Catherine de Médicis : Différence entre versions
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- "Que si sa fortune fut grande, aussi fut cette Dame douée de plusieurs louables parties; d'autant qu'elle estoit debonnaire, accessible, liberale le possible; Dame qui ne s'avoit que c'estoit d'offenser personne en son particulier, & moins de s'offenser d'autruy" (Etienne Pasquier [1589], in D. Thickett (éd.), Lettres Historiques pour les années 1556-1594, Genève, Droz, 1966, p.388).<br /> | - "Que si sa fortune fut grande, aussi fut cette Dame douée de plusieurs louables parties; d'autant qu'elle estoit debonnaire, accessible, liberale le possible; Dame qui ne s'avoit que c'estoit d'offenser personne en son particulier, & moins de s'offenser d'autruy" (Etienne Pasquier [1589], in D. Thickett (éd.), Lettres Historiques pour les années 1556-1594, Genève, Droz, 1966, p.388).<br /> | ||
- "Nos historiens ont été si honnêtes, tranchons le mot, si innocents, que tous ont pris au sérieux Catherine de Médicis. Pas un n'a sondé ce néant. Ravalée et domptée, avilie dès l'enfance, brisée du mépris d'Henri II, servante de Diane, naguère encore gardée, terrorisée par la petite reine d'écosse, elle eut enfin l'entracte de la première année de Charles IX où elle posa comme régente [...] Guise fut très poli, lui laissa l'extérieur, l'appareil de la royauté: paraître, pour elle, était plus qu'être, dans le vide absolu qu'une si grande pourriture avait fait en dedans. Elle prit patiemment le rôle de théâtre qu'on lui faisait, de reine pacificatrice qui, aux entrevues solennelles, trénait avec sa jolie cour, entre les amours et les grâces. Ce qui, en bonne langue du temps, veut dire dame d'un mauvais lieu, et maquerelle au profit de Guise" (Jules Michelet, Histoire de France au XVIe siècle [1855], Paris, Bouquins, 1982, p.543).<br /> | - "Nos historiens ont été si honnêtes, tranchons le mot, si innocents, que tous ont pris au sérieux Catherine de Médicis. Pas un n'a sondé ce néant. Ravalée et domptée, avilie dès l'enfance, brisée du mépris d'Henri II, servante de Diane, naguère encore gardée, terrorisée par la petite reine d'écosse, elle eut enfin l'entracte de la première année de Charles IX où elle posa comme régente [...] Guise fut très poli, lui laissa l'extérieur, l'appareil de la royauté: paraître, pour elle, était plus qu'être, dans le vide absolu qu'une si grande pourriture avait fait en dedans. Elle prit patiemment le rôle de théâtre qu'on lui faisait, de reine pacificatrice qui, aux entrevues solennelles, trénait avec sa jolie cour, entre les amours et les grâces. Ce qui, en bonne langue du temps, veut dire dame d'un mauvais lieu, et maquerelle au profit de Guise" (Jules Michelet, Histoire de France au XVIe siècle [1855], Paris, Bouquins, 1982, p.543).<br /> | ||
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Version actuelle en date du 14 mars 2013 à 18:34
Catherine de Médicis | ||
Titre(s) | Reine de France Régente de France | |
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Conjoint(s) | Henri II, roi de France | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1519 | |
Date de décès | 1589 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) | ||
Dictionnaire Marguerite Buffet (1668) | ||
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804) | ||
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647) |
Sommaire
Notice de Robert J. Knecht, 2003
Fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne, comtesse de Boulogne, et de Laurent de Médicis, neveu du pape Léon X, Catherine de Médicis est née à Florence le 13 avril 1519 et morte à Blois le 5 janvier 1589. On sait peu de choses sur son éducation. Orpheline de ses deux parents peu après sa naissance, elle est enfermée aux couvents de Sainte-Lucie, puis des Murate lorsque les Médicis sont chassés de Florence en 1527. En 1530, elle trouve à Rome la protection de son oncle, le pape Clément VII. Celui-ci négocie en 1532 son mariage avec Henri, duc d'Orléans, second fils de François Ier, à qui elle est unie en octobre 1533 à Marseille. Catherine s'habitue vite à la cour de France et s'entend bien avec son beau-père, qui la protège des critiques (son mariage est considéré par certains comme une mésalliance et elle reste longtemps sans enfanter). Elle devient toutefois dauphine en 1536, suite à la mort du fils aîné du roi, puis reine en 1547, lorsque meurt François Ier, son mari devenant Henri II. Longtemps, elle doit se résigner à ses infidélités avec Diane de Poitiers, mais à partir de 1544, elle met au monde dix enfants, dont sept survivront: François (II), Elisabeth (d'Espagne), Claude (de Lorraine), Charles (IX), Henri (III), Marguerite (de Valois), François (d'Anjou et d'Alençon).
