Marguerite de France (1553-1615) : Différence entre versions
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Version du 31 mai 2010 à 16:05
Marguerite de France | ||
Titre(s) | Reine de Navarre | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 14 mai 1553 | |
Date de décès | 27 mars 1615 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) | ||
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804) | ||
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647) |
Notice d'Eliane Viennot
Marguerite de Valois ou de France (Saint-Germain-en-Laye, 14.5.1553-Paris, 27.3.1615), parfois appelée aussi Marguerite de Navarre comme l'auteure de l'Heptaméron dont elle est la petite-nièce, est la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, la soeur des rois François II, Charles IX et Henri III. Célèbre pour sa beauté et sa culture, elle est mariée le 18.8.1572 au futur Henri IV, alors roi de Navarre et protestant. Leur mariage, destiné à régler au sommet les querelles religieuses, est suivi une semaine plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle est dès lors tiraillée entre les deux camps. Au cours de l'hiver 1573-1574, alors que Charles IX est mourant et qu'Henri est en Pologne où la Diète l'a élu roi, elle s'engage aux côtés de son époux et de son jeune frère François d'Alençon dans le «tiers parti» favorable à la coexistence religieuse, qui cherche à installer François (neutre, peut-être athée) sur le trône de France. Le coup d'Etat ayant échoué, elle rédige pour le compte de son époux le Mémoire justificatif pour Henri de Bourbon qui permet à celui-ci de tirer son épingle du jeu. Elle demeure ensuite fidèle à son jeune frère (pour lequel elle effectue une «campagne électorale» en Flandres en 1577) et à son époux (qu'elle accepte de seconder pendant la 7e guerre de religion). Elle perd ainsi peu à peu la confiance de la Couronne, malgré son active participation à diverses Paix («de Monsieur» en 1576, de Nérac en 1579, de Fleix en 1581). En 1584, à l'orée de la dernière guerre civile, elle abandonne (selon ses propres termes) un époux qui ne fait plus que l'utiliser dans ses marchandages avec la France et qui vit ouvertement avec la comtesse de Guiche; elle se retire dans sa ville d'Agen, qu'elle fait fortifier. Elle en est chassée quelques mois plus tard. Commence alors une période d'errance, puis d'exil dans la forteresse d'Usson (Puys de Dôme), où elle est enfermée quelques mois sur l'ordre d'Henri III, mais dont elle devient vite la châtelaine et où elle vit de 1587 à 1605.
C'est durant ce repos forcé qu'elle écrit ses Mémoires. C'est d'Usson, également, qu'elle négocie son «démariage» avec Henri IV, entre 1593 et 1599 (elle n'a pas eu d'enfant avec lui). Devenue la «Reine Marguerite», elle revient en 1605 à Paris, où elle tient une cour brillante, féministe et éclectique (Maynard et saint Vincent de Paul lui servirent de secrétaires, Mlle de Gournay travailla pour elle). Elle fait don de tous ses biens à la Couronne en 1606, collabore à l'arrestation du comte d'Auvergne qui complotait contre le régime, et, après l'assassinat d'Henri IV, elle soutient Marie de Médicis durant les premiers troubles de sa régence.
Ses Mémoires, qui nous sont parvenus incomplets, constituent l'un des premiers grands textes de ce genre. Parus après sa mort, en 1628, reconnus par les académiciens comme l'un des meilleurs livres du temps, lus avec avidité par les Frondeurs, ils ont connu une trentaine d'éditions au XVIIe siècle. Marguerite est également l'auteure d'une volumineuse correspondance, de poésies dont la plupart ont été perdues, et d'un petit manifeste féministe écrit en 1614 sous le titre Discours docte et subtil dicté promptement par la reine Marguerite.
Dès la fin du XVIIe siècle, la Reine Marguerite est devenue un personnage de légende, avant de faire l'objet d'un véritable mythe au XIXe siècle. Célébrée par la génération romantique, dans des opéras (Les Huguenots, de Meyerbeer...) et des romans (La Chronique de Charles IX de Mérimée, le Rouge et le Noir de Stendhal...), fréquemment republiée, décriée par les politiques (Maréchal...) et les historiens (Michelet...), elle est devenue, suite à la publication en 1845 de La Reine Margot d'Alexandre Dumas (inventeur du sobriquet), l'une des héroïnes les plus fameuses de l'Histoire de France racontée au peuple. C'est sur la lancée de ce mythe qu'on lui a attribué, à tort, La Ruelle mal assortie, tandis que la liste de ses amants (entre six et douze effectivement repérables) ne cessait de s'allonger. Malgré l'exhumation d'une partie de sa correspondance et la publication de bonnes études biographiques à la fin du XIXe siècle, cette image de princesse dévergondée n'a fait que s'accentuer au cours du suivant, notamment à travers le succès des Histoires d'amour de l'histoire de France, de Guy Breton (1956) tandis que ses oeuvres cessaient plus ou moins d'être lues et publiées. Le renouveau des études date des années 1990.
