Marguerite de Lussan : Différence entre versions

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Née à Paris en 1682, Marguerite de Lussan est probablement la fille naturelle du frère du prince Eugène, Thomas de Savoie, comte de Soissons, qui semble lui avoir fait donner une excellente éducation et l’avoir autorisée à porter le blason de sa maison. Quant à sa mère, c’est, au choix des biographes, soit une courtisane inconnue, soit une célèbre « devineresse », la Fleury qui, arrêtée comme « fausse sorcière » en 1724 et alors âgée de 79 ans, confie ses maigres biens à « Mlle de Lussant » qu’elle déclare avoir élevée et qui « ne la laisse manquer de rien ».<br/>
 
Née à Paris en 1682, Marguerite de Lussan est probablement la fille naturelle du frère du prince Eugène, Thomas de Savoie, comte de Soissons, qui semble lui avoir fait donner une excellente éducation et l’avoir autorisée à porter le blason de sa maison. Quant à sa mère, c’est, au choix des biographes, soit une courtisane inconnue, soit une célèbre « devineresse », la Fleury qui, arrêtée comme « fausse sorcière » en 1724 et alors âgée de 79 ans, confie ses maigres biens à « Mlle de Lussant » qu’elle déclare avoir élevée et qui « ne la laisse manquer de rien ».<br/>
 
Intelligente, instruite mais bâtarde, Lussan ne semble pas avoir été reçue dans les salons de la haute société (rien du moins ne l’atteste), mais elle fréquente nombre d’hommes de lettres et de savants qui, comme l’érudit archevêque d’Avranches, Huet (1630-1721), la poussent, âgée de 25 ans, à écrire et publier des romans. Avant même la publication des quatre premiers contes des ''Veillées de Thessalie'' (1731), l’''Histoire de la comtesse de Gondez'' (1725) a assez de succès pour qu’on l’attribue à un « teinturier » de vingt ans son aîné, Louis Langlade de La Serre (1662-1756), auteur d’opéras, censeur royal, joueur impénitent et gentilhomme de Cahors, avec lequel elle aurait vécu jusqu’à la mort de celui-ci en 1756. La diversité des écrivains qui sont supposés l’avoir aidée (Hamilton, Langlade, les abbés Chiron de Boismorand et Baudot de Juilly) atteste d’un réseau important d’amitiés intellectuelles de qualité autant que du refus, alors habituel, d’accorder aux écrivaines la capacité d’écrire des ouvrages abondants, longs et documentés comme ceux que fait publier, sous son nom, Marguerite de Lussan entre 1723 et 1757.<br/>
 
Intelligente, instruite mais bâtarde, Lussan ne semble pas avoir été reçue dans les salons de la haute société (rien du moins ne l’atteste), mais elle fréquente nombre d’hommes de lettres et de savants qui, comme l’érudit archevêque d’Avranches, Huet (1630-1721), la poussent, âgée de 25 ans, à écrire et publier des romans. Avant même la publication des quatre premiers contes des ''Veillées de Thessalie'' (1731), l’''Histoire de la comtesse de Gondez'' (1725) a assez de succès pour qu’on l’attribue à un « teinturier » de vingt ans son aîné, Louis Langlade de La Serre (1662-1756), auteur d’opéras, censeur royal, joueur impénitent et gentilhomme de Cahors, avec lequel elle aurait vécu jusqu’à la mort de celui-ci en 1756. La diversité des écrivains qui sont supposés l’avoir aidée (Hamilton, Langlade, les abbés Chiron de Boismorand et Baudot de Juilly) atteste d’un réseau important d’amitiés intellectuelles de qualité autant que du refus, alors habituel, d’accorder aux écrivaines la capacité d’écrire des ouvrages abondants, longs et documentés comme ceux que fait publier, sous son nom, Marguerite de Lussan entre 1723 et 1757.<br/>
Formant une cinquantaine de petits volumes in-12, les treize titres qui composent son œuvre introduisent des intrigues amoureuses dont les héroïnes, déchirées entre raison et sentiment, vivent au milieu de personnages du passé et dans un décor de fééries, de guerres ou de complots : la Grèce antique des magiciennes rustiques, la France médiévale et les violences de sa noblesse, le royaume de Naples en révolution, etc. Cette « couleur locale » est alors fort prisée et lui vaut d’avoir des dédicataires (et protecteurs ?) de poids (la marquise de Pompadour, les princes de Condé et de Conti) et de bénéficier d’une pension annuelle de 2 000 livres versée par la Cour.<br/>
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Formant une cinquantaine de petits volumes in-12, les treize titres qui composent son œuvre introduisent des intrigues amoureuses dont les héroïnes, déchirées entre raison et sentiment, vivent au milieu de personnages du passé et dans un décor de fééries, de guerres ou de complots : la Grèce antique des magiciennes rustiques, la France médiévale et les violences de sa noblesse, le royaume de Naples en révolution, etc. Cette « couleur locale » est alors fort prisée et lui vaut d’avoir des dédicataires (et protecteurs ?) de poids ([[Jeanne-Antoinette Poisson|la marquise de Pompadour]], les princes de Condé et de Conti) et de bénéficier d’une pension annuelle de 2 000 livres versée par la Cour.<br/>
 
