Francesca Caccini : Différence entre versions

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- «A Florence, [j'ai entendu] la fille de Signor Giulio Caccini, qui a chanté admirablement et joué du luth, de la guitare et du clavecin.» (Claudio Monteverdi à Ferdinand Gonzague, le 28 décembre 1610, cité par Henry Prunières, ''Monteverdi,''New York, 1926, p.240).<br />
 
- «A Florence, [j'ai entendu] la fille de Signor Giulio Caccini, qui a chanté admirablement et joué du luth, de la guitare et du clavecin.» (Claudio Monteverdi à Ferdinand Gonzague, le 28 décembre 1610, cité par Henry Prunières, ''Monteverdi,''New York, 1926, p.240).<br />

Version du 27 octobre 2010 à 17:04

Francesca Caccini
Dénomination(s) La Cecchina
Biographie
Date de naissance 1587
Date de décès Vers 1645
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Danielle Roster, 2004

Francesca Caccini naît le 18 sept. 1587 à Florence. Ses parents, Giulio et Lucia Caccini, sont chanteurs à la cour de l'archiduc de Florence. Sa mère meurt alors qu'elle est encore enfant. Son père se remarie avec la chanteuse Margherita della Scala. Tous deux favorisent les talents musicaux de Francesca.

Autour de 1600, elle se produit à maintes reprises lors des festivités musicales de la Cour. Famille de musiciens professionnels, Giulio, Margherita, Francesca, Settimia, Pompeo Caccini constituent un ensemble vocal dont la renommée s'étend rapidement. En 1604, la famille invitée par Marie de Médicis se rend à Paris en passant par Modène, Milan, Turin et Lyon. La reine les connaît bien, car lors de son mariage en 1600 avec Henri IV a eu lieu la représentation de l'opéra Il rapimento di Cefalo de Giulio Caccini dans laquelle Francesca faisait ses débuts comme chanteuse d'opéra. L'expressivité de leur chant ravit le couple royal et les courtisans, et leur méthode vocale innovative (que G. Caccini avait décrite en 1602 dans ses Nuove Musiche) attise la curiosité des chanteurs et musiciens français. Écrivant en février 1605 au grand-duc Ferdinand Ier, Giulio Caccini rapporte que, selon l'opinion du roi de France, aucun ensemble ne peut rivaliser avec le leur, et que personne en France ne chante mieux que Francesca. Le souverain exprime le désir de la garder à sa cour. Mais le grand-duc de Toscane n'est pas disposé à céder sa chanteuse et la famille retourne en Italie en juin 1605.

Dans les années qui suivent, elle chante à la Cour dans les divertissements et festivités, voire dans les cérémonies religieuses (officiellement, les femmes sont toujours exclues du chant dans les églises). Elle épouse en 1607 le chanteur, instrumentiste et compositeur Giovanni Battista Signorini, employé lui aussi à la Cour. Bientôt elle fait partie des musiciens les mieux rétribués de Florence. Enseignant le chant à des jeunes filles, elle fonde et dirige un ensemble vocal féminin. En 1618, elle publie le recueil Il Primo Libro delle Musiche a una e due voci qui comprend trente-six oeuvres sacrées et profanes. Devenue mère d'une fille, Margherita, en 1622, qui plus tard entrera au monastère San Girolamo à Florence, elle la forme à la musique et au chant. En 1624, la régente Marie-Madeleine d'Autriche charge Francesca de composer, pour la visite du prince Ladislas Sigismond de Pologne, une oeuvre dramatique avec une mise en scène fastueuse. Ainsi naît La Liberazione di Ruggiero dall'isola d'Alcina, histoire sans héros, dont l'action se joue entièrement dans un monde de femmes. Ce premier opéra composé par une femme dans l'histoire de la musique, qui sera joué en Pologne en 1628, est donc également l'un des premiers opéras italiens représentés hors d'Italie.

