Marie de Romieu : Différence entre versions
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− | == Notice de Claude La Charité, 2004. == | + | == Notice de [[Claude La Charité]], 2004. == |
− | Les données relatives à Marie de Romieu sont incertaines. La Croix du Maine, première et principale source sur elle, ne semble pas l'avoir connue directement. Les indications qu'il donne à son sujet dans sa''Bibliothèque'' paraissent s'appuyer sur la seule connaissance de ses oeuvres. Il a dû déduire qu'elle était noble du titre de «MaDamoiselle» qui figure dans l'intitulé de son recueil, et qu'elle était née à Viviers (Ardèche) à partir de la dédicace figurant en tête du «Discours que l'excellence de la femme surpasse celle de l'homme». Le seul fait en apparence sûr, suivant lequel la poétesse était encore vivante en 1584, est peut-être aussi le fruit d'une conjecture: c'est en 1584 que sont parus ''Les'' ''Melanges'' de son frère, Jacques de Romieu, dans lesquels se trouve une traduction française de la poétesse. Cependant, l'érudit lui attribue sans hésitation à la fois l'''Instruction pour les jeunes dames'' (1572) et le recueil des ''Premieres oeuvres poetiques'', publiées par son frère en 1581 chez Lucas Breyer. Les notices ultérieures reprendront ces éléments, en les complétant par une lecture attentive des textes. Ainsi, Colletet (ca 1650) présumera qu'elle était mariée, en se fiant aux soins du ménage évoqués dans l'épître au frère, et qu'elle avait un enfant d'après une pièce qui s'intitule précisément «A son fils». | + | Les données relatives à Marie de Romieu sont incertaines. La Croix du Maine, première et principale source sur elle, ne semble pas l'avoir connue directement. Les indications qu'il donne à son sujet dans sa''Bibliothèque'' paraissent s'appuyer sur la seule connaissance de ses oeuvres. Il a dû déduire qu'elle était noble du titre de «MaDamoiselle» qui figure dans l'intitulé de son recueil, et qu'elle était née à Viviers (Ardèche) à partir de la dédicace figurant en tête du «Discours que l'excellence de la femme surpasse celle de l'homme». Le seul fait en apparence sûr, suivant lequel la poétesse était encore vivante en 1584, est peut-être aussi le fruit d'une conjecture: c'est en 1584 que sont parus ''Les'' ''Melanges'' de son frère, Jacques de Romieu, dans lesquels se trouve une traduction française de la poétesse. Cependant, l'érudit lui attribue sans hésitation à la fois l'''Instruction pour les jeunes dames'' (1572) et le recueil des ''Premieres oeuvres poetiques'', publiées par son frère en 1581 chez Lucas Breyer. Les notices ultérieures reprendront ces éléments, en les complétant par une lecture attentive des textes. Ainsi, Colletet (ca 1650) présumera qu'elle était mariée, en se fiant aux soins du ménage évoqués dans l'épître au frère, et qu'elle avait un enfant d'après une pièce qui s'intitule précisément «A son fils». |
− | Les travaux d'Auguste Le Sourd (1924) ont permis de reconsidérer l'origine noble de la famille de Romieu, en démontrant, d'après les documents d'archives, que les Romieu étaient issus d'un milieu roturier, Estienne II Romieu étant l'héritier d'une dynastie de boulangers installée à Viviers depuis le début du siècle. Comment La Croix du Maine a-t-il pu inscrire deux enfants de «mécaniques» dans la généalogie de l'aristocratie et comment Marie de Romieu a-t-elle pu s'arroger le titre de «Mademoiselle»? Il faut sans doute considérer la fonction de Jacques, qui figure sur la page frontispice de ses ''Melanges'': «secretaire ordinaire de la chambre du Roy». Il est indéniable que cet office, ne serait-ce qu'en raison de l'accès privilégié au roi qu'il assurait, était investi d'un prestige social considérable. D'où la tentation d'usurper l'état de noblesse, d'autant que les titulaires bénéficiaient du privilège nobiliaire par excellence, la franchise fiscale. En accord avec les ambitions sociales du frère, les poètes de Romieu prennent soin d'ajouter à leur patronyme la précieuse particule «de», que ne portaient pas leurs parents et qui, sans être un attribut de l'aristocratie, crée néanmoins l'illusion. | + | |