Quand meurt l’écrivaine (une indigestion, les mauvais soins consécutifs à celle-ci ou le bain qui a précédé son repas ?) le 31 mai 1758, elle est si célèbre que cette anecdote est commentée partout, y compris à l’étranger où des traductions et imitations, notamment en russe et en anglais (par Richardson en 1760), lui conservèrent une renommée certaine, même après sa mort. En effet, si sa succession (grevée de très lourdes dettes) « avoit été adjugée au Roy par droit de bâtardise », ses écrits continuent d’être lus et de servir de sources d’inspiration à des littérateurs et artistes médiévalisants comme La Vallière, auteur en partie plagiaire des ''Infortunées Amours de Gabrielle de Vergy et de Raoul de Coucy'' (1755), ou Mme de Beaufort d’Hautpoul et son ''Childéric'' de 1806. Quant aux ''Anecdotes de la Cour de Philippe Auguste'' (1733) et celles concernant François Ier (1748), elles sont encore rééditées à Paris en 1820 et 1821.
 
Quand meurt l’écrivaine (une indigestion, les mauvais soins consécutifs à celle-ci ou le bain qui a précédé son repas ?) le 31 mai 1758, elle est si célèbre que cette anecdote est commentée partout, y compris à l’étranger où des traductions et imitations, notamment en russe et en anglais (par Richardson en 1760), lui conservèrent une renommée certaine, même après sa mort. En effet, si sa succession (grevée de très lourdes dettes) « avoit été adjugée au Roy par droit de bâtardise », ses écrits continuent d’être lus et de servir de sources d’inspiration à des littérateurs et artistes médiévalisants comme La Vallière, auteur en partie plagiaire des ''Infortunées Amours de Gabrielle de Vergy et de Raoul de Coucy'' (1755), ou Mme de Beaufort d’Hautpoul et son ''Childéric'' de 1806. Quant aux ''Anecdotes de la Cour de Philippe Auguste'' (1733) et celles concernant François Ier (1748), elles sont encore rééditées à Paris en 1820 et 1821.
Nommée par Mme de Genlis parmi les « femmes auteurs les plus célèbres des deux derniers siècles » (''Annales de la Vertu'', 1811, p. 204), Marguerite de Lussan n’est plus guère connue aujourd’hui que comme l’imitatrice des écrits « historiques » et autres contes de Mmes de [[Marie-Madeleine Pioche de La Vergne|La Fayette]], [[Marie-Catherine Desjardins|Villedieu]] et [[Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon|L’Héritier]]. Elle est pourtant une des pionnières du roman troubadour et de fictions à succès qui, ancrées dans le passé et puisant dans des sources authentiques, sont enjolivées par des péripéties dramatiques et des exclamations moralisantes.<br/>
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Nommée par [[Stéphanie-Félicité Ducrest de Saint-Aubin|Mme de Genlis]] parmi les « femmes auteurs les plus célèbres des deux derniers siècles » (''Annales de la Vertu'', 1811, p. 204), Marguerite de Lussan n’est plus guère connue aujourd’hui que comme l’imitatrice des écrits « historiques » et autres contes de Mmes de [[Marie-Madeleine Pioche de La Vergne|La Fayette]], [[Marie-Catherine Desjardins|Villedieu]] et [[Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon|L’Héritier]]. Elle est pourtant une des pionnières du roman troubadour et de fictions à succès qui, ancrées dans le passé et puisant dans des sources authentiques, sont enjolivées par des péripéties dramatiques et des exclamations moralisantes.<br/>
 
