Claire de Coëtnempren de Kersaint : Différence entre versions

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== Notice de Rotraud von Kulessa, octobre 2002. ==
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Claire de Duras, fille du comte de Kersaint et de Claire de Paul d'Alesso d'Eragny, nait le 22 mars 1777 à Brest. Elle passe une partie de son enfance dans le cloître de Panthémont. Son père, un libéral qui récuse cependant les cruautés des Républicains, est guillotiné le 5 décembre 1793. En 1794, elle s'exile avec sa mère en Philadelphie pour s'installer, finalement, aux Antilles. Par la suite, les deux femmes immigrées vont en Suisse, puis à Londres où Claire épouse Amédée Bretagne-Malo Durfort de Duras, en 1797. En 1798 nait leur fille Félicie, puis suit Clara un an après. En 1801, la famille rentre en France. En 1808, Claire de Duras fait la connaissance de Chateaubriand. Leur relation déterminera la future vie de Claire. Sous la Restauration, son mari profite de la faveur de Louis XVIII. Pendant ce temps, Claire peut alors se consacrer à son salon aux Tuileries, qui est fréquenté par Humboldt, Cuvier, Montmorency, Talleyrand et Mme de Staël. Mme de Duras réussit à obtenir pour son ami Chateaubriand le poste d'ambassadeur à Londres. Mais son ami ne se montre guère reconnaissant. En outre''','''très déçue par sa fille préférée Félicie, qui la délaisse après son mariage avec le prince de Talmont, Claire de Duras est désormais gagnée par un sentiment de déception. Cette expérience se manifeste dans sa correspondance avec Rosalie de Constant et Chateaubriand, ainsi que dans son oeuvre littéraire. Après plusieurs dépressions nerveuses, elle meurt à Nice en janvier 1828.<br />
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Claire de Duras n'a pas fait publier de son vivant son premier roman ''Olivier'', terminé en 1822, le sujet de l'ouvrage lui semblant trop osé. Effectivement, il s'agit de l'histoire d'un jeune homme qui souffre d'impuissance sexuelle. L'édition de Denise Virieux, publiée en 1971 d'après les manuscrits, a montré que ce roman avait servi de modèle à l'''Armance'' de Stendhal. Dans le petit roman ''Ourika'', publié en 1823, et inspiré par un fait réel, domine également le thème de la différence, ici sous une perspective raciale. La jeune Sénégalaise Ourika est élevée par Mme de B.. en France, où elle vit la Révolution, l'exil et l'Empire. Eprise du fils de Mme de B..., elle doit cependant réaliser que la barrière raciale empêche un mariage avec celui-ci. Son désespoir va jusqu'à l'autodestruction. Finalement, Ourika en meurt. Le sujet de l'exclusion sociale détermine aussi le destin d'Edouard, personnage principal du roman du même nom. Après la mort de ses parents, Edouard est acceuilli dans la maison du duc de Nevers où il tombe amoureux de sa fille, jeune veuve. Cependant, l'inégalité de conditions rend leur union impossible, et Edouard se fait tuer pendant la guerre d'Indépendance américaine. En 1827, enfin, sont publiées les ''Pensées de Louis XIV''. <br />
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Claire de Duras, fille du comte de Kersaint et de Claire de Paul d'Alesso d'Eragny, nait le 22 mars 1777 à Brest. Elle passe une partie de son enfance dans le cloître de Panthémont. Son père, un libéral qui récuse cependant les cruautés des Républicains, est guillotiné le 5 décembre 1793. En 1794, elle s'exile avec sa mère en Philadelphie pour s'installer, finalement, aux Antilles. Par la suite, les deux femmes immigrées vont en Suisse, puis à Londres où Claire épouse Amédée Bretagne-Malo Durfort de Duras, en 1797. En 1798 nait leur fille Félicie, puis suit Clara un an après. En 1801, la