La mort d'Henri II (10.7.59) provoque l'exclusion de Diane de Poitiers de la cour et l'arrivée sur le trône de François II qui, âgé de quinze ans, laisse gouverner les oncles de son épouse Marie Stuart (François, duc de Guise et Charles, cardinal de Lorraine), qui provoquent une forte opposition par leur politique financière et leur intransigeance religieuse face aux progrès du calvinisme. La mort de François II (5.12.60) permet à Catherine d'arriver au pouvoir, car Charles IX n'a que dix ans. La régente tente de mener, avec son chancelier Michel de l'Hôpital, une politique de coexistence des religions, sans parvenir à éviter trois guerres (1561, 1567, 1568), qui se déroulent sur fond de modification de l'échiquier européen (des révoltes anti-espagnoles secouent les Pays-Bas; Elisabeth Ire a rétabli l'anglicanisme en Angleterre). En 1570, Catherine renonce à l'alliance espagnole, appelle au pouvoir l'amiral Coligny et entame avec la réformée Jeanne d'Albret, reine de Navarre, des négociations en vue d'unir leurs enfants, Marguerite et Henri (futur Henri IV). Le mariage (18.8.72) attirant à Paris une foule de nobles des partis opposés, Coligny est victime d'une tentative d'assassinat, prélude au massacre de la Saint-Barthélemy (24.8). Catherine est accusée par les huguenots d'avoir comploté leur destruction, mais son rôle dans cet évènement, tout en étant suspect, n'a jamais été élucidé. En mai 1573, elle fait élire Henri, son troisième fils, au trône de Pologne, mais Charles IX meurt le 30 mai 1574. Catherine, matant plusieurs tentatives de coup d'état, reprend alors la régence du royaume en attendant le retour d'Henri qui devient Henri III.
Le règne de celui-ci est troublé par la poursuite des guerres entre les huguenots et la Sainte Ligue, mouvement d'extrémistes catholiques largement dirigé par les Guise, et d'autant plus virulent qu'une crise successorale s'ouvre en 1584 (le dernier fils de Catherine meurt sans descendance, Henri III n'a toujours pas d'enfant, le protestant Henri de Navarre devient héritier présomptif de la couronne). Catherine met ses talents diplomatiques au service de son fils, mais fin 1588, elle ne peut l'empêcher de faire assassiner le duc Henri de Guise et son frère Louis. En mauvaise santé depuis longtemps, elle s'éteint à Blois quelques semaines plus tard.
Au cours de son règne, Catherine a exercé un mécénat artistique notable; elle a construit plusieurs châteaux et palais (Saint-Maur-les-Fossés, Chenonceau; é Paris l'Hôtel de la Reine et les Tuileries) et organisé des fêtes remarquables à la cour. Durement attaquée par les xénophobes, par les adversaires des femmes au pouvoir, par les protestants (qui ont vu en elle un bourreau), par les catholiques zélés (qui la trouvaient laxiste), la mère des derniers Valois a été, dès son vivant, l'objet d'une légende noire qui a perduré jusqu'en plein XXe siècle. Malgré les tentatives de quelques historiens pour réhabiliter son action, pour démontrer le rôle central des Guise dans le massacre de la Saint-Barthélemy, pour mettre en valeur l'originalité de sa politique de tolérance, elle demeure à bien des égards à l'Italienne aux "mains sanglantes".
