Marguerite Louise d'Orléans : Différence entre versions
De SiefarWikiFr
[version vérifiée] | [version vérifiée] |
(→Jugements) |
(→Notice de [Vincenzo Lagioia] et [Nathalie Grande], 2015) |
||
Ligne 10 : | Ligne 10 : | ||
__FORCETOC__ | __FORCETOC__ | ||
== Notice de [Vincenzo Lagioia] et [Nathalie Grande], 2015 == | == Notice de [Vincenzo Lagioia] et [Nathalie Grande], 2015 == | ||
− | + | Née à Blois en juillet 1645, fille de Gaston d’Orléans et de Marguerite de Lorraine, Marguerite est la première née du second mariage de son père, et donc la cousine germaine de Louis XIV et la demi-sœur de la Grande Mademoiselle, son aînée de 19 ans, dont les Mémoires témoignent qu’il n’y eut jamais entre elles de bonnes relations. Comme pour ses sœurs (Élisabeth-Marguerite (1646-1696), épouse de Louis de Guise, duc d’Alençon, et Françoise Madeleine (1648-1664), épouse de Charles-Emmanuel II de Savoie), le mariage de Marguerite-Louise a été l’objet d’âpres négociations. Eprise de son cousin, Charles de Lorraine (1675-1690), elle est réticente au mariage toscan que la diplomatie française a négocié pour elle, et sa mère, tante de Charles, appuie sa demande. Louis XIV, qui tient à donner suite aux accords pris avec le grand-duc de Toscane, fait acte d’autorité, et le contrat de mariage est signé au Louvre le 17 avril 1661. Partie de Paris le 9 mai, Marguerite arrive à Florence le 15 juin, et fait une entrée triomphale. La ville l’accueille avec enthousiasme et le grand-duc dépense une fortune pour les réjouissances. Trois enfants naissent de cette union avec Côme III de Médicis : Ferdinand (1663-1713), Anne-Marie-Louise (1667-1743), et Jean-Gaston (1671-1737).<br/> | |
− | + | Cependant le mariage n’est pas heureux : Marguerite supporte mal sa belle-mère, Vittoria della Rovere, qu’elle considère comme une bigote ; elle se met à détester la Toscane et supplie Louis XIV de lui permettre de revenir à la cour de France. Des disputes minent les rapports entre le grand-duc et la princesse, d’autant que celle-ci poursuit en secret une correspondance avec Charles de Lorraine. Aussi son époux ne tarde pas à s’adresser à Louis XIV, qui envoie de nombreux médiateurs ; mais Marguerite ne se laisse pas fléchir, malgré son exil dans la villa de Poggio a Caiano. Après une visite expressément demandée par Marguerite qui affirme être malade, le médecin Alliot, envoyé par Louis XIV en août 1672, conclut que son mal est d’ordre plus psychologique que physique. Elle-même écrit dans une lettre à son mari de décembre 1672 : « Je vous déclare donc que je ne puis plus vivre avec vous : je fais votre malheur, comme vous faites le mien. Je vous prie donc d’accepter une séparation pour calmer ma conscience et la vôtre et je vous manderai mon confesseur pour qu’il en parle avec vous. J’attendrai ici les ordres du Roi, que j’ai supplié de me permettre d’entrer dans un couvent en France. Je vous recommande mes enfants ». Un bref du pape Alexandre VII lui-même (11 avril 1665) ne change rien aux rancœurs.<br/> | |