La lente dégradation de la notoriété de Lussan mérite une attention particulière. Fruit de l’obscurité relative de sa naissance (pourtant fort romanesque), cet oubli résulte, plus encore, de l’éviction post-révolutionnaire des femmes hors des nombreux champs scientifiques, et notamment des disciplines historiques, où certaines brillèrent au XVIIIe siècle avant l’avènement des « professionnels », qu’ils soient de purs romanciers à la Walter Scott ou que, détenteurs de chaires universitaires d’histoire, ils soient trop obsédés par l’archive manuscrite et les faits authentiques pour apprécier les talents de conteuse de Lussan et son goût des vieilles chroniques.
 
La lente dégradation de la notoriété de Lussan mérite une attention particulière. Fruit de l’obscurité relative de sa naissance (pourtant fort romanesque), cet oubli résulte, plus encore, de l’éviction post-révolutionnaire des femmes hors des nombreux champs scientifiques, et notamment des disciplines historiques, où certaines brillèrent au XVIIIe siècle avant l’avènement des « professionnels », qu’ils soient de purs romanciers à la Walter Scott ou que, détenteurs de chaires universitaires d’histoire, ils soient trop obsédés par l’archive manuscrite et les faits authentiques pour apprécier les talents de conteuse de Lussan et son goût des vieilles chroniques.
  

Version actuelle en date du 9 octobre 2018 à 08:29

Marguerite de Lussan
Dénomination(s) Madame de Lussan[t]
Biographie
Date de naissance 1682
Date de décès 31 mai 1758
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)


