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* (à propos de Madame de Miramion après son enlèvement): «Je croy que dez ce temps-là elle commençoit à estre dévote. Elle l'est à un point estrange, et elle fait de grandes charitez. Sa fille aura quatre cent mille escûs de bien. Elle l'a fait nourrir dans un couvent» (Tallemant des Réaux, ''Historiettes'' [écrit avant 1660], éd. Antoine Adam, Pléiade, 1961, vol.2, p.750) | * (à propos de Madame de Miramion après son enlèvement): «Je croy que dez ce temps-là elle commençoit à estre dévote. Elle l'est à un point estrange, et elle fait de grandes charitez. Sa fille aura quatre cent mille escûs de bien. Elle l'a fait nourrir dans un couvent» (Tallemant des Réaux, ''Historiettes'' [écrit avant 1660], éd. Antoine Adam, Pléiade, 1961, vol.2, p.750) | ||
* «Femme vraiment forte dans le sens le plus excellent où puisse être entendue cette parole du Saint-Esprit: née avec un courage qu'on ne trouve guère dans les personnes de son sexe, une fermeté pour le bien, que nulle difficulté n'effrayait avant que d'entreprendre, et que nul obstacle n'arrêtoit après avoir entrepris: un sens droit, un discernement exquis, une prudence singulière, qui lui faisait démêler le vrai d'avec le faux, le solide d'avec l'éblouissant, qui lui laissait la liberté de sentir et d'exécuter les choses les plus difficiles, et qui lui permettait de ne pas donner dans les impossibles, qui lui apprenoit à se proportionner à tous ceux avec qui elle avoit à traiter, à se montrer grande avec les grands, à se diminuer avec les petits, à parler aux premières têtes du monde avec dignité, aux derniers d'entre le peuple avec bonté, à tous avec simplicité et droiture» (Choisy, ''La vie de Mme de Miramion'' [vers 1696], voir ''supra'' Œuvres, p.Aij). | * «Femme vraiment forte dans le sens le plus excellent où puisse être entendue cette parole du Saint-Esprit: née avec un courage qu'on ne trouve guère dans les personnes de son sexe, une fermeté pour le bien, que nulle difficulté n'effrayait avant que d'entreprendre, et que nul obstacle n'arrêtoit après avoir entrepris: un sens droit, un discernement exquis, une prudence singulière, qui lui faisait démêler le vrai d'avec le faux, le solide d'avec l'éblouissant, qui lui laissait la liberté de sentir et d'exécuter les choses les plus difficiles, et qui lui permettait de ne pas donner dans les impossibles, qui lui apprenoit à se proportionner à tous ceux avec qui elle avoit à traiter, à se montrer grande avec les grands, à se diminuer avec les petits, à parler aux premières têtes du monde avec dignité, aux derniers d'entre le peuple avec bonté, à tous avec simplicité et droiture» (Choisy, ''La vie de Mme de Miramion'' [vers 1696], voir ''supra'' Œuvres, p.Aij). | ||
− | + | * (à propos de l'éloge que fit le Baron des Coutures:) «‘Vous aviez, illustre morte, du sérieux et de la gayeté dans un tel équilibre et si à propos, que le concert de ces deux extrêmes faisait un tout achevé’. [...] Ceci est bien en effet le portrait de cette femme à la fois sérieuse, gaie et entreprenante au point que ses occupations, dans les multiples oeuvres dont elle faisait partie, dépassaient, on pourrait presque le dire, les forces humaines. Mais pour le compléter, il faut y ajouter un talent d'administrateur si remarquable que ses conseils furent suivis pour l'organisation de l'Hôpital Général (Salpêtrière); que pendant les grandes disettes de 1662 et de 1694, c'est elle qui indiqua au gouvernement les moyens d'y parer pour Paris [...]; qu'enfin les règlements qu'elle donna pour les maisons du Refuge et de Sainte-Pélagie sont restés des modèles auxquels les idées et les progrès modernes pourraient seuls apporter quelques changements.» (Louis Le Pileur, «Mme de Miramion», 1906, voir ''supra'' Choix Bibliographique, p.380). | |
− | + | * «Ses moyens d'action découlaient des grandes familles de la robe, religieusement impliquées dans la vie sociale, mais profitaient aussi largement des structures créées par le pouvoir. La correspondance de Colbert montre à quel point elle bénéficia de l'appui du roi dans l'exportation de ses communautés féminines. Elle put, en toute impunité, recourir aux appareils récemment mis sur pied pour encadrer les nouveaux convertis, telle la caisse des conversions de Pellisson. ‘(Le roi) la chargea de la distribution de ses aumônes. Ce grand prince, après la révocation de l'Edit de Nantes, lui envoya plusieurs personnes de qualité, pour les appeler dans la bonne voie ou pour les y confirmer, & comme la plupart étaient dans le besoin, elle demanda pour eux à M. Pellisson des pensions sur les oeconomats des Benefices. On ne lui refusoit rien, le Roi disait publiquement qu'on se pouvoit fier à elle & que