Françoise d'Aguillenqui : Différence entre versions
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− | Fille de Jean, trésorier général du roi et d’Anne de Pontevès, Françoise d’Aguillenqui, née à Aix (Provence) en 1602, montre dès son plus jeune âge les signes d’une grande piété. Elle est une des sept premières religieuses reçues à la vêture le 19 juillet 1626 au couvent des capucines de Marseille, fondé à l’initiative de la noble [[Marthe d'Oraison]]. Sa vie a fait l’objet d’une biographie spirituelle par le capucin Marc de Bauduen qui, au lendemain du décès de son héroïne, ne cache pas sa fascination pour une religieuse de son ordre qu’il considère comme un modèle de sainteté. Également biographe de Marthe d’Oraison, il rédige les deux textes sans référence de l’une à l’autre, comme pour distinguer la capucine authentique – Françoise – de la veuve controversée – Marthe. La mère Agnès d’Aguillenqui pratique pourtant d’aussi sévères mortifications que la fondatrice et se voit comme elle moquée par ses consoeurs qui la jugent excessive. Les supérieurs provinciaux de l’ordre lui défendent d’ajouter autant de macérations à un projet de vie déjà austère. Puis ils reviennent sur leur décision et, sans que l’on sache pourquoi, l’autorisent à poursuivre ses mortifications. Son exemple fait école dans un couvent qui a bientôt la réputation d’être peuplé de « saintes filles ». Elle y sera douze ans maîtresse des novices et abbesse à trois reprises (en 1650-1653, 1656-1659, 1662-1665). Sa dévotion à la Passion du Christ la pousse à s’associer aux souffrances du Christ en domptant ses sens et en s’infligeant de multiples châtiments corporels. Le biographe y voit des signes évidents de sainteté mais, prudemment, n’en fait pas un modèle à imiter, tant elle semble excessive dans ses comportements. Ses expériences mystiques se prolongent tout au long de sa vie qui, selon Marc de Bauduen, s’achève le 18 juin 1672 par une vision du Christ avec lequel Agnès engage un ultime dialogue amoureux.<br /> Morte en odeur de sainteté – on lui attribue de son vivant la préscience de certains événements et même des miracles – elle bénéficie d’une réputation de sainteté post mortem, du fait de la vox populi. L’entourage marseillais s’arrache des pièces de ses habits et fait toucher son corps par des chapelets auxquels seront attribués des vertus miraculeuses. | + | Fille de Jean, trésorier général du roi et d’Anne de Pontevès, Françoise d’Aguillenqui, née à Aix (Provence) en 1602, montre dès son plus jeune âge les signes d’une grande piété. Elle est une des sept premières religieuses reçues à la vêture le 19 juillet 1626 au couvent des capucines de Marseille, fondé à l’initiative de la noble [[Marthe d'Oraison]]. Sa vie a fait l’objet d’une biographie spirituelle par le capucin Marc de Bauduen qui, au lendemain du décès de son héroïne, ne cache pas sa fascination pour une religieuse de son ordre qu’il considère comme un modèle de sainteté. Également biographe de Marthe d’Oraison, il rédige les deux textes sans référence de l’une à l’autre, comme pour distinguer la capucine authentique – Françoise – de la veuve controversée – Marthe. La mère Agnès d’Aguillenqui pratique pourtant d’aussi sévères mortifications que la fondatrice et se voit comme elle moquée par ses consoeurs qui la jugent excessive. Les supérieurs provinciaux de l’ordre lui défendent d’ajouter autant de macérations à un projet de vie déjà austère. Puis ils reviennent sur leur décision et, sans que l’on sache pourquoi, l’autorisent à poursuivre ses mortifications. Son exemple fait école dans un couvent qui a bientôt la réputation d’être peuplé de « saintes filles ». Elle y sera douze ans maîtresse des novices et abbesse à trois reprises (en 1650-1653, 1656-1659, 1662-1665). Sa dévotion à la Passion du Christ la pousse à s’associer aux souffrances du Christ en domptant ses sens et en s’infligeant de multiples châtiments corporels. Le biographe y voit des signes évidents de sainteté mais, prudemment, n’en fait pas un modèle à imiter, tant elle semble excessive dans ses comportements. Ses expériences mystiques se prolongent tout au long de sa vie qui, selon Marc de Bauduen, s’achève le 18 juin 1672 par une vision du Christ avec lequel Agnès engage un ultime dialogue amoureux.