Notice de Nicole Pellegrin, 2017

Née à Paris en 1682, Marguerite de Lussan est probablement la fille naturelle du frère du prince Eugène, Thomas de Savoie, comte de Soissons, qui semble lui avoir fait donner une excellente éducation et l’avoir autorisée à porter le blason de sa maison. Quant à sa mère, c’est, au choix des biographes, soit une courtisane inconnue, soit une célèbre « devineresse », la Fleury qui, arrêtée comme « fausse sorcière » en 1724 et alors âgée de 79 ans, confie ses maigres biens à « Mlle de Lussant » qu’elle déclare avoir élevée et qui « ne la laisse manquer de rien ».
Intelligente, instruite mais bâtarde, Lussan ne semble pas avoir été reçue dans les salons de la haute société (rien du moins ne l’atteste), mais elle fréquente nombre d’hommes de lettres et de savants qui, comme l’érudit archevêque d’Avranches, Huet (1630-1721), la poussent, âgée de 25 ans, à écrire et publier des romans. Avant même la publication des quatre premiers contes des Veillées de Thessalie (1731), l’Histoire de la comtesse de Gondez (1725) a assez de succès pour qu’on l’attribue à un « teinturier » de vingt ans son aîné, Louis Langlade de La Serre (1662-1756), auteur d’opéras, censeur royal, joueur impénitent et gentilhomme de Cahors, avec lequel elle aurait vécu jusqu’à la mort de celui-ci en 1756. La diversité des écrivains qui sont supposés l’avoir aidée (Hamilton, Langlade, les abbés Chiron de Boismorand et Baudot de Juilly) atteste d’un réseau important d’amitiés intellectuelles de qualité autant que du refus, alors habituel, d’accorder aux écrivaines la capacité d’écrire des ouvrages abondants, longs et documentés comme ceux que fait publier, sous son nom, Marguerite de Lussan entre 1723 et 1757.
Formant une cinquantaine de petits volumes in-12, les treize titres qui composent son œuvre introduisent des intrigues amoureuses dont les héroïnes, déchirées entre raison et sentiment, vivent au milieu de personnages du passé et dans un décor de fééries, de guerres ou de complots : la Grèce antique des magiciennes rustiques, la France médiévale et les violences de sa noblesse, le royaume de Naples en révolution, etc. Cette « couleur locale » est alors fort prisée et lui vaut d’avoir des dédicataires (et protecteurs ?) de poids (la marquise de Pompadour, les princes de Condé et de Conti) et de bénéficier d’une pension annuelle de 2 000 livres versée par la Cour.
Quand meurt l’écrivaine (une indigestion, les mauvais soins consécutifs à celle-ci ou le bain qui a précédé son repas ?) le 31 mai 1758, elle est si célèbre que cette anecdote est commentée partout, y compris à l’étranger où des traductions et imitations, notamment en russe et en anglais (par Richardson en 1760), lui conservèrent une renommée certaine, même après sa mort. En effet, si sa succession (grevée de très lourdes dettes) « avoit été adjugée au Roy par droit de bâtardise », ses écrits continuent d’être lus et de servir de sources d’inspiration à des littérateurs et artistes médiévalisants comme La Vallière, auteur en partie plagiaire des Infortunées Amours de Gabrielle de Vergy et de Raoul de Coucy (1755), ou Mme de Beaufort d’Hautpoul et son Childéric de 1806. Quant aux Anecdotes de la Cour de Philippe Auguste (1733) et celles concernant François Ier (1748), elles sont encore rééditées à Paris en 1820 et 1821. Nommée par Mme de Genlis parmi les « femmes auteurs les plus célèbres des deux derniers siècles » (Annales de la Vertu, 1811, p. 204), Marguerite de Lussan n’est plus guère connue aujourd’hui que comme l’imitatrice des écrits « historiques » et autres contes de Mmes de La Fayette, Villedieu et L’Héritier. Elle est pourtant une des pionnières du roman troubadour et de fictions à succès qui, ancrées dans le passé et puisant dans des sources authentiques, sont enjolivées par des péripéties dramatiques et des exclamations moralisantes.
La lente dégradation de la notoriété de Lussan mérite une attention particulière. Fruit de l’obscurité relative de sa naissance (pourtant fort romanesque), cet oubli résulte, plus encore, de l’éviction post-révolutionnaire des femmes hors des nombreux champs scientifiques, et notamment des disciplines historiques, où certaines brillèrent au XVIIIe siècle avant l’avènement des « professionnels », qu’ils soient de purs romanciers à la Walter Scott ou que, détenteurs de chaires universitaires d’histoire, ils soient trop obsédés par l’archive manuscrite et les faits authentiques pour apprécier les talents de conteuse de Lussan et son goût des vieilles chroniques.