− | + | Après de longues péripéties, un accord pour le retour de la princesse est signé le 26 octobre 1674. Après quatorze ans d’un mariage vécu comme un exil, Marguerite quitte Florence le 10 juin 1675 et se retire comme prévu chez les bénédictines de Montmartre, renonçant à son héritage au profit de ses enfants, qui restent avec leur père. Elle fait toujours beaucoup parler d’elle et on l’accuse d’entretenir des relations avec des hommes du peuple, valet ou garçon d’écurie ; on l’accuse même d’avoir provoqué un incendie au sein du couvent pour se venger du grand-duc qui continue à vouloir la contrôler à distance : « Vous me mettez dans un tel état que je ne puis plus fréquenter les sacrements et qu’ainsi vous me ferez damner ; mais, malgré toute votre dévotion, vous vous damnerez également, parce qu’une personne qui est cause de la perte d’une âme ne peut sauver la sienne propre et vous savez que, si vous me laissiez tranquille et ne vous mêliez pas de mes affaires, je n’aurais que des occasions de faire du bien ».<br/> | |
− | + | En 1692, suite à un conflit avec l’abbesse Marie-Anne de Lorraine-Harcourt, Marguerite quitte Montmartre pour le couvent des Augustines de Picpus. A la mort de Louis XIV, le Régent, son petit-neveu, lui attribue un viager de 120.000 francs et un appartement au Palais Royal, mais elle est alors frappée de paralysie depuis trois ans. Dans son testament, elle laisse 300.000 francs à chacun de ses enfants, nommant héritière universelle sa cousine, la princesse d’Épinoy, sans faire la moindre allusion à son époux, toujours vivant (Côme III s’éteindra le 31 octobre 1723). Elle meurt le 17 septembre 1721, à l’âge de 76 ans, et son corps est déposé dans la nécropole royale de Saint-Denis. Présente chez les mémorialistes et épistoliers de son temps, le souvenir de Marguerite s’efface, avant que la biographie d’E. Rodocanachi en 1902 ne ranime son souvenir : la princesse devient en 1973 la principale protagoniste du roman d’Anna Banti La Camicia bruciata (La Chemise brûlée) (Milan, 1973, 1979, 1987). | |
− | + | ||
==Sources inédites== | ==Sources inédites== |
Version du 24 novembre 2015 à 18:52
Marguerite Louise d'Orléans | ||
Titre(s) | Grande duchesse de Toscane | |
---|---|---|
Conjoint(s) | Côme III de Médicis | |
Dénomination(s) | Princesse d'Or | |
Biographie | ||
Date de naissance | 28 juillet 1645 | |
Date de décès | 17 septembre 1721 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de [Vincenzo Lagioia] et [Nathalie Grande], 2015
Née à Blois en juillet 1645, fille de Gaston d’Orléans et de Marguerite de Lorraine, Marguerite est la première née du second mariage de son père, et donc la cousine germaine de Louis XIV et la demi-sœur de la Grande Mademoiselle, son aînée de 19 ans, dont les Mémoires témoignent qu’il n’y eut jamais entre elles de bonnes relations. Comme pour ses sœurs (Élisabeth-Marguerite (1646-1696), épouse de Louis de Guise, duc d’Alençon, et Françoise Madeleine (1648-1664), épouse de Charles-Emmanuel II de Savoie), le mariage de Marguerite-Louise a été l’objet d’âpres négociations. Eprise de son cousin, Charles de Lorraine (1675-1690), elle est réticente au mariage toscan que la diplomatie française a négocié pour elle, et sa mère, tante de Charles, appuie sa demande. Louis XIV, qui tient à donner suite aux accords pris avec le grand-duc de Toscane, fait acte d’autorité, et le contrat de mariage est signé au Louvre le 17 avril 1661. Partie de Paris le 9 mai, Marguerite arrive à Florence le 15 juin, et fait une entrée triomphale. La ville l’accueille avec enthousiasme et le grand-duc dépense une fortune pour les réjouissances. Trois enfants naissent de cette union avec Côme III de Médicis : Ferdinand (1663-1713), Anne-Marie-Louise (1667-1743), et Jean-Gaston (1671-1737).