− | Il va sans dire que le futur chanoine de Viviers met en oeuvre un opportunisme et une habileté consommés, dignes d'un courtisan, dès la publication du recueil de sa soeur, en mettant en avant, par un raisonnement ''a fortiori'', ses qualités de maître, grâce à l'éloge de son élève (voir «jugements»). Il est par ailleurs évident que, tout autant que son frère, Marie a connu une ascension sociale fulgurante. Sans doute de langue maternelle occitane, elle a pu accéder à une culture littéraire enviable, avec une aisance telle qu'elle a rédigé des poèmes en français et en néo-latin et qu'elle a été la première à traduire de l'italien le dialogue d'Alessandro Piccolomini. À en juger d'après ses dédicataires (Charles de Lorraine, duc de Guise; Jean de Chastellier, contrôleur général des finances; le maréchal de Retz et son épouse Claude-Catherine de Clermont-Dampierre, animatrice d'un célèbre salon; René de Birague, chancelier de France; Hippolyte Scaravelli, dame d'honneur de Catherine de Médicis...), elle aspirait sans aucun doute à obtenir le mécénat de la haute noblesse de son temps. La modeste fille de boulanger se sera appliquée à suivre les conseils de Raffaella dans le ''Dialogo de la bella creanza de le donne'' pour imposer d'elle-même l'image d'une parfaite «damoiselle» que consacrera, malgré lui, La Croix du Maine. | + | Les travaux d'Auguste Le Sourd (1924) ont permis de reconsidérer l'origine noble de la famille de Romieu, en démontrant, d'après les documents d'archives, que les Romieu étaient issus d'un milieu roturier, Estienne II Romieu étant l'héritier d'une dynastie de boulangers installée à Viviers depuis le début du siècle. Comment La Croix du Maine a-t-il pu inscrire deux enfants de «mécaniques» dans la généalogie de l'aristocratie et comment Marie de Romieu a-t-elle pu s'arroger le titre de «Mademoiselle»? Il faut sans doute considérer la fonction de Jacques, qui figure sur la page frontispice de ses ''Melanges'': «secretaire ordinaire de la chambre du Roy». Il est indéniable que cet office, ne serait-ce qu'en raison de l'accès privilégié au roi qu'il assurait, était investi d'un prestige social considérable. D'où la tentation d'usurper l'état de noblesse, d'autant que les titulaires bénéficiaient du privilège nobiliaire par excellence, la franchise fiscale. En accord avec les ambitions sociales du frère, les poètes de Romieu prennent soin d'ajouter à leur patronyme la précieuse particule «de», que ne portaient pas leurs parents et qui, sans être un attribut de l'aristocratie, crée néanmoins l'illusion. |
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+ | Il va sans dire que le futur chanoine de Viviers met en oeuvre un opportunisme et une habileté consommés, dignes d'un courtisan, dès la publication du recueil de sa soeur, en mettant en avant, par un raisonnement ''a fortiori'', ses qualités de maître, grâce à l'éloge de son élève (voir «jugements»). Il est par ailleurs évident que, tout autant que son frère, Marie a connu une ascension sociale fulgurante. Sans doute de langue maternelle occitane, elle a pu accéder à une culture littéraire enviable, avec une aisance telle qu'elle a rédigé des poèmes en français et en néo-latin et qu'elle a été la première à traduire de l'italien le dialogue d'Alessandro Piccolomini. À en juger d'après ses dédicataires (Charles de Lorraine, duc de Guise; Jean de Chastellier, contrôleur général des finances; le maréchal de Retz et son épouse Claude-Catherine de Clermont-Dampierre, animatrice d'un célèbre salon; René de Birague, chancelier de France; Hippolyte Scaravelli, dame d'honneur de Catherine de Médicis...), elle aspirait sans aucun doute à obtenir le mécénat de la haute noblesse de son temps. La modeste fille de boulanger se sera appliquée à suivre les conseils de Raffaella dans le ''Dialogo de la bella creanza de le donne'' pour imposer d'elle-même l'image d'une parfaite «damoiselle» que consacrera, malgré lui, La Croix du Maine. | ||
