Ségolène : Différence entre versions
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− | Ségolène a probablement vécu dans la première moitié du VIIe siècle. Elle appartient à l’aristocratie franque d’origine austrasienne, installée dès le VIe siècle en Aquitaine, dans ce cas précis à Albi, pour contrôler les régions nouvellement conquises par les Francs. Mariée à l’âge de douze ans, veuve dix ans plus tard, elle refuse l’union que cherche à lui imposer sa famille, se fait consacrer diaconesse et cherche à entrer au monastère. Son père Chramsicus l’installe alors dans un de ses domaines, appelé Troclar, sur les bords du Tarn à une quinzaine de kilomètres d’Albi. Elle y organise une communauté monastique, choisissant pour la régir la Règle des Pères. La vie qu’elle y mène est exemplaire, fondée sur l’ascèse, la charité, les soins aux malades. Elle ne tarde pas à accomplir des miracles, guérit de nombreux possédés, un couple de lépreux, deux aveugles et une paralytique. Invoquant Dieu, elle déclenche un déluge de pluie qui oblige son frère Sigivald, qu’elle affectionne particulièrement, à séjourner une nuit au monastère. Ayant confessé ses péchés par écrit, elle s’anéantit en prières une année durant, et la veille de Noël le document apparaît vierge aux yeux de tous. Morte en odeur de sainteté, elle est enterrée à l’extérieur des murs dans une partie du domaine appelé l’île où son père a fait construire une église et un hospice pour les pèlerins. Son culte s’organise et les miracles se poursuivent sur son tombeau. | + | Ségolène a probablement vécu dans la première moitié du VIIe siècle. Elle appartient à l’aristocratie franque d’origine austrasienne, installée dès le VIe siècle en Aquitaine, dans ce cas précis à Albi, pour contrôler les régions nouvellement conquises par les Francs. Mariée à l’âge de douze ans, veuve dix ans plus tard, elle refuse l’union que cherche à lui imposer sa famille, se fait consacrer diaconesse et cherche à entrer au monastère. Son père Chramsicus l’installe alors dans un de ses domaines, appelé Troclar, sur les bords du Tarn à une quinzaine de kilomètres d’Albi. Elle y organise une communauté monastique, choisissant pour la régir la Règle des Pères. La vie qu’elle y mène est exemplaire, fondée sur l’ascèse, la charité, les soins aux malades. Elle ne tarde pas à accomplir des miracles, guérit de nombreux possédés, un couple de lépreux, deux aveugles et une paralytique. Invoquant Dieu, elle déclenche un déluge de pluie qui oblige son frère Sigivald, qu’elle affectionne particulièrement, à séjourner une nuit au monastère. Ayant confessé ses péchés par écrit, elle s’anéantit en prières une année durant, et la veille de Noël le document apparaît vierge aux yeux de tous. Morte en odeur de sainteté, elle est enterrée à l’extérieur des murs dans une partie du domaine appelé l’île où son père a fait construire une église et un hospice pour les pèlerins. Son culte s’organise et les miracles se poursuivent sur son tombeau. |
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L’histoire de Ségolène ne nous est connue que par sa ''Vita'', écrite dans la seconde moitié du VIIe siècle, peu après sa mort. La rédaction de ce texte a très certainement été orchestrée par son groupe de parenté afin d’étendre sa zone d’influence, en utilisant ce merveilleux instrument de propagande qu’était la Vie d’un saint ou d’une sainte. Il n’est pas sûr que l’hagiographe ait connu la sainte, et son récit est brouillé par les nombreux emprunts qu’il fait à la littérature hagiographique, en particulier aux Vies de sainte Radegonde, de saint Germain d’Auxerre et de saint Colomban. Néanmoins, une fois décanté des scories propres au genre, le texte offre de précieux renseignements sur l’aristocratie franque et les femmes de ce