<br /> Morte en odeur de sainteté – on lui attribue de son vivant la préscience de certains événements et même des miracles – elle bénéficie d’une réputation de sainteté ''post mortem'', du fait de la ''vox populi''. L’entourage marseillais s’arrache des pièces de ses habits et fait toucher son corps par des chapelets auxquels seront attribués des vertus miraculeuses. |
Cette vie hors du commun, fondée sur un dolorisme exacerbé, s’inscrit dans un contexte spirituel particulier qui exalte le mépris du corps et l’anéantissement de soi. L’aura de sainteté qu’eut dans la ville cette religieuse étroitement cloîtrée semble révélatrice du prestige que pouvait alors avoir une contemplative prétendant trouver « Jésus crucifié en ses membres ». Agnès d’Aguillenquy fit partie de ces femmes qui, privées d’autres modes d’expression, ont utilisé la voie doloriste et le langage du corps pour exprimer leur relation singulière au divin. | Cette vie hors du commun, fondée sur un dolorisme exacerbé, s’inscrit dans un contexte spirituel particulier qui exalte le mépris du corps et l’anéantissement de soi. L’aura de sainteté qu’eut dans la ville cette religieuse étroitement cloîtrée semble révélatrice du prestige que pouvait alors avoir une contemplative prétendant trouver « Jésus crucifié en ses membres ». Agnès d’Aguillenquy fit partie de ces femmes qui, privées d’autres modes d’expression, ont utilisé la voie doloriste et le langage du corps pour exprimer leur relation singulière au divin. | ||
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− | * 1673? : Anonyme, Le Portrait de la RM Agnès d'Aguillenqui, capucine du couvent de Marseille (gravure sur cuivre) -- Marc de Bauduen, ''La vie admirable.. '', voir ''supra'', Choix bibliographique, page en regard du titre. | + | * 1673? : Anonyme, ''Le Portrait de la RM Agnès d'Aguillenqui, capucine du couvent de Marseille'' (gravure sur cuivre) -- Marc de Bauduen, ''La vie admirable.. '', voir ''supra'', Choix bibliographique, page en regard du titre. |
* 1740? : Anonyme, [Portrait d’Agnès d’Aguillenqui en extase devant un crucifix, inscription «Je t’accorde ma grande miséricorde»] (gravure sur cuivre) -- Verclos, ''La vie de la R. M. A. d’Aguillenqui...'', voir ''supra'', Choix bibliographique, page en regard du titre. | * 1740? : Anonyme, [Portrait d’Agnès d’Aguillenqui en extase devant un crucifix, inscription «Je t’accorde ma grande miséricorde»] (gravure sur cuivre) -- Verclos, ''La vie de la R. M. A. d’Aguillenqui...'', voir ''supra'', Choix bibliographique, page en regard du titre. | ||
Version actuelle en date du 8 mars 2013 à 11:01
Françoise d'Aguillenqui | ||
Dénomination(s) | Mère Agnès d'Aguillenqui | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 1602 | |
Date de décès | 1672 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Régis Bertrand et Marie-Elisabeth Henneau, 2011
