Thérèse Marquise de Gorla : Différence entre versions

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== Notice ==
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Ce personnage n'a pas encore de notice moderne.<br />
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== Notice de [[Claudine Nédelec]], 2022 ==
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Thérèse Marquise est issue du mariage de Marguerite Jacquart et de Giacomo de Gorla, d’origine italo-suisse, bonimenteur de foires, ayant reçu l’autorisation d’installer un théâtre et de vendre ses marchandises sur la place des Jacobins à Lyon en 1644. Marquise a sans doute commencé par attirer le chaland pour son père en dansant. Lorsque la troupe du duc d’Épernon, que dirigent désormais Madeleine Béjart et Molière, arrive fin 1652 à Lyon, René Berthelot, dit Du Parc et Gros-René, spécialisé dans les rôles de valet, décide de l’épouser : le contrat est signé en février 1653. Elle apporte une dot de 3 000 livres : son père était donc à son aise. Devenue membre de la troupe sous le nom de Mlle Du Parc, elle en suit les pérégrinations. Selon les ''Mémoires'' de Daniel de Cosnac, elle joue un rôle dