Madeleine Du Pouget : Différence entre versions
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À l’inverse, son jeu est lui-même parodié par Molière dans son ''Impromptu de Versailles'' comme trop marqué par le souci de plaire et insuffisamment adapté à la situation du personnage joué. Que cela soit une simple attaque envers la concurrence ou une critique véridique sur sa déclamation, le fait demeure que la Beauchâteau avait un débit de parole proche du chant. <br/> | À l’inverse, son jeu est lui-même parodié par Molière dans son ''Impromptu de Versailles'' comme trop marqué par le souci de plaire et insuffisamment adapté à la situation du personnage joué. Que cela soit une simple attaque envers la concurrence ou une critique véridique sur sa déclamation, le fait demeure que la Beauchâteau avait un débit de parole proche du chant. <br/> | ||
La Beauchâteau a été une véritable vedette du théâtre tragique et a contribué aux succès de Corneille. | La Beauchâteau a été une véritable vedette du théâtre tragique et a contribué aux succès de Corneille. | ||
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+ | ==Oeuvres== | ||
+ | * Aucune oeuvre connue n’est attribuée à la comédienne. Cependant, dans l’adresse au lecteur « À qui lira » d’une nouvelle de Scarron, ''La Précaution inutile'', nous pouvons lire qu’elle aurait participé à l’écriture des ''Coups de l’Amour et de la Fortune'', pièce parue sous le nom de Philippe Quinault (Paris, G. de Luyne, 1655) : « L’heureux succès de cette pièce de théâtre est dû à Mlle de Beau-Chasteau, qui en a dressé le sujet ; à feu M. Tristan, qui en a fait les quatre premiers actes, et à moi qui en ai fait le dernier, à la prière des comédiens qui me le firent faire, parce que M. Tristan se mourait [...]. Je garde encore le brouillon de Mlle de Beau-Chasteau et le mien ». (Paul Scarron, ''Les Nouvelles tragi-comiques'', Paris, A. de Sommaville, 1656, n. p.). | ||
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+ | ==Principales sources== | ||
+ | * Pierre Corneille, « Lettre à l’abbé de Pure » [1659], ''Œuvres complètes'', Paris, Firmin Didot, 1837. | ||
+ | * Georges de Scudéry, ''Observations sur le Cid'', Paris, 1637 [http://barthes.enssib.fr/translatio/rw/academie/scud_cid.htm] | ||
+ | * Molière, ''L’Impromptu de Versailles'', 1663. | ||
+ | * Jean Donneau de Visé, « Sur la Sophonisbe », ''Nouvelles nouvelles'', III [1663] [http://nouvellesnouvelles.yale.edu/index.php?volume=volume3]. | ||
+ | * Gédéon Tallemant des Réaux, ''Historiettes'', Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, t.II, p.694 (« Scudéry et sa sœur ») et p.778 (« Mondory ou l’histoire des principaux comédiens français ». | ||
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Version du 30 janvier 2025 à 10:36
Madeleine Du Pouget | ||
Conjoint(s) | François Chastelet dit Beauchasteau ou Beauchâteau | |
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Dénomination(s) | Du Pouget, Du Bouget, Dubouget, Dupouget, Du Pougeait, La Beauxchâteau, Mademoiselle de Beauchâteau, de Beauchasteau, Chastelet | |
Biographie | ||
Date de décès | 6 janvier 1683 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne | ||
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien régime |
Notice de Clarisse Bouabdallah et Octave Bertic, 2025
Madeleine Du Pouget, comédienne de la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, est née à une date inconnue mais que l’on peut situer entre 1610 et 1619. Elle rejoint la troupe parisienne en même temps que son époux, François Châtelet, vers 1633. C’est de cette union que lui vient son nom de scène, « La Beauchâteau », en rapport avec le nom de scène de son mari. Selon les Anecdotes dramatiques (J. de La Porte et J.M.B. Clément, 1775), la comédienne était peut-être la fille illégitime d’un magistrat et d’une provinciale qui a fini ses jours dans un couvent, mais aucun document d’époque ne nous est parvenu qui permette de l’affirmer.
Elle reste peu de temps dans la troupe de l’Hôtel de Bourgogne puisque dès 1635, par décision royale, son mari et elle sont engagés dans la Troupe du Marais où, quelques années plus tard, en 1637, elle crée le rôle de l’Infante dans Le Cid de Corneille. Elle quitte cependant cette troupe au début de l’année 1642, à nouveau sur ordre du roi : « six des meilleurs acteurs et actrices du Marais » passent à l’Hôtel de Bourgogne. La Beauchâteau et son époux retournent donc dans la troupe de leurs débuts.