Oeuvres

  • 1727: Histoire de la Comtesse de Gondès, écrite par elle-même, Paris, Nicolas Pépie, 1723 ; Paris, veuve Pissot, 1727 et 1752, 2 vol. in-12 (attribué en partie à Langlade de La Serre, gentilhomme de Cahors) ; rééd. in Bibliothèque de campagne ou Amusements de l’esprit et du cœur, La Haye, Jean Neaulme 1738, t. VIII ; puis, 1739, 1742 et 1744.
  • 1731: Les Veillées de Thessalie, Paris, Josse, 1731, 1 vol. in-12 ; 1732, 2 vol. in-12 ; 3ème éd. augmentée de trois veillées, Paris, veuve Pissot, 1741, 4 vol. in-12.- Nombreuses réed. dont la dernière en date établie par Nadine et Jean-Claude Decourt, in Contes […] 1715-1775, Paris, Champion, 2007, p. 117-459, ill.
  • 1733: Anecdotes de la Cour de Philippe Auguste, Paris,Veuve Pissot, 1733 et 1741, 6 vol. in-12.- Nouv. éd., Paris, Lebègue, 1820, 6 vol. in-12. (attribué partiellement à l’abbé Chiron de Boismorand)
  • 1736: Anecdotes de la cour de Childéric, Paris, Prault, 1736, 1 vol. in-12 (faussement attribué à Hamilton, ce roman eut une suite écrite et publiée par Poinsinet de Sivry dans la Bibliothèque des romans, sept. 1779).
  • 1741: Mémoires secrets et intrigues de la cour de France sous Charles VIII, Amsterdam, Jean-Frédéric Bernard, 1741.
  • 1746: Divertissement pour le Roi, exécuté devant Leurs Majestés à Versailles le samedi 19 mars 1746 [en quatre scènes et en vers libres], Paris, Ballard fils, 1746, in-4.
  • 1748: Anecdotes de la Cour de François Premier, Londres, Jean Nours, 1748 et Paris, ?, 1748, 3 vol. in-12.- Nouv. éd Paris, Lebègue, 1821, 2 vol. in-12.
  • 1749: Annales galantes de la Cour d’Henri II, Amsterdam (Paris), s. n., 1749, 2 vol. in-12.
  • 1749: Marie d’Angleterre, reine Duchesse, dédié à la Marquise de Pompadour, Amsterdam (Paris), Jacques Desbordes, 1749, 1 vol. in-12.
  • 1757: Vie de Louis Balbe-Berton de Crillon, surnommé le Brave, et Mémoire des règnes de Henri II, Charles IX, Henri III et Henri IV pour servir à l’histoire de son temps, Paris, Pissot, 1757, 2 vol. in-12.- Trad. Londres, H. Woodgate and S. Brooks, 1760, 2 vol. : The Life and Heroic Actions of Balbe Berton, Chevalier de Grillon, Translated from the FRENCH by a Lady And Revised by Mr. RICHARDSON, Author of Clarissa, Grandison, &c.

Attribution incertaine

  • 1753: Histoire et règne de Charles VI, roi de France', Paris, Pissot, 1753, 9 vol. in-12 (attribué à Baudot de Juilly).
  • 1755: Histoire du règne de Louis XI, Paris, Veuve Pissot, 1755, 6 vol. in-12 (attribué à Baudot de Juilly)..
  • 1757:Histoire de la Révolution du Royaume de Naples dans les années 1647-1648, Paris, Pissot, 1757, 4 vol. in-12 (attribué à Baudot de Juilly).- Trad. en russe, 1775.

Principales sources

  • Voir les sources citées, mais non référencées, par Doris A. Cuff, « Introduction à une étude sur Marguerite de Lussan et le roman historique au commencement du XVIIIe siècle », Revue d’Histoire littéraire de la France, 1936, pp. 1-19.

Choix bibliographique

  • Anne Blondat, « Deux historiennes d’Ancien Régime : Mlle de Lussan et Mme Thiroux d’Arconville », mémoire de maîtrise sous la dir. d’Alain Cabantous et N. Pellegrin, Paris I-Sorbonne, 2004.
  • Doris A. Cuff, « Introduction à une étude sur Marguerite de Lussan et le roman historique au commencement du XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Littéraire de la France, 1936, pp. 1-19.
  • Natalie Davis, « Genre féminin et genre littéraire. Les femmes et l’écriture historique, 1400-1820 » [1980], in N. Pellegrin (dir.), Histoires d’historiennes, Saint-Etienne, PUSE, 2006, pp. 21-43.
  • Julia Douthwaite, Exotic Women. Literary Heroïnes and Cultural Strategies in Ancien Regime France, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1992, ill.
  • Nicole Pellegrin, « L’histoire et son annotation. La mise en scène des sources par trois historiennes du XVIIIe siècle » : Lussan, Thiroux et Keralio », in J.-C. Arnauld et S. Steinberg (dir.), Les femmes et l’écriture de l’histoire, 1400-1800, Rouen, PURH, 2009, p. 269-295.

