Françoise Odeau : Différence entre versions
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− | | dénominations = Françoise Oudeau<br> M. O. | + | | dénominations = Françoise Oudeau<br> M. O.<br> S. F. O.<br> Sr F. O. religieuse<br> Mère Françoise Odeau<br> R. S. F. O. |
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Françoise Odeau, dont on ignore la date de naissance, est une dominicaine du prieuré royal Saint-Louis de Poissy. Elle a pris l’habit sous le gouvernement de Marguerite du Puy, prieure de 1561-62 à 1583. Selon certains historiens, Françoise Odeau serait issue d’une famille noble, comme Marie Odeau, sa probable parente, figurant dans la liste des conseillères de Marguerite du Puy. La mort de la prieure du Puy en 1583 déclenche des années de troubles au sein du couvent, quand Jeanne de Gondi est nommée prieure, contre la volonté de la majorité des membres du couvent, qui lui préfèrent Marthe de Boufflers. D’après les archives du prieuré, Françoise Odeau fait partie de la minorité qui vote pour Jeanne de Gondi. | Françoise Odeau, dont on ignore la date de naissance, est une dominicaine du prieuré royal Saint-Louis de Poissy. Elle a pris l’habit sous le gouvernement de Marguerite du Puy, prieure de 1561-62 à 1583. Selon certains historiens, Françoise Odeau serait issue d’une famille noble, comme Marie Odeau, sa probable parente, figurant dans la liste des conseillères de Marguerite du Puy. La mort de la prieure du Puy en 1583 déclenche des années de troubles au sein du couvent, quand Jeanne de Gondi est nommée prieure, contre la volonté de la majorité des membres du couvent, qui lui préfèrent Marthe de Boufflers. D’après les archives du prieuré, Françoise Odeau fait partie de la minorité qui vote pour Jeanne de Gondi. | ||
En 1621, Françoise Odeau publie, sous le nom abrégé de Sr. F. O, la traduction en français des quarante premiers ''Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques''. Pour cette impression, elle obtient l’approbation de la Faculté de théologie de Paris ainsi qu’un privilège du roi. Dans l’épître dédicatoire à sa prieure, la «Tres-noble et tres-illustre dame, Madame Jeanne de Gondy», la traductrice manifeste son intérêt pour l’oeuvre de Bernard de Clairvaux, dont se nourrissent spirituellement beaucoup de communautés religieuses de l’époque. Suivent des «Stances A. M. O. sur ses traductions de S. Bernard», poème en dix quatrains composés par sa consoeur Anthoinette Cottel («Sr. A. Cottel») et destiné à louer les talents poétiques et la piété de Françoise. Dans le même volume, un poète nommé C. Galois signe d’autres «Stances», qui mettent en scène Françoise s’inspirant de l’amour divin de Bernard de Clairvaux, lequel aurait poussé la religieuse à traduire ses sermons en français. Un second volume paraît en 1623 et contient la traduction des trente-neuf sermons suivants. Françoise Odeau ne publiera jamais la traduction des sept derniers. Pour cette nouvelle publication, la traductrice obtient une fois encore un privilège royal ainsi que l’approbation de la Faculté de théologie de Paris. Comme le volume précédent, ce livre est dédié à la prieure de Gondi. Dans sa préface, la traductrice souligne sa reconnaissance envers sa supérieure, qu’elle dit avoir «debonnairement receu» la première partie. Le volume de 1623 inclut aussi des poèmes épidictiques sur la talentueuse traductrice. Soeur Anthoinette Cottel livre encore deux sonnets sur Françoise Odeau, chantant en guise de préface son «esprit Angelique» et son savoir. | En 1621, Françoise Odeau publie, sous le nom abrégé de Sr. F. O, la traduction en français des quarante premiers ''Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques''. Pour cette impression, elle obtient l’approbation de la Faculté de théologie de Paris ainsi qu’un privilège du roi. Dans l’épître dédicatoire à sa prieure, la «Tres-noble et tres-illustre dame, Madame Jeanne de Gondy», la traductrice manifeste son intérêt pour l’oeuvre de Bernard de Clairvaux, dont se nourrissent spirituellement beaucoup de communautés religieuses de l’époque. Suivent des «Stances A. M. O. sur ses traductions de