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== Sources antiques principales ==
 
== Sources antiques principales ==
  
Les trois textes les plus complets sur Télésilla sont les suivants : Pausanias, ''Description de la Grèce'' (II 20, 8), Plutarque, ''Mulierum Virtutes'' (IV), Polyen, ''Polyaeni Strategemata'' (VIII 33). Quelques remarques et précisions qui ont eu de l'importance pour sa réception sont à trouver dans l' ''Anthologie grecque'' (IX 26, canon des neuf grandes poétesses) et chez Eustathe de Thessalonique (''Commentaire'' attaché au livre II v. 711 sq. de l'Iliade, sur Admète (B 711)).
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Les trois textes les plus complets sur Télésilla sont les suivants : Pausanias, ''Description de la Grèce'' (II 20, 8), Plutarque, ''Mulierum Virtutes'' (IV), Polyen, ''Polyaeni Strategemata'' (VIII 33). Quelques remarques et précisions qui ont eu de l'importance pour sa réception sont à trouver dans l'''Anthologie grecque'' (IX 26, canon des neuf grandes poétesses) et chez Eustathe de Thessalonique (''Commentaire'' attaché au livre II v. 711 sq. de l'Iliade, sur Admète (B 711)).
  
  
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Sa célébrité est d'abord due à la mode des viragos et parce qu'elle est un substitut respectable à la sulfureuse [[Sappho]]. On la présente comme une vierge, alors qu'aucune des sources antiques ne la présente comme telle. Elle devient un exemple pour les femmes de lettres de la fin du XVe siècle à la deuxième moitié du XVIe siècle, surtout en Italie. Pour Michel Marulle et Sperone Speroni (''Contra le cortegiane''), elle est un modèle édifiant. Des traces de ce statut exceptionnel sont encore visibles chez Tanneguy Le Fèvre : « elle anima si puissamment les Dames Argiennes à la deffense de leur ville contre les Lacédémoniens, (Car les hommes estoient alors en campagne) que ces Lions de Grece se retirèrent, voyant ces Dames dans une si belle résolution de sauver leur honneur & de conserver la gloire de leur patrie. Et en effet c'est ainsi qu'il faut estre sçavant ; Et que doit-on tirer de la connoissance des beaux-arts, sinon ce qui peut servir à rendre l'ame grande, noble et fiere ? »  
 
Sa célébrité est d'abord due à la mode des viragos et parce qu'elle est un substitut respectable à la sulfureuse [[Sappho]]. On la présente comme une vierge, alors qu'aucune des sources antiques ne la présente comme telle. Elle devient un exemple pour les femmes de lettres de la fin du XVe siècle à la deuxième moitié du XVIe siècle, surtout en Italie. Pour Michel Marulle et Sperone Speroni (''Contra le cortegiane''), elle est un modèle édifiant. Des traces de ce statut exceptionnel sont encore visibles chez Tanneguy Le Fèvre : « elle anima si puissamment les Dames Argiennes à la deffense de leur ville contre les Lacédémoniens, (Car les hommes estoient alors en campagne) que ces Lions de Grece se retirèrent, voyant ces Dames dans une si belle résolution de sauver leur honneur & de conserver la gloire de leur patrie. Et en effet c'est ainsi qu'il faut estre sçavant ; Et que doit-on tirer de la connoissance des beaux-arts, sinon ce qui peut servir à rendre l'ame grande, noble et fiere ? »  
  
Cependant, comme la plupart des Grecques, elle pâtit au milieu du XVIIe siècle de l'hostilité anti-hellène des auteurs de recueils de femmes illustres (Hilarion de Coste en 1630, François de Grenaille en 1642, Pierre Le Moyne en 1647 et Jacques Du Bosc en 1663) qui leur préfèrent les modèles latins. Les poétesses [[Corinne]] et [[Érinna]] sont devenues des doublons de [[Sappho]] ;  Télésilla échappe à ce destin mais disparaît purement et simplement. Seules les Latines servent de modèles, parce qu'elles sont réputées pour leur vertu inébranlable et leur discrétion (elles ne prennent ni la plume, ni les armes). Contrairement à ce qui se passe pour les Grecques, les contre-modèles comme Sempronia ou Agrippine n'ont pas d'influence négative sur l'aura positive des Lucrèce et des Cornélie.
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Cependant, comme la plupart des Grecques, elle pâtit au milieu du XVIIe siècle de l'hostilité anti-hellène des auteurs de recueils de femmes illustres (Hilarion de Coste en 1630, François de Grenaille en 1642, Pierre Le Moyne en 1647 et Jacques Du Bosc en 1663) qui leur préfèrent les modèles latins. Les poétesses [[Corinne]] et [[Érinna]] sont devenues des doubles de [[Sappho]] ;  Télésilla échappe à ce destin mais disparaît purement et simplement. Seules les Latines servent de modèles, parce qu'elles sont réputées pour leur vertu inébranlable et leur discrétion (elles ne prennent ni la plume, ni les armes). Contrairement à ce qui se passe pour les Grecques, les contre-modèles comme Sempronia ou Agrippine n'ont pas d'influence négative sur l'aura positive des Lucrèce et des Cornélie.
  
