Elisabeth-Angélique de Boutteville-Montmorency : Différence entre versions

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== Notice de [[Danielle Haase-Dubosc]], 2013==
 
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Isabelle-Angélique de Boutteville-Montmorency naît à Paris  le 8 mars 1627 un peu avant la mort de son père, François de Montmorency, comte de Boutteville, duelliste décapité place de Grève. Sa mère, Elisabeth de Vienne, a deux autres enfants : Marie-Louise, future Marquise de Valençay et François-Henri de Montmorency, futur Maréchal de Luxembourg. Charlotte de Montmorency, princesse de Condé, cousine de François, ne cessera de protéger ces enfants issus de la branche cadette de sa maison; elle les élève avec les siens à Chantilly et à Paris et les fait tous bénéficier de la culture la plus soignée; Isabelle-Angélique est particulièrement choyée. En 1645, avec l’aide et la caution de son cousin le duc d’Enghien, elle consent à son enlèvement par Gaspard de Coligny afin de forcer les deux familles à admettre le mariage.  En 1649, son mari –devenu duc et pair de Châtillon ainsi que maréchal grâce à Condé – est tué pendant la première Fronde. En 1650,  Mazarin fait emprisonner Condé : pour soutenir la princesse douairière, Isabelle-Angélique part à Chantilly. Négociatrice née, elle organise le QG de l’opposition : la correspondance clandestine va de chez elle aux chefs rebelles et même à Condé. Elle gagne des adhérents pour son parti : son éloquence, sa beauté et ses manières flatteuses attirent des seigneurs importants comme le duc de Nemours. Mazarin décidant de « fermer » Chantilly, centre de la rébellion, la princesse douairière s’enfuit avec Isabelle-Angélique pour se réfugier au château de Châtillon, nouveau point de ralliement. Lorsque tout l’entourage de Condé veut continuer la guerre, la princesse et Isabelle-Angélique seules optent pour la paix. Quant la princesse douairière meurt fin 1650, elle laisse à sa fille adoptive la jouissance du château de Merlou, près de Chantilly, et un coffret de pierreries. Puis pendant deux ans, Châtillon travaille « à faire l’accommodement » entre les parties. Ambassadrice de Condé avec les pleins pouvoirs, elle reçoit les honneurs militaires à la cour; par ailleurs Condé lui fait donation en toute propriété de Merlou. Lorsque Mazarin fait traîner les négociations, Isabelle-Angélique rompt les pourparlers (1652).  De nouveau assignée à résidence après la bataille de la porte Saint-Antoine, c’est le début d’une période trouble. Soupçonnée d’avoir participé à un complot pour assassiner Mazarin, elle est écartée de la cour mais est chaleureusement invitée d’y retourner en 1655. Tous les efforts pour l’amadouer ne lui font pas changer de camp. Elle attire le Maréchal Hocquincourt  - pour les places fortes qu’il contrôle - dans le parti de Condé.  Mazarin la fait séquestrer pour obtenir le retour d’Hocquincourt. Prisonnière chez la mère de l’abbé Fouquet, elle tient bon. Les négociations avec Hocquincourt font qu’elle est relâchée (novembre 1655) et revient à la cour. Après la réconciliation de Condé avec le roi, (1659) elle reçoit une lettre d’éloges de Mazarin et tous les remerciements de Condé. Elle épouse Christian-Louis, duc de Mecklembourg en 1663 et négocie son avantageux contrat de mariage. Mêlée aux intrigues d’Henriette d’Angleterre et du comte de Guiche, elle est discréditée. Le tollé général, augmenté par le récit médisant de sa vie dans L’Histoire Amoureuse des Gaules, ne lui enlève pas la faveur du roi. Henriette d’Angleterre l’admet dans son intimité et mourante, l’appelle à l’aide et expire entre ses bras (1670). Elle va à Mecklenbourg en 1672 avec la ferme intention de servir la politique royale de la France, engageant même ses pierreries pour lever des troupes pour l’armée. De retour en France, elle disperse le foyer protestant de Châtillon, y instaure un hôpital, une école et un monastère. Elle croit pouvoir détacher la maison de Brunswick  de l’Empire et l’attirer vers la France par un traité. Envoyée en Allemagne en 1678, elle réalise ce projet qui aboutit au traité de Brunswick (1679]. En 1682, elle tombe malade de la petite vérole ; elle occupe la fin de sa vie à collectionner les objets d’art, ainsi qu’à marier ses nièces. Son frère, le maréchal de Luxembourg, meurt le 4 janvier 1695 et elle décède trois semaines plus tard.<br/>  