C’est à cette époque que Madeleine du Pouget donne naissance à au moins trois enfants: Edme François (25 mars 1643), Étienne (baptisé en août 1644) et François Mathieu (5 mai 1645), tous trois baptisés à l’église Saint-Sauveur de Paris, ce qui peut laisser supposer que le couple habitait le quartier. Le dernier de ses fils a été, selon le Dictionnaire des comédiens français d’Henry Lyonnet, un « petit prodige », connu à la cour sous le nom du « Petit Beauchâteau ». On lui attribue, à l’âge de onze ans, La Lyre du jeune Apollon, ou la Muse naissante, un recueil d’éloges au roi, en vers.
Demeurant dans la troupe après la mort de son mari en septembre 1665, Madeleine du Pouget est à ce moment une actrice d’importance de l’Hôtel de Bourgogne. En 1674, Samuel Chappuzeau (Le Théâtre français) la place encore à la tête des comédiennes de la troupe. Ce n’est qu’un peu avant la fusion de la troupe de l’Hôtel de Bourgogne avec celle du Marais en 1680, c’est-à-dire au moment de la création de la Comédie-Française, que son nom disparaît des documents officiels et qu’elle prend donc finalement sa retraite avec 1000 livres de pension versée par la troupe (ce qui correspond à la norme de l’époque pour les troupes parisiennes). Elle meurt le vendredi 6 janvier 1683 à Versailles.
En tant que comédienne, Madeleine du Pouget a eu une certaine importance sur la scène théâtrale française de son époque. Nous connaissons quelques rôles qu’elle a créés ou incarnés pour Corneille : peut-être Créüse dans Médée (1634), Isabelle ou Lyse dans L’Illusion comique (1635), l’Infante du Cid (1637), Jocaste dans Oedipe (1659), Éryxe dans Sophonisbe (1663).
Ses contemporains célèbrent sa beauté et son talent. Le commentaire le plus fréquemment employé à son égard est sans doute celui que l’on retrouve dans les Tablettes dramatiques du Chevalier de Mouhy, selon lequel la Beauchâteau « était infiniment aimable, et une très-bonne actrice pour les rôles de princesses dans le tragique, et pour les amoureuses dans le comique », c’est-à-dire des rôles d’une certaine importance et non, comme ce fut le cas pour son époux, de second plan. Enfin, ce sont généralement ses qualités d’esprit qui sont les plus reconnues dans les témoignages de son époque. Nous savons aussi, par le chroniqueur Tallemant des Réaux, qu’elle a donné des cours de diction à Mme de Saint-Ange, une « femme de qualité ».
À l’inverse, son jeu est lui-même parodié par Molière dans son Impromptu de Versailles comme trop marqué par le souci de plaire et insuffisamment adapté à la situation du personnage joué. Que cela soit une simple attaque envers la concurrence ou une critique véridique sur sa déclamation, le fait demeure que la Beauchâteau avait un débit de parole proche du chant.
La Beauchâteau a été une véritable vedette du théâtre tragique et a contribué aux succès de Corneille.
Oeuvres
- Aucune oeuvre connue n’est attribuée à la comédienne. Cependant, dans l’adresse au lecteur « À qui lira » d’une nouvelle de Scarron, La Précaution inutile, nous pouvons lire qu’elle aurait participé à l’écriture des Coups de l’Amour et de la Fortune, pièce parue sous le nom de Philippe Quinault (Paris, G. de Luyne, 1655) : « L’heureux succès de cette pièce de théâtre est dû à Mlle de Beau-Chasteau, qui en a dressé le sujet ; à feu M. Tristan, qui en a fait les quatre premiers actes, et à moi qui en ai fait le dernier, à la prière des comédiens qui me le firent faire, parce que M. Tristan se mourait [...]. Je garde encore le brouillon de Mlle de Beau-Chasteau et le mien ». (Paul Scarron, Les Nouvelles tragi-comiques, Paris, A. de Sommaville, 1656, n. p.).
Principales sources
- Pierre Corneille, « Lettre à l’abbé de Pure » [1659], Œuvres complètes, Paris, Firmin Didot, 1837.
- Georges de Scudéry, Observations sur le Cid, Paris, 1637 [1]
- Molière, L’Impromptu de Versailles, 1663.
- Jean Donneau de Visé, « Sur la Sophonisbe », Nouvelles nouvelles, III [1663] [2].
- Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, t.II, p.694 (« Scudéry et sa sœur ») et p.778 (« Mondory ou l’histoire des principaux comédiens français ».