Charlotte-Brabantine d'Orange-Nassau : Différence entre versions

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Charlotte-Brabantine de Nassau est née le 27 septembre 1580 à Anvers. C'est la cinquième fille de Guillaume d'Orange, prince de Nassau, et de Charlotte de Bourbon-Montpensier, sa troisième femme. Elle devient orpheline à l'âge de quatre ans, lorque son père est assassiné le 10 juillet 1584 à Delft, sa mère étant morte depuis 1582. Charlotte-Brabantine est élevée par sa belle-mère, Louise de Coligny, qui l'emmène à Paris en 1594. Lors de ce séjour, sa soeur aînée, Élisabeth de Nassau, est promise en mariage à Henri de La Tour, veuf depuis plusieurs mois de Charlotte de La Marck, héritière du duché de Bouillon. Trois ans plus tard, le 20 juillet 1597, Henri de La Tour propose à sa belle-soeur d'épouser son cousin germain et compagnon de lutte, Claude de La Trémoille, duc de Thouars. Le contrat de mariage est signé le 11 mars 1598 à Châtellerault où siège l'assemblée protestante. De cette union naissent quatre enfants: Henri (1598-1674), Charlotte, future comtesse de Derby (1599-1664), Élisabeth (1601-1604) et Frédéric (1602-1642). Grâce à ses relations avec les maisons d'Orange et de Bouillon, Charlotte-Brabantine joue bientôt un rôle important dans la diplomatie protestante française. En 1602, elle dissuade son mari de s'engager dans la conspiration de Biron et l'incite à prêter allégeance au souverain. Après la mort de Claude de La Trémoille en octobre 1604, Charlotte-Brabantine prend en main la gestion des domaines familiaux, dont la superficie est doublée en 1605 par l'héritage de vastes terres en Bretagne suite à la mort du comte de Laval. Le 17 février 1606, la duchesse douairière prête foi et hommage pour ces terres au nom de son fils et le 24 février, par lettres patentes, Henri IV lui fait don des frais usuels de rachats. Mais l'héritage est contesté par la comtesse douairière de Laval, la marquise de Mirebeau et, au nom de leurs fils, par la duchesse d'Elbeuf et la princesse de Condé. Charlotte-Brabantine obtient gain de cause et réussit à maintenir la puissance territoriale des La Trémoille en Bretagne. En 1615, elle renforce le pouvoir politique de sa maison en concluant avec la duchesse douairière de Rohan un accord qui partage entre leurs fils la présidence de l'ordre de la noblesse aux États de Bretagne. Sur le plan national, Charlotte-Brabantine est appelée par Marie de Médicis à participer à la conférence de paix, tenue à Loudun en 1616. Elle devient, avec Philippe de Duplessis-Mornay, une des figures conciliatrices les plus influentes sur le souverain et le parti protestant. En 1617, Louis XIII l'autorise à organiser le XXIIe synode national à Vitré, où Charlotte-Brabantine s'est installée. En 1620, elle obtient le pardon royal pour son fils, qui a pris les armes pour la reine mère, et elle l'incite en 1621 à soutenir les efforts de Duplessis-Mornay pour la dissolution de l'Assemblée de La Rochelle. Le 17 mai 1621, elle accueille Louis XIII à Thouars et s'applique dans les années suivantes à se faire restituer les places fortes de Vitré et Taillebourg, que le roi a occupées par mesure de précaution. En 1625, elle emmène sa fille Charlotte à La Haye et lui fait épouser James Stanley, futur comte de Derby. Charlotte-Brabantine accompagne le jeune couple en Angleterre en 1626, où elle est nommée dame du lit de la reine Henriette-Marie. De retour en France, elle accepte l'abjuration de son fils (juillet 1628) avec un certain pragmatisme, mais continue à assurer la protection des communautés huguenotes de Thouars et de Vitré. Lors d'un deuxième voyage en Angleterre (1630-1631), elle est reçue à Chester en grande pompe. Tombée malade, elle se retire au Château de La Mothe à Châteaurenard, où elle meurt le 19 août 1631, entourée de la duchesse de Landsberg, sa soeur, et de la maréchale de Châtillon.
 
