Angélique-Dorothée-Louise Grétry : Différence entre versions
De SiefarWikiFr
[version vérifiée] | [version vérifiée] |
(→Jugements) |
(→Notice de Jacqueline Letzter et Robert Adelson, 2004.) |
||
Ligne 8 : | Ligne 8 : | ||
| enligne = | | enligne = | ||
}} | }} | ||
− | == Notice de Jacqueline Letzter et Robert Adelson, 2004. == | + | == Notice de [[Jacqueline Letzter]] et [[Robert Adelson]], 2004. == |
Fille du célèbre compositeur d'opéras-comiques André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) et de la peintre Jeanne-Marie Grandon (1746-1807), Lucile (Angélique-Dorothée-Louise) Grétry est une compositrice exceptionnelle à trois égards: c'est une enfant prodige, c'est une femme et, pendant sa courte vie, elle connaît un immense succès. Adolescente, elle compose deux opéras qui sont joués à la Comédie-Italienne. Elle doit l'essentiel de son enseignement à son père qui évoque d'ailleurs, dans ses nombreux écrits autobiographiques et philosophiques, les compositrices en général et, plus particulièrement, sa fille. | Fille du célèbre compositeur d'opéras-comiques André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) et de la peintre Jeanne-Marie Grandon (1746-1807), Lucile (Angélique-Dorothée-Louise) Grétry est une compositrice exceptionnelle à trois égards: c'est une enfant prodige, c'est une femme et, pendant sa courte vie, elle connaît un immense succès. Adolescente, elle compose deux opéras qui sont joués à la Comédie-Italienne. Elle doit l'essentiel de son enseignement à son père qui évoque d'ailleurs, dans ses nombreux écrits autobiographiques et philosophiques, les compositrices en général et, plus particulièrement, sa fille. | ||
Lucile est présentée à la cour où André Grétry, qui en est le compositeur officiel, tient une place importante. Son premier opéra, ''Le mariage d'Antonio'' (1786, livret de «Mme de Beaunoir», pseudonyme attribué à Alexandre-Louis Robineau), est la suite d'une oeuvre de son père, ''Richard Coeur de Lion'' (1784). Il est bien accueilli à la Comédie-Italienne où 47 représentations sont données entre 1786 et 1791. Le second, ''Toinette et Louis'' (composé en 1787 sur un livret de Patrat), est retiré de l'affiche après une première représentation dans ce même théâtre, un échec que les Grétry attribuent au mariage malheureux de Lucile. Comme ceux de son père, ces deux opéras se situent dans la veine paysanne. Lucile Grétry meurt de la tuberculose à l'âge de 18 ans, un peu plus de deux ans après la représentation de ''Toinette et Louis''. Une mort prématurée qui, au XIXe siècle, fera dire au critique Arsène Haussaye : «Sans la mort, qui vint la prendre à seize ans [sic], le plus grand musicien du dix-huitième siècle serait peut-être une femme». | Lucile est présentée à la cour où André Grétry, qui en est le compositeur officiel, tient une place importante. Son premier opéra, ''Le mariage d'Antonio'' (1786, livret de «Mme de Beaunoir», pseudonyme attribué à Alexandre-Louis Robineau), est la suite d'une oeuvre de son père, ''Richard Coeur de Lion'' (1784). Il est bien accueilli à la Comédie-Italienne où 47 représentations sont données entre 1786 et 1791. Le second, ''Toinette et Louis'' (composé en 1787 sur un livret de Patrat), est retiré de l'affiche après une première représentation dans ce même théâtre, un échec que les Grétry attribuent au mariage malheureux de Lucile. Comme ceux de son père, ces deux opéras se situent dans la veine paysanne. Lucile Grétry meurt de la tuberculose à l'âge de 18 ans, un peu plus de deux ans après la représentation de ''Toinette et Louis''. Une mort prématurée qui, au XIXe siècle, fera dire au critique Arsène Haussaye : «Sans la mort, qui vint la prendre à seize ans [sic], le plus grand musicien du dix-huitième siècle serait peut-être une femme». | ||
− | (traduction de Sylvie Déléris) | + | (traduction de [[Sylvie Déléris]]) |
+ | |||
== Oeuvres == | == Oeuvres == | ||
- 1786 : ''Le Mariage d'Antonio'', Paris, Huguet. Création le 29 juillet 1786 à la Comédie-Italienne. <br /> | - 1786 : ''Le Mariage d'Antonio'', Paris, Huguet. Création le 29 juillet 1786 à la Comédie-Italienne. <br /> |
Version actuelle en date du 19 décembre 2010 à 17:50
Angélique-Dorothée-Louise Grétry | ||
Dénomination(s) | Lucile Grétry | |
---|---|---|
Biographie | ||
Date de naissance | 1772 | |
Date de décès | 1790 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Jacqueline Letzter et Robert Adelson, 2004.
