Yolande d'Aragon/Aloïs Delacoux

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[91] IOLANDE D’ARAGON (YOLANDE par corruption), reine de Sicile, belle-mère de Charles VII. C’est moins à raison de son rang qu’à raison de ses services que nous devons placer ici le nom de Iolande d’Aragon; car toute sa célébrité est d’avoir assisté les dames de Gaucourt et de Vienne, matrones qui furent chargées de constater la virginité de Jeanne d’Arc, dite Pucelle d’Orléans. Il est à croire que cette espèce d’expertise dont fut chargée Iolande ne dérogeait point à sa dignité royale, car autrement cette mission fût restée secrète. On comprendra cependant que, pour une déclaration d’une si haute importance, on ne pouvait employer des esprits vulgaires et susceptibles de se laisser corrompre, ni avoir recours à eux, d’autant moins encore que les lumières d’alors se montraient contraires à Jeanne d’Arc et [92] qu’un parti formidable voulait qu’on n’ajoutât point foi aux discours de la jeune fille. Plusieurs membres du parlement, mais principalement Regnault de Chartres, archevêque de Reims, accusaient Jeanne d’avoir des intelligences avec le démon. Le Roi résista aux instigations de ce père de l’église gallicane, et résolut très-sagement de soumettre Jeanne à une dernière épreuve, celle d’un examen scrupuleux. La reine Iolande, les dames de Gaucourt et de Vienne y procédèrent avec autant de dignité que de discrétion; le résultat fut tout à l’honneur de l’héroïne de Domremy, à l’avantage de la France et de la royauté.
Il importe fort peu sans doute de savoir si Iolande et les deux matrones qui l’assistèrent furent sincères dans leur déclaration, ou bien si cette même déclaration fut dictée par des raisons politiques à elles seules connues; mais il était évident pour le petit nombre d’esprits justes et les amis de la nation que Jeanne disait vrai. Les traîtres au contraire avaient recours à des stratagèmes superstitieux pour mieux déguiser leurs projets, qui étaient de vendre et de livrer le pays aux Anglais. Ceux-ci d’ailleurs, dont toute la politique était de faire passer la couronne de France sur la tête de Henri VI, n’ignoraient point l’origine de Jeanne d’Arc, fruit des amours clandestins d’Isabeau de Bavière et du duc d’Orléans. Pouvant justifier son origine par son courage et son caractère, elle était non-seulement digne de conduire des Français à la victoire, mais encore de fonder une nouvelle dynastie. La trahison ne se tint point encore pour vaincue, quoique les Anglais eussent été balayés par l’héroïne; mais les meneurs, redoutant que le voile mystérieux de son origine ne se déchirât, jurèrent la perte de celle qui, par droit de conquête [93] et par droit de naissance, méritait mieux de régner sur la France que l’amant d’Agnès Sorel. Les Anglais ne pouvant par les armes venger leur honte d’avoir été battus par une jeune fille, eurent recours à la corruption, gagnèrent et achetèrent ses juges qui l’offrirent en holocauste à leur lâche et insolent orgueil.
Disons enfin que Iolande d’Aragon fut plus utile à la France comme matrone, qu’à son pays comme reine; puisque sa déclaration eut évidemment pour résultat la gloire usurpée de Charles VII, l’affranchissement d’une partie de la France, alors qu’elle était menacée de devenir à jamais tributaire des vieux Saxons mêlés aux Normands.

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