Charlotte-Brabantine de Nassau est née le 27 septembre 1580 à Anvers. C'est la cinquième fille de Guillaume d'Orange, prince de Nassau, et de Charlotte de Bourbon-Montpensier, sa troisième femme. Elle devient orpheline à l'âge de quatre ans, lorque son père est assassiné le 10 juillet 1584 à Delft, sa mère étant morte depuis 1582. Charlotte-Brabantine est élevée par sa belle-mère, Louise de Coligny, qui l'emmène à Paris en 1594. Lors de ce séjour, sa soeur aînée, Élisabeth de Nassau, est promise en mariage à Henri de La Tour, veuf depuis plusieurs mois de Charlotte de La Marck, héritière du duché de Bouillon. Trois ans plus tard, le 20 juillet 1597, Henri de La Tour propose à sa belle-soeur d'épouser son cousin germain et compagnon de lutte, Claude de La Trémoille, duc de Thouars. Le contrat de mariage est signé le 11 mars 1598 à Châtellerault où siège l'assemblée protestante. De cette union naissent quatre enfants: Henri (1598-1674), Charlotte, future comtesse de Derby (1599-1664), Élisabeth (1601-1604) et Frédéric (1602-1642). Grâce à ses relations avec les maisons d'Orange et de Bouillon, Charlotte-Brabantine joue bientôt un rôle important dans la diplomatie protestante française. En 1602, elle dissuade son mari de s'engager dans la conspiration de Biron et l'incite à prêter allégeance au souverain. Après la mort de Claude de La Trémoille en octobre 1604, Charlotte-Brabantine prend en main la gestion des domaines familiaux, dont la superficie est doublée en 1605 par l'héritage de vastes terres en Bretagne suite à la mort du comte de Laval. Le 17 février 1606, la duchesse douairière prête foi et hommage pour ces terres au nom de son fils et le 24 février, par lettres patentes, Henri IV lui fait don des frais usuels de rachats. Mais l'héritage est contesté par la comtesse douairière de Laval, la marquise de Mirebeau et, au nom de leurs fils, par la duchesse d'Elbeuf et la princesse de Condé. Charlotte-Brabantine obtient gain de cause et réussit à maintenir la puissance territoriale des La Trémoille en Bretagne. En 1615, elle renforce le pouvoir politique de sa maison en concluant avec la duchesse douairière de Rohan un accord qui partage entre leurs fils la présidence de l'ordre de la noblesse aux États de Bretagne. Sur le plan national, Charlotte-Brabantine est appelée par Marie de Médicis à participer à la conférence de paix, tenue à Loudun en 1616. Elle devient, avec Philippe de Duplessis-Mornay, une des figures conciliatrices les plus influentes sur le souverain et le parti protestant. En 1617, Louis XIII l'autorise à organiser le XXIIe synode national à Vitré, où Charlotte-Brabantine s'est installée. En 1620, elle obtient le pardon royal pour son fils, qui a pris les armes pour la reine mère, et elle l'incite en 1621 à soutenir les efforts de Duplessis-Mornay pour la dissolution de l'Assemblée de La Rochelle. Le 17 mai 1621, elle accueille Louis XIII à Thouars et s'applique dans les années suivantes à se faire restituer les places fortes de Vitré et Taillebourg, que le roi a occupées par mesure de précaution. En 1625, elle emmène sa fille Charlotte à La Haye et lui fait épouser James Stanley, futur comte de Derby. Charlotte-Brabantine accompagne le jeune couple en Angleterre en 1626, où elle est nommée dame du lit de la reine Henriette-Marie. De retour en France, elle accepte l'abjuration de son fils (juillet 1628) avec un certain pragmatisme, mais continue à assurer la protection des communautés huguenotes de Thouars et de Vitré. Lors d'un deuxième voyage en Angleterre (1630-1631), elle est reçue à Chester en grande pompe. Tombée malade, elle se retire au Château de La Mothe à Châteaurenard, où elle meurt le 19 août 1631, entourée de la duchesse de Landsberg, sa soeur, et de la maréchale de Châtillon.
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Charlotte-Brabantine est restée longtemps ignorée des historiens du protestantisme, peut-être parce qu'elle ne correspond pas à l'image de résistance héroïque qu'on attribue traditionnellement à la minorité huguenote. Dans les années 1870, Paul Marchegay et Hugues Imbert ont publié sa correspondance passive (des lettres que lui avaient écrites Louise de Coligny, Élisabeth et Flandrine de Nassau, ainsi que Catherine de Parthenay et ses filles Henriette et Anne de Rohan). Sa vaste correspondance active, inédite à ce jour, est en train d'être transcrite par Jean-Luc Tulot.
 
