Marie Stuart/Philibert Riballier et Catherine Cosson : Différence entre versions

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[372] MARIE STUART, fille de Jacques V. Roi d’Ecosse, et de Marie de Lorraine, née le 15 Décembre 1542, perdit son pere huit jours après sa naissance, et le remplaça sur le Trône. La Reine sa mere, soeur du Duc de Guise et du Cardinal de Lorraine, présida à son éducation jusqu’à l’âge de six ans qu’elle l’envoya en France, où, par ses ordres, elle fut élevée et instruite avec les plus grands soins. Marie, à un esprit vif, à une mémoire facile, joignoit une pénétration singuliere qui lui fit faire en peu de tems les plus rapides progrès. A douze ans, outre sa langue naturelle, elle savoit le François, l’Anglois, l’Italien, l’Espagnol et le Latin, et elle prononça même en cette derniere langue, en présence du Roi et de toute la Cour, un discours très-éloquent, où elle soutint que la carriere des sciences étoit ouverte aux femmes aussi-bien qu’aux hommes. De si heureuses dispositions étoient encore relevées par les avantages d’une rare beauté, par les graces d’un port noble et majestueux, une ame élevée, un courage et une fermeté au-dessus de son sexe, un coeur généreux et bienfaisant. Mariée à François II. Roi de France, ce Prince mourut quinze mois après leur mariage, sans laisser de postérité. Marie Stuart ne voyant pas de plus glorieuse retraite pour elle que le Trône de ses ancètres, repassa en Ecosse, où ses sujets la re-[373]çurent avec les plus grands transports de joie. Elisabeth régnoit alors sur l’Angleterre, et ne put voir sans la plus vive jalousie tant de belles qualités réunies dans la personne de Marie, jointes d’ailleurs à des droits légitimes sur son propre Trône. Cette funeste passion ne tarda pas d’embraser le coeur d’Elisabeth, et de lui inspirer le noir projet de perdre cette illustre rivale. Le zele ardent de Marie pour la Religion de ses peres, et la perfide ambition de plusieurs Seigneurs Ecossois, avides de s’emparer du Gouvernement, et peut-être quelques légeres foiblesses qui, dans l’exemple d’Elisabeth elle-même, devoient trouver des excuses, seconderent de si lâches desseins. Ces indignes Seigneurs, abusant de la trop aveugle confiance de leur Souveraine, eurent la coupable et funeste adresse d’engager Marie dans différentes démarches qui aliénerent d’elle la plus grande partie de ses peuples, et donnerent lieu aux plus atroces complots contre sa personne. Victime enfin des noirs artifices de son implacable ennemie, et des cruelles manoeuvres de ses agens à la honte éternelle de tous les Potentats contemporains, qui virent tranquillement ourdir une si affreuse tragédie, cette Reine infortunée périt sous le glaive d’un bourreau le mercredi 8 Février 1587, n’étant encore âgée que d’environ quarante-quatre ans. En vain Elisabeth s’efforça de jetter un voile sur les horreurs d’un si détestable forfait: malgré ses efforts, malgré l’impudence de l’ingrat Buchanan, son complice, la vérité s’est fait jour. Plusieurs historiens, Anglois et François, ont mis l’innocence de Marie dans la plus grande [374] évidence, et dégagé sa mémoire de toutes les impostures dont on s’étoit servi pour la flétrir.
 