famille rentre en France. En 1808, Claire de Duras fait la connaissance de Chateaubriand. Leur relation déterminera la future vie de Claire. Sous la Restauration, son mari profite de la faveur de Louis XVIII. Pendant ce temps, Claire peut alors se consacrer à son salon aux Tuileries, qui est fréquenté par Humboldt, Cuvier, Montmorency, Talleyrand et Mme de Staël. Mme de Duras réussit à obtenir pour son ami Chateaubriand le poste d'ambassadeur à Londres. Mais son ami ne se montre guère reconnaissant. En outre''','''très déçue par sa fille préférée Félicie, qui la délaisse après son mariage avec le prince de Talmont, Claire de Duras est désormais gagnée par un sentiment de déception. Cette expérience se manifeste dans sa correspondance avec Rosalie de Constant et Chateaubriand, ainsi que dans son oeuvre littéraire. Après plusieurs dépressions nerveuses, elle meurt à Nice en janvier 1828.
Parmi les manuscrits de l'oeuvre de Duras se trouvent des fragments de deux autres romans: ''Le Moine du Saint-Bernard'' (évoqué dans une lettre à Rosalie Constant, datée du 15 mai 1824) et ''Les Mémoires de Sophie'' (partiellement publiés par Agénor Bardoux dans sa biographie de Claire de Duras). Le recueil religieux, ''Réflexions et Prières inédites,''a été publié de façon posthume.<br />
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Claire de Duras n'a pas fait publier de son vivant son premier roman ''Olivier'', terminé en 1822, le sujet de l'ouvrage lui semblant trop osé. Effectivement, il s'agit de l'histoire d'un jeune homme qui souffre d'impuissance sexuelle. L'édition de Denise Virieux, publiée en 1971 d'après les manuscrits, a montré que ce roman avait servi de modèle à l'''Armance'' de Stendhal. Dans le petit roman ''Ourika'', publié en 1823, et inspiré par un fait réel, domine également le thème de la différence, ici sous une perspective raciale. La jeune Sénégalaise Ourika est élevée par Mme de B.. en France, où elle vit la Révolution, l'exil et l'Empire. Eprise du fils de Mme de B..., elle doit cependant réaliser que la barrière raciale empêche un mariage avec celui-ci. Son désespoir va jusqu'à l'autodestruction. Finalement, Ourika en meurt. Le sujet de l'exclusion sociale détermine aussi le destin d'Edouard, personnage principal du roman du même nom. Après la mort de ses parents, Edouard est acceuilli dans la maison du duc de Nevers où il tombe amoureux de sa fille, jeune veuve. Cependant, l'inégalité de conditions rend leur union impossible, et Edouard se fait tuer pendant la guerre d'Indépendance américaine. En 1827, enfin, sont publiées les ''Pensées de Louis XIV''.  
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Parmi les manuscrits de l'oeuvre de Duras se trouvent des fragments de deux autres romans: ''Le Moine du Saint-Bernard'' (évoqué dans une lettre à Rosalie Constant, datée du 15 mai 1824) et ''Les Mémoires de Sophie'' (partiellement publiés par Agénor Bardoux dans sa biographie de Claire de Duras). Le recueil religieux, ''Réflexions et Prières inédites,''a été publié de façon posthume.
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Comme les ouvrages de beaucoup d'autres femmes du XVIIIe et du XIXe siècles, les romans de Claire de Duras ont longtemps été considérés comme des romans sentimentaux. De nos jours, le sujet omniprésent de l'altérité rend ses ouvrages de nouveau intéressants pour les chercheurs. En effet, l'auteur reprend les principes fondamentaux de la Révolution française qui ont déjà été sujets à réflexion pendant le Siècle des Lumières, par exemple le principe d'égalité entre les hommes (et les femmes). Dans ses romans, elle démontre comment ces principes sont mis en échec par la vie.
 
