Esprit-Madeleine Pocquelin : Différence entre versions
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− | Ses deux prénoms sont ceux de son parrain, Esprit de Modène, et de sa marraine, Madeleine Béjart, ce qui pourrait confirmer qu’Armande était bien la fille de Madeleine et d’Esprit, la coutume étant alors de choisir les grands-parents pour le parrainage. | + | Ses deux prénoms sont ceux de son parrain, Esprit de Modène, et de sa marraine, [[Madeleine Béjart]], ce qui pourrait confirmer qu’Armande était bien la fille de Madeleine et d’Esprit, la coutume étant alors de choisir les grands-parents pour le parrainage. |
Esprit-Madeleine n’avait pas huit ans à la mort de son père et la seule allusion que l’on ait à une scène de son enfance est un petit costume de couleur rose au corps de taffetas vert qu’elle dut revêtir pour jouer une des deux petites Grâces qui accompagnent Vénus dans le prologue de ''Psyché'' (1671), costume décrit dans l’inventaire après décès de Molière. Mais elle aurait refusé de jouer le rôle de Louison du ''Malade imaginaire'' (il fut joué par la fille de Mlle Beauval). | Esprit-Madeleine n’avait pas huit ans à la mort de son père et la seule allusion que l’on ait à une scène de son enfance est un petit costume de couleur rose au corps de taffetas vert qu’elle dut revêtir pour jouer une des deux petites Grâces qui accompagnent Vénus dans le prologue de ''Psyché'' (1671), costume décrit dans l’inventaire après décès de Molière. Mais elle aurait refusé de jouer le rôle de Louison du ''Malade imaginaire'' (il fut joué par la fille de Mlle Beauval). | ||
− | Le testament de Madeleine avait fait d’elle son héritière, après sa mère Armande. «Pensionnaire» («celle qui paie pension pour être logée, nourrie et quelquefois instruite») au couvent des Dames religieuses de la Conception, à sa majorité, elle eut quelques contestations avec sa mère concernant son héritage (1691-1693), ce qui lui permit d’entrer en possession de biens suffisants pour mener une vie autonome et à l’abri du besoin. Restée célibataire jusqu’à ses quarante ans (à cause de la sulfureuse réputation faite à sa mère ?), elle épouse en 1705 un gentilhomme de modeste condition, Claude de Rachel de Montalant, de dix-neuf ans son aîné, qui depuis 1669 tient l’orgue de l’église Saint-André-des-Arts ; elle n’en eut pas d’enfant.<br/> | + | Le testament de [[Madeleine Béjart|Madeleine]] avait fait d’elle son héritière, après sa mère Armande. «Pensionnaire» («celle qui paie pension pour être logée, nourrie et quelquefois instruite») au couvent des Dames religieuses de la Conception, à sa majorité, elle eut quelques contestations avec sa mère concernant son héritage (1691-1693), ce qui lui permit d’entrer en possession de biens suffisants pour mener une vie autonome et à l’abri du besoin. Restée célibataire jusqu’à ses quarante ans (à cause de la sulfureuse réputation faite à sa mère ?), elle épouse en 1705 un gentilhomme de modeste condition, Claude de Rachel de Montalant, de dix-neuf ans son aîné, qui depuis 1669 tient l’orgue de l’église Saint-André-des-Arts ; elle n’en eut pas d’enfant.<br/> |
Dans sa ''Vie de M. de Molière'', Grimarest, qui la fréquentait, et faisait avec elle et quelques amis du théâtre de salon, rend hommage à « Mademoiselle Pocquelin », en écrivant qu’elle « fait connaître par l’arrangement de sa conduite et l’agrément de sa conversation qu’elle a moins hérité des biens de son père que de ses bonnes qualités ». <br/> | Dans sa ''Vie de M. de Molière'', Grimarest, qui la fréquentait, et faisait avec elle et quelques amis du théâtre de salon, rend hommage à « Mademoiselle Pocquelin », en écrivant qu’elle « fait connaître par l’arrangement de sa conduite et l’agrément de sa conversation qu’elle a moins hérité des biens de son père que de ses bonnes qualités ». <br/> | ||
Rompant avec la vocation théâtrale de la génération précédente, peut-être par esprit de dévotion, Esprit-Madeleine a préféré une vie anonyme et simple – tout de même facilitée par son indépendance financière. Giovanni Macchia en a fait l’héroïne douloureuse d’une pièce de théâtre, ''Le Silence de Molière'' (1975, trad. française 1989). | Rompant avec la vocation théâtrale de la génération précédente, peut-être par esprit de dévotion, Esprit-Madeleine a préféré une vie anonyme et simple – tout de même facilitée par son indépendance financière. Giovanni Macchia en a fait l’héroïne douloureuse d’une pièce de théâtre, ''Le Silence de Molière'' (1975, trad. française 1989). |
Version du 25 avril 2022 à 16:34
Esprit-Madeleine Pocquelin | ||
Conjoint(s) | Claude de Rachel de Montalant | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 4 août 1665 | |
Date de décès | 23 mai 1723 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Claudine Nédelec, 2022
La seule fille survivante (sur quatre enfants) de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, et d’Armande Béjart est restée à l’écart de la vie publique et du monde du théâtre professionnel. Mais elle a été, avec Michel Baron et Jean Racine, une informatrice avérée de Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest, auteur en 1705 de la première biographie de Molière.
Ses deux prénoms sont ceux de son parrain, Esprit de Modène, et de sa marraine, Madeleine Béjart, ce qui pourrait confirmer qu’Armande était bien la fille de Madeleine et d’Esprit, la coutume étant alors de choisir les grands-parents pour le parrainage.
Esprit-Madeleine n’avait pas huit ans à la mort de son père et la seule allusion que l’on ait à une scène de son enfance est un petit costume de couleur rose au corps de taffetas vert qu’elle dut revêtir pour jouer une des deux petites Grâces qui accompagnent Vénus dans le prologue de Psyché (1671), costume décrit dans l’inventaire après décès de Molière. Mais elle aurait refusé de jouer le rôle de Louison du Malade imaginaire (il fut joué par la fille de Mlle Beauval).
Le testament de Madeleine avait fait d’elle son héritière, après sa mère Armande. «Pensionnaire» («celle qui paie pension pour être logée, nourrie et quelquefois instruite») au couvent des Dames religieuses de la Conception, à sa majorité, elle eut quelques contestations avec sa mère concernant son héritage (1691-1693), ce qui lui permit d’entrer en possession de biens suffisants pour mener une vie autonome et à l’abri du besoin. Restée célibataire jusqu’à ses quarante ans (à cause de la sulfureuse réputation faite à sa mère ?), elle épouse en 1705 un gentilhomme de modeste condition, Claude de Rachel de Montalant, de dix-neuf ans son aîné, qui depuis 1669 tient l’orgue de l’église Saint-André-des-Arts ; elle n’en eut pas d’enfant.
Dans sa Vie de M. de Molière, Grimarest, qui la fréquentait, et faisait avec elle et quelques amis du théâtre de salon, rend hommage à « Mademoiselle Pocquelin », en écrivant qu’elle « fait connaître par l’arrangement de sa conduite et l’agrément de sa conversation qu’elle a moins hérité des biens de son père que de ses bonnes qualités ».
Rompant avec la vocation théâtrale de la génération précédente, peut-être par esprit de dévotion, Esprit-Madeleine a préféré une vie anonyme et simple – tout de même facilitée par son indépendance financière. Giovanni Macchia en a fait l’héroïne douloureuse d’une pièce de théâtre, Le Silence de Molière (1975, trad. française 1989).