Cependant le mariage n’est pas heureux : Marguerite supporte mal sa belle-mère, Vittoria della Rovere, qu’elle considère comme une bigote ; elle se met à détester la Toscane et supplie Louis XIV de lui permettre de revenir à la cour de France. Des disputes minent les rapports entre le grand-duc et la princesse, d’autant que celle-ci poursuit en secret une correspondance avec Charles de Lorraine. Aussi son époux ne tarde pas à s’adresser à Louis XIV, qui envoie de nombreux médiateurs ; mais Marguerite ne se laisse pas fléchir, malgré son exil dans la villa de Poggio a Caiano. Après une visite expressément demandée par Marguerite qui affirme être malade, le médecin Alliot, envoyé par Louis XIV en août 1672, conclut que son mal est d’ordre plus psychologique que physique. Elle-même écrit dans une lettre à son mari de décembre 1672 : « Je vous déclare donc que je ne puis plus vivre avec vous : je fais votre malheur, comme vous faites le mien. Je vous prie donc d’accepter une séparation pour calmer ma conscience et la vôtre et je vous manderai mon confesseur pour qu’il en parle avec vous. J’attendrai ici les ordres du Roi, que j’ai supplié de me permettre d’entrer dans un couvent en France. Je vous recommande mes enfants ». Un bref du pape Alexandre VII lui-même (11 avril 1665) ne change rien aux rancœurs.
Après de longues péripéties, un accord pour le retour de la princesse est signé le 26 octobre 1674. Après quatorze ans d’un mariage vécu comme un exil, Marguerite quitte Florence le 10 juin 1675 et se retire comme prévu chez les bénédictines de Montmartre, renonçant à son héritage au profit de ses enfants, qui restent avec leur père. Elle fait toujours beaucoup parler d’elle et on l’accuse d’entretenir des relations avec des hommes du peuple, valet ou garçon d’écurie ; on l’accuse même d’avoir provoqué un incendie au sein du couvent pour se venger du grand-duc qui continue à vouloir la contrôler à distance : « Vous me mettez dans un tel état que je ne puis plus fréquenter les sacrements et qu’ainsi vous me ferez damner ; mais, malgré toute votre dévotion, vous vous damnerez également, parce qu’une personne qui est cause de la perte d’une âme ne peut sauver la sienne propre et vous savez que, si vous me laissiez tranquille et ne vous mêliez pas de mes affaires, je n’aurais que des occasions de faire du bien ».
En 1692, suite à un conflit avec l’abbesse Marie-Anne de Lorraine-Harcourt, Marguerite quitte Montmartre pour le couvent des Augustines de Picpus. A la mort de Louis XIV, le Régent, son petit-neveu, lui attribue un viager de 120.000 francs et un appartement au Palais Royal, mais elle est alors frappée de paralysie depuis trois ans. Dans son testament, elle laisse 300.000 francs à chacun de ses enfants, nommant héritière universelle sa cousine, la princesse d’Épinoy, sans faire la moindre allusion à son époux, toujours vivant (Côme III s’éteindra le 31 octobre 1723). Elle meurt le 17 septembre 1721, à l’âge de 76 ans, et son corps est déposé dans la nécropole royale de Saint-Denis. Présente chez les mémorialistes et épistoliers de son temps, le souvenir de Marguerite s’efface, avant que la biographie d’E. Rodocanachi en 1902 ne ranime son souvenir : la princesse devient en 1973 la principale protagoniste du roman d’Anna Banti La Camicia bruciata (La Chemise brûlée) (Milan, 1973, 1979, 1987).
Sources inédites
- Archives d’État (Italie, Turin), Corte, Fonds Storia Real Casa, Tutele e Reggenze, Lettere Ministri... dont les manuscrits suivants dans les Storie particolari : Samuel Guichenon, «Le soleil en son apogée, ou l’histoire de la vie de Chrétienne de France», 1660, cat.3a, m.16, f.29 ; Valeriano Castiglione, «Historia della reggenza di Madama Reale», 1656, m.17, f.1.
- Archives d’État (Italie, Turin), Riunite, Archivio Camerale, Real Casa, Casa di sua Maesta...
- Archives Historiques de la ville (Italie, Turin), Coll. Simeom, C 2381 à 2390...
- Bibliothèque Royale (Italie, Turin), Miscellanea Patria, Cerimoniale di Corte ; Id. Orazioni patrie Real Casa, 480, 494, 499, 757 ; Storia Patria, «Relation de la Cour de Savoye, ou les amours de Madame Royale» 296...
- Archives du Ministère des Affaires Etrangères (France, Paris), Correspondance politique, Sardaigne 1, 2, 12, 16, 25-27, 39, 42, Cérémonial 17 ; France I-II, Affaires intérieures et extérieures 21, France et divers États 14, 42, Affaires intérieures 80, 92...