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Isabelle-Angélique de Boutteville-Montmorency naît à Paris  le 8 mars 1627 un peu avant la mort de son père, François de Montmorency, comte de Boutteville, duelliste décapité place de Grève. Sa mère, Elisabeth de Vienne, a deux autres enfants : Marie-Louise, future Marquise de Valençay et François-Henri de Montmorency, futur Maréchal de Luxembourg. Charlotte de Montmorency, princesse de Condé, cousine de François, ne cessera de protéger ces enfants issus de la branche cadette de sa maison; elle les élève avec les siens à Chantilly et à Paris et les fait tous bénéficier de la culture la plus soignée; Isabelle-Angélique est particulièrement choyée. En 1645, avec l’aide et la caution de son cousin le duc d’Enghien, elle consent à son enlèvement par Gaspard de Coligny afin de forcer les deux familles à admettre le mariage.  En 1649, son mari –devenu duc et pair de Châtillon ainsi que maréchal grâce à Condé – est tué pendant la première Fronde. En 1650,  Mazarin fait emprisonner Condé : pour soutenir la princesse douairière, Isabelle-Angélique part à Chantilly. Négociatrice née, elle organise le QG de l’opposition : la correspondance clandestine va de chez elle aux chefs rebelles et même à Condé. Elle gagne des adhérents pour son parti : son éloquence, sa beauté et ses manières flatteuses attirent des seigneurs importants comme le duc de Nemours. Mazarin décidant de « fermer » Chantilly, centre de la rébellion, la princesse douairière s’enfuit avec Isabelle-Angélique pour se réfugier au château de Châtillon, nouveau point de ralliement. Lorsque tout l’entourage de Condé veut continuer la guerre, la princesse et Isabelle-Angélique seules optent pour la paix. Quant la princesse douairière meurt fin 1650, elle laisse à sa fille adoptive la jouissance du château de Merlou, près de Chantilly, et un coffret de pierreries. Puis pendant deux ans, Châtillon travaille « à faire l’accommodement » entre les parties. Ambassadrice de Condé avec les pleins pouvoirs, elle reçoit les honneurs militaires à la cour; par ailleurs Condé lui fait donation en toute propriété de Merlou. Lorsque Mazarin fait traîner les négociations, Isabelle-Angélique rompt les pourparlers (1652).  De nouveau assignée à résidence après la bataille de la porte Saint-Antoine, c’est le début d’une période trouble. Soupçonnée d’avoir participé à un complot pour assassiner Mazarin, elle est écartée de la cour mais est chaleureusement invitée d’y retourner en 1655. Tous les efforts pour l’amadouer ne lui font pas changer de camp. Elle attire le Maréchal Hocquincourt  - pour les places fortes qu’il contrôle - dans le parti de Condé.  Mazarin la fait séquestrer pour obtenir le retour d’Hocquincourt. Prisonnière chez la mère de l’abbé Fouquet, elle tient bon. Les négociations avec Hocquincourt font qu’elle est relâchée (novembre 1655) et revient à la cour. Après la réconciliation de Condé avec le roi, (1659) elle reçoit une lettre d’éloges de Mazarin et tous les remerciements de Condé. Elle épouse Christian-Louis, duc de Mecklembourg en 1663 et négocie son avantageux contrat de mariage. Mêlée aux intrigues d’Henriette d’Angleterre et du comte de Guiche, elle est discréditée. Le tollé général, augmenté par le récit médisant de sa vie dans ''L’Histoire Amoureuse des Gaules'', ne lui enlève pas la faveur du roi. Henriette d’Angleterre l’admet dans son intimité et mourante, l’appelle à l’aide et expire entre ses bras (1670). Elle va à Mecklenbourg en 1672 avec la ferme intention de servir la politique royale de la France, engageant même ses pierreries pour lever des troupes pour l’armée. De retour en France, elle disperse le foyer protestant de Châtillon, y instaure un hôpital, une école et un monastère. Elle croit pouvoir détacher la maison de Brunswick  de l’Empire et l’attirer vers la France par un traité. Envoyée en Allemagne en 1678, elle réalise ce projet qui aboutit au traité de Brunswick (1679]. En 1682, elle tombe malade de la petite vérole ; elle occupe la fin de sa vie à collectionner les objets d’art, ainsi qu’à marier ses nièces. Son frère, le maréchal de Luxembourg, meurt le 4 janvier 1695 et elle décède trois semaines plus tard.<br/>  
 
