Jeanne-Renée Estièvre
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Jeanne-Renée Estièvre | ||
Conjoint(s) | Pierre Grandier | |
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Biographie | ||
Date de naissance | fin XVIe s. | |
Date de décès | milieu XVIIe s. | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Nicole Pellegrin, 2014
Née à une date inconnue, sans doute en Mayenne comme ses enfants, Jeanne Estièvre eut six enfants de son mari, Pierre Grandier, personnage absent de tous les documents recensés. La célébrité de son fils aîné, Urbain (c. 1590-1634), ne doit pas faire oublier qu’il eut deux frères prêtres comme lui (François et Jean), qu’un autre (René) fut conseiller au présidial de Poitiers, qu’une de ses sœurs se maria et que la dernière (Françoise) vivait à Loudun avec lui et leur mère, vraisemblablement veuve, quand il devint en 1617 curé de la paroisse Saint-Pierre-du-Marché. Lorsqu’il est envoyé dans les prisons d’Angers pour fait de sorcellerie à l’encontre des ursulines de la ville et de leur supérieure, la mère Jeanne des Anges, Jeanne Estièvre entreprend de le soutenir en lui faisant parvenir vêtements, lettres, conseils et consignes. Elle-même adresse des requêtes auprès du commissaire du roi, Laubardemont, récuse la justice arbitraire qu’il représente et fait appel au parlement de Paris. Les échanges épistolaires entre la mère et son fils, revenu à Loudun pour y être jugé, mis à la question et brûlé vif (18 août 1634), montrent la force de leurs liens, le courage et la piété de Jeanne Estièvre. Le matin de l’exécution, elle tombe inanimée devant une statue de Notre-Dame-de-Pitié devant laquelle elle était venu prier. Poursuivie en justice, elle doit quitter Loudun sans qu’on sache où et comment elle put finir ses jours.
Femme d’affaires opiniâtre et avisée (une série d’actes notariés et judiciaires l’attesteraient), Jeanne est un exemple de femme forte mais elle est restée une étrangère dans une ville où son fils, trop séducteur, avait des « ennemis capitaux ». Le médecin Gabriel Legué, à la fin du XIXe siècle, est le seul historien à avoir tenté de ressusciter ce personnage – crucial – de mère de prêtre.
Principales sources
- Lettres et requêtes, citées ou reproduites dans Gabriel Legué, Urbain Grandier et les possédées de Loudun. Documents inédits de Frédéric Barbier, Paris, Louis Baschet, 1880, p. 192, 194, 196-197, 198-199, 200.
Choix bibliographique
- Certeau, Michel de, La possession de Loudun, Paris, Gallimard/Julliard, « Archives », 1970.
- Legué, Gabriel, Urbain Grandier et les possédées de Loudun. Documents inédits de Frédéric Barbier, Paris, Louis Baschet, 1880.