Jugements

  • « Auteur célèbre pour ses nombreux contes et romans […], sa figure […] n’annonçait pas les obligations qu’elle avoit à l’amour : elle étoit louche et brune à l’excès. Quiconque l’eût entendue sans la voir l’eût prise pour un homme, et quiconque l’eût vue sans qu’elle parlât, l’eût encore prise pour un homme. Sa voix et son air n’appartenoient point à son sexe, mais elle en avoit l’âme. Elle étoit sensible, compatissante, pleine d’humanité, généreuse, capable de suite dans l’amitié, sujette à la colère, jamais à la haine. Elle eut des faiblesses, mais sa passion principale fut de faire de bonnes actions. Elle étoit vive, gaie et malheureusement fort gourmande. » (Abbé Joseph de La Porte, Histoire littéraire des femmes françaises, Paris, Lecomte, 1769, t. III, p. 291 : notice de « Mlle de Lussan », longue de 169 pages)
  • « Il est peu de femmes qui aient autant et si bien écrit que cette demoiselle. […] Si ce n’est point par cette énumération que le public peut juger des agrémens de l’esprit de mademoiselle de Lussan, ce sera du moins par la lecture de ses ouvrages. » (Dictionnaire portatif des femmes célèbres, Paris, L. Cellot, 1769, t. II, p. 489).
  • « On prétend que la Demoiselle [Lussan] étoit fille naturelle d’un Prince de Savoie. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne faisoit point connoître sa famille, et qu’elle disoit qu’elle ne se connoissoit pas elle-même » (Bibliothèque des Romans, février 1778, p. 180).
  • « Tous ces écrits ne sont que des romans historiques, d’une lecture parfois agréable et instructive ; ils se distinguent moins par la force de l’invention que par des traits touchants, des pensées fines, et un style naturel et facile » (P. L. : article « Lussan (Marguerite de) », in Dr Hœfer (dir.), Nouvelle biographie générale, Paris, Firmin-Didot, t. 32 (1860), p. 281.
  • « Les romancières du dix-huitième siècle eurent l’ambition, la facilité. Il leur manqua la science du cœur. Elles ne surent écrire que de fades histoires galantes ou des contes diffus. Les héros de Mlle de Lussan ne peuvent passer une nuit sans se rappeler longuement tout ce qu’ils ont fait la veille et sans conter le menu : monnaie d’aventures à un confident trop docile à leur bavardage. […] Travaux sans valeur aujourd’hui. » (Jean Larnac, Histoire de la littérature féminine en France, Paris, Kra, 1929, p. 152)
  • « Que l’on convienne ou non que l’influence de Mlle de Lussan ait duré jusqu’à l’époque romantique, il faut du moins reconnaître qu’elle a une place assez distinguée parmi ces écrivains du XVIIIe siècle qui, en introduisant dans le roman le parfum subtil de la poésie médiévale, préparaient la route aux grands romanciers du XIXe siècle, lesquels devaient en faire une essence rare et précieuse. » (Doris A. Cuff, « Introduction à une étude sur Marguerite de Lussan et le roman historique au commencement du XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Littéraire de la France, 1936, p. 19).
  • «  In the fairy tale […], one finds another conception of Greece as the land of magic and wondrous events. In her widely read Veillées de Thessalie (1735), Marguerite de Lussan depicts rustic Greek women spinning tales of their girlhoods, evoking brushes with the gods and supernatural visions as frightening yet inevitable occurrences in their land ; […] » (Julia Douthwaite, Exotic Women. Literary Heroïnes and Cultural Strategies in Ancien Regime France, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1992, p. 45)
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