Isabelle-Angélique est restée fidèle à la maison de Condé toute sa vie.  Les avis des contemporains sur sa personne et sa conduite doivent être mesurés en fonction de leur propre situation clanique. Sa beauté, son intelligence et sa capacité politique aussi bien que ses intrigues amoureuses en firent la proie de la pensée moralisatrice et souvent misogyne  de son siècle et de la postérité.
 
Isabelle-Angélique est restée fidèle à la maison de Condé toute sa vie.  Les avis des contemporains sur sa personne et sa conduite doivent être mesurés en fonction de leur propre situation clanique. Sa beauté, son intelligence et sa capacité politique aussi bien que ses intrigues amoureuses en firent la proie de la pensée moralisatrice et souvent misogyne  de son siècle et de la postérité.
  
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* « Rien n’était plus pompeux que Madame de Chatillon ce jour-là : elle avoit un habit de taffetas aurore, tout brodé d’un cordonnet d’argent ; plus blanche et plus incarnate que je l’ai jamais vue ; plus de diamants aux oreilles, aux doigts, aux bras ; enfin dans une dernière magnificence. Qui voudroit compter toutes les aventures qui lui sont arrivées, on ne finiroit jamais : ce seroit un roman où il y aurait plusieurs héros de différentes manières car on disoit que Monsieur le Prince [Condé] étoit toujours amoureux d’elle, comme aussi le roi d’Angleterre, et avec tout cela M. de Digby, Milord anglois, et l’Abbé Foucquet. On disoit qu’elle étoit bien aise de donner de la jalousie à Monsieur le Prince du roi d’Angleterre, et que les deux autres étoient utiles à ses affaires et à sa sûreté. […] Tout ce que j’en sais, c’est qu’elle me fit grande pitié, lors que tous les bruits que je viens de dire coururent ; et que j’admirais, quand je la vis si belle à Chantilly, qu’elle eût pu conserver tant de santé et de beauté dans de tels embarras. » (Duchesse de Montpensier, ''Mémoires [année 1656]'', éd. critique A. Chéruel, Paris, Charpentier, 1858, vol. 2, p. 437-439)  
 
* « Rien n’était plus pompeux que Madame de Chatillon ce jour-là : elle avoit un habit de taffetas aurore, tout brodé d’un cordonnet d’argent ; plus blanche et plus incarnate que je l’ai jamais vue ; plus de diamants aux oreilles, aux doigts, aux bras ; enfin dans une dernière magnificence. Qui voudroit compter toutes les aventures qui lui sont arrivées, on ne finiroit jamais : ce seroit un roman où il y aurait plusieurs héros de différentes manières car on disoit que Monsieur le Prince [Condé] étoit toujours amoureux d’elle, comme aussi le roi d’Angleterre, et avec tout cela M. de Digby, Milord anglois, et l’Abbé Foucquet. On disoit qu’elle étoit bien aise de donner de la jalousie à Monsieur le Prince du roi d’Angleterre, et que les deux autres étoient utiles à ses affaires et à sa sûreté. […] Tout ce que j’en sais, c’est qu’elle me fit grande pitié, lors que tous les bruits que je viens de dire coururent ; et que j’admirais, quand je la vis si belle à Chantilly, qu’elle eût pu conserver tant de santé et de beauté dans de tels embarras. » (Duchesse de Montpensier, ''Mémoires [année 1656]'', éd. critique A. Chéruel, Paris, Charpentier, 1858, vol. 2, p. 437-439)  
 
* « Elle avait l’esprit doux, accort, flatteur et imaginant ; elle était infidèle, intéressée et sans amitié. Cependant, quelque prévenu que l’on fût de ses mauvaises qualités, quand elle voulait plaire, il n’était pas possible de se défendre de l’aimer : elle avait des manières qui charmaient ; elle en avait d’autres qui attiraient le mépris de tout le monde ; pour de l’argent et des honneurs, elle se serait déshonorée et aurait sacrifié père, mère et amant. » (Bussy-Rabutin, ''Histoire Amoureuse des Gaules, qui circule en manuscrit dès 1662. Première édition à Liège en 1665'', éd. Roger Duchêne, Paris, Gallimard, « folio classique », 1993, p. 93)
 