Charlotte-Brabantine est restée longtemps ignorée des historiens du protestantisme, peut-être parce qu'elle ne correspond pas à l'image de résistance héroïque qu'on attribue traditionnellement à la minorité huguenote. Dans les années 1870, Paul Marchegay et Hugues Imbert ont publié sa correspondance passive (des lettres que lui avaient écrites Louise de Coligny, Élisabeth et Flandrine de Nassau, ainsi que Catherine de Parthenay et ses filles Henriette et Anne de Rohan). Sa vaste correspondance active, inédite à ce jour, est en train d'être transcrite par Jean-Luc Tulot.
 
== Choix bibliographique ==
 
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- Weary, William. &quot;The House of La Trémoïlle Fifteenth through Eighteenth Centuries: Change and Adaptations in a French Noble Family&quot;. ''Journal of Modern History'', 40, 1977 («on demand supplement»).
 
- Weary, William. &quot;The House of La Trémoïlle Fifteenth through Eighteenth Centuries: Change and Adaptations in a French Noble Family&quot;. ''Journal of Modern History'', 40, 1977 («on demand supplement»).
 
== Jugements ==
 
== Jugements ==
- &quot;Cette femme altière faisait tout trembler autour d'elle (...). Elle persécuta les catholiques, et surtout les prêtres et les moines&quot; (P.V.J. Berthre de Bourniseaux, ''Histoire de Thouars'', Niort, 1824, p.185).
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- "Cette femme altière faisait tout trembler autour d'elle (...). Elle persécuta les catholiques, et surtout les prêtres et les moines" (P.V.J. Berthre de Bourniseaux, ''Histoire de Thouars'', Niort, 1824, p.185).
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Version du 12 novembre 2010 à 15:11

Charlotte-Brabantine d'Orange-Nassau
Titre(s) Duchesse de Thouars
Conjoint(s) Claude de La Trémoille, duc de Thouars
Biographie
Date de naissance 1580
Date de décès 1631
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Sonja Kmec, 2003.