En 1626, Giovanni Battista Signorini meurt. L'année suivante Francesca quitte provisoirement la cour de Florence et épouse Tomaso Raffaelli, un riche aristocrate originaire de Lucques. En 1628, elle donne à son mari l'héritier souhaité. Amateur passionné de musique et collectionneur d'instruments, Raffaelli est membre de plusieurs académies de musique et de lettres où sa femme joue naturellement un rôle prédominant. Ainsi elle intervient en qualité de compositrice, chanteuse et organisatrice dans des représentations musicales données par l'Accademia degli Oscuri. Tomaso Raffaelli meurt en 1630. Au printemps de l'année 1633, le nom de Francesca Caccini réapparaît dans les livres de comptes des Médicis. De 1633 à 1637, en compagnie de sa fille, elle prête fréquemment ses services aux grandes-duchesses Christine de Lorraine et Vittoria delle Rovere. Le lieu, la date et la cause de sa mort restent inconnus.

Son nom est demeuré dans l'historiographie musicale, où prédominent des évaluations très positives. Récemment, Carolyn Raney a mis en évidence la richesse d'invention mélodique, harmonique et rythmique du Primo Libro, ainsi que le raffinement de l'ornementation vocale si bien conçue pour le chant; elle n'hésite pas à placer le madrigal Maria, dolce Maria sur le même plan que le célèbre Lamento d'Arianna de Claudio Monteverdi. Suzanne G. Cusick, elle, a analysé La Liberazione comme un essai théâtro-musical sur les moyens dont disposent les femmes, à l'intérieur d'un régime monarchique et partriarcal d'exercer le pouvoir. Les oeuvres de Francesca Caccini ne sont pourtant pas encore valorisées comme elles le méritent, aussi bien par les interprètes que les éditeurs, les fabricants de disques ou les organisateurs de concerts.

Oeuvres

- 1607 : La stiava(«torneo», texte M. Buonarroti), création le 26 février 1607 à Pise, oeuvre perdue.
- 1611 : La mascherata delle ninfe di Senna(ballet, livret O. Rinuccini, musique Jacopo Peri, Marco da Gagliano, Vittoria Archilei, Settimia Caccini et Francesca Caccini), création le 14 février 1611 au Palazzo Pitti de Florence, oeuvre perdue.
- 1611 : La Tancia(comédie, texte M. Buonarroti), création le 25 mai 1611 au Palazzo Pitti à Florence, oeuvre perdue à l'exception de La pastorella mia,acte 2, scène 5, publié dans Il Primo Libro p.58, voir infra.
- 1614 : Il passatempo(ballet, livret M. Buonarroti), création le 11 février 1614 au Palazzo Pitti à Florence, oeuvre perdue à l'exception de Chi desia di saper,acte 1, et Io veggio,ballet du 3e acte, publiés dans Il Primo Libro p.90 et 56, voir infra, ainsi que Egloga pastorale Tirsi e Filli, acte 2 scène 1, inédit.
- 1615 : Il ballo delle Zingane'(ballet, livret F. Saracinelli), création le 24 février 1615 au Palazzo Pitti à Florence, oeuvre perdue.
- 1618 : Il Primo Libro delle Musiche a una e due voci [36 oeuvres sacrées et profanes], The Italian Secular Song 1606-1636, vol.1, Florence/New York/London, Garland Publishing, 1986, p.173-277 (fac-similé) -- Aucune édition moderne ne contient toutes les oeuvres. On trouve: Madrigal Maria, dolce Maria et Motet Laudate Dominum, éd. James R.Briscoe, in Id., Historical Anthology of Music by Women, Bloomington, Indiana, 1987; Motet Regina Coeli et Hymne Jesu corona Virginum, éd. Martha Schleifer et Sylvia Glickman, in Id., Women Composers. Music Through the Ages, vol.1, New York, G.K. Hall, 1996; The Secular Songs from Il primo libro delle musiche, éd. Ronald Alexander et Richard Savino, Indiana University Press, 1997.
- 1619 : La Fiera (comédie, texte M. Buonarroti), création le 11 février 1619 au Palazzo Pitti à Florence, oeuvre perdue.
- 1621 : Dove io credea (aria), in Ghirlandetta Amorosa, Orvieto, F. Constantini.
- 1622 : Il martirio di S Agata (intermède, livret J. Cicognini, musique de F. Caccini et Giovan Battista da Gagliano), création le 23 janvier 1622 à Florence, oeuvre perdue.
- 1625 : La Liberazione di Ruggiero dall'isola d'Alcina (opéra, livret F. Saracinelli), création le 3 février 1625 à la Villa Poggio Imperiale (Florence), Studio per edizione scelte, collection Archivium Musicum volume IV, Florence 1998 (fac-similé) -- Éd. Doris Silbert, coll. Smith College Music Archives, vol.7, Northampton (Mass.), Smith College, 1945.
- 1629 : Ch'io sia fidele (aria), inLe Risonanti sfere, Rome, Giambattista Robletti.
- ? : Feste delle Dame (livret M. Buonarroti), oeuvre perdue.
- ? : Rinaldo innamorato (opéra, livret?), oeuvre perdue.