sa charité étoit prudente’ (Choisy, ''La vie de Madame de Miramion'', p. 72). Modèle vivant, suscité par Dieu pour ‘tirer les hommes de leur assoupissement’ et leur prouver que l'on peut encore prétendre, au XVIIe siècle, ‘à la perfection des premiers siècles’, Mme de Miramion représentait l'incarnation du triomphalisme chrétien sur les pièges du monde. Elle devint la dispensatrice des conseils matrimoniaux, la dévote pâlissante dont Choisy livra de manière abrupte l'intimité des retraites et le secret des oraisons» (Fabrice Preyat, ''Le Petit Concile de Bossuet et la christianisation des moeurs et des pratiques littéraires sous Louis XIV'', Berlin, LitVerlag, Coll. Ars Rhetorica, dir. Volker Kapp, Marc Fumaroli, Brian Vickers, Emmanuel Bury, Mafred Tietz, Roger Zuber, 2007 p.56). | |
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Version actuelle en date du 12 mai 2011 à 06:14
Marie Bonneau | ||
Titre(s) | Dame de Miramion | |
---|---|---|
Conjoint(s) | Jacques de Beauharnais, seigneur de Miramion | |
Dénomination(s) | Madame de Miramion | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1629 | |
Date de décès | 1696 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779) |
Sommaire
Notice de Danielle Haase-Dubosc, 2011
Marie Bonneau est née le 26 novembre 1629 à Paris, fille de Jacques Bonneau, sire de Rubelle, contrôleur des gabelles et bourgeois de Paris, et de Marie d'Ivry, appartenant à la haute bourgeoisie. Très jeune, elle se découvre une vocation pour une vie de piété. A quinze ans et demi (1645), elle épouse Jean-Jacques de Beauharnais, seigneur de Beauharnais et Miramion, qui meurt sept mois après. Le 7 mars 1646, naît sa fille posthume, Marie-Marguerite. Le 7 août 1648, le comte Bussy-Rabutin, attiré par sa richesse et cautionné par Condé, l'enlève pour tenter de l'épouser. Elle reste prisonnière trente-six heures et résiste à toute tentative de séduction. Très vite les forces royales sont alertées et elle recouvre la liberté. Cet enlèvement défraie la chronique et contribue aux désirs de retraite et de vie dévote de la jeune femme.
Après plusieurs retraites, elle fait vœu de chasteté et se consacre aux activités des Dames de la Charité, association de femmes fondée par Vincent de Paul pour répondre au grand besoin d'assistance sociale. Elle visite les malades, les prisonniers, les filles de mauvaise vie, elle recueille des orphelins, gère les fonds de sa paroisse, fait distribuer chez elle la soupe populaire. Rêvant d'une vie cloîtrée et de mystique elle est obligée par son confesseur de poursuivre son rôle d'administratrice et de gestionnaire. Après avoir marié sa fille en 1660 - elle-même a trente-et-un ans - elle fonde la communauté de la Sainte-Famille (1662) où des femmes, veuves et filles, ne prononcent pas de vœux mais vivent ensemble pour se consacrer à l'éducation des filles pauvres, aux soins des malades et à la charité. Cette communauté s'agrandit, devient les Filles de Sainte-Geneviève, «les Miramiones». Elle écrit les règlements (les constitutions) des communautés et son intelligence prévoyante en font des modèles du genre. D'autres fusions de communautés suivent, on lui confie la direction d'écoles de charité, elle en ouvre plus de cent et crée des ouvroirs de jeunes filles à Versailles, Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye. Elle agrandit les locaux près du pont de la Tournelle, subventionne les achats. En 1685, elle commence à organiser des retraites en dehors de Paris (Ivry): deux retraites annuelles de sept jours pour cinquante dames pouvant payer, quatre autres retraites annuelles pour cent-vingt femmes devant être hébergées et nourries. Il s'agit de profiter du bon air pour se reposer ainsi que de faire une retraite spirituelle. Elle s'occupe aussi de subventionner des missions à l'étranger. Les activités se multiplient sur tous les fronts. Afin de tout mener, Mme de Miramion sollicite et obtient l'aide du roi et des grands. Dans les dernières années du siècle, elle devient quasiment un personnage d'État: trésorière des aumônes royales, chargée de rétablir la discipline dans les maison du Refuge et de Sainte-Pélagie, elle fonde en 1695 l'apothicairerie des pauvres qui deviendra la Pharmacie Centrale. Elle soutient financièrement l'Hôpital général, (rassemblement de cinq hôpitaux dont la Pitié et la Salpétrière), lutte contre la famine et les épidémies, organise l'aide sociale pendant les années de disette (1694-1695). À sa mort, six pauvres tiennent son cercueil. Elle est inhumée au cimetière paroissial accompagnée par trente Miramiones, quatre-vingt filles des ouvroirs, trois cents «petites filles enseignées» et un peuple immense. Madame de Sévigné déclare qu'il s'agit «d'une perte publique».
Madame de Miramion l'écrit: «Mon esprit aime naturellement à entreprendre et à faire beaucoup», ce qui est amplement illustré par ses travaux. Dans un court texte auto- biographique qu'exige d'elle son confesseur, elle insiste que son désir d'être religieuse et cloîtrée ne l'a jamais quittée «mais qu'on ne le jugea pas à propos». Si elle a résisté à son enleveur Bussy-Rabutin, elle s'est pliée toute sa vie aux volontés de ceux qui décelèrent ses dons remarquables d'organisatrice et l'obligèrent, en quelque sorte, à rester dans le monde. Deux biographies, l'une de sa fille, Madame de Nesmond, l'autre de son cousin, l'abbé de Choisy, fournissent bien des renseignements complémentaires. Au-delà des conventions hagiographiques pratiquées dans les écrits sur les religieux/ses, on y découvre une femme engagée du côté du temporel autant que du spirituel qui mérite sa réputation de fondatrice de l'assistance publique. La critique récente s'est intéressée à Madame de Miramion pour son action sociale et son destin de femme.
Oeuvres
Mme de Miramion n'a publié aucun de ses écrits. Ses propos ont été recueillis de son vivant, avant d'être en partie publiés. Voir infra Choix bibliographique.
- sd.: «Constitutions», Archives Nationales, LL 1679, Filles de Sainte-Geneviève (de nombreuses corrections de style et de fond de la main de Madame de Miramion). Voir aussi les volumes LL 1680 et 1681 aux Archives Nationales.
- sd.: «La Vie de feue Madame la Présidente de Nesmond par Madame de Miramion», Bibliothèque Nationale, ms fr: 14347, 1-2.
- sd.: [Pensées de Mme de Miramion] dans Nesmond, Marie-Marguerite de, «Mémoires pour servir à la vie de Madame de Miramion», Bibliothèque Mazarine, ms 2489.
- sd.: [Lettres et autres écrits confiés par sa fille] dans Choisy, François-Timoléon, abbé de, La Vie de Madame de Miramion, Paris, Dezallier, 1706 [1] ; rééd. Orange, J. Escoffier 1838 [2]
- sd.: Compte-rendu de Madame de Miramion à M. Ferret, son directeur, sur les grâces que Dieu lui faisait pendant ses oraisons, dans Alfred Bonneau-Avenant, Madame de Beauharnais Miramion, Voir infra Choix bibliographique, p.355-440.
- sd.: Méditations pieuse de Madame de Miramion pendant ses retraites spirituelles: première retraite sous la direction de M. Ferret, Ibidem.
- sd.: Lettre de Madame de Miramion à une religieuse qui n'était pas tranquille sur sa vocation, Ibidem.
- 1674: Résolutions de Madame de Miramion pour son salut, Ibidem.
- 1676: Questions de Madame de Miramion à son directeur, M. Ferret, et réponses de ce dernier, Ibidem.
- 1677: Récit de la vie de Madame de Miramion écrit par elle-même, d'après l'ordre de son directeur, M. Jolly, Ibidem.
- 1677: Méditations pieuses de Madame de Miramion, 19e retraite et première faite sous la direction de M. Jolly, le 13 septembre 1677, Ibidem.