* « Elle avait l’esprit doux, accort, flatteur et imaginant ; elle était infidèle, intéressée et sans amitié. Cependant, quelque prévenu que l’on fût de ses mauvaises qualités, quand elle voulait plaire, il n’était pas possible de se défendre de l’aimer : elle avait des manières qui charmaient ; elle en avait d’autres qui attiraient le mépris de tout le monde ; pour de l’argent et des honneurs, elle se serait déshonorée et aurait sacrifié père, mère et amant. » (Bussy-Rabutin, ''Histoire Amoureuse des Gaules, qui circule en manuscrit dès 1662. Première édition à Liège en 1665'', éd. Roger Duchêne, Paris, Gallimard, « folio classique », 1993, p. 93)
* « Vous savez, je crois, que Mme de Meckelbourg, s’en allant en Allemagne, a passé par l’armée de son frère. Elle y a été trois jours, comme Armide, au milieu de toutes ces honneurs militaires qui ne se rendent pas à petit bruit. Je ne puis comprendre comment elle put songer à moi en cet état, elle fit plus, elle m’écrivit une lettre fort honnête, ce qui me surprit extrêmement ; car je n’ai aucun commerce avec elle, elle pourroit faire dix campagnes et voyages en Allemagne sans penser à moi, que je ne serois pas en droit de m’en plaindre. Je lui mandai que j’avois bien lu des princesses dans les armées, se faisant adorer et admirer de tous les princes, qui étoient autant d’amants ; mais que je n’en avois jamais vu une qui, dans ce triomphe, s’avisât d’écrire à une ancienne amie, qui n’avait pas la qualité de confidente de la princesse. » (Madame de Sévigné, « Au comte Bussy-Rabutin », 12 Octobre 1678, Lettres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, vol. 2, p. 418)  
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* « Vous savez, je crois, que Mme de Meckelbourg, s’en allant en Allemagne, a passé par l’armée de son frère. Elle y a été trois jours, comme Armide, au milieu de toutes ces honneurs militaires qui ne se rendent pas à petit bruit. Je ne puis comprendre comment elle put songer à moi en cet état, elle fit plus, elle m’écrivit une lettre fort honnête, ce qui me surprit extrêmement ; car je n’ai aucun commerce avec elle, elle pourroit faire dix campagnes et voyages en Allemagne sans penser à moi, que je ne serois pas en droit de m’en plaindre. Je lui mandai que j’avois bien lu des princesses dans les armées, se faisant adorer et admirer de tous les princes, qui étoient autant d’amants ; mais que je n’en avois jamais vu une qui, dans ce triomphe, s’avisât d’écrire à une ancienne amie, qui n’avait pas la qualité de confidente de la princesse. » (Madame de Sévigné, « Au comte Bussy-Rabutin », 12 Octobre 1678, ''Lettres'', Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, vol. 2, p. 418)  
* « Quoique déjà âgée, joint à la petite vérole dont elle a été atteinte en minant les traits de cette grande beauté de visage qui a brillé longtemps et fait bien du bruit en France sous le nom de la belle Duchesse de Chatillon, n’a rien diminué les avantages de sa taille et de sa bonne mine, ni d’ailleurs de la beauté de son esprit et des charmes de son entretien, en quoi on peut dire, sans la flatter, qu’il n’y a rien encore à la cour de France qui l’égale. » (Ezékiel Spanheim, Relation de la cour de France en 1690, Paris, Renouard, 1882, p. 123)
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* « Quoique déjà âgée, joint à la petite vérole dont elle a été atteinte en minant les traits de cette grande beauté de visage qui a brillé longtemps et fait bien du bruit en France sous le nom de la belle Duchesse de Chatillon, n’a rien diminué les avantages de sa taille et de sa bonne mine, ni d’ailleurs de la beauté de son esprit et des charmes de son entretien, en quoi on peut dire, sans la flatter, qu’il n’y a rien encore à la cour de France qui l’égale. » (Ezékiel Spanheim, ''Relation de la cour de France en 1690'', Paris, Renouard, 1882, p. 123)
* « À la considérer de près, la conduite politique de la Duchesse de Chatillon est, dans toute cette période (1651-59), un vrai miracle d’équilibre. On admire involontairement tant de sang-froid, tant de souplesse, une habilité si surprenante à diriger, au fort de la tempête, sa barque au milieu des écueils ; et l’on pardonne, au nom de l’art, ce qui fait gémir la morale. » (Pierre de Ségur, La jeunesse du Maréchal de Luxembourg, op cit.., 1900, p.315)
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* « À la considérer de près, la conduite politique de la Duchesse de Chatillon est, dans toute cette période (1651-59), un vrai miracle d’équilibre. On admire involontairement tant de sang-froid, tant de souplesse, une habilité si surprenante à diriger, au fort de la tempête, sa barque au milieu des écueils ; et l’on pardonne, au nom de l’art, ce qui fait gémir la morale. » (Pierre de Ségur, ''La jeunesse du Maréchal de Luxembourg'', Voir ''Supra'' Choix bibliographique, p.315)
  
  
 
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Version actuelle en date du 5 mars 2013 à 09:04

Elisabeth-Angélique de Boutteville-Montmorency
Titre(s) Duchesse de Châtillon
Duchesse de Mecklembourg
Conjoint(s) Gaspard IV de Coligny, duc de Châtillon (mariage en 1646)
Christian-Louis, Duc de Mecklembourg-Schwerin, (mariage en 1663).
Dénomination(s) Prénom d'usage: Isabelle-Angélique
Pendant la Fronde: Circée ou « La Rose ».
Biographie
Date de naissance 1627
Date de décès 1695
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Danielle Haase-Dubosc, 2013