S. Bernard», poème en dix quatrains composés par sa consoeur Anthoinette Cottel («Sr. A. Cottel») et destiné à louer les talents poétiques et la piété de Françoise. Dans le même volume, un poète nommé C. Galois signe d’autres «Stances», qui mettent en scène Françoise s’inspirant de l’amour divin de Bernard de Clairvaux, lequel aurait poussé la religieuse à traduire ses sermons en français. Un second volume paraît en 1623 et contient la traduction des trente-neuf sermons suivants. Françoise Odeau ne publiera jamais la traduction des sept derniers. Pour cette nouvelle publication, la traductrice obtient une fois encore un privilège royal ainsi que l’approbation de la Faculté de théologie de Paris. Comme le volume précédent, ce livre est dédié à la prieure de Gondi. Dans sa préface, la traductrice souligne sa reconnaissance envers sa supérieure, qu’elle dit avoir «debonnairement receu» la première partie. Le volume de 1623 inclut aussi des poèmes épidictiques sur la talentueuse traductrice. Soeur Anthoinette Cottel livre encore deux sonnets sur Françoise Odeau, chantant en guise de préface son «esprit Angelique» et son savoir. | ||
− | Françoise Odeau meurt le 4 octobre 1644. Son épitaphe, citée par Quétif évoque une «belle ame, dont les dignes vertus nous furent un beau jour… ». | + | Françoise Odeau meurt le 4 octobre 1644.<br> |
+ | Son épitaphe, citée par Quétif évoque une «belle ame, dont les dignes vertus nous furent un beau jour… ». | ||
Sa carrière atteste des préoccupations intellectuelles des dominicaines de Poissy, où les religieuses ont l’occasion de recevoir et de cultiver une formation rigoureuse en latin et en composition française. En témoignent quelques membres remarquables comme la célèbre traductrice [[Anne de Marquets]] (1533?-1588), autre dominicaine de Poissy, dont Françoise a peut-être été la disciple, ou d’autres écrivaines illustres du prieuré : Maria de Fortia, Angélique Remond, Charlotte du Puy, [[Louise de Marillac (?-1629)|Louise de Marillac]] et Anthoinette Cottel. | Sa carrière atteste des préoccupations intellectuelles des dominicaines de Poissy, où les religieuses ont l’occasion de recevoir et de cultiver une formation rigoureuse en latin et en composition française. En témoignent quelques membres remarquables comme la célèbre traductrice [[Anne de Marquets]] (1533?-1588), autre dominicaine de Poissy, dont Françoise a peut-être été la disciple, ou d’autres écrivaines illustres du prieuré : Maria de Fortia, Angélique Remond, Charlotte du Puy, [[Louise de Marillac (?-1629)|Louise de Marillac]] et Anthoinette Cottel. | ||
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− | {{DEFAULTSORT:Odeau, Francoise}}[[Catégorie:Personnage]][[Catégorie: | + | |
+ | ==Oeuvres== | ||
+ | * 1621 : ''Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques. Traduicts du latin en françois, par Sr F. O. Religieuse du Royal Monastere de Sainct Loys de Poissy'', t.1 [sermons 1-40], Paris, Louys Bellenger, 1621, 644 p. | ||
+ | * 1623 : ''Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques. Traduicts du Latin en François, par Sr F. O. Religieuse du Royal Monastere de S. Louys de Poissy'', t.2, [sermons 41-79], Paris, Jean Laguehay, 1623, 576 p. | ||
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+ | ==Principale sources== | ||
+ | * Bibliothèque nationale de France (France, Paris), Ms fr. 5009, «Memoires concernant le Prieuré de Poissy, Recuillis sur les archives de la maison par Madame Susanne de Henequin Religieuse de ce monastere...» , 18e s. | ||
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+ | ==Choix bibliographique== | ||
+ | * Ferguson, Gary, «Rules for Writing: The ‘Dames de Poissy’», dans Thomas M. Carr, éd., ''EMF: Studies in Early Modern France. The Cloister and the World: Early Modern Convent Voices'', t. 11, 2007, p. 44-58. | ||
+ | * Ferguson, Gary, «The Stakes of Sanctity and Sinfulness: Tales of the Priory of Poissy (Fifteenth to Seventeenth Centuries)», dans Jennifer Britnell et Ann Moss éds., ''Female Saints and Sinners / Saintes et mondaines (France 1450-1650)'', Durham UP, 2002, p. 59-78. | ||
