Marie Agouet : Différence entre versions

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== Notice de [[Nicole Dufournaud]], 2013==
Négociante en sel. Cette notice est en cours de rédaction.<br />
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Baptisée en juillet 1560 au Croisic, Marie Agouet est encore vivante en 1640 quand elle se fait représenter dans une procédure judiciaire. Cette figure guérandaise est issue du milieu du sel. Jeune orpheline, elle hérite des biens de ses grands-parents paternels et maternels, puis des autres branches directes et collatérales par manque d’héritiers. Ces héritages se composent non seulement de maisons et de terres diverses mais également d’œillets de marais à sel, ces bassins de retenue de l’eau de mer qui permettent la récolte de l’«or blanc», le sel. En 1587, veuve de son premier mari et tutrice de leur fille Françoise, elle est une riche héritière. Elle se marie une seconde fois vers 1591 puis une nouvelle fois vers 1602 avec Pierre Jumel, bourgeois et marchand. Ses troisièmes noces sont le prétexte d’une alliance avantageuse pour elle: la famille Jumel possède de nombreux marais à sel et participe à la reconstruction des marais depuis 1554. De nouveau veuve à la fin des années 1610, elle est mentionnée dans les actes notariés sans le nom de son défunt mari, avec la qualité d’«honorable femme». Pendant plus de vingt ans, et jusqu’en 1632, elle achète des œillets de marais; elle agit seule en tant que «bourgeoise», nouvelle qualité qui apparaît dans les textes officiels, alors que celle de veuve n’est plus précisée. Ce changement d’identification sociale montre une élévation de son statut. À sa mort, son héritage échoit à son arrière-petite-fille devenue noble, damoiselle Marie Cramezel. Celle-ci est alors mariée avec Pierre Jego et ils sont «sieur et dame de Quevelec».<br>
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Avec Marie Agouet, nous percevons le dynamisme économique de certaines femmes de cette région, et leur ascension sociale possible au début du XVIIe siècle. Héritière de terres dès son plus jeune âge, elle est devenue une bourgeoise, propriétaire de bateaux. Trois fois veuve, elle a bénéficié d’une longévité favorable qui lui a permis de gérer des activités offertes par la proximité de la mer. À sa mort, son patrimoine est immense, composé de nombreux œillets à sel, de terres, de vignes, de maisons et de parts de navire. Marie Agouet est-elle une figure d’exception? Les rares études menées sur ce milieu laissent penser que son existence n’est pas singulière; d’autres exemples sont sans doute enfouis dans les archives. Dans les ports, l’absence des hommes partis de long mois en mer semble être une bonne raison pour expliquer la place vacante laissée aux femmes qui n’hésitent pas à prendre un rôle économique important dans la société du littoral.
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==Sources==
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* Archives Départementales Loire-Atlantique, Titres de famille Jumel E1382, E1384 et 2E1313
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==Choix bibliographique==
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* Dufournaud, Nicole, "Rôles et pouvoirs des femmes au XVIe siècle dans la France de l’Ouest", thèse d’Histoire sous la direction d’André Burguière, EHESS, Paris, 2007, disponible en ligne [http://nicole.dufournaud.net/]
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* Dufournaud, Nicole, «Les femmes au travail dans les villes de Bretagne – XVIe et XVIIe siècles », in ''Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest'', septembre 2007, vol. 114, n° 3, p. 43 66.
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* Dufournaud, Nicole et Bernard Michon, «Les femmes et le commerce maritime à Nantes (1660-1740): un rôle largement méconnu», in ''CLIO. Histoire, femmes et sociétés, Le genre du Sport'', mai 2006, n°23, p. 311-330.
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Version actuelle en date du 21 juillet 2014 à 09:54

Marie Agouet
Conjoint(s) Jean Lucas
Vincent Blaye
Pierre Jumel
Biographie
Date de naissance 1560
Date de décès Après 1640
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nicole Dufournaud, 2013

Baptisée en juillet 1560 au Croisic, Marie Agouet est encore vivante en 1640 quand elle se fait représenter dans une procédure judiciaire. Cette figure guérandaise est issue du milieu du sel. Jeune orpheline, elle hérite des biens de ses grands-parents paternels et maternels, puis des autres branches directes et collatérales par manque d’héritiers. Ces héritages se composent non seulement de maisons et de terres diverses mais également d’œillets de marais à sel, ces bassins de retenue de l’eau de mer qui permettent la récolte de l’«or blanc», le sel. En 1587, veuve de son premier mari et tutrice de leur fille Françoise, elle est une riche héritière. Elle se marie une seconde fois vers 1591 puis une nouvelle fois vers 1602 avec Pierre Jumel, bourgeois et marchand. Ses troisièmes noces sont le prétexte d’une alliance avantageuse pour elle: la famille Jumel possède de nombreux marais à sel et participe à la reconstruction des marais depuis 1554. De nouveau veuve à la fin des années 1610, elle est mentionnée dans les actes notariés sans le nom de son défunt mari, avec la qualité d’«honorable femme». Pendant plus de vingt ans, et jusqu’en 1632, elle achète des œillets de marais; elle agit seule en tant que «bourgeoise», nouvelle qualité qui apparaît dans les textes officiels, alors que celle de veuve n’est plus précisée. Ce changement d’identification sociale montre une élévation de son statut. À sa mort, son héritage échoit à son arrière-petite-fille devenue noble, damoiselle Marie Cramezel. Celle-ci est alors mariée avec Pierre Jego et ils sont «sieur et dame de Quevelec».
Avec Marie Agouet, nous percevons le dynamisme économique de certaines femmes de cette région, et leur ascension sociale possible au début du XVIIe siècle. Héritière de terres dès son plus jeune âge, elle est devenue une bourgeoise, propriétaire de bateaux. Trois fois veuve, elle a bénéficié d’une longévité favorable qui lui a permis de gérer des activités offertes par la proximité de la mer. À sa mort, son patrimoine est immense, composé de nombreux œillets à sel, de terres, de vignes, de maisons et de parts de navire. Marie Agouet est-elle une figure d’exception? Les rares études menées sur ce milieu laissent penser que son existence n’est pas singulière; d’autres exemples sont sans doute enfouis dans les archives. Dans les ports, l’absence des hommes partis de long mois en mer semble être une bonne raison pour expliquer la place vacante laissée aux femmes qui n’hésitent pas à prendre un rôle économique important dans la société du littoral.

Sources

  • Archives Départementales Loire-Atlantique, Titres de famille Jumel E1382, E1384 et 2E1313

Choix bibliographique

  • Dufournaud, Nicole, "Rôles et pouvoirs des femmes au XVIe siècle dans la France de l’Ouest", thèse d’Histoire sous la direction d’André Burguière, EHESS, Paris, 2007, disponible en ligne [1]
  • Dufournaud, Nicole, «Les femmes au travail dans les villes de Bretagne – XVIe et XVIIe siècles », in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, septembre 2007, vol. 114, n° 3, p. 43 66.
  • Dufournaud, Nicole et Bernard Michon, «Les femmes et le commerce maritime à Nantes (1660-1740): un rôle largement méconnu», in CLIO. Histoire, femmes et sociétés, Le genre du Sport, mai 2006, n°23, p. 311-330.
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