Oeuvres
- 1574 : Mémoire justificatif pour Henri de Bourbon, in [Simon Goulart] Mémoires de l'Estat de France sous Charles Neufviesme, Seconde edition..., Meidelbourg, 1578, vol.3, p.159-163 (sans nom d'auteur, sous le titre Déposition du roi de Navarre; première éd. identifiée: in Antoine Mongez, Histoire de la reine Marguerite de Valois, première femme du roi Henri IV, Paris, Ruault, 1777, p.413-422 -- Voir infra, Mémoires et autres... - 1594-? : Mémoires, Les Memoires de la Roine Marguerite, A Paris, par Charles Chappellain, rue de la Bucherie, à l'image saincte Barbe, 1628 -- Voir infra, Mémoires et autres... - 1614 : Discours docte et subtil dicté promptement par la Reine Marguerite, in P. Loryot, Les Fleurs des Secretz Moraux, [Paris], Claude Desmarquets, p.liminaires -- Voir infra, Mémoires et autres... - 1614 : lettre ouverte au duc de Nevers, Copie d'une lettre de la Reine Marguerite à M. de Nevers, 10 août 1614, s.l. -- Voir infra, Correspondance... - Correspondance, 1569-1614, éd. critique par E. Viennot, Paris, Honoré Champion, 1998. - Mémoires et autres écrits, éd. critique par E. Viennot, Paris, Honoré Champion, 1999.
Choix Bibliographique
- Droz, Eugénie, «La reine M. de Navarre et la vie littéraire à la cour de Nérac, 1579-1582», Bul. de la soc. des bibl. de Guyenne, 80, juillet-déc. 1964. - Marguerite de France, reine de Navarre et son temps, Actes du colloque d'Agen, sept. 1991, Agen, Centre Matteo Bandello, 1994. - Ratel, Simone, « La Cour de la reine Marguerite», Revue du Seizième Siècle, 11, 1924, p.1-29, 193-207 et 12, 1925, p.1-43. - Viennot, É, Marguerite de Valois, la 'Reine Margot' Paris, Plon, Tempus, 2005. - id., «Marguerite de Valois et La Ruelle mal assortie : une attribution erronée», Nouvelle Revue du Seizième Siècle, 10, 1992, p.81-98.
Jugements
- «la plus belle, la plus noble, la plus grande, la plus généreuse, la plus magnanime et la plus accomplie princesse du monde, madame Marguerite de France, fille et soeur restée unique de nos rois de Valois» (Brantôme, Dédicace de ses OEuvres [1605?], 1665, vol.1. - «vu que les raisons de cette grande reine sont autant dignes d'admiration que de louange, et qu'elles sont plus que fortes, tant pour vous faire à jamais reconnaître le respect et l'honneur que chacun doit à notre sexe, qu'aussi faire détester ces écrivains amateurs du mensonge et ennemis de la vérité.» (Auteure anonyme, Préface à la réédition du Discours docte et subtil dicté promptement par la Reine Marguerite, 1618) - «déshonnorée, n'osant retourner auprès de son époux, [elle] alla cacher sa honte et la combler dans des chateaux écartés, où elle crut pouvoir se livrer plus librement à ses penchants. Depuis cette époque, ce qu'un historien peut faire de plus avantageux pour elle, c'est de n'en plus parler» (Louis-Pierre Anquetil, L'Esprit de la Ligue, ou Histoire politique des troubles de France pendant les XVIe et XVIIe siècles, Paris, 1771, vol.2, p.245). - «On s'est etonné qu'entre tant d'auteurs qui ont écrit la vie particulière des princes, aucun n'ait entrepris celle de la reine Marguerite de Valois. Les bienfaits dont elle comblait les gens de Lettres, la protection ouverte qu'elle leur accordait, les connaissances étendues qu'elle avait elle-même, rendent cet oubli impardonnable.» (Antoine Mongez, Préface à l'Histoire de la Reine Marguerite de Valois, première femme du roi Henri IV, Paris, 1777). - «la reine la plus dévergondée de son siècle» (Ludovic Lalanne, Introduction à l'édition de La Ruelle mal assortie, attribuée à Marguerite de Valois, Paris, 1855). - «A mi-chemin du ciel où elle s'envolait sur les ailes de Platon, Vénus Uranie retombait souvent à terre de tout le poids - si l'on peut dire - de son humanité.» (Jean-Hippolyte Mariéjol, Vie de Marguerite de Valois, Paris, 1928, p.375). - «Intelligente et cultivée, mais victime de sa nymphomanie » (Petit Robert, 1986).