+ | * Moreau-Rendu, Suzanne, ''Le Prieuré Royal de Saint Louis de Poissy'', Paris, Alsatia Colmar, 1968. | ||
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+ | ==Jugements== | ||
+ | * «Dessillés donc les yeux pour voir une lumiere,<br>Un Astre que la nuict ne peut rendre obscurcy :<br>Un divin fruit esclos d’une fleur printaniere<br>Dans le parterre sainct du Jardin de Poissy.<br> C’est dans ce beau sejour que sous un chaste voile<br>Les sacrés ornemens d’un eminent sçavoir<br>Fait éclater les rais d’une divine estoille<br>Dont la splẽdeur nous meine au chemin du devoir.<br>[…]<br>Des Rayons eternels de la divine Essence<br>Le sainct qu’elle interprete emprunte sa clarté,<br>Elle pousse ses fruicts soubs la mesme influence :<br>C’est pourquoy l’on y voit tant luire de beauté.»<br>(Sr. A. Cottel, «Stances», dans ''Sermons méditatifs du dévot père S. Bernard..., '' Voir ''supra'' Oeuvres, 1621, n.p., v. 13-20, 29-32) | ||
+ | * «Ces doux propos, ces attraits, ces caresses,<br>Et ces baisers tremblotans & panthois<br>N’estoient escrits dans les cœurs des françois [sic],<br> Seuls ignorants ces flames charmeresses.<br>Pour les monstrer aux yeux de nostre France<br>Ce mesme sainct s’en est rendu jaloux<br>Et pour chanter les souspirs de l’Espoux,<br>Et pour chasser le monstre d’ignorance.<br>Il estoit seul aupres de vostre oreille,<br>En vostre cœur il respandoit son miel;<br> Que dis-je, seul? Non, tous les cœurs du Ciel<br>Vous embrasoient d’amour & de merveille.» <br>(C. Galois, «Stances», dans ''Sermons méditatifs du dévot père S. Bernard...,'' Voir ''supra'' Oeuvres, 1621, n.p., v. 29-40) | ||
+ | * «SOROR FRANCISCA OUDEAU virgo singularis ingenii, pietatisque, sacri regiique S. Ludovici Pissacensis parthenonis professa sanctimonialis origine nobilis, sed humilitatis qua plurimum enituit, & orationis disciplinæque regulatis studio commendata, lectioni SS. PP. & scripturæ sacræ continuo intenta, cum in eodem monasterio plures exegisset cum omnium laude, virtutumque omnium odoro annos, ibidem die quarta octobris anni MDCXLIV migravit ad Dominum…» (Jacques Quétif, ''Scriptores ordinis Praedicatorum recensiti'', Paris, J.-B. Christophe Ballard et Nicolas Simart, 1721, tome 2, p. 845a).<br>Traduction: «Soeur François Oudeau, vierge d’un talent et d’une piété singuliers, consacrée au temple divin [au couvent] du Roi Saint Louis de Poissy, [fut] d’origine noble; en effet, elle brilla de la plus grande humilité, et se voua à l’étude des oraisons et de la discipline régulière, s’appliquant continuellement à la lecture des saints pères et de l’écriture sainte, quand, dans le même monastère, ayant vécu de longues années et louée de tous, et avec l’odeur de toute vertu, elle s’envola du même lieu le 4 octobre 1644 vers le Seigneur…» [notre traduction]) | ||
+ | * «ODEAU (Françoise) Religieuse de Poissy, près de Paris, vivoit au milieu du seizieme siecle. On peut la mettre au rang des femmes savantes de la France, ayant traduit du latin en français des Sermons & des Méditations de S. Bernard, Abbé de Clairvaux, qu’elle a dédiés à madame Jeanne de Gondi, sa Prieure.» (Jean François de La Croix, ''Dictionnaire historique portatif de femmes célèbres'', Paris, L. Cellot, 1769, t. 3, p. 269-270). | ||
+ | * «OUDEAU ou ODEAU (Soeur FRANÇOISE), religieuse de l’ordre de Saint-Dominique, à l’abbaye de Poissi, près Paris, issue d’une famille noble, se distingua par sa piété et par ses progrès dans la connaissance des saintes Écritures et des ouvrages des Pères. A un savoir fort au-dessus de son sexe, elle joignait une modestie rare et une profonde humilité. Elle possédait parfaitement le latin, et traduisit de cette langue en français plusieurs Discours de saint Bernard, sous ce titre : ''Sermons méditatifs du dévot Père saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur les cantiques, traduits du latin en françois, par S. F. O., religieuse du royal monastère de Saint-Louys de Poissy'', Paris, 1621, in-8°. Elle mourut dans ce monastère, le 4 octobre 1644. L-Y.» (''Bibliothèque universelle ancienne et moderne'', Paris, L. G. Michaud, 1822, t. 32, p. 254). | ||