[372] MARIE STUART, fille de Jacques V. Roi d’Ecosse, et de Marie de Lorraine, née le 15 Décembre 1542, perdit son pere huit jours après sa naissance, et le remplaça sur le Trône. La Reine sa mere, soeur du Duc de Guise et du Cardinal de Lorraine, présida à son éducation jusqu’à l’âge de six ans qu’elle l’envoya en France, où, par ses ordres, elle fut élevée et instruite avec les plus grands soins. Marie, à un esprit vif, à une mémoire facile, joignoit une pénétration singuliere qui lui fit faire en peu de tems les plus rapides progrès. A douze ans, outre sa langue naturelle, elle savoit le François, l’Anglois, l’Italien, l’Espagnol et le Latin, et elle prononça même en cette derniere langue, en présence du Roi et de toute la Cour, un discours très-éloquent, où elle soutint que la carriere des sciences étoit ouverte aux femmes aussi-bien qu’aux hommes. De si heureuses dispositions étoient encore relevées par les avantages d’une rare beauté, par les graces d’un port noble et majestueux, une ame élevée, un courage et une fermeté au-dessus de son sexe, un coeur généreux et bienfaisant. Mariée à François II. Roi de France, ce Prince mourut quinze mois après leur mariage, sans laisser de postérité. Marie Stuart ne voyant pas de plus glorieuse retraite pour elle que le Trône de ses ancètres, repassa en Ecosse, où ses sujets la re-[373]çurent avec les plus grands transports de joie. Elisabeth régnoit alors sur l’Angleterre, et ne put voir sans la plus vive jalousie tant de belles qualités réunies dans la personne de Marie, jointes d’ailleurs à des droits légitimes sur son propre Trône. Cette funeste passion ne tarda pas d’embraser le coeur d’Elisabeth, et de lui inspirer le noir projet de perdre cette illustre rivale. Le zele ardent de Marie pour la Religion de ses peres, et la perfide ambition de plusieurs Seigneurs Ecossois, avides de s’emparer du Gouvernement, et peut-être quelques légeres foiblesses qui, dans l’exemple d’Elisabeth elle-même, devoient trouver des excuses, seconderent de si lâches desseins. Ces indignes Seigneurs, abusant de la trop aveugle confiance de leur Souveraine, eurent la coupable et funeste adresse d’engager Marie dans différentes démarches qui aliénerent d’elle la plus grande partie de ses peuples, et donnerent lieu aux plus atroces complots contre sa personne. Victime enfin des noirs artifices de son implacable ennemie, et des cruelles manoeuvres de ses agens à la honte éternelle de tous les Potentats contemporains, qui virent tranquillement ourdir une si affreuse tragédie, cette Reine infortunée périt sous le glaive d’un bourreau le mercredi 8 Février 1587, n’étant encore âgée que d’environ quarante-quatre ans. En vain Elisabeth s’efforça de jetter un voile sur les horreurs d’un si détestable forfait: malgré ses efforts, malgré l’impudence de l’ingrat Buchanan, son complice, la vérité s’est fait jour. Plusieurs historiens, Anglois et François, ont mis l’innocence de Marie dans la plus grande [374] évidence, et dégagé sa mémoire de toutes les impostures dont on s’étoit servi pour la flétrir.
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[[Catégorie:Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson]]

Version actuelle en date du 19 mai 2011 à 19:29

[372] MARIE STUART, fille de Jacques V. Roi d’Ecosse, et de Marie de Lorraine, née le 15 Décembre 1542, perdit son pere huit jours après sa naissance, et le remplaça sur le Trône. La Reine sa mere, soeur du Duc de Guise et du Cardinal de Lorraine, présida à son éducation jusqu’à l’âge de six ans qu’elle l’envoya en France, où, par ses ordres, elle fut élevée et instruite avec les plus grands soins. Marie, à un esprit vif, à une mémoire facile, joignoit une pénétration singuliere qui lui fit faire en peu de tems les plus rapides progrès. A douze ans, outre sa langue naturelle, elle savoit le François, l’Anglois, l’Italien, l’Espagnol et le Latin, et elle prononça même en cette derniere langue, en présence du Roi et de toute la Cour, un discours très-éloquent, où elle soutint que la carriere des sciences étoit ouverte aux femmes aussi-bien qu’aux hommes. De si heureuses dispositions étoient encore relevées par les avantages d’une rare beauté, par les graces d’un port noble et majestueux, une ame élevée, un courage et une fermeté au-dessus de son sexe, un coeur généreux et bienfaisant. Mariée à François II. Roi de France, ce Prince mourut quinze mois après leur mariage, sans laisser de postérité. Marie Stuart ne voyant pas de plus glorieuse retraite pour elle que le Trône de ses ancètres, repassa en Ecosse, où ses sujets la re-[373]çurent avec les plus grands transports de joie. Elisabeth régnoit alors sur l’Angleterre, et ne put voir sans la plus vive jalousie tant de belles qualités réunies dans la personne de Marie, jointes d’ailleurs à des droits légitimes sur son propre Trône. Cette funeste passion ne tarda pas d’embraser le coeur d’Elisabeth, et de lui inspirer le noir projet de perdre cette illustre rivale. Le zele ardent de Marie pour la Religion de ses peres, et la perfide ambition de plusieurs Seigneurs Ecossois, avides de s’emparer du Gouvernement, et peut-être quelques légeres foiblesses qui, dans l’exemple d’Elisabeth elle-même, devoient trouver des excuses, seconderent de si lâches desseins. Ces indignes Seigneurs, abusant de la trop aveugle confiance de leur Souveraine, eurent la coupable et funeste adresse d’engager Marie dans différentes démarches qui aliénerent d’elle la plus grande partie de ses peuples, et donnerent lieu aux plus atroces complots contre sa personne. Victime enfin des noirs artifices de son implacable ennemie, et des cruelles manoeuvres de ses agens à la honte éternelle de tous les Potentats contemporains, qui virent tranquillement ourdir une si affreuse tragédie, cette Reine infortunée périt sous le glaive d’un bourreau le mercredi 8 Février 1587, n’étant encore âgée que d’environ quarante-quatre ans. En vain Elisabeth s’efforça de jetter un voile sur les horreurs d’un si détestable forfait: malgré ses efforts, malgré l’impudence de l’ingrat Buchanan, son complice, la vérité s’est fait jour. Plusieurs historiens, Anglois et François, ont mis l’innocence de Marie dans la plus grande [374] évidence, et dégagé sa mémoire de toutes les impostures dont on s’étoit servi pour la flétrir.

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