Malgré ces évolutions dépréciatives, Télésilla connaît une postérité particulière dans le cercle de la « [[Sappho]] de son siècle » qu'est [[Madeleine de Scudéry]], qui s'oppose en tous points aux auteurs de recueils de femmes illustres des années 1620 en affirmant un goût prononcé et quelque peu provocateur pour les Grecques et pour l'accès des femmes à l'écriture. [[Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon|Marie-Jeanne L'Héritier]] adopte « Télésille » comme surnom : « elle portoit sur le Parnasse François le nom de Télésille, par les mêmes motifs qui avoient fait donner à Mademoiselle de Scudery celui de Sapho. La nouvelle Télésille fut l'objet des loüanges de plusieurs Ecrivains illustres, elle est citée avec éloge par Bayle » (''Le Journal des Sçavants'', Paris, Jean Cusson, 1734). Plus tard, [[Anne-Louise Germaine Necker|Germaine de Staël]] prend le surnom de « Télésilla » pour intégrer une Académie romaine.
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Malgré ces évolutions dépréciatives, Télésilla connaît une postérité particulière dans le cercle de la « [[Sappho]] de son siècle » qu'est [[Madeleine de Scudéry]], qui s'oppose en tous points aux auteurs de recueils de femmes illustres des années 1630 et suivantes en affirmant un goût prononcé et quelque peu provocateur pour les Grecques et pour l'accès des femmes à l'écriture. [[Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon|Marie-Jeanne L'Héritier]] adopte « Télésille » comme surnom : « elle portoit sur le Parnasse François le nom de Télésille, par les mêmes motifs qui avoient fait donner à Mademoiselle de Scudery celui de Sapho. La nouvelle Télésille fut l'objet des loüanges de plusieurs Ecrivains illustres, elle est citée avec éloge par Bayle » (''Le Journal des Sçavants'', Paris, Jean Cusson, 1734). Plus tard, [[Anne-Louise Germaine Necker|Germaine de Staël]] prend le surnom de « Télésilla » pour intégrer une Académie romaine.
  
  

Version actuelle en date du 10 février 2022 à 18:20

Télésilla
Dénomination(s) Télésilla
Telesille
Telesila
Telesine
Teleside
Telessilide
Thesselide
Biographie
Date de naissance VIe-Ve siècles av. J.C.
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Sources antiques principales

Les trois textes les plus complets sur Télésilla sont les suivants : Pausanias, Description de la Grèce (II 20, 8), Plutarque, Mulierum Virtutes (IV), Polyen, Polyaeni Strategemata (VIII 33). Quelques remarques et précisions qui ont eu de l'importance pour sa réception sont à trouver dans l'Anthologie grecque (IX 26, canon des neuf grandes poétesses) et chez Eustathe de Thessalonique (Commentaire attaché au livre II v. 711 sq. de l'Iliade, sur Admète (B 711)).


Article de Anne Debrosse, 2012

Télésilla, selon Plutarque et Pausanias, est une poétesse. Elle a pour particularité d'avoir défendu Argos contre les Spartiates dirigés par le roi Cléomène, parce que la cité était vidée de ses hommes (décimés ou partis au combat).

Télésilla est par conséquent une figure double : dans les listes des traités philogynes, elle apparaît souvent dans les catalogues de guerrières et dans ceux de femmes de savoir. Elle semble peu connue en réalité, comme le prouvent les graphies extrêmement variables de son nom. Les sources grecques ne divergent pas autant : ces erreurs proviennent donc de la négligence des Modernes. Cependant, elle est suffisamment réputée pour intégrer les listes de femmes savantes des ouvrages encyclopédiques de Fregoso, Ricchieri, Textor et Chasseneuz par exemple, pour être citée entre autres par Michel Marulle (Epigrammata, IV 5, dans ses Carmina), par Tanneguy Le Fèvre dans un ouvrage pédagogique intitulé Abrégé des vies des poètes grecs (Saumur, Lerpinière et Lesnier, 1664) et par Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon dans L'Apothéose de Mademoiselle de Scudéry (Paris, chez Jean Moreau, 1702).