milieu au VIIe siècle; il peut donc être considéré comme assez fiable. Il apparaît notamment que Ségolène a joué le rôle qu’on attendait des femmes de son milieu au sein de leur parenté: fille, épouse puis veuve consacrée, mise à la tête d’un monastère familial, morte en état de sainteté, elle a contribué, à toutes les étapes de sa vie, à servir les ambitions politiques de sa famille dans l’Albigeois, et, au-delà, en Austrasie. Au VIIIe siècle, une partie de ses reliques a été transportée à Metz dans une église qui lui était dédiée. Elle est toutefois absente de la Légende dorée, puis des principales listes de femmes illustres qui fleurissent à la Renaissance,et des dictionnaires qui en prennent le relais. Elle est aujourd’hui un objet d’études essentiellement menées par des archéologues et des spécialistes de l’histoire locale de l’Albigeois. | L’histoire de Ségolène ne nous est connue que par sa ''Vita'', écrite dans la seconde moitié du VIIe siècle, peu après sa mort. La rédaction de ce texte a très certainement été orchestrée par son groupe de parenté afin d’étendre sa zone d’influence, en utilisant ce merveilleux instrument de propagande qu’était la Vie d’un saint ou d’une sainte. Il n’est pas sûr que l’hagiographe ait connu la sainte, et son récit est brouillé par les nombreux emprunts qu’il fait à la littérature hagiographique, en particulier aux Vies de sainte Radegonde, de saint Germain d’Auxerre et de saint Colomban. Néanmoins, une fois décanté des scories propres au genre, le texte offre de précieux renseignements sur l’aristocratie franque et les femmes de ce milieu au VIIe siècle; il peut donc être considéré comme assez fiable. Il apparaît notamment que Ségolène a joué le rôle qu’on attendait des femmes de son milieu au sein de leur parenté: fille, épouse puis veuve consacrée, mise à la tête d’un monastère familial, morte en état de sainteté, elle a contribué, à toutes les étapes de sa vie, à servir les ambitions politiques de sa famille dans l’Albigeois, et, au-delà, en Austrasie. Au VIIIe siècle, une partie de ses reliques a été transportée à Metz dans une église qui lui était dédiée. Elle est toutefois absente de la Légende dorée, puis des principales listes de femmes illustres qui fleurissent à la Renaissance,et des dictionnaires qui en prennent le relais. Elle est aujourd’hui un objet d’études essentiellement menées par des archéologues et des spécialistes de l’histoire locale de l’Albigeois. | ||
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+ | * 2e moitié du VIIe siècle :''Vita Sigolenae'', éd. ''Acta Sanctorum'', juillet, t.5, p.628-637. | ||
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+ | * Cabot, Pierre et al., «Sainte-Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn)», ''Archéologie du Midi Médiéval'', 15-16, 1998, p. 1-65. | ||
+ | * Cabié, Robert, «Sainte Sigolène par-delà ses légendes», ''Revue du Tarn'', t.128, 1987, p.619-637. | ||
+ | * Pousthomis-Dalle, Nelly, Cabot Pierre, Réal Isabelle, «Sainte Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn)»,'' Archéologie du Midi médiéval'', t.15-16, 1997/1998, p.1-66. | ||
+ | * Réal, Isabelle, «Vie et Vita de sainte Ségolène, abbesse du Troclar au VIIe siècle», ''Le Moyen Âge'', t.CL, nos 3-4, 1995, p.385-406. | ||
+ | * Rivière, J. «Études d'hagiographie albigeoise: la première Vie de Ste Sigolène», ''Albia Christiana'', 10, 1913, p.401-425. | ||
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Version actuelle en date du 15 mai 2012 à 14:35
Ségolène | ||
Titre(s) | sainte | |
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Dénomination(s) | Sigolène | |
Biographie | ||
Date de décès | VIIe siècle | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice d'Isabelle Réal, 2008