Fille de Jean, trésorier général du roi et d’Anne de Pontevès, Françoise d’Aguillenqui, née à Aix (Provence) en 1602, montre dès son plus jeune âge les signes d’une grande piété. Elle est une des sept premières religieuses reçues à la vêture le 19 juillet 1626 au couvent des capucines de Marseille, fondé à l’initiative de la noble Marthe d'Oraison. Sa vie a fait l’objet d’une biographie spirituelle par le capucin Marc de Bauduen qui, au lendemain du décès de son héroïne, ne cache pas sa fascination pour une religieuse de son ordre qu’il considère comme un modèle de sainteté. Également biographe de Marthe d’Oraison, il rédige les deux textes sans référence de l’une à l’autre, comme pour distinguer la capucine authentique – Françoise – de la veuve controversée – Marthe. La mère Agnès d’Aguillenqui pratique pourtant d’aussi sévères mortifications que la fondatrice et se voit comme elle moquée par ses consoeurs qui la jugent excessive. Les supérieurs provinciaux de l’ordre lui défendent d’ajouter autant de macérations à un projet de vie déjà austère. Puis ils reviennent sur leur décision et, sans que l’on sache pourquoi, l’autorisent à poursuivre ses mortifications. Son exemple fait école dans un couvent qui a bientôt la réputation d’être peuplé de « saintes filles ». Elle y sera douze ans maîtresse des novices et abbesse à trois reprises (en 1650-1653, 1656-1659, 1662-1665). Sa dévotion à la Passion du Christ la pousse à s’associer aux souffrances du Christ en domptant ses sens et en s’infligeant de multiples châtiments corporels. Le biographe y voit des signes évidents de sainteté mais, prudemment, n’en fait pas un modèle à imiter, tant elle semble excessive dans ses comportements. Ses expériences mystiques se prolongent tout au long de sa vie qui, selon Marc de Bauduen, s’achève le 18 juin 1672 par une vision du Christ avec lequel Agnès engage un ultime dialogue amoureux.
Morte en odeur de sainteté – on lui attribue de son vivant la préscience de certains événements et même des miracles – elle bénéficie d’une réputation de sainteté post mortem, du fait de la vox populi. L’entourage marseillais s’arrache des pièces de ses habits et fait toucher son corps par des chapelets auxquels seront attribués des vertus miraculeuses.
Cette vie hors du commun, fondée sur un dolorisme exacerbé, s’inscrit dans un contexte spirituel particulier qui exalte le mépris du corps et l’anéantissement de soi. L’aura de sainteté qu’eut dans la ville cette religieuse étroitement cloîtrée semble révélatrice du prestige que pouvait alors avoir une contemplative prétendant trouver « Jésus crucifié en ses membres ». Agnès d’Aguillenquy fit partie de ces femmes qui, privées d’autres modes d’expression, ont utilisé la voie doloriste et le langage du corps pour exprimer leur relation singulière au divin.
Oeuvres
- « Les saincts Désirs que Dieu imprime dans le coeur de l’Ame qui aspire à la Perfection », dans Marc de Bauduen, La vie admirable..., voir infra, Choix bibliographique, p.387-421.
- « De l’habitude que l’âme fidelle acquiert par ces trois actes multipliez: Aimer, ignorer, et mourir pour le pur amour », dans Marc de Bauduen, La vie admirable..., voir infra, Choix bibliographique, p.421-425.
- « De l’habitude acquise de l’Ame fidèle du veritable abandon de soy-mesme à Dieu », dans Marc de Bauduen, La vie admirable..., voir infra, Choix bibliographique, p.425-429.
- « Dialogue entre le Saint Espoux et la Saincte Espouse », dans Marc de Bauduen, La vie admirable..., voir infra, Choix bibliographique, p.430-432.
Choix bibliographique
- Bauduen, Marc de, La vie admirable et les héroïques vertus de la R. M. A. d’Aguillenquy d’Aix-en-Provence, religieuse capucine au couvent de Marseille, où les personnes religieuses trouveront un exemplaire de toutes les vertus et tous les chrestiens, les maximes d’une haute vertu et d’une perfection consommée, Marseille, Claude Garcin, 1673 [1] .
- Munier, Marie-Odile et al., Claire en Provence, Les clarisses de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nantes, Siloë, 2003, p.108.
- [Noyers, R. P. Paul de], La vie des premières religieuses capucines du monastère de Marseille, Marseille, Dominique Sibié, 1754, p.137-195.