- Archives départementales de Savoie (France, Chambéry) : Sénat de Savoie (pour la correspondance avec les souverains savoyards) dont les lettres numérisées de Madame Royale au Sénat de Savoie, 2B38 à 2B40 ; Indice Savoia ; Archives anciennes et modernes série H ; Sénat-Familles ; Trésor des chartes des ducs de Savoie (partagé avec les Archives départementales de Haute-Savoie (Annecy).
Sources éditées
- Siri, Vittorio, Il Mercurio, ovvero Historia de' correnti tempi, 15 vol., Casale, Venise, Florence, 1644-1682.
- Socini, Pietro Antonio, Successi del mondo, Turin, G.A. Gianelli, 1645-1665.
- Della Chiesa, Francesco Agostino, Corona Reale di Savoia, o sia relatione delle provincie, e Titoli ad essa appartenenti, 2 vol., Cuneo, FF. Strabella, 1655-1657.
- Guichenon, Samuel, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, Lyon, G. Barbier, 1660.
- Aglié, Philippe d’, Le Delitie, relatione della Vigna di Madama Reale Christiana di Francia, duchessa di Savoia, Turin, Rustis, 1667.
Choix bibliographique
- Becchia, Alain, Vital-Durand, Florine (dir.), Édifier l’État : politique et culture en Savoie au temps de Christine de France, Chambéry, Université de Savoie (LLSETI), 2015.
- Claretta, Gaudenzio, Storia della reggenza di Cristina di Francia, duchessa di Savoia, Turin, Civelli, 3 vol., 1868-1869.
- Di Macco, Michela, Romano, Giovanni (dir.), Diana trionfatrice : arte di corte nel Piemonte del Seicento, Turin, Allemandi, 1989.
- Ferretti, Giuliano (dir.), Christine de France et son siècle, numéro spécial de la revue XVIIe siècle, n°262, 2014/1.
- Ferretti, Giuliano (dir.), De Paris à Turin. Christine de France duchesse de Savoie, Paris, L’Harmattan, 2014.
Choix iconographique
- Vers 1612: Frans Pourbus le Jeune, Portrait de Christine de France enfant (huile sur toile, 51,5 x 41 cm), Florence, Palais Pitti, Galerie Palatine (Inv. n.2407).
- 1633: Peintre actif à la cour de Savoie, Portrait de Christine de France (huile sur toile, 105 x 87 cm), Munich, Alte Pinakothek (Inv. n.3145).
- 163: Guillaume Dupré, Médaille de Christine de France (argent, 5,3 cm), Turin, Palazzo Madama, Musée civique d’art ancien (médailler).
- Vers 1644: Philibert Torret dit Narcisse, Christine de France et ses enfants (huile sur toile, 257 x 184 cm), Sienne, Pinacothèque nationale (Inv. n.681).
- Vers 1663: Charles Dauphin, Portrait équestre de Christine de France en Minerve, (huile sur toile, 282 x 221 cm) Racconigi, Château (Inv. n.R4877).
- Divers portraits gravés de Christine de France, Paris, BnF, Département Estampes et photographie, Collection Michel Hennin, t.46, pièces 4135-4220 (site internet Gallica-BnF).
Jugements
- «La faiblesse de son sexe, la légèreté de son esprit, rempli d’autant de présomption qu’il était dénué de jugement, l’aversion que tout son pays avait de sa conduite, la lâcheté et l’infidélité des Piémontais [...] furent cause de sa perte. Outre que le gouvernement des femmes est d’ordinaire le malheur des États, celle-ci avait tant de mauvaises qualités pour conduire des peuples, qu’il fut impossible de la porter à ce qui était du tout nécessaire pour se bien acquitter d’une telle charge». (Richelieu, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du Cardinal de Richelieu, dir. M. Avenel, t.6, Paris, Imprimerie nationale, 1863, p.539).