+ | * «[…] the importance of translation in the nuns’ literary production is not surprising in light of the kind of education that they received at the priory school [à Poissy]. […] It is possible to view the translation of texts written by men or authorized by the Church as a reasonably safe activity for the nuns, and this, to some extent, was undoubtedly the case. Nevertheless, it would be unjust simply to dismiss this work as a kind of literary ‘ventriloquism,’ with little or nothing of the women’s ‘real’ voices to be heard. We should not overlook or underrate the fact that these translations represent the fruit of very real skills the nuns had acquired, and that they were clearly viable as commercial publications. The diffusion of these male-authored or authorized texts in the vernacular was frequently accompanied, moreover, by a panoply of paratexts advertising the female erudition that produced the volumes, and sometimes defending vigorously women’s right both to write and to publish» (Gary Ferguson, ''The Rules for Writing'', voir ''supra'', Choix bibliographique, p. 51). | ||
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Version actuelle en date du 24 février 2014 à 10:40
Françoise Odeau | ||
Dénomination(s) | Françoise Oudeau M. O. S. F. O. Sr F. O. religieuse Mère Françoise Odeau R. S. F. O. | |
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Biographie | ||
Date de naissance | ? | |
Date de décès | 4 octobre 1644 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804) | ||
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647) | ||
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779) |
Sommaire
Notice de Annick MacAskill, 2014
Françoise Odeau, dont on ignore la date de naissance, est une dominicaine du prieuré royal Saint-Louis de Poissy. Elle a pris l’habit sous le gouvernement de Marguerite du Puy, prieure de 1561-62 à 1583. Selon certains historiens, Françoise Odeau serait issue d’une famille noble, comme Marie Odeau, sa probable parente, figurant dans la liste des conseillères de Marguerite du Puy. La mort de la prieure du Puy en 1583 déclenche des années de troubles au sein du couvent, quand Jeanne de Gondi est nommée prieure, contre la volonté de la majorité des membres du couvent, qui lui préfèrent Marthe de Boufflers. D’après les archives du prieuré, Françoise Odeau fait partie de la minorité qui vote pour Jeanne de Gondi.
En 1621, Françoise Odeau publie, sous le nom abrégé de Sr. F. O, la traduction en français des quarante premiers Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques. Pour cette impression, elle obtient l’approbation de la Faculté de théologie de Paris ainsi qu’un privilège du roi. Dans l’épître dédicatoire à sa prieure, la «Tres-noble et tres-illustre dame, Madame Jeanne de Gondy», la traductrice manifeste son intérêt pour l’oeuvre de Bernard de Clairvaux, dont se nourrissent spirituellement beaucoup de communautés religieuses de l’époque. Suivent des «Stances A. M. O. sur ses traductions de S. Bernard», poème en dix quatrains composés par sa consoeur Anthoinette Cottel («Sr. A. Cottel») et destiné à louer les talents poétiques et la piété de Françoise. Dans le même volume, un poète nommé C. Galois signe d’autres «Stances», qui mettent en scène Françoise s’inspirant de l’amour divin de Bernard de Clairvaux, lequel aurait poussé la religieuse à traduire ses sermons en français. Un second volume paraît en 1623 et contient la traduction des trente-neuf sermons suivants. Françoise Odeau ne publiera jamais la traduction des sept derniers. Pour cette nouvelle publication, la traductrice obtient une fois encore un privilège royal ainsi que l’approbation de la Faculté de théologie de Paris. Comme le volume précédent, ce livre est dédié à la prieure de Gondi. Dans sa préface, la traductrice souligne sa reconnaissance envers sa supérieure, qu’elle dit avoir «debonnairement receu» la première partie. Le volume de 1623 inclut aussi des poèmes épidictiques sur la talentueuse traductrice. Soeur Anthoinette Cottel livre encore deux sonnets sur Françoise Odeau, chantant en guise de préface son «esprit Angelique» et son savoir.