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Au-delà de quelques bibliographes (l'abbé Goujet) et auteurs de dictionnaires (V.-L. Saulnier, qui a reconduit l'erreur de son ascendance aristocratique, en 1951), Marie de Romieu a eu une réception surtout féminine (Louise de Keralio, Fortunée Briquet, Lula McDowell Richardson). Elle a également fait l'objet de contributions ponctuelles d'historiens du terroir vivarais à la fin du XIXe siècle et au début du suivant, notamment Auguste Le Sourd, qui, à partir de l'absence d'archives relatives à la poétesse, en a conclu à son inexistence; cette hypothèse improbable a trouvé un écho jusque dans des contributions toutes récentes. | Au-delà de quelques bibliographes (l'abbé Goujet) et auteurs de dictionnaires (V.-L. Saulnier, qui a reconduit l'erreur de son ascendance aristocratique, en 1951), Marie de Romieu a eu une réception surtout féminine (Louise de Keralio, Fortunée Briquet, Lula McDowell Richardson). Elle a également fait l'objet de contributions ponctuelles d'historiens du terroir vivarais à la fin du XIXe siècle et au début du suivant, notamment Auguste Le Sourd, qui, à partir de l'absence d'archives relatives à la poétesse, en a conclu à son inexistence; cette hypothèse improbable a trouvé un écho jusque dans des contributions toutes récentes. | ||
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- «Marie de Romieu trouve une grâce incontestable et des accents modernes pour chanter la force de l'amour [...]. Cependant, une excessive pudeur l'empêche de parler elle-même et la pousse à confier ses paroles à l'amant» (Voichita Sasu, «Idéologie amoureuse dans le lyrisme féminin français du XVIe siècle», dans ''La Femme à la Renaissance'', Lodz, Acta universitatis lodziensis, Folia litteraria 14, 1985, p.170). | - «Marie de Romieu trouve une grâce incontestable et des accents modernes pour chanter la force de l'amour [...]. Cependant, une excessive pudeur l'empêche de parler elle-même et la pousse à confier ses paroles à l'amant» (Voichita Sasu, «Idéologie amoureuse dans le lyrisme féminin français du XVIe siècle», dans ''La Femme à la Renaissance'', Lodz, Acta universitatis lodziensis, Folia litteraria 14, 1985, p.170). | ||
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Version actuelle en date du 7 mars 2011 à 16:14
Marie de Romieu | ||
Biographie | ||
Date de naissance | Vers 1500 | |
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Date de décès | Avant 1600 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) | ||
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804) | ||
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647) | ||
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779) |
Notice de Claude La Charité, 2004.
Les données relatives à Marie de Romieu sont incertaines. La Croix du Maine, première et principale source sur elle, ne semble pas l'avoir connue directement. Les indications qu'il donne à son sujet dans saBibliothèque paraissent s'appuyer sur la seule connaissance de ses oeuvres. Il a dû déduire qu'elle était noble du titre de «MaDamoiselle» qui figure dans l'intitulé de son recueil, et qu'elle était née à Viviers (Ardèche) à partir de la dédicace figurant en tête du «Discours que l'excellence de la femme surpasse celle de l'homme». Le seul fait en apparence sûr, suivant lequel la poétesse était encore vivante en 1584, est peut-être aussi le fruit d'une conjecture: c'est en 1584 que sont parus Les Melanges de son frère, Jacques de Romieu, dans lesquels se trouve une traduction française de la poétesse. Cependant, l'érudit lui attribue sans hésitation à la fois l'Instruction pour les jeunes dames (1572) et le recueil des Premieres oeuvres poetiques, publiées par son frère en 1581 chez Lucas Breyer. Les notices ultérieures reprendront ces éléments, en les complétant par une lecture attentive des textes. Ainsi, Colletet (ca 1650) présumera qu'elle était mariée, en se fiant aux soins du ménage évoqués dans l'épître au frère, et qu'elle avait un enfant d'après une pièce qui s'intitule précisément «A son fils».