- (Catterino Belegno, ambassadeur vénitien en Savoie en 1664) «Christine de France a laissé douter si elle méritait les acclamations ou les blâmes du monde, ayant eu de multiples vertus et de nombreux défauts, une grande prodigalité mais des affaires déplorables et beaucoup de lascivité comme une dévotion exemplaire [...] Toutefois sa mort fut universellement déplorée, ayant toujours, avec affabilité, clémence et abondance de luxueux présents, dompté les coeurs de son peuple et des étrangers, et laissé à la cour et à la ville de Turin tant de marques de splendeur et de magnificence qu'elles suffiraient à encenser la mémoire de beaucoup de princes pour plusieurs siècles. De plus, elle a dû lutter plusieurs fois contre le destin et braver avec une force virile les périls de l'État, dans lequel, à la fin, pour toute sa gloire, elle a laissé son fils libre et maître pacifique». (Firpo, Luigi (dir.), Relazioni di ambasciatori veneti al senato, t.11, Turin, Bottega d’Erasmo, 1983, p.354-355).
- «Madame Royale, digne fille de Henri IV, rendait sa petite Cour la plus agréable du monde. Elle avait hérité des vertus de son père, à l’égard des sentiments qui conviennent au sexe ; et, à l’égard de ce qu’on appelle la Faiblesse des grands Coeurs, Son Altesse n’avait pas dégénéré [...] Les Dames avaient chacune un amant d’obligation, sans les volontaires, dont le nombre n’était point limité». (Hamilton, Anthony, Mémoires de la vie du comte de Grammont, Cologne, Marteau, 1713, p.37-38).
- «Belle sans orgueil, affable avec dignité, s’exprimant avec grâce en français, en espagnol et en italien ; enfin, digne fille de Henri IV, elle fut une des princesses les plus accomplies de son siècle». (De Beauchamp, Alphonse, «Christine de France», Michaud et al., Biographie universelle ancienne et moderne, t.8, Paris, Michaud, 1813, p. 478).
- «Il importe de nous rendre compte du caractère et du rôle de cette femme virile, digne fille d’Henri IV, qui sauve la dynastie par sa fermeté, sait résister dans des circonstances graves aux séductions comme aux menaces de Richelieu et transmet intact à son fils un héritage que se disputaient la France et l’Espagne [...] À ces prétentions opposées, la duchesse répond par une attitude décidée qui fait comprendre qu’elle ne veut pas vivre sous la dépendance de Paris ni sous celle de Madrid. Quoique fière d’être la fille d’Henri IV, elle se défie des Français et répond à toutes les suggestions de Richelieu : « Je veux conserver ma liberté“». (Burnier, Eugène, Mémoires de l'Académie royale de Savoie, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, série 2, t.7, Chambéry, Puthod, 1864, p.15-16).
- «Belle, raffinée, puissante et impérieuse, autant en politique qu’en amour, elle fut l’un de ces génies que la nature produit au cours d’un siècle avant de s’épuiser, comme dirait Voltaire. Son existence fut à la hauteur de ses talents [...] Volontariste, exubérante, autoritaire, férue de fêtes et profondément catholique, Christine de France employa tous les moyens que lui assurait son statut de fille de France - argent, pensions, soutien politique et naturellement culture et ruse - pour renforcer et magnifier le Piémont-Savoie».(Ferretti, Giuliano, Christine de France..., «voir supra, choix bibliographique», p.3).
- «L’histoire de Christine de France et celle de son duché est un cas d’école. Son action n’est pas seulement celle d’une princesse, lâchons le mot, mais d’une Femme d’État qui a tout réussi dans sa vie (la politique, la religion, les arts, l’amour...) et qui plaît justement aux spécialistes des gender studies. Elle incarne surtout la parabole d’une duchesse s’inscrivant consciemment dans la lignée des grands souverains de la maison de Savoie-Piémont, d’Emmanuel-Philibert à Victor-Amédée II, lesquels ont construit avec patience, intelligence, détermination et esprit visionnaire la primauté de ce territoire dans le panorama des États d’une péninsule agitée par les graves tensions internes et internationales de la modernité».(Ferretti, Giuliano, «Préface», dans A. Becchia, F. Vital-Durand, Édifier l’État..., «voir supra, choix bibliographique», p.12).