Comme les ouvrages de beaucoup d'autres femmes du XVIIIe et du XIXe siècles, les romans de Claire de Duras ont longtemps été considérés comme des romans sentimentaux. De nos jours, le sujet omniprésent de l'altérité rend ses ouvrages de nouveau intéressants pour les chercheurs. En effet, l'auteur reprend les principes fondamentaux de la Révolution française qui ont déjà été sujets à réflexion pendant le Siècle des Lumières, par exemple le principe d'égalité entre les hommes (et les femmes). Dans ses romans, elle démontre comment ces principes sont mis en échec par la vie.
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== Oeuvres ==
 
== Oeuvres ==
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- 1822 : ''Olivier,'' Ed. Denise Virieux, Paris, J. Corti,''''1971.<br />
 
- 1822 : ''Olivier,'' Ed. Denise Virieux, Paris, J. Corti,''''1971.<br />
 
- 1823 : ''Ourika''. Paris, Imprimerie Royale -- Présentation et étude de Roger Little. Exeter, Univ. of Exeter Press, 1993.<br />
 
- 1823 : ''Ourika''. Paris, Imprimerie Royale -- Présentation et étude de Roger Little. Exeter, Univ. of Exeter Press, 1993.<br />
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''-''1827 :''Pensées de Louis XIV, extraites de ses ouvrages et de ses lettres manuscrites''. Paris, Firmin-Didot.<br />
 
''-''1827 :''Pensées de Louis XIV, extraites de ses ouvrages et de ses lettres manuscrites''. Paris, Firmin-Didot.<br />
 
- ? : ''Les Mémoires de Sophie,''fragments publiés in Bardoux, Agénor (voir infra, choix bibliog.).<br />
 
- ? : ''Les Mémoires de Sophie,''fragments publiés in Bardoux, Agénor (voir infra, choix bibliog.).<br />
''-''? : ''Réflexions et pièces inédites, par Mme la duchesse de Duras''. Paris, Débécourt, 1839.
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- ? : ''Réflexions et pièces inédites, par Mme la duchesse de Duras''. Paris, Débécourt, 1839.
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== Jugements ==
 
== Jugements ==
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- &quot;Ce serait bien incomplétement connaître Mme de Duras que de la juger seulement un esprit fin, une âme délicate et sensible, comme on pourrait le croire d'après son influence modératrice dans le monde et d'après une lecture courante des deux charmantes productions qu'elle a publiées. Elle était plus forte, plus grande, plus passionnément douée que ce premier aspect ne la montre ; il y avait de puissants ressorts, de nobles tumultes dans cette nature, que toutes les affections vraies et toutes les questions sérieuses saisissaient vivement ; comme l'époque qu'elle représente pour sa part et qu'elle décore, elle cachait sous le brillant de la surface, sous l'adoucissement des nuances, plus d'une lutte et d'un orage.&quot; (Sainte Beuve, ''Portraits de femmes''. Paris, Didier, 1858, p.58.)
 
- &quot;Ce serait bien incomplétement connaître Mme de Duras que de la juger seulement un esprit fin, une âme délicate et sensible, comme on pourrait le croire d'après son influence modératrice dans le monde et d'après une lecture courante des deux charmantes productions qu'elle a publiées. Elle était plus forte, plus grande, plus passionnément douée que ce premier aspect ne la montre ; il y avait de puissants ressorts, de nobles tumultes dans cette nature, que toutes les affections vraies et toutes les questions sérieuses saisissaient vivement ; comme l'époque qu'elle représente pour sa part et qu'elle décore, elle cachait sous le brillant de la surface, sous l'adoucissement des nuances, plus d'une lutte et d'un orage.&quot; (Sainte Beuve, ''Portraits de femmes''. Paris, Didier, 1858, p.58.)
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Version actuelle en date du 30 avril 2011 à 09:32

Claire de Coëtnempren de Kersaint
Titre(s) duchesse de Duras
Conjoint(s) Amédée de Durfort, duc de Duras
Dénomination(s) Claire de Duras
Biographie
Date de naissance 1777
Date de décès 1828
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Rotraud von Kulessa, octobre 2002.

Claire de Duras, fille du comte de Kersaint et de Claire de Paul d'Alesso d'Eragny, nait le 22 mars 1777 à Brest. Elle passe une partie de son enfance dans le cloître de Panthémont. Son père, un libéral qui récuse cependant les cruautés des Républicains, est guillotiné le 5 décembre 1793. En 1794, elle s'exile avec sa mère en Philadelphie pour s'installer, finalement, aux Antilles. Par la suite, les deux femmes immigrées vont en Suisse, puis à Londres où Claire épouse Amédée Bretagne-Malo Durfort de Duras, en 1797. En 1798 nait leur fille Félicie, puis suit Clara un an après. En 1801, la famille rentre en France. En 1808, Claire de Duras fait la connaissance de Chateaubriand. Leur relation déterminera la future vie de Claire. Sous la Restauration, son mari profite de la faveur de Louis XVIII. Pendant ce temps, Claire peut alors se consacrer à son salon aux Tuileries, qui est fréquenté par Humboldt, Cuvier, Montmorency, Talleyrand et Mme de Staël. Mme de Duras réussit à obtenir pour son ami Chateaubriand le poste d'ambassadeur à Londres. Mais son ami ne se montre guère reconnaissant. En outre,très déçue par sa fille préférée Félicie, qui la délaisse après son mariage avec le prince de Talmont, Claire de Duras est désormais gagnée par un sentiment de déception. Cette expérience se manifeste dans sa correspondance avec Rosalie de Constant et Chateaubriand, ainsi que dans son oeuvre littéraire. Après plusieurs dépressions nerveuses, elle meurt à Nice en janvier 1828.