Les travaux d'Auguste Le Sourd (1924) ont permis de reconsidérer l'origine noble de la famille de Romieu, en démontrant, d'après les documents d'archives, que les Romieu étaient issus d'un milieu roturier, Estienne II Romieu étant l'héritier d'une dynastie de boulangers installée à Viviers depuis le début du siècle. Comment La Croix du Maine a-t-il pu inscrire deux enfants de «mécaniques» dans la généalogie de l'aristocratie et comment Marie de Romieu a-t-elle pu s'arroger le titre de «Mademoiselle»? Il faut sans doute considérer la fonction de Jacques, qui figure sur la page frontispice de ses Melanges: «secretaire ordinaire de la chambre du Roy». Il est indéniable que cet office, ne serait-ce qu'en raison de l'accès privilégié au roi qu'il assurait, était investi d'un prestige social considérable. D'où la tentation d'usurper l'état de noblesse, d'autant que les titulaires bénéficiaient du privilège nobiliaire par excellence, la franchise fiscale. En accord avec les ambitions sociales du frère, les poètes de Romieu prennent soin d'ajouter à leur patronyme la précieuse particule «de», que ne portaient pas leurs parents et qui, sans être un attribut de l'aristocratie, crée néanmoins l'illusion.
Il va sans dire que le futur chanoine de Viviers met en oeuvre un opportunisme et une habileté consommés, dignes d'un courtisan, dès la publication du recueil de sa soeur, en mettant en avant, par un raisonnement a fortiori, ses qualités de maître, grâce à l'éloge de son élève (voir «jugements»). Il est par ailleurs évident que, tout autant que son frère, Marie a connu une ascension sociale fulgurante. Sans doute de langue maternelle occitane, elle a pu accéder à une culture littéraire enviable, avec une aisance telle qu'elle a rédigé des poèmes en français et en néo-latin et qu'elle a été la première à traduire de l'italien le dialogue d'Alessandro Piccolomini. À en juger d'après ses dédicataires (Charles de Lorraine, duc de Guise; Jean de Chastellier, contrôleur général des finances; le maréchal de Retz et son épouse Claude-Catherine de Clermont-Dampierre, animatrice d'un célèbre salon; René de Birague, chancelier de France; Hippolyte Scaravelli, dame d'honneur de Catherine de Médicis...), elle aspirait sans aucun doute à obtenir le mécénat de la haute noblesse de son temps. La modeste fille de boulanger se sera appliquée à suivre les conseils de Raffaella dans le Dialogo de la bella creanza de le donne pour imposer d'elle-même l'image d'une parfaite «damoiselle» que consacrera, malgré lui, La Croix du Maine.
Au-delà de quelques bibliographes (l'abbé Goujet) et auteurs de dictionnaires (V.-L. Saulnier, qui a reconduit l'erreur de son ascendance aristocratique, en 1951), Marie de Romieu a eu une réception surtout féminine (Louise de Keralio, Fortunée Briquet, Lula McDowell Richardson). Elle a également fait l'objet de contributions ponctuelles d'historiens du terroir vivarais à la fin du XIXe siècle et au début du suivant, notamment Auguste Le Sourd, qui, à partir de l'absence d'archives relatives à la poétesse, en a conclu à son inexistence; cette hypothèse improbable a trouvé un écho jusque dans des contributions toutes récentes.
Oeuvres
- 1572 : Instruction pour les jeunes dames (première traduction-adaptation française du Dialogo de la belle creanza de le donne d'Alessandro Piccolomini), Paris, s.n. -- Éd. Concetta Menna Scognamiglio, Paris-Fasano, Nizet-Schena, 1992. Cette édition donne comme texte de base la réédition de 1597.