Françoise Odeau meurt le 4 octobre 1644.
Son épitaphe, citée par Quétif évoque une «belle ame, dont les dignes vertus nous furent un beau jour… ».
Sa carrière atteste des préoccupations intellectuelles des dominicaines de Poissy, où les religieuses ont l’occasion de recevoir et de cultiver une formation rigoureuse en latin et en composition française. En témoignent quelques membres remarquables comme la célèbre traductrice Anne de Marquets (1533?-1588), autre dominicaine de Poissy, dont Françoise a peut-être été la disciple, ou d’autres écrivaines illustres du prieuré : Maria de Fortia, Angélique Remond, Charlotte du Puy, Louise de Marillac et Anthoinette Cottel.
Oeuvres
- 1621 : Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques. Traduicts du latin en françois, par Sr F. O. Religieuse du Royal Monastere de Sainct Loys de Poissy, t.1 [sermons 1-40], Paris, Louys Bellenger, 1621, 644 p.
- 1623 : Sermons meditatifs du devot Pere S. Bernard Abbé de Clervaux. Sur le Cantique des Cantiques. Traduicts du Latin en François, par Sr F. O. Religieuse du Royal Monastere de S. Louys de Poissy, t.2, [sermons 41-79], Paris, Jean Laguehay, 1623, 576 p.
Principale sources
- Bibliothèque nationale de France (France, Paris), Ms fr. 5009, «Memoires concernant le Prieuré de Poissy, Recuillis sur les archives de la maison par Madame Susanne de Henequin Religieuse de ce monastere...» , 18e s.
Choix bibliographique
- Ferguson, Gary, «Rules for Writing: The ‘Dames de Poissy’», dans Thomas M. Carr, éd., EMF: Studies in Early Modern France. The Cloister and the World: Early Modern Convent Voices, t. 11, 2007, p. 44-58.
- Ferguson, Gary, «The Stakes of Sanctity and Sinfulness: Tales of the Priory of Poissy (Fifteenth to Seventeenth Centuries)», dans Jennifer Britnell et Ann Moss éds., Female Saints and Sinners / Saintes et mondaines (France 1450-1650), Durham UP, 2002, p. 59-78.
- Moreau-Rendu, Suzanne, Le Prieuré Royal de Saint Louis de Poissy, Paris, Alsatia Colmar, 1968.
Jugements
- «Dessillés donc les yeux pour voir une lumiere,
Un Astre que la nuict ne peut rendre obscurcy :
Un divin fruit esclos d’une fleur printaniere
Dans le parterre sainct du Jardin de Poissy.
C’est dans ce beau sejour que sous un chaste voile
Les sacrés ornemens d’un eminent sçavoir
Fait éclater les rais d’une divine estoille
Dont la splẽdeur nous meine au chemin du devoir.
[…]
Des Rayons eternels de la divine Essence
Le sainct qu’elle interprete emprunte sa clarté,
Elle pousse ses fruicts soubs la mesme influence :
C’est pourquoy l’on y voit tant luire de beauté.»
(Sr. A. Cottel, «Stances», dans Sermons méditatifs du dévot père S. Bernard..., Voir supra Oeuvres, 1621, n.p., v. 13-20, 29-32) - «Ces doux propos, ces attraits, ces caresses,
Et ces baisers tremblotans & panthois
N’estoient escrits dans les cœurs des françois [sic],
Seuls ignorants ces flames charmeresses.
