Madeleine de Scudéry/Fortunée Briquet : Différence entre versions
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-- ''Nouvelles Fables ''en vers; Paris, 1685, 2 vol. in-12. -- ''Les Bains des Thermopiles'', insérés dans ses Conversations, imprimés depuis séparément, avec des notes, de Fr. Parfaict, 1730, in-12. Delacroix a donné ''l'Esprit de Mademoiselle de Scudéri,'' 1766, in-12. Ses romans ont été traduits en toutes sortes de langues, même en arabe. On en achetait chèrement les feuilles, à mesure qu'on les imprimait. Ils offrent assez souvent le tableau de ce qui se passait à la cour de France, et ils annoncent beaucoup d'esprit, de fécondité et d'imagination. On y trouve des morceaux heureux, des traits d'une délicatesse et d'une supériorité qui ferait honneur aux meilleurs écrivains, et des portraits très-bien rendus et pleins de finesse. Ce n'est pas que ses productions soient parfaites, elles ont en partie les défauts du commencement du siècle où elles ont été composées. Elles sont tombées dans l'oubli par leur prolixité et l'afféterie précieuse de langage avec lequel elles sont écrites, et qui alors était de mode. Dans ce tems là, on ne parlait point des effets sans remonter à leurs causes, et on ne citait aucun fait sans en détailler les circonstances. Boileau a critiqué les ouvrages de Mademoiselle de Scudéri; mais ce qu'il y a de répréhensible ne lui a pas fermé les yeux sur ce qu'il y a de bon. On lit dans les OEuvres de cet auteur, qu'ayant vu la puérilité des romans d'alors, il composa son dialogue où il les attaque, et particulièrement ceux de Mademoiselle de Scudéri: «Cependant», dit-il, «comme Mademoiselle de Scudéri était alors vivante, je me contentai de composer ce dialogue dans ma tête, et bien loin de le faire imprimer, je gagnai même sur moi de ne point l'écrire, et de ne le point laisser voir sur le papier, ne voulant pas donner ce chagrin à une fille qui, après tout, avait beaucoup de mérite». Si on songe qu'elle a publié quelques-uns de ses romans avant la fixation de la langue, on doit être étonné de ne pas en trouver le style plus défectueux. On la compte au nombre des premiers réformateurs de la romancie. On lui doit des ''Vers'' qui sont agréables et ingénieux. Elle avait souvent des saillies heureuses, et faisait facilement des impromptu. | -- ''Nouvelles Fables ''en vers; Paris, 1685, 2 vol. in-12. -- ''Les Bains des Thermopiles'', insérés dans ses Conversations, imprimés depuis séparément, avec des notes, de Fr. Parfaict, 1730, in-12. Delacroix a donné ''l'Esprit de Mademoiselle de Scudéri,'' 1766, in-12. Ses romans ont été traduits en toutes sortes de langues, même en arabe. On en achetait chèrement les feuilles, à mesure qu'on les imprimait. Ils offrent assez souvent le tableau de ce qui se passait à la cour de France, et ils annoncent beaucoup d'esprit, de fécondité et d'imagination. On y trouve des morceaux heureux, des traits d'une délicatesse et d'une supériorité qui ferait honneur aux meilleurs écrivains, et des portraits très-bien rendus et pleins de finesse. Ce n'est pas que ses productions soient parfaites, elles ont en partie les défauts du commencement du siècle où elles ont été composées. Elles sont tombées dans l'oubli par leur prolixité et l'afféterie précieuse de langage avec lequel elles sont écrites, et qui alors était de mode. Dans ce tems là, on ne parlait point des effets sans remonter à leurs causes, et on ne citait aucun fait sans en détailler les circonstances. Boileau a critiqué les ouvrages de Mademoiselle de Scudéri; mais ce qu'il y a de répréhensible ne lui a pas fermé les yeux sur ce qu'il y a de bon. On lit dans les OEuvres de cet auteur, qu'ayant vu la puérilité des romans d'alors, il composa son dialogue où il les attaque, et particulièrement ceux de Mademoiselle de Scudéri: «Cependant», dit-il, «comme Mademoiselle de Scudéri était alors vivante, je me contentai de composer ce dialogue dans ma tête, et bien loin de le faire imprimer, je gagnai même sur moi de ne point l'écrire, et de ne le point laisser voir sur le papier, ne voulant pas donner ce chagrin à une fille qui, après tout, avait beaucoup de mérite». Si on songe qu'elle a publié quelques-uns de ses romans avant la fixation de la langue, on doit être étonné de ne pas en trouver le style plus défectueux. On la compte au nombre des premiers réformateurs de la romancie. On lui doit des ''Vers'' qui sont agréables et ingénieux. Elle avait souvent des saillies heureuses, et faisait facilement des impromptu. | ||