Ségolène a probablement vécu dans la première moitié du VIIe siècle. Elle appartient à l’aristocratie franque d’origine austrasienne, installée dès le VIe siècle en Aquitaine, dans ce cas précis à Albi, pour contrôler les régions nouvellement conquises par les Francs. Mariée à l’âge de douze ans, veuve dix ans plus tard, elle refuse l’union que cherche à lui imposer sa famille, se fait consacrer diaconesse et cherche à entrer au monastère. Son père Chramsicus l’installe alors dans un de ses domaines, appelé Troclar, sur les bords du Tarn à une quinzaine de kilomètres d’Albi. Elle y organise une communauté monastique, choisissant pour la régir la Règle des Pères. La vie qu’elle y mène est exemplaire, fondée sur l’ascèse, la charité, les soins aux malades. Elle ne tarde pas à accomplir des miracles, guérit de nombreux possédés, un couple de lépreux, deux aveugles et une paralytique. Invoquant Dieu, elle déclenche un déluge de pluie qui oblige son frère Sigivald, qu’elle affectionne particulièrement, à séjourner une nuit au monastère. Ayant confessé ses péchés par écrit, elle s’anéantit en prières une année durant, et la veille de Noël le document apparaît vierge aux yeux de tous. Morte en odeur de sainteté, elle est enterrée à l’extérieur des murs dans une partie du domaine appelé l’île où son père a fait construire une église et un hospice pour les pèlerins. Son culte s’organise et les miracles se poursuivent sur son tombeau.
L’histoire de Ségolène ne nous est connue que par sa Vita, écrite dans la seconde moitié du VIIe siècle, peu après sa mort. La rédaction de ce texte a très certainement été orchestrée par son groupe de parenté afin d’étendre sa zone d’influence, en utilisant ce merveilleux instrument de propagande qu’était la Vie d’un saint ou d’une sainte. Il n’est pas sûr que l’hagiographe ait connu la sainte, et son récit est brouillé par les nombreux emprunts qu’il fait à la littérature hagiographique, en particulier aux Vies de sainte Radegonde, de saint Germain d’Auxerre et de saint Colomban. Néanmoins, une fois décanté des scories propres au genre, le texte offre de précieux renseignements sur l’aristocratie franque et les femmes de ce milieu au VIIe siècle; il peut donc être considéré comme assez fiable. Il apparaît notamment que Ségolène a joué le rôle qu’on attendait des femmes de son milieu au sein de leur parenté: fille, épouse puis veuve consacrée, mise à la tête d’un monastère familial, morte en état de sainteté, elle a contribué, à toutes les étapes de sa vie, à servir les ambitions politiques de sa famille dans l’Albigeois, et, au-delà, en Austrasie. Au VIIIe siècle, une partie de ses reliques a été transportée à Metz dans une église qui lui était dédiée. Elle est toutefois absente de la Légende dorée, puis des principales listes de femmes illustres qui fleurissent à la Renaissance,et des dictionnaires qui en prennent le relais. Elle est aujourd’hui un objet d’études essentiellement menées par des archéologues et des spécialistes de l’histoire locale de l’Albigeois.
Sources
- 2e moitié du VIIe siècle :Vita Sigolenae, éd. Acta Sanctorum, juillet, t.5, p.628-637.
Choix bibliographique
- Cabot, Pierre et al., «Sainte-Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn)», Archéologie du Midi Médiéval, 15-16, 1998, p. 1-65.
- Cabié, Robert, «Sainte Sigolène par-delà ses légendes», Revue du Tarn, t.128, 1987, p.619-637.
- Pousthomis-Dalle, Nelly, Cabot Pierre, Réal Isabelle, «Sainte Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn)», Archéologie du Midi médiéval, t.15-16, 1997/1998, p.1-66.
- Réal, Isabelle, «Vie et Vita de sainte Ségolène, abbesse du Troclar au VIIe siècle», Le Moyen Âge, t.CL, nos 3-4, 1995, p.385-406.
- Rivière, J. «Études d'hagiographie albigeoise: la première Vie de Ste Sigolène», Albia Christiana, 10, 1913, p.401-425.