Isabelle-Angélique de Boutteville-Montmorency naît à Paris le 8 mars 1627 un peu avant la mort de son père, François de Montmorency, comte de Boutteville, duelliste décapité place de Grève. Sa mère, Elisabeth de Vienne, a deux autres enfants : Marie-Louise, future Marquise de Valençay et François-Henri de Montmorency, futur Maréchal de Luxembourg. Charlotte de Montmorency, princesse de Condé, cousine de François, ne cessera de protéger ces enfants issus de la branche cadette de sa maison; elle les élève avec les siens à Chantilly et à Paris et les fait tous bénéficier de la culture la plus soignée; Isabelle-Angélique est particulièrement choyée. En 1645, avec l’aide et la caution de son cousin le duc d’Enghien, elle consent à son enlèvement par Gaspard de Coligny afin de forcer les deux familles à admettre le mariage. En 1649, son mari –devenu duc et pair de Châtillon ainsi que maréchal grâce à Condé – est tué pendant la première Fronde. En 1650, Mazarin fait emprisonner Condé : pour soutenir la princesse douairière, Isabelle-Angélique part à Chantilly. Négociatrice née, elle organise le QG de l’opposition : la correspondance clandestine va de chez elle aux chefs rebelles et même à Condé. Elle gagne des adhérents pour son parti : son éloquence, sa beauté et ses manières flatteuses attirent des seigneurs importants comme le duc de Nemours. Mazarin décidant de « fermer » Chantilly, centre de la rébellion, la princesse douairière s’enfuit avec Isabelle-Angélique pour se réfugier au château de Châtillon, nouveau point de ralliement. Lorsque tout l’entourage de Condé veut continuer la guerre, la princesse et Isabelle-Angélique seules optent pour la paix. Quant la princesse douairière meurt fin 1650, elle laisse à sa fille adoptive la jouissance du château de Merlou, près de Chantilly, et un coffret de pierreries. Puis pendant deux ans, Châtillon travaille « à faire l’accommodement » entre les parties. Ambassadrice de Condé avec les pleins pouvoirs, elle reçoit les honneurs militaires à la cour; par ailleurs Condé lui fait donation en toute propriété de Merlou. Lorsque Mazarin fait traîner les négociations, Isabelle-Angélique rompt les pourparlers (1652). De nouveau assignée à résidence après la bataille de la porte Saint-Antoine, c’est le début d’une période trouble. Soupçonnée d’avoir participé à un complot pour assassiner Mazarin, elle est écartée de la cour mais est chaleureusement invitée d’y retourner en 1655. Tous les efforts pour l’amadouer ne lui font pas changer de camp. Elle attire le Maréchal Hocquincourt - pour les places fortes qu’il contrôle - dans le parti de Condé. Mazarin la fait séquestrer pour obtenir le retour d’Hocquincourt. Prisonnière chez la mère de l’abbé Fouquet, elle tient bon. Les négociations avec Hocquincourt font qu’elle est relâchée (novembre 1655) et revient à la cour. Après la réconciliation de Condé avec le roi, (1659) elle reçoit une lettre d’éloges de Mazarin et tous les remerciements de Condé. Elle épouse Christian-Louis, duc de Mecklembourg en 1663 et négocie son avantageux contrat de mariage. Mêlée aux intrigues d’Henriette d’Angleterre et du comte de Guiche, elle est discréditée. Le tollé général, augmenté par le récit médisant de sa vie dans L’Histoire Amoureuse des Gaules, ne lui enlève pas la faveur du roi. Henriette d’Angleterre l’admet dans son intimité et mourante, l’appelle à l’aide et expire entre ses bras (1670). Elle va à Mecklenbourg en 1672 avec la ferme intention de servir la politique royale de la France, engageant même ses pierreries pour lever des troupes pour l’armée. De retour en France, elle disperse le foyer protestant de Châtillon, y instaure un hôpital, une école et un monastère. Elle croit pouvoir détacher la maison de Brunswick de l’Empire et l’attirer vers la France par un traité. Envoyée en Allemagne en 1678, elle réalise ce projet qui aboutit au traité de Brunswick (1679]. En 1682, elle tombe malade de la petite vérole ; elle occupe la fin de sa vie à collectionner les objets d’art, ainsi qu’à marier ses nièces. Son frère, le maréchal de Luxembourg, meurt le 4 janvier 1695 et elle décède trois semaines plus tard.
Isabelle-Angélique est restée fidèle à la maison de Condé toute sa vie. Les avis des contemporains sur sa personne et sa conduite doivent être mesurés en fonction de leur propre situation clanique. Sa beauté, son intelligence et sa capacité politique aussi bien que ses intrigues amoureuses en firent la proie de la pensée moralisatrice et souvent misogyne de son siècle et de la postérité.