- 1679: Lettre de Madame de Miramion à M. Jolly (24 octobre 1679), Ibidem.
- 1688: Testament de Madame de Miramion, Ibidem.
- 1696: Derniers conseils de Madame de Miramion aux Filles de Sainte-Geneviève (trouvés dans son cabinet après sa mort, Ibidem.
Sources
- Bibliothèque Mazarine, ms 2467, n°17, f° 324, Copie d'une lettre non signée non datée, sur les écoles de Madame de Miramion, écrite par une sœur enseignante observatrice qui vient dans les écoles pour voir les méthodes mises en œuvre.
- Bibliothèque Mazarine, ms 1216 (1682-1691), 1217 (s.d.), 1218 (1677-1681), 1219 (1691-1695), Edmé Jolly, général de l'ordre de la Mission, Collection de lettres autographes à Madame de Miramion.
Choix bibliographique
- Babelon, Jean-Pierre et Hohl, Claude, «L'Hôtel de Miramion et la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, 45 à 53 quai de Tournelle, Paris V», dans Bulletin de la société française d'histoire des hôpitaux, n°21, 1969, 79 p., ill., plans.
- Bonneau-Avenant, Alfred, Madame de Beauharnais Miramion, sa vie et ses œuvres charitables 1629-1696, Paris, Didier, 1874.
- Haase-Dubosc, Danielle, Ravie et enlevée: de l'enlèvement des femmes comme stratégie matrimoniale au XVIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1999, p.219-266.
- Le Pileur, Louis, «Mme de Miramion. Sa santé et sa vie intime», dans Bulletin de la société française d'histoire médicale, 1906, t.V, p.357-380.
- Rapley, Elizabeth, The Dévotes: Women and Church in Seventeenth-Century France, McGill-Queens University Press, 1990, chapitre V, «The Filles Séculières in Transition (1636-1700): The Miramionnes of Paris, the Congrégation of Montreal», p.95-112. Traduction française: Les Dévotes: les femmes et l'Eglise en France au XVIIe siècle, tr. Charlotte Melançon, s.l. Bellarmin, 1996.
Choix iconographique
- 1660? : Anonyme, Portrait de Madame de Miramion, Musée de l'Assistance publique de Paris.
- 1684? : François de Troy, Portrait de Madame de Miramion, (huile sur toile, ovale, 680 x 550), Pau, Musée des Beaux Arts, Coll. La Caze.
- 1693, Jouvenet le jeune, Portrait de Madame de Miramion, collection particulière.
- 1695-1696: L. Barbery d'après P. Mignard, Portrait de Madame de Miramion, en buste, de face dans une bordure ovale, Gravure, Paris, BnF,, Département des Estampes, Collection Michel Hennin, Estampes relatives à l'Histoire de France, tome 71, Pièces 6222-6327 -- [3]
- vers 1732: Anonyme, Saint Vincent de Paul (1576-1660) présidant une réunion des Dames de la Charité qui lui remettent leurs bijoux pour l'œuvre des Enfants-Trouvés, huile sur toile, Paris, Musée de l'Assistance publique
Choix électronique
- Madame de Miramion et Vincent de Paul: [4]
Jugements
- «Le samedy 8 aoust [1648], [...] M. de Mesmes dit l'enlèvement de Mme de Miramion, fait le vendredy à dix heures, laquelle, allant avec madame sa belle-mère à Saint-Cloud s'acquitter d'un voeu, avoit esté enlevée par le comte de Bussy-Rabutin, qui avoit fait mener son carrosse jusque dans la forest de Livry, où ils descendirent la belle-mère avec son homme; et emmenèrent la veuve avec une fille nommée Gabrielle. Jamais il n'y eut une résistance pareille à celle de cette veuve, qui dans la forest se jeta dans le taillis et pensa s'eschapper, et prit une espée dont elle blessa à la joue l'un de ces hommes. Il ajouta qu'on la menoit en Bourgogne. Chacun fut indigné de cette violence. [...] Le dimanche 9 aoust, je fus à Ormesson disner avec M. et Mme de Thou. J'appris que Mme de Miramion estoit en liberté dans le faubourg de Sens» (Olivier d'Ormesson, Journal d'Olivier Lefevre d'Ormesson, éd. A. Chéruel, Paris, Imprimerie Nationale, 1860-1861, vol.1, p.551).