Fille du célèbre compositeur d'opéras-comiques André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) et de la peintre Jeanne-Marie Grandon (1746-1807), Lucile (Angélique-Dorothée-Louise) Grétry est une compositrice exceptionnelle à trois égards: c'est une enfant prodige, c'est une femme et, pendant sa courte vie, elle connaît un immense succès. Adolescente, elle compose deux opéras qui sont joués à la Comédie-Italienne. Elle doit l'essentiel de son enseignement à son père qui évoque d'ailleurs, dans ses nombreux écrits autobiographiques et philosophiques, les compositrices en général et, plus particulièrement, sa fille. Lucile est présentée à la cour où André Grétry, qui en est le compositeur officiel, tient une place importante. Son premier opéra, Le mariage d'Antonio (1786, livret de «Mme de Beaunoir», pseudonyme attribué à Alexandre-Louis Robineau), est la suite d'une oeuvre de son père, Richard Coeur de Lion (1784). Il est bien accueilli à la Comédie-Italienne où 47 représentations sont données entre 1786 et 1791. Le second, Toinette et Louis (composé en 1787 sur un livret de Patrat), est retiré de l'affiche après une première représentation dans ce même théâtre, un échec que les Grétry attribuent au mariage malheureux de Lucile. Comme ceux de son père, ces deux opéras se situent dans la veine paysanne. Lucile Grétry meurt de la tuberculose à l'âge de 18 ans, un peu plus de deux ans après la représentation de Toinette et Louis. Une mort prématurée qui, au XIXe siècle, fera dire au critique Arsène Haussaye : «Sans la mort, qui vint la prendre à seize ans [sic], le plus grand musicien du dix-huitième siècle serait peut-être une femme».
(traduction de Sylvie Déléris)
Oeuvres
- 1786 : Le Mariage d'Antonio, Paris, Huguet. Création le 29 juillet 1786 à la Comédie-Italienne.
- 1787 : Toinette et Louis (partition perdue), inédit. Création le 22 mars 1787 à la Comédie-Italienne, Paris.
Choix bibliographique
- Bouilly, J. N. Mes récapitulations. Paris (?), Louis Janet, 1836, vol.1, p.323-342.
- Grétry, André-Ernest-Modeste. Mémoires, ou essais sur la musique [1788]. Reprint, New York, Da Capo, 1971, vol.3, p.382-384.
- Haussaye, Arsène. Portraits du dix-huitième siècle. Paris, Lecau, 1854, vol.2, p.242.
- Letzter, Jacqueline et Adelson, Robert. Women Writing Opera: Creativity and Controversy in the Age of the French Revolution. Berkeley, University of California Press, 2001.
Jugements
- (à propos du Mariage d'Antonio) «Comme je ne veux point altérer la candeur de son âge [...] je dois dire qu'ayant elle-même composé tous les chants avec leurs basses et un léger accompagnement de harpe, j'ai écrit la partition, qu'elle n'étoit pas en état de faire. Les morceaux d'ensemble ont été rectifiés par moi; cette composition exigeant une connoissance du théâtre que je serois bien faché qu'elle eût acquise. [...] C'est à titre d'encouragement que je lui ai permis cet essai; mais le public seul peut lui permettre de continuer. C'est à lui d'encourager un sexe qui [...] pourroit trouver à-la-fois la gloire et l'aisance honnête, dont les chemins lui sont partout fermés» (André Grétry, «Lettre au Journal de Paris», Journal de Paris, no 210 [29 juillet 1786], in Froidcourt, Correspondance générale, p.132-133).
- (à propos de Toinette et Louis) «Mademoiselle Grétry a confirmé, par les chants agréables dont elle a semé cet ouvrage, les espérances qu'elle avait données dans le Mariage d'Antonio. On y a même remarqué des progrès qui en promettent encore de nouveaux» (Levacher de Charnois, Costumes [et Annales] des grands théâtres de Paris, 1786, XLIV).
- (à propos de Toinette et Louis) «Jeunes rosiers, jeunes talents/ Ont besoin du secours du maître./ Un petit auteur de treize ans/ Est un rosier qui vient de naître./ Il n'offre qu'un bouton nouveau;/ Si vous voulez des fleurs écloses,/ Daignez étayer l'arbrisseau,/ Quelques jours vous aurez des roses» (Bachaumont, Mémoires secrèts, 27 mars 1787, t.34, p.328-329).
- (à propos de Toinette et Louis) «Ce Compositeur est Mlle Grétri [sic], qui fait des progrès étonnans dans son Art, à en juger par cette nouvelle production, où il y a encore plus de grace, de fraîcheur & d'agrémens que dans la musique du Mariage d'Antoni.» (Antoine d'Origny, Annales du Théâtre Italien..., voir supra).