Pour les monstrer aux yeux de nostre France
Ce mesme sainct s’en est rendu jaloux
Et pour chanter les souspirs de l’Espoux,
Et pour chasser le monstre d’ignorance.
Il estoit seul aupres de vostre oreille,
En vostre cœur il respandoit son miel;
Que dis-je, seul? Non, tous les cœurs du Ciel
Vous embrasoient d’amour & de merveille.»
(C. Galois, «Stances», dans Sermons méditatifs du dévot père S. Bernard..., Voir supra Oeuvres, 1621, n.p., v. 29-40) - «SOROR FRANCISCA OUDEAU virgo singularis ingenii, pietatisque, sacri regiique S. Ludovici Pissacensis parthenonis professa sanctimonialis origine nobilis, sed humilitatis qua plurimum enituit, & orationis disciplinæque regulatis studio commendata, lectioni SS. PP. & scripturæ sacræ continuo intenta, cum in eodem monasterio plures exegisset cum omnium laude, virtutumque omnium odoro annos, ibidem die quarta octobris anni MDCXLIV migravit ad Dominum…» (Jacques Quétif, Scriptores ordinis Praedicatorum recensiti, Paris, J.-B. Christophe Ballard et Nicolas Simart, 1721, tome 2, p. 845a).
Traduction: «Soeur François Oudeau, vierge d’un talent et d’une piété singuliers, consacrée au temple divin [au couvent] du Roi Saint Louis de Poissy, [fut] d’origine noble; en effet, elle brilla de la plus grande humilité, et se voua à l’étude des oraisons et de la discipline régulière, s’appliquant continuellement à la lecture des saints pères et de l’écriture sainte, quand, dans le même monastère, ayant vécu de longues années et louée de tous, et avec l’odeur de toute vertu, elle s’envola du même lieu le 4 octobre 1644 vers le Seigneur…» [notre traduction]) - «ODEAU (Françoise) Religieuse de Poissy, près de Paris, vivoit au milieu du seizieme siecle. On peut la mettre au rang des femmes savantes de la France, ayant traduit du latin en français des Sermons & des Méditations de S. Bernard, Abbé de Clairvaux, qu’elle a dédiés à madame Jeanne de Gondi, sa Prieure.» (Jean François de La Croix, Dictionnaire historique portatif de femmes célèbres, Paris, L. Cellot, 1769, t. 3, p. 269-270).
- «OUDEAU ou ODEAU (Soeur FRANÇOISE), religieuse de l’ordre de Saint-Dominique, à l’abbaye de Poissi, près Paris, issue d’une famille noble, se distingua par sa piété et par ses progrès dans la connaissance des saintes Écritures et des ouvrages des Pères. A un savoir fort au-dessus de son sexe, elle joignait une modestie rare et une profonde humilité. Elle possédait parfaitement le latin, et traduisit de cette langue en français plusieurs Discours de saint Bernard, sous ce titre : Sermons méditatifs du dévot Père saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur les cantiques, traduits du latin en françois, par S. F. O., religieuse du royal monastère de Saint-Louys de Poissy, Paris, 1621, in-8°. Elle mourut dans ce monastère, le 4 octobre 1644. L-Y.» (Bibliothèque universelle ancienne et moderne, Paris, L. G. Michaud, 1822, t. 32, p. 254).
- «[…] the importance of translation in the nuns’ literary production is not surprising in light of the kind of education that they received at the priory school [à Poissy]. […] It is possible to view the translation of texts written by men or authorized by the Church as a reasonably safe activity for the nuns, and this, to some extent, was undoubtedly the case. Nevertheless, it would be unjust simply to dismiss this work as a kind of literary ‘ventriloquism,’ with little or nothing of the women’s ‘real’ voices to be heard. We should not overlook or underrate the fact that these translations represent the fruit of very real skills the nuns had acquired, and that they were clearly viable as commercial publications. The diffusion of these male-authored or authorized texts in the vernacular was frequently accompanied, moreover, by a panoply of paratexts advertising the female erudition that produced the volumes, and sometimes defending vigorously women’s right both to write and to publish» (Gary Ferguson, The Rules for Writing, voir supra, Choix bibliographique, p. 51).