Claire de Duras n'a pas fait publier de son vivant son premier roman Olivier, terminé en 1822, le sujet de l'ouvrage lui semblant trop osé. Effectivement, il s'agit de l'histoire d'un jeune homme qui souffre d'impuissance sexuelle. L'édition de Denise Virieux, publiée en 1971 d'après les manuscrits, a montré que ce roman avait servi de modèle à l'Armance de Stendhal. Dans le petit roman Ourika, publié en 1823, et inspiré par un fait réel, domine également le thème de la différence, ici sous une perspective raciale. La jeune Sénégalaise Ourika est élevée par Mme de B.. en France, où elle vit la Révolution, l'exil et l'Empire. Eprise du fils de Mme de B..., elle doit cependant réaliser que la barrière raciale empêche un mariage avec celui-ci. Son désespoir va jusqu'à l'autodestruction. Finalement, Ourika en meurt. Le sujet de l'exclusion sociale détermine aussi le destin d'Edouard, personnage principal du roman du même nom. Après la mort de ses parents, Edouard est acceuilli dans la maison du duc de Nevers où il tombe amoureux de sa fille, jeune veuve. Cependant, l'inégalité de conditions rend leur union impossible, et Edouard se fait tuer pendant la guerre d'Indépendance américaine. En 1827, enfin, sont publiées les Pensées de Louis XIV.

Parmi les manuscrits de l'oeuvre de Duras se trouvent des fragments de deux autres romans: Le Moine du Saint-Bernard (évoqué dans une lettre à Rosalie Constant, datée du 15 mai 1824) et Les Mémoires de Sophie (partiellement publiés par Agénor Bardoux dans sa biographie de Claire de Duras). Le recueil religieux, Réflexions et Prières inédites,a été publié de façon posthume.

Comme les ouvrages de beaucoup d'autres femmes du XVIIIe et du XIXe siècles, les romans de Claire de Duras ont longtemps été considérés comme des romans sentimentaux. De nos jours, le sujet omniprésent de l'altérité rend ses ouvrages de nouveau intéressants pour les chercheurs. En effet, l'auteur reprend les principes fondamentaux de la Révolution française qui ont déjà été sujets à réflexion pendant le Siècle des Lumières, par exemple le principe d'égalité entre les hommes (et les femmes). Dans ses romans, elle démontre comment ces principes sont mis en échec par la vie.

Oeuvres

- 1822 : Olivier, Ed. Denise Virieux, Paris, J. Corti,'1971.
- 1823 : Ourika. Paris, Imprimerie Royale -- Présentation et étude de Roger Little. Exeter, Univ. of Exeter Press, 1993.
-1824? : Le Moine ou l'Abbé du Saint Bernard (attribution incertaine), inédit.
-1825 :Edouard. 2 vols., Paris, Ladvocat -- Raymond Trousson (ed.), Romans de Femmes du XVIIIe siècle, Paris, Robert Laffont, 1996.
-1827 :Pensées de Louis XIV, extraites de ses ouvrages et de ses lettres manuscrites. Paris, Firmin-Didot.
- ? : Les Mémoires de Sophie,fragments publiés in Bardoux, Agénor (voir infra, choix bibliog.).
- ? : Réflexions et pièces inédites, par Mme la duchesse de Duras. Paris, Débécourt, 1839.

Jugements

- "Ce serait bien incomplétement connaître Mme de Duras que de la juger seulement un esprit fin, une âme délicate et sensible, comme on pourrait le croire d'après son influence modératrice dans le monde et d'après une lecture courante des deux charmantes productions qu'elle a publiées. Elle était plus forte, plus grande, plus passionnément douée que ce premier aspect ne la montre ; il y avait de puissants ressorts, de nobles tumultes dans cette nature, que toutes les affections vraies et toutes les questions sérieuses saisissaient vivement ; comme l'époque qu'elle représente pour sa part et qu'elle décore, elle cachait sous le brillant de la surface, sous l'adoucissement des nuances, plus d'une lutte et d'un orage." (Sainte Beuve, Portraits de femmes. Paris, Didier, 1858, p.58.)

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