- (à propos de Madame de Miramion après son enlèvement): «Je croy que dez ce temps-là elle commençoit à estre dévote. Elle l'est à un point estrange, et elle fait de grandes charitez. Sa fille aura quatre cent mille escûs de bien. Elle l'a fait nourrir dans un couvent» (Tallemant des Réaux, Historiettes [écrit avant 1660], éd. Antoine Adam, Pléiade, 1961, vol.2, p.750)
- «Femme vraiment forte dans le sens le plus excellent où puisse être entendue cette parole du Saint-Esprit: née avec un courage qu'on ne trouve guère dans les personnes de son sexe, une fermeté pour le bien, que nulle difficulté n'effrayait avant que d'entreprendre, et que nul obstacle n'arrêtoit après avoir entrepris: un sens droit, un discernement exquis, une prudence singulière, qui lui faisait démêler le vrai d'avec le faux, le solide d'avec l'éblouissant, qui lui laissait la liberté de sentir et d'exécuter les choses les plus difficiles, et qui lui permettait de ne pas donner dans les impossibles, qui lui apprenoit à se proportionner à tous ceux avec qui elle avoit à traiter, à se montrer grande avec les grands, à se diminuer avec les petits, à parler aux premières têtes du monde avec dignité, aux derniers d'entre le peuple avec bonté, à tous avec simplicité et droiture» (Choisy, La vie de Mme de Miramion [vers 1696], voir supra Œuvres, p.Aij).
- (à propos de l'éloge que fit le Baron des Coutures:) «‘Vous aviez, illustre morte, du sérieux et de la gayeté dans un tel équilibre et si à propos, que le concert de ces deux extrêmes faisait un tout achevé’. [...] Ceci est bien en effet le portrait de cette femme à la fois sérieuse, gaie et entreprenante au point que ses occupations, dans les multiples oeuvres dont elle faisait partie, dépassaient, on pourrait presque le dire, les forces humaines. Mais pour le compléter, il faut y ajouter un talent d'administrateur si remarquable que ses conseils furent suivis pour l'organisation de l'Hôpital Général (Salpêtrière); que pendant les grandes disettes de 1662 et de 1694, c'est elle qui indiqua au gouvernement les moyens d'y parer pour Paris [...]; qu'enfin les règlements qu'elle donna pour les maisons du Refuge et de Sainte-Pélagie sont restés des modèles auxquels les idées et les progrès modernes pourraient seuls apporter quelques changements.» (Louis Le Pileur, «Mme de Miramion», 1906, voir supra Choix Bibliographique, p.380).
- «Ses moyens d'action découlaient des grandes familles de la robe, religieusement impliquées dans la vie sociale, mais profitaient aussi largement des structures créées par le pouvoir. La correspondance de Colbert montre à quel point elle bénéficia de l'appui du roi dans l'exportation de ses communautés féminines. Elle put, en toute impunité, recourir aux appareils récemment mis sur pied pour encadrer les nouveaux convertis, telle la caisse des conversions de Pellisson. ‘(Le roi) la chargea de la distribution de ses aumônes. Ce grand prince, après la révocation de l'Edit de Nantes, lui envoya plusieurs personnes de qualité, pour les appeler dans la bonne voie ou pour les y confirmer, & comme la plupart étaient dans le besoin, elle demanda pour eux à M. Pellisson des pensions sur les oeconomats des Benefices. On ne lui refusoit rien, le Roi disait publiquement qu'on se pouvoit fier à elle & que sa charité étoit prudente’ (Choisy, La vie de Madame de Miramion, p. 72). Modèle vivant, suscité par Dieu pour ‘tirer les hommes de leur assoupissement’ et leur prouver que l'on peut encore prétendre, au XVIIe siècle, ‘à la perfection des premiers siècles’, Mme de Miramion représentait l'incarnation du triomphalisme chrétien sur les pièges du monde. Elle devint la dispensatrice des conseils matrimoniaux, la dévote pâlissante dont Choisy livra de manière abrupte l'intimité des retraites et le secret des oraisons» (Fabrice Preyat, Le Petit Concile de Bossuet et la christianisation des moeurs et des pratiques littéraires sous Louis XIV, Berlin, LitVerlag, Coll. Ars Rhetorica, dir. Volker Kapp, Marc Fumaroli, Brian Vickers, Emmanuel Bury, Mafred Tietz, Roger Zuber, 2007 p.56).