Oeuvres
- Lettres de Catherine de Médicis. éd. Hector de la Ferrière et Baguenault de Puchesse, 10 vol., Paris, Imprimerie nationale, 1880-1909.
Choix bibliographique
- Cloulas, Ivan. Catherine de Médicis. Paris, Fayard, 1979.
- Garrisson, Janine. Catherine de Médicis. L'impossible harmonie. Paris, Payot, 2002.
- Knecht,Robert J. Catherine de' Medici. Londres, Longman, 1998. Traduction française sous le titre de Catherine de Médicis. Pouvoir royal, amour maternel. Bruxelles, Le Cri, 2003.
- Marièjol, Jean-H. Catherine de Médicis (1519-1589). Paris, Hachette, 1920.
- Sutherland,Nicola M. Catherine de' Medici and the Ancien Régime. Londres, Historical Association, 1966.
Choix iconographique
- Anonyme. Portrait en grand de Catherine de Médicis jeune. Musée des Offices, Florence.
- Anonyme. Portrait de Catherine (figurant dans une des tapisseries des Valois). Musée des Offices, Florence.
- Clouet,François. Catherine de Médicis (miniature). Victoria and Albert Museum, Londres.
- Clouet, François. Catherine de Médicis, reine mère du roi (crayon pierre noire et sanguine). Bibliothèque nationale de France, Cabinet des estampes (No. 22 rés. Boîte 4 No. 8).
- Tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis: en prière et gisant. Basilique de Saint-Denis.
Jugements
- "Vous voyez comme le pays de sa naissance, sa race, les actions de ses plus proches nous doivent faire attendre de terribles choses d'elle" (Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de Catherine de Médicis, Royne-mère [1575], éd. Nicole Cazauran et al., Genève, Droz, 1995, p.140).
- "Que si sa fortune fut grande, aussi fut cette Dame douée de plusieurs louables parties; d'autant qu'elle estoit debonnaire, accessible, liberale le possible; Dame qui ne s'avoit que c'estoit d'offenser personne en son particulier, & moins de s'offenser d'autruy" (Etienne Pasquier [1589], in D. Thickett (éd.), Lettres Historiques pour les années 1556-1594, Genève, Droz, 1966, p.388).
- "Nos historiens ont été si honnêtes, tranchons le mot, si innocents, que tous ont pris au sérieux Catherine de Médicis. Pas un n'a sondé ce néant. Ravalée et domptée, avilie dès l'enfance, brisée du mépris d'Henri II, servante de Diane, naguère encore gardée, terrorisée par la petite reine d'écosse, elle eut enfin l'entracte de la première année de Charles IX où elle posa comme régente [...] Guise fut très poli, lui laissa l'extérieur, l'appareil de la royauté: paraître, pour elle, était plus qu'être, dans le vide absolu qu'une si grande pourriture avait fait en dedans. Elle prit patiemment le rôle de théâtre qu'on lui faisait, de reine pacificatrice qui, aux entrevues solennelles, trénait avec sa jolie cour, entre les amours et les grâces. Ce qui, en bonne langue du temps, veut dire dame d'un mauvais lieu, et maquerelle au profit de Guise" (Jules Michelet, Histoire de France au XVIe siècle [1855], Paris, Bouquins, 1982, p.543).
- "La raison d'Etat l'a ainsi entraînée à recourir au meurtre quand elle s'est trouvée à bout d'arguments pour détruire l'influence de Coligny qu'elle jugeait néfaste. De tels gestes sont cependant l'exception. La plupart du temps, alors que les Français s'entre-déchiraient férocement, elle a cherché à imposer des solutions de convivialité aussi satisfaisantes que possible" (Ivan Cloulas, Catherine de Médicis, voir supra, p.612).
- "Elle est femme, elle est étrangère, elle est épouse délaissée, elle est au-devant de la scène politique durant la période la plus noire de notre histoire. La mauvaise conscience collective ne pouvait trouver meilleur bouc émissaire..." (Janine Garrisson, Catherine de Médicis..., voir supra, p.158).