- Pelissane, Constant de, Une capucine illustre, Agnès d’Aguillenqui, Saint-Etienne, éd. Dumas, 1954.
- Verclos, R. P. Hyacinthe de, La vie de la R. M. A. d’Aguillenqui, abbesse des Capucines de Marseille, Avignon, impr. de Marc Chave, 1740 [2]. L’auteur, ex-provincial des capucins, utilise, outre Bauduen, le mémoire d’une religieuse qui fut « la grand confidente des secrets de son coeur ».
Choix iconographique
- 1673? : Anonyme, Le Portrait de la RM Agnès d'Aguillenqui, capucine du couvent de Marseille (gravure sur cuivre) -- Marc de Bauduen, La vie admirable.. , voir supra, Choix bibliographique, page en regard du titre.
- 1740? : Anonyme, [Portrait d’Agnès d’Aguillenqui en extase devant un crucifix, inscription «Je t’accorde ma grande miséricorde»] (gravure sur cuivre) -- Verclos, La vie de la R. M. A. d’Aguillenqui..., voir supra, Choix bibliographique, page en regard du titre.
Jugements
- « Mon cher lecteur, ie ne sçaurois mieux exprimer l’éminence de la vie vertueuses de la R. Mère Agnès d’Aguillenqui, capucine, que sous le symbole des estoiles, qui sont attachées au Firmament et dont les clartez n’ont pas moins de différences que les effets qu’elles produisent. Il en est de mesme des Vertus de cette bonne religieuse; elle les avoit toutes: elle avoit la pureté d’un ange, la douceur et mansuétude d’un Agneau, la patience d’un Iob, la mortification des plus austères Anachorètes, l’humilité et la pauvreté de son Père S. François, et de sa mère s[ain]te Claire, l’obeissance d’Abraham, le zèle de s[aint] Paul pour le salut des âmes, la contemplation de Magdeleine, sans oublier les charitables offices de Marthe; mais son principal exercice consistoit en cette devise, qu’elle s’étoit formée: Mourir, aimer et ignorer [...].» (Marc de Bauduen, «Au lecteur», dans La vie admirable..., voir supra, Choix bibliographique)
- «[Nous avons voulu] retirer de la terre de l’oubli les cendres vénérables de la R M Agnès d’Aguillenqui [...]. Nous avons seulement prétendu, en attendant que l’église prononce [sur la béatification éventuelle] la représenter comme une fille d’une vertu extraordinaire, d’une piété des plus édifiantes, une fille que le ciel a favorisée de ses plus grandes graces, auxquelles elle a toute sa vie répondu avec une inviolable et constante fidélité; une fille qui a reçu du ciel les dons les plus excellens que Dieu ne communique qu’aux âmes choisies, tels que le sont le don de miracles, les visions, les révélations [...]. Ce [que les soeurs] nous ont laissé par écrit de la vie de cette sainte fille est si extraordinaire que quoi qu’apuié du témoignage de son confesseur [le P. M. de Bauduen], on n’ose le détailler de crainte de se rendre incroiable.» (Verclos, « Préface », dans La vie de la R. M. A. d’Aguillenqui..., voir supra, Choix bibliographique, p.VIII, XII, 37)
- «[Elle était] humble, sage, suave et très haute sainteté» (Henri Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France..., t.VI, La conquête mystique, Paris, Bloud et Gay, 1926, p.427-428)
- « Une des grandes mystiques du XVIIe siècle » (Marcel Viller, « Agnès d’Aguillenqui», dans Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique, Paris, Beauchesne, 1932, t. I, col.252)
- « Il est donc temps de sortir de la poussière des archives celle qui fut l’honneur du monastère de Marseille par l’héroïcité de ses vertus et la gloire de la Provence par la noblesse de son nom [...]. En terminant ces quelques pages si édifiantes, nous exprimons l’ardent désir de voir un jour la Mère Agnès d’Aguillenqui glorifiée par notre Mère la Sainte Eglise. » (P. C. de Pélissane, Une capucine illustre, voir supra, Choix bibliographique, p.1, 121)