Choix bibliographique

- Cusick, Suzanne G. «"Thinking from Women's Lives": Francesca Caccini after 1627». The Musical Quarterly, 77, mars 1993, p.484-507.
- Cusick, Suzanne G. «Of Women, Music and power: A Model from Seicento Florence», in Ruth Solie (dir.), Musicology and Difference. Gender and Sexuality in Music Scholarship. Berkeley, CA, University of California Press, 1993, p.281-304.
- Raney, Carolyn. «Francesca Caccini, Musician to the Medici, and her Primo Libro (1618)». Thèse, New York University, 1971.
- Roster, Danielle. «Francesca Caccini», in id., Les Femmes et la création musicale. Les compositrices européennes du Moyen-Age au milieu du XXe siècle. Paris, L'Harmattan, 1998,p.33-56.
- Silbert, Doris. «Francesca Caccini, Called La Cecchina». The Musical Quarterly, 31, 1, 1946, p.50-62.

Liens électroniques

- Acadia Early Music Resources: Francesca Caccini: contenant e.a. le fac-similé de Il primo Libro delle Musiche a una e due voci: [1]
- International Alliance for Women in Music: [2]

Jugements

- «A Florence, [j'ai entendu] la fille de Signor Giulio Caccini, qui a chanté admirablement et joué du luth, de la guitare et du clavecin.» (Claudio Monteverdi à Ferdinand Gonzague, le 28 décembre 1610, cité par Henry Prunières, Monteverdi,New York, 1926, p.240).
- «À Florence, où je l'ai entendue dans ma jeunesse, Signora Francesca Caccini [...] a été, durant de longues années, profondément admirée, tant pour ses capacités musicales en matière de chant et de composition que pour les poèmes qu'elle écrivait non seulement en latin mais en toscan.» (Pietro della Valle, Della musica dell' età nostra [1640], in Lyra Barberina,Florence, 1763).
- (à propos de La Liberazione di Ruggiero dall'isola d'Alcina) «Avec sa composition qui reflète si fidèlement le visage de l'époque, Francesca a érigé un éclatant monument à son talent tout à fait exceptionnel. Dans sa musique, on distingue encore nettement les traits de son père Giulio, mais Francesca a également fort bien étudié Monteverdi, et avec grand profit, et elle représente même, à côté de l'Orfeo de son modèle, un point de vue sensiblement plus avancé. [...] Francesca était un génie, elle avait incontestablement plus de musique en elle que son célèbre père.» (August Wilhelm Ambros, Geschichte der Musik, Leipzig, 1881, vol. 4, p.295).
- «Elle a d'ailleurs toutes sortes de qualités féminines, une élégance de pensée, une coquetterie de réponses et de style, une finesse d'harmonie, un charme de séduction, bien faits pour le sujet... C'est un chant de printemps, le dernier chant de la "Primavera" florentine, jeune comme au premier jour.» (Romain Rolland, Histoire de l'opéra en Europe avant Lully et Scarlatti, Paris, Thorin, 1895, p.114-115).

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