du Soleil par les Espagnols et arrivant par un coup de théâtre dans la France de Louis XV, semblent réunir toutes les ingrédients littéraires alors en vogue: la critique de la société française, le mythe du bon sauvage, une bonne dose d'exotisme et de sentiments, le genre du roman épistolaire; toutefois la critique sociale ne manque pas d'originalité. La recherche récente, notamment aux Etats-Unis, se concentre sur le contenu «féministe» de l'ouvrage et aux stratégies littéraires à succès que Françoise de Grafigny aurait modifiées et adaptées afin de décrire l'évolution d'un moi féminin.

Oeuvres

- 1733? : La réunion du bon sens et de l'esprit. Pièce en un acte (inédit).
- 1745 : «La Nouvelle Espagnol, «La Princesse Azerolles», in Caylus, Anne-Claude-Philippe, comte de et al. Recueil de ces Messieurs. Amsterdam (Paris), Chez les frères Westein.
- 1747 : Lettres d'une Péruvienne. Paris, A Peine.
- 1750 : Cénie. Paris, André Cailleau.
- 1752 : Lettres d'une Péruvienne. Nouvelle Edition, Augmentée de plusieurs Lettres... 2vol. Paris, Duchesne -- Ed. Jonathan Mallinson, Oxford, Voltaire Foundation, 2002.
- 1750? : L'Ignorant présomptueux. Pièce en un acte (inédit).
- 1750 : Le Temple de la vertu. Pièce en un acte (inédit).
- 1752 : Les Saturnales. Pièce en trois actes en prose -- Ed. English Showalter, SVEC 175, 1978, p.113-180.
- 1759 : La Fille d'Aristide. Paris, Duchesne.
- Oeuvres posthumes de Mme de Grafigny contenant Ziman et Zenise suivi de Phaza, comédies en un acte en prose. Amsterdam et Paris, 1770.
- Lettres de Madame de Graffigny, suivies de celles de Mme de Staal..., Ed. E. Asse. Paris, 1879.
- Correspondance de Madame de Graffigny. Ed. J.A. Dainard, E. Showalter et al. Oxford, Voltaire Foundation: t. 1: 1716-1739 (1985); t. 2: juin 1739-sept. 1740 (1989); t. 3: oct. 1740-nov. 1742 (?); t. 4: nov. 1742-janv. 1744 (?); t. 5: janv. 1744-oct. 1744 (?); t. 6: oct. 1744-sept. 1745 (?); t.7: sept. 1745-juin 1746 (2002).
- Françoise de Graffigny. Choix de lettres. Edition présentée par E. Showalter, Oxford, Voltaire Foundation, 2001.

Choix bibliographique

- Grayson, Vèra. L. «The genesis and reception of Mme de Graffigny's Lettres d'une Péruvienne et Céni». Studies on Voltaire and the eigteenth century, 336, 1996, p.5-152. - Kulessa, Rotraud von. Françoise de Grafigny: Lettres d'une Péruvienne. Interpretation, Genese und Rezeption eines Briefromans aus dem 18. Jahrhundert. Stuttgart/Weimar, Metzler, 1997. - Mallinson, Jonathan. Francoise de Graffigny, femme de lettres. Écriture et réception. Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 12/2004.
- Showalter, English. Francoise de Graffigny, her life and works. Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 11/2004.
- Showalter, English. «Writing Off the Stage: Women Authors and Eighteenth -Century Theater.». Yale French Studies, 75, 1988, p.95-111.

Liens électroniques

  • Correspondance

http://www.chass.utoronto.ca/french/graffigny/

Ce site bilingue héberge divers projets et documents se rapportant à la publication de la correspondance de Mme de Graffigny (neuf volumes ont paru à ce jour sur 15 prévus). On y trouve, outre une bibliographie détaillée et une chronologie des lettres publiées dans le volume 1, un index cumulatif des volumes parus.

Jugements

- «Madame de G*** vient de contribuer à la gloire de son sexe et de sa nation par les Lettres d'une Péruvienne.» (Elie-Catherine Fréron, Lettres sur quelques écrits de ce temps, Genève, 1749.)
- «On peut dire en général qu'il n'a paru aucun ouvrage dans ces derniers temps parmi nous, où le style fût plus brillant, les expressions plus tendres, le sentiment plus vif, les pensées plus neuves, que dans l'Histoire de Zilia. Heureuse la nation, où le sexe, borné par tout ailleurs aux soins obscurs du ménage, ose prendre l'essor, et se mêler aux êtres pensants! Heureuse la femme qui a assez de force d'esprit, pour se mettre au-dessus des préjugés de son sexe.» (L'abbé Joseph de La Porte, Observations sur la littérature moderne, La Haye, 1749.)
- «Cette femme, ne pouvant se distinguer par ce qui donne de l'éclat à nos femmes, s'est jetée dans le bel esprit, et vit avec des gens de lettres.» (L'abbé Guillaume-Thomas Raynal, Nouvelles littéraires manuscrites, 1747-1755).

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