Oeuvres

CORRESPONDANCE INEDITE

  • Paris, Bibliothèque Nationale Département des Manuscrits, Fonds Français (BN) ms N° 6703, f° 80 et 100, Mme de Chatillon à Lenet, 16 juin et 8 juillet, 1650 ; ms n° 6728, f° 152, Mme de Chatillon à Lenet, s. d. ; ms n° 6704, f° 100 et 110, Mme de Chatillon à Lenet, 9, 16 Novembre 1650 ; ms n° 6727 f° 25, Mme de Chatillon à Lenet, 13 (ou 18) août (1652) ; ms n° 6728, f° 232, Mme de Chatillon à Lenet, 29 septembre 1652 ; ms n° 6713, f° 33, Mme de Chatillon à Lenet, 4 janvier 1653, publiée par Filleul, op. cit., p. 153 ; mas n° 6726, f° 135, Mme de Chatillon à Lenet, s.d. ; n° 23202, f° 306, Madame de Chatillon à Condé, 17 octobre 1655.
  • Paris, Archives du Ministère des Affaires Étrangères (AE) France, 907, f° 139, Mme de Chatillon à M. le Prince, 27 juin, 1659 ; Mecklembourg, 1660-1666, p. 91, Mme de Chatillon à M. de Gravelle, 4 avril, 1664 ; Mecklembourg, 1660-1666, p. 105, Mme de Mecklembourg à Lionne, p. 123 et s. ; voir 28 mai et 10 juin 1665, p. 422, Madame de Mecklembourg à Lionne, septembre 1666, p. 426 au même, septembre et décembre 1666 ; Mecklembourg, 1667-1698, f° 1 et 2, Madame de Mecklembourg à Lionne, janvier 1667, 5 février 1667 et p. 28, Mme de Mecklembourg à Lionne, 17 mai, 1667. Aussi, France, 189, f° 38 ; Mecklembourg, Suppl. 1632-1757, f° 50, Mme de Mecklembourg à Hugues de Lionne, 5 juillet 1672 ; Mecklembourg, 1667-1698, p. 307, Mme de Mecklembourg à Pomponne, mars 1679 ; Mecklembourg 1667-1698, f°4, 20, Mme de Mecklembourg à Lionne, février 1667 ; p. 2, 12, 16 à Lionne, janvier et avril, 1667 ; Mecklembourg, Suppl., 1632-1757, f° 30, 32, 34, 36, 41, 45, 18, 50, 55, 57, 59, 78, 80, 82, Lettres de Mme de Mecklembourg à Pomponne, Louis XIV, Bidal, etc. ; Mecklembourg 1667-1698, f° 83, 86, 88, 89, idem ; Mecklembourg 1667-1698, f° 90, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 26 avril 1673 ; Mecklembourg 1668-1698, f° 109, Mme de Mecklembourg à Louis XIV, 18 mai 1673 ; Mecklembourg, 1667-1698, p. 119, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 12 juin 1673 ; Mecklembourg, 1667-1698, f° 147, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 13 novembre 1674 ; Mecklembourg, 1667-1698, f° 194 et 196, Mme de Meclembourg à Pomponne, mars, 1678, p. 22, à Pomponne, 9 octobre 1678, Mecklembourg, 1667-1698, f° 231, Mme de Mecklembourg à Gourville, 11 novembre 1678 ; Brunswick, III, 419, Mme de Mecklembourg à Gourville, 13 novembre 1678 ; Mecklembourg, 1667-1678, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 28 novembre, 1678, p. 261, à Pomponne, 9 janvier 1679 ; Mecklembourg, 1667-1698, f° 283-292, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 10 et 13 février 1679, f° 295 à Pomponne 17 février 1679, f° 331 à Pomponne, 24 mars 1679, Ibid., p. 315 et 323, Ibid., 3 et 17 mars, 1679 ; Mecklembourg 1667-1698, f° 387, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 11 mai 1679, F° 404 et 410, à Pomponne, 8 et 19 août, 1679 ; Mecklembourg, 1667-1698, f° 370, Mme de Mecklembourg à Pomponne, 29 mai 1679.
  • Paris, Archives Historiques du Ministère de la Guerre (AG) Vol 269, f° 42, 43; vol. 287, f° 33 ; vol. 302, f° 94, Lettres de Mme de Mecklenbourg à Louvois, 1672-73; vol. 360, f° 169, Mme de Mecklembourg à Louvois, 20 avril 1673; vol. 342, f° 145, Mme de Mecklembourg à Louvois, 1er juin 1673 ; vol. 361, f° 21, Mme de Mecklembourg à Louvois, 5 juillet et s. pour l’année 1673; vol. 362, f° 11bis, Mme de Mecklembourg à Louvois, 6 octobre 1673; vol. 594, f° 49, Mme de Mecklembourg à Louvois, 8 décembre 1678.
  • Paris, Catalogues des autographes Charaway (Fbg Saint-Honoré), Mme de Chatillon à Mazarin, 20 septembre 1653 ; aussi Lettre, fin 1653.
  • Paris, Bibliothèque de l’Institut (BI) Collection Godefroy, Portefeuille n° 274, f° 444, Mme de Chatillon au comte de Charost, 3 octobre 1658.
  • Chantilly, Archives du musée Condé à Chantilly (AC), VI, p. 304 ; VII, p. 7, Mme de Chatillon à Lavocat, 20 décembre (1650 ?) et 6 janvier (1651 ?) ; XVI, 164, Mme de Chatillon à Mme de Longueville, 1er mai, 1656 ; XLVII, p. 327, Mme de Mecklembourg à M. le Prince, 14 juin, 1673 ; LXXV, p. 155, Mme de Mecklembourg à M. le Prince, 21 août, 1679 ; LXXVII, p. 25, Mme de Mecklembporg à M. le Prince, 12 mars, 1680.
  • Londres, British Museum, ms 32095, Mme de Mecklembourg à Jacques II d’Angleterre, 12 mars 1685.
  • Schwerin (D), Landeshauptarchiv Schwerin, Voir banque de données sv Isabelle Angélique von Mecklenburg [1]