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Version du 2 mars 2011 à 10:08
SCUDÉRI, (Magdeleine de) naquit au Havre-de-Grace, en 1607. Dès qu'elle parut à Paris, on s'empressa de l'accueillir à l'hôtel de Rambouillet. Sa réputation l'y avait devancée. Bientôt les plus beaux génies de l'Europe furent en commerce de lettres avec elle. Le prince de Paderborn, évêque de Munster, lui fit présent de ses ouvrages et de sa médaille. La reine Christine de Suède lui donna son portrait, une pension et son amitié. Le cardinal Mazarin lui laissa une pension par son testament; le chancelier Boucherat lui en établir une sur le sceau, et Louis XIV, à la sollicitation de Madame de Maintenon, la gratifia, en 1683, d'une pension de 2000 francs; quelques années après, il lui envoya une de ses plus belles et plus magnifiques médailles. L'Académie des Ricovrati de Padoue venait de perdre Hélène Cornaro, lorsqu'elle envoya, pour remplacer cette savante, des lettres d'association à Mademoiselle Scudéri, et une lettre particulière écrite par Charles Patin, qui commençait ainsi:
«Mademoiselle, quand notre Académie vous a choisie pour être de son corps, elle n'a pas prétendu rendre votre mérite plus connu qu'il ne l'est déjà par vos ouvrages. Elle a voulu marquer à toute la terre, qu'elle connaît parfaitement ce mérite si exquis; et elle n'a pas moins songé à se faire honneur qu'à honorer vos excellentes qualités».
Toutes les autres Académies où les femmes sont admises, s'empressèrent de la recevoir. L'auteur des 5 derniers vol. de Pharamond, Vaumorière, lui dédia Agiatis.
La gloire ne lui fit pas négliger les douceurs de l'amitié. Sa belle ame, et la douceur de son caractère lui procurèrent d'illustres amis. On l'avait fait peindre en vestale, entretenant le feu sacré. Le mot foveboétait au bas de l'autel, pour marquer qu'elle avait soin de nourrir le feu de l'amitié. Le célèbre Nanteuil la peignit en pastel, elle l'en remercia par ces vers:
Nanteuil, en faisant mon image,
A de son art divin signalé le pouvoir;
Je hais mes traits dans mon miroir,
Je les aime dans son ouvrage.
Jusqu'à la fin de sa vie, elle conserva tout l'agrément et toute la vivacité de son esprit. Elle termina sa carrière à Paris, le 2juin 1701. Deux églises se disputèrent l'honneur de lui donner la sépulture. Bosquillon composa l'éloge de cette femme de lettres, qui mérite par son érudition de tenir la première place après Madame Dacier.
On lui doit: Ibrahim, ou l'illustre Bassa; 1641, 4 vol. in-8; Paris, 1652, 4 vol. in-8. Ce roman a fourni à Mairet le sujet de sa tragédie du Grand et dernier Soliman, ou la Mort de Mustapha. Ce même ouvrage a donné à Georges de Scudéri le sujet d'Ibrahim, ou l'illustre Bassa, tragi-comédie. Blin-de-Sainmore a également pris dans l'Ibrahim de Mademoiselle de Scudéri le sujet de sa tragédie de Mustapha et Zéangir. -- Artamène, ou le grand Cyrus; 1650, 10 vol. in-8; Paris, 1653. 