Sa célébrité est d'abord due à la mode des viragos et parce qu'elle est un substitut respectable à la sulfureuse Sappho. On la présente comme une vierge, alors qu'aucune des sources antiques ne la présente comme telle. Elle devient un exemple pour les femmes de lettres de la fin du XVe siècle à la deuxième moitié du XVIe siècle, surtout en Italie. Pour Michel Marulle et Sperone Speroni (Contra le cortegiane), elle est un modèle édifiant. Des traces de ce statut exceptionnel sont encore visibles chez Tanneguy Le Fèvre : « elle anima si puissamment les Dames Argiennes à la deffense de leur ville contre les Lacédémoniens, (Car les hommes estoient alors en campagne) que ces Lions de Grece se retirèrent, voyant ces Dames dans une si belle résolution de sauver leur honneur & de conserver la gloire de leur patrie. Et en effet c'est ainsi qu'il faut estre sçavant ; Et que doit-on tirer de la connoissance des beaux-arts, sinon ce qui peut servir à rendre l'ame grande, noble et fiere ? »

Cependant, comme la plupart des Grecques, elle pâtit au milieu du XVIIe siècle de l'hostilité anti-hellène des auteurs de recueils de femmes illustres (Hilarion de Coste en 1630, François de Grenaille en 1642, Pierre Le Moyne en 1647 et Jacques Du Bosc en 1663) qui leur préfèrent les modèles latins. Les poétesses Corinne et Érinna sont devenues des doubles de Sappho ; Télésilla échappe à ce destin mais disparaît purement et simplement. Seules les Latines servent de modèles, parce qu'elles sont réputées pour leur vertu inébranlable et leur discrétion (elles ne prennent ni la plume, ni les armes). Contrairement à ce qui se passe pour les Grecques, les contre-modèles comme Sempronia ou Agrippine n'ont pas d'influence négative sur l'aura positive des Lucrèce et des Cornélie.

Malgré ces évolutions dépréciatives, Télésilla connaît une postérité particulière dans le cercle de la « Sappho de son siècle » qu'est Madeleine de Scudéry, qui s'oppose en tous points aux auteurs de recueils de femmes illustres des années 1630 et suivantes en affirmant un goût prononcé et quelque peu provocateur pour les Grecques et pour l'accès des femmes à l'écriture. Marie-Jeanne L'Héritier adopte « Télésille » comme surnom : « elle portoit sur le Parnasse François le nom de Télésille, par les mêmes motifs qui avoient fait donner à Mademoiselle de Scudery celui de Sapho. La nouvelle Télésille fut l'objet des loüanges de plusieurs Ecrivains illustres, elle est citée avec éloge par Bayle » (Le Journal des Sçavants, Paris, Jean Cusson, 1734). Plus tard, Germaine de Staël prend le surnom de « Télésilla » pour intégrer une Académie romaine.


Textes

Il en reste très peu. Fragments de Télésilla, chez Athénée (Deipnosophistes), Hésychius (Lexicon), Héphaestion (Enchiridion)... Ouvrages techniques en général (grammaire, prosodie).

Fragments publiés indépendamment en 1568, dans les Carmina novem illustrium feminarum Sapphus Erinnae Myrus Myrtidis Corinnae Telesillae Praxillae Nossidis Anytae et lyricorum Alcmanis Stesichori Alcaei Ibyci Anacreontis Simonidis Bacchylidis. Elegiae Tyrtaei et Mimnermi. Bucolica Bionis et Moschi. Latino versu a Laurentio Gambara expressa. Cleanthis Moschionis aliorumque fragmenta nunc primum edita. Ex bibliotheca Fuluii Ursini Romani, Antverpiae, ex officina Chr. Plantini, 1568.


Bibliographie sélective

- Céard, Jean : « Encyclopédie et encyclopédisme à la Renaissance », dans Annie Becq (sous la dir.), L'Encyclopédisme, Actes du colloque de Caen, 12-16 janvier 1987, Paris, Aux Amateurs du Livre, Klincksieck, 1991, p. 57-67.
- Osterman Borowitz, Helen : « The Unconfessed Précieuse. Madame de Staël's Debt to Mademoiselle de Scudéry », dans The impact of Art on French Literature: from de Scudéry to Proust, University of Delaware Press, 1985, p. 33-55, p. 42.
- Pascal, Catherine : « Les recueils de femmes illustres au XVIIe siècle », Communication prononcée à la Journée d'étude de la SIEFAR « Connaître les femmes de l'Ancien Régime : la question des recueils et dictionnaires », URL (consulté le 27 juin 2011), [1].
- Verrier, Frédérique : Le miroir des Amazones, Amazones, viragos et guerrières dans la littérature italienne des XVe et XVIe siècles, Paris, L'Harmattan, coll. « des idées et des femmes », 2003.

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