CORRESPONDANCE ÉDITÉE

  • Lettres ou fragments de lettres publiées dans E. Filleul, Isabelle-Angélique de Montmorency, Duchesse de Chatillon, Paris, Firmin-Didot, 1878.
  • Lettres publiées dans Magne, Émile, Madame de Châtillon. Isabelle-Angélique de Montmorency : Portrait et documents inédits, Paris, Mercure de France, 1910.
  • Lettre de Mme de Chatillon à la marquise de Vardes, 17 septembre 1659, dans Bulletin du bibliophile, 1876, p. 3,

TESTAMENT

  • Paris, Archives Nationales, Y, 37, f° 92, v° Testament de dame Isabelle-Angélique, duchesse de Mecklembourg, du 19 juin 1693 (dans lequel elle précise qu’elle veut que son cœur soit placé dans la tombe de la princesse douairière de Condé).

AUTOPORTRAIT?

  • Son portrait physique et moral, écrit à la première personne est publié dans les Divers Portraits de Mademoiselle de Montpensier (1659, p. 222), mais il n’est pas sûr qu’il soit réellement de sa plume. Voir l'édition en ligne sur le site Gallica [2]

Choix bibliographique

  • Fromageot, Paul, Isabelle de Montmorency, duchesse de Châtillon et de Mecklembourg : une cousine du grand Condé, Mâcon, Protat, 1913.
  • Haase-Dubosc, Danielle. « Madame de Châtillon : une correspondance politique », dans Planté, Christine (dir.), L’Épistolaire, genre féminin ?, Paris, Champion, 1997.
  • Haase-Dubosc, Danielle. « Madame de Châtillon, veuve joyeuse », dans Winn, Colette H. et Nicole Pellegrin, (dir.), Veufs, veuves et veuvage dans la France d’Ancien Régime, Paris, Champion, 2003.
  • Magne, Émile, Madame de Châtillon. Isabelle-Angélique de Montmorency : Portrait et documents inédits, Paris, Mercure de France, 1910 [3].
  • Ségur, Pierre de, La jeunesse du maréchal de Luxembourg 1628-1668 et Le tapissier de Notre-Dame : les dernières années du maréchal de Luxembourg, Paris, Calmann Lévy, 1900 et 1903 [4].

Choix iconographique

  • XVIIe s.?: Angélique Isabelle de Montmorency éd. Balthasar Moncornet (burin, eau-forte 16,2 x 12,2 cm) -- Château de Versailles et de Trianon N°identification : INV.GRAV.LP 33.69.6 [5]