Charlotte-Brabantine de Nassau est née le 27 septembre 1580 à Anvers. C'est la cinquième fille de Guillaume d'Orange, prince de Nassau, et de Charlotte de Bourbon-Montpensier, sa troisième femme. Elle devient orpheline à l'âge de quatre ans, lorque son père est assassiné le 10 juillet 1584 à Delft, sa mère étant morte depuis 1582. Charlotte-Brabantine est élevée par sa belle-mère, Louise de Coligny, qui l'emmène à Paris en 1594. Lors de ce séjour, sa soeur aînée, Élisabeth de Nassau, est promise en mariage à Henri de La Tour, veuf depuis plusieurs mois de Charlotte de La Marck, héritière du duché de Bouillon. Trois ans plus tard, le 20 juillet 1597, Henri de La Tour propose à sa belle-soeur d'épouser son cousin germain et compagnon de lutte, Claude de La Trémoille, duc de Thouars. Le contrat de mariage est signé le 11 mars 1598 à Châtellerault où siège l'assemblée protestante. De cette union naissent quatre enfants: Henri (1598-1674), Charlotte, future comtesse de Derby (1599-1664), Élisabeth (1601-1604) et Frédéric (1602-1642). Grâce à ses relations avec les maisons d'Orange et de Bouillon, Charlotte-Brabantine joue bientôt un rôle important dans la diplomatie protestante française. En 1602, elle dissuade son mari de s'engager dans la conspiration de Biron et l'incite à prêter allégeance au souverain. Après la mort de Claude de La Trémoille en octobre 1604, Charlotte-Brabantine prend en main la gestion des domaines familiaux, dont la superficie est doublée en 1605 par l'héritage de vastes terres en Bretagne suite à la mort du comte de Laval. Le 17 février 1606, la duchesse douairière prête foi et hommage pour ces terres au nom de son fils et le 24 février, par lettres patentes, Henri IV lui fait don des frais usuels de rachats. Mais l'héritage est contesté par la comtesse douairière de Laval, la marquise de Mirebeau et, au nom de leurs fils, par la duchesse d'Elbeuf et la princesse de Condé. Charlotte-Brabantine obtient gain de cause et réussit à maintenir la puissance territoriale des La Trémoille en Bretagne. En 1615, elle renforce le pouvoir politique de sa maison en concluant avec la duchesse douairière de Rohan un accord qui partage entre leurs fils la présidence de l'ordre de la noblesse aux États de Bretagne. Sur le plan national, Charlotte-Brabantine est appelée par Marie de Médicis à participer à la conférence de paix, tenue à Loudun en 1616. Elle devient, avec Philippe de Duplessis-Mornay, une des figures conciliatrices les plus influentes sur le souverain et le parti protestant. En 1617, Louis XIII l'autorise à organiser le XXIIe synode national à Vitré, où Charlotte-Brabantine s'est installée. En 1620, elle obtient le pardon royal pour son fils, qui a pris les armes pour la reine mère, et elle l'incite en 1621 à soutenir les efforts de Duplessis-Mornay pour la dissolution de l'Assemblée de La Rochelle. Le 17 mai 1621, elle accueille Louis XIII à Thouars et s'applique dans les années suivantes à se faire restituer les places fortes de Vitré et Taillebourg, que le roi a occupées par mesure de précaution. En 1625, elle emmène sa fille Charlotte à La Haye et lui fait épouser James Stanley, futur comte de Derby. Charlotte-Brabantine accompagne le jeune couple en Angleterre en 1626, où elle est nommée dame du lit de la reine Henriette-Marie. De retour en France, elle accepte l'abjuration de son fils (juillet 1628) avec un certain pragmatisme, mais continue à assurer la protection des communautés huguenotes de Thouars et de Vitré. Lors d'un deuxième voyage en Angleterre (1630-1631), elle est reçue à Chester en grande pompe. Tombée malade, elle se retire au Château de La Mothe à Châteaurenard, où elle meurt le 19 août 1631, entourée de la duchesse de Landsberg, sa soeur, et de la maréchale de Châtillon.

Charlotte-Brabantine est restée longtemps ignorée des historiens du protestantisme, peut-être parce qu'elle ne correspond pas à l'image de résistance héroïque qu'on attribue traditionnellement à la minorité huguenote. Dans les années 1870, Paul Marchegay et Hugues Imbert ont publié sa correspondance passive (des lettres que lui avaient écrites Louise de Coligny, Élisabeth et Flandrine de Nassau, ainsi que Catherine de Parthenay et ses filles Henriette et Anne de Rohan). Sa vaste correspondance active, inédite à ce jour, est en train d'être transcrite par Jean-Luc Tulot.

Choix bibliographique

- Imbert, Hugues. Histoire de Thouars. Niort, 1871.
- Licques, David. Histoire de la vie de Messire Philippe de Mornay, seigneur du Plessis-Marly. Leyde, 1647.
- La Trémoïlle, Louis, duc de. Les La Trémoïlle pendant cinq siècles. T.4: 1566-1709. Nantes, Grimaud, 1895.
- Tulot, Jean-Luc. "Les La Trémoïlle et le Protestantisme au XVIe et XVIIe siècle", in Cahiers du Centre de Généalogie Protestante (à paraître).
- Weary, William. "The House of La Trémoïlle Fifteenth through Eighteenth Centuries: Change and Adaptations in a French Noble Family". Journal of Modern History, 40, 1977 («on demand supplement»).

Jugements

- "Cette femme altière faisait tout trembler autour d'elle (...). Elle persécuta les catholiques, et surtout les prêtres et les moines" (P.V.J. Berthre de Bourniseaux, Histoire de Thouars, Niort, 1824, p.185).

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