10 vol. in-8. Mademoiselle de Scudéri étant en voyage avec son frère, s'entretenait un soir avec lui, dans l'auberge où ils étaient logés, de la composition de ce roman. Que ferons-nous, lui disait-elle, du prince Mazare? Ils convinrent, après quelques contestations, qu'on le ferait assassiner. Des marchands qui étaient dans une chambre voisine, écoutèrent cette conversation, et crurent qu'on projetait la perte de quelque grand prince. La justice fut avertie, le frère et la soeur furent arrêtés. Ils ne tardèrent pas à se justifier et à obtenir leur liberté. Cette anecdote rappelle que Fletcher, un des meilleurs auteurs dramatiques de l'Angleterre, récitait un jour avec feu, dans un cabaret, des vers d'une de ses tragédies, où il s'agissait d'un complot contre un roi; des passans l'entendirent et allèrent le dénoncer. Le poète fut mis en prison; mais ayant fait connaître la méprise, il n'y resta pas long-tems. -- Clélie; Paris, 1660, 10 volumes in-8. -- Almahide, oul'Esclave Reine; Paris, 1660, 8 vol. in-8. -- Célinte, nouvelle; Paris, 1661, 1 vol. in-8. -- Femmes illustres ou les Harangues héroïques; Paris, 1665, 2 vol. in-12. -- Mathilde d'Aguilar, histoire espagnole; Paris, 1667, 1 vol. in-8. -- La Promenade de Versailles, et Histoire de Célamire; Paris, 1669, 1 vol. in-8; 1698, in-12. -- Discours sur la Gloire; Paris, 1671, 1 volume in-12. Cet ouvrage remporta le premier prix d'éloquence que l'Académie française ait décerné. -- Conversations sur divers sujets; Paris, 1680, 2 vol. in-12; Conversations nouvelles sur divers sujets; Paris, 1684, 2 vol. in-12; Conversations morales; Paris, 1686, 2 vol. in-12; Nouvelles Conversations de Morale; Paris, 1688, 2 volumes in-12; Entretiens de Morale; Paris, 1692, 2 vol. in-12. Ses Conversations et sesEntretiens sont ce qu'elle a fait de meilleur: autrefois on les lisait pour se former à la politesse. Ils inspirèrent à Mademoiselle de Louvencourt ces vers pour Mademoiselle de Scudéri:
Dans tes écrits touchans, par le goût épurés,
La vertu ne prend point un air triste et sévère;
Sensible, elle reprend, avec des yeux de mère
Qui veut bien rappeler ses enfans égarés.
Tu viens pour les remettre au chemin qu'il faut prendre,
Et tu nous fais goûter les biens dont tu jouis.
Le ciel dut Aristote au siècle d'Alexandre;
Mais il ne dut Sapho qu'au siècle de Louis.
-- Nouvelles Fables en vers; Paris, 1685, 2 vol. in-12. -- Les Bains des Thermopiles, insérés dans ses Conversations, imprimés depuis séparément, avec des notes, de Fr. Parfaict, 1730, in-12. Delacroix a donné l'Esprit de Mademoiselle de Scudéri, 1766, in-12. Ses romans ont été traduits en toutes sortes de langues, même en arabe. On en achetait chèrement les feuilles, à mesure qu'on les imprimait. Ils offrent assez souvent le tableau de ce qui se passait à la cour de France, et ils annoncent beaucoup d'esprit, de fécondité et d'imagination. On y trouve des morceaux heureux, des traits d'une délicatesse et d'une supériorité qui ferait honneur aux meilleurs écrivains, et des portraits très-bien rendus et pleins de finesse. Ce n'est pas que ses productions soient parfaites, elles ont en partie les défauts du commencement du siècle où elles ont été composées. Elles sont tombées dans l'oubli par leur prolixité et l'afféterie précieuse de langage avec lequel elles sont écrites, et qui alors était de mode. Dans ce tems là, on ne parlait point des effets sans remonter à leurs causes, et on ne citait aucun fait sans en détailler les circonstances. Boileau a critiqué les ouvrages de Mademoiselle de Scudéri; mais ce qu'il y a de répréhensible ne lui a pas fermé les yeux sur ce qu'il y a de bon. On lit dans les OEuvres de cet auteur, qu'ayant vu la puérilité des romans d'alors, il composa son dialogue où il les attaque, et particulièrement ceux de Mademoiselle de Scudéri: «Cependant», dit-il, «comme Mademoiselle de Scudéri était alors vivante, je me contentai de composer ce dialogue dans ma tête, et bien loin de le faire imprimer, je gagnai même sur moi de ne point l'écrire, et de ne le point laisser voir sur le papier, ne voulant pas donner ce chagrin à une fille qui, après tout, avait beaucoup de mérite». Si on songe qu'elle a publié quelques-uns de ses romans avant la fixation de la langue, on doit être étonné de ne pas en trouver le style plus défectueux. On la compte au nombre des premiers réformateurs de la romancie. On lui doit des Vers qui sont agréables et ingénieux. Elle avait souvent des saillies heureuses, et faisait facilement des impromptu.