Jugements

  • « La duchesse, qui étoit la plus habile femme de France, avoit si bien su se servir de son esprit adroit, souple, plaisant et agréable, et s’étoit rendue tellement maitresse du sien qu’elle [la princesse douairière de Condé] ne voyoit que par ses yeux et ne parloit que par sa bouche. » (Pierre Lenet, (année 1650), dans Mémoires de Pierre Lenet, procureur général au parlement de Dijon, éd. Petitot & Montmerqué, Paris, Foucault, « Collection des mémoires pour servir à l’histoire de France », 1826, vol. 53, p. 175)
  • « Je fais grand estime de son mérite et je voudrais qu’il me coutast beaucoup d’avoir une amitié aussi ferme et passionnée pour mes intérêts comme elle l’est pour ceux de M. le Prince dans le temps qu’il est dans le malheur […] Si elle se conduit bien, dans sa relégation, je la serviray seurement, n’étant pas persuadé, quelque chose qu’on ait déposée, qu’une personne si bien faite et qui possède de si belles qualités soit capable de concevoir des pensées si exécrables. » (Correspondance de Mazarin, VI, 66, 67. Lettre à l’Abbé Foucquet, 29 Octobre 1653, cité par Emile Magne, Madame de Chatillon, Paris, Mercure de France, 1910, p. 167. Il s’agissait des soupçons de tentatives d’assassinat de Mazarin ; l’implication d’Isabelle-Angélique ne fut jamais prouvée)
  • « Cette dame étoit belle, galante et ambitieuse, autant que hardie à entreprendre et à tout hasarder pour satisfaire ses passions ; artificieuse pour cacher les mauvaises aventures qui lui arrivaient, autant qu’elle était habile à se parer de celles qui étoient à son avantage. Sans la douceur du ministre [Mazarin], elle auroit sans doute succombé dans quelques unes ; mais par ces mêmes voies, elle trouvait toujours le moyen de se faire valoir auprès de lui, et d’en tirer des grâces qui ont fait murmurer contre lui celles de notre sexe qui étoient plus modérées. Le don de la beauté et de l’agrément, qu’elle possédoit au souverain degré, la rendoit aimable aux yeux de tous. Il étoit même difficile aux particuliers d’échapper aux charmes de ses flatteries ; car elle savoit obliger de bonne grâce et joindre au nom de Montmorency une civilité extrême qui l’auroit rendue digne d’une estime tout extraordinaire si on avoit pu ne pas voir en toutes ses paroles, ses sentiments et ses actions, un caractère de déguisement et de façons affectées qui déplaisent toujours aux personnes qui aiment la sincérité. » (Madame de Motteville, Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche, [année 1655], Paris, Charpentier, 1886, vol. 4, p. 49-50)
  • « Rien n’était plus pompeux que Madame de Chatillon ce jour-là : elle avoit un habit de taffetas aurore, tout brodé d’un cordonnet d’argent ; plus blanche et plus incarnate que je l’ai jamais vue ; plus de diamants aux oreilles, aux doigts, aux bras ; enfin dans une dernière magnificence. Qui voudroit compter toutes les aventures qui lui sont arrivées, on ne finiroit jamais : ce seroit un roman où il y aurait plusieurs héros de différentes manières car on disoit que Monsieur le Prince [Condé] étoit toujours amoureux d’elle, comme aussi le roi d’Angleterre, et avec tout cela M. de Digby, Milord anglois, et l’Abbé Foucquet. On disoit qu’elle étoit bien aise de donner de la jalousie à Monsieur le Prince du roi d’Angleterre, et que les deux autres étoient utiles à ses affaires et à sa sûreté. […] Tout ce que j’en sais, c’est qu’elle me fit grande pitié, lors que tous les bruits que je viens de dire coururent ; et que j’admirais, quand je la vis si belle à Chantilly, qu’elle eût pu conserver tant de santé et de beauté dans de tels embarras. » (Duchesse de Montpensier, Mémoires [année 1656], éd. critique A. Chéruel, Paris, Charpentier, 1858, vol. 2, p. 437-439)
  • « Elle avait l’esprit doux, accort, flatteur et imaginant ; elle était infidèle, intéressée et sans amitié. Cependant, quelque prévenu que l’on fût de ses mauvaises qualités, quand elle voulait plaire, il n’était pas possible de se défendre de l’aimer : elle avait des manières qui charmaient ; elle en avait d’autres qui attiraient le mépris de tout le monde ; pour de l’argent et des honneurs, elle se serait déshonorée et aurait sacrifié père, mère et amant. » (Bussy-Rabutin, Histoire Amoureuse des Gaules, qui circule en manuscrit dès 1662. Première édition à Liège en 1665, éd. Roger Duchêne, Paris, Gallimard, « folio classique », 1993, p. 93)
  • « Vous savez, je crois, que Mme de Meckelbourg, s’en allant en Allemagne, a passé par l’armée de son frère. Elle y a été trois jours, comme Armide, au milieu de toutes ces honneurs militaires qui ne se rendent pas à petit bruit. Je ne puis comprendre comment elle put songer à moi en cet état, elle fit plus, elle m’écrivit une lettre fort honnête, ce qui me surprit extrêmement ; car je n’ai aucun commerce avec elle, elle pourroit faire dix campagnes et voyages en Allemagne sans penser à moi, que je ne serois pas en droit de m’en plaindre. Je lui mandai que j’avois bien lu des princesses dans les armées, se faisant adorer et admirer de tous les princes, qui étoient autant d’amants ; mais que je n’en avois jamais vu une qui, dans ce triomphe, s’avisât d’écrire à une ancienne amie, qui n’avait pas la qualité de confidente de la princesse. » (Madame de Sévigné, « Au comte Bussy-Rabutin », 12 Octobre 1678, Lettres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, vol. 2, p. 418)
  • « Quoique déjà âgée, joint à la petite vérole dont elle a été atteinte en minant les traits de cette grande beauté de visage qui a brillé longtemps et fait bien du bruit en France sous le nom de la belle Duchesse de Chatillon, n’a rien diminué les avantages de sa taille et de sa bonne mine, ni d’ailleurs de la beauté de son esprit et des charmes de son entretien, en quoi on peut dire, sans la flatter, qu’il n’y a rien encore à la cour de France qui l’égale. » (Ezékiel Spanheim, Relation de la cour de France en 1690, Paris, Renouard, 1882, p. 123)
  • « À la considérer de près, la conduite politique de la Duchesse de Chatillon est, dans toute cette période (1651-59), un vrai miracle d’équilibre. On admire involontairement tant de sang-froid, tant de souplesse, une habilité si surprenante à diriger, au fort de la tempête, sa barque au milieu des écueils ; et l’on pardonne, au nom de l’art, ce qui fait gémir la morale. » (Pierre de Ségur, La jeunesse du Maréchal de Luxembourg, Voir Supra Choix bibliographique, p.315)
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