- 1581 : Les Premieres OEuvres poetiques de MaDamoiselle Marie de Romieu Vivaroise, Paris, L. Breyer -- Éd. André Winandy, Genève, Droz, 1972.
- 1584 : Les Melanges de Jaques de Romieu Vivarois, Lyon, B. Rigaud. La «Traduction du latin de M. de la Val» et le «Sonnet [...] à Monsieur de Tournon, luy offrant l'oeuvre presente en bonne Estrene» sont de Marie de Romieu.
Choix bibliographique
- Costa, Daniela. «La réception française de la Raffaella d'Alessandro Piccolomini: version "urbaines" et lectures "érotiques"». Nouv. Revue du Seizième siècle, 14, 1996, p.237-246.
- La Charité, Claude. «"Ce male vers enfant de ta verve femelle": les destinataires féminins de la lyrique amoureuse de Marie de Romieu». Nouv. Revue du Seizième siècle, 18, 2000, p.81-94.
- La Charité, Claude. «L'Instruction pour les jeunes dames (1572) de Marie de Romieu: la femme machiavélienne comme contre-modèle de la femme chrétienne et de la donna di palazzo». Franco-Italica, 15/16, 1999, p.65-85.
- Larsen, Anne R. «Paradox and the Praise of Women: From Ortensio Lando and Charles Estienne to Marie de Romieu». The Sixteenth Century Journal, 28, 1997, p.759-774.
- Le Sourd, Auguste. Recherches sur Jacques et Marie de Romieu poètes vivarois, Villefranche, Imprimerie du Réveil du Beaujolais, 1924.
Jugements
- Ma soeur vous a fait voir que sa ville portoit
Des filles, où l'honneur et le scavoir étoit.
Penseries vous (mon Duc) que je fus moindre qu'elle?
C'est moy qui l'ai conduite a une oeuvre nouvelle,
C'est moi qui l'enseigné la guidant au beau train,
Qui du nombre divin suit le troupeau neuvain. (Jacques de Romieu, in Les Melanges... voir supra).
- «Elle composa encore en prose française une Instruction pour les jeunes dames [...] Mais je conseille à celles qui voudront conserver leur innocence et vivre dans la pureté de consulter d'autres oracles que ceux-là [...] c'est plutost une instruction à bien faire l'amour qu'à vivre dans la retenüe: et certes, si nos écrits sont ordinairement les vifs tableaux de nos moeurs, cet ouvrage me feroit volontiers douter qu'elle estoit un peu sujette à ses passions et que la vertu dont elle parle si souvent dans ses vers résidoit plustot sur ses lèvres que dans son coeur» (Guillaume Colletet, Histoire des Poëtes françois, manuscrit BNF Ms NAF 3073, v.1650).
- «À mesure qu'on pénètre davantage dans l'étude des oeuvres de Marie de Romieu, on s'aperçoit que c'est l'analyse aiguë de sa propre personnalité qui lui inspire ses plus beaux vers» (Émile Bourras, «Essai sur Marie de Romieu», Revue du Vivarais, 9, 1901, p.460).
- «Marie de Romieu n'a pas existé» (Auguste Le Sourd, Recherches sur Jacques et Marie de Romieu poètes vivarois, Villefranche, Imprimerie du Réveil du Beaujolais, 1924, p.95).
- «Sa poésie amoureuse se caractérise [...] par une certaine impersonnalité, une absence presque totale d'allusions précises. C'est que, comme Desportes, Romieu chante des amours de commande ou s'essaye à des exercices littéraires» (André Winandy, in Marie de Romieu, Premières oeuvres poétiques, voir supra, p. XXIX).
- «Marie de Romieu trouve une grâce incontestable et des accents modernes pour chanter la force de l'amour [...]. Cependant, une excessive pudeur l'empêche de parler elle-même et la pousse à confier ses paroles à l'amant» (Voichita Sasu, «Idéologie amoureuse dans le lyrisme féminin français du XVIe siècle», dans La Femme à la Renaissance, Lodz, Acta universitatis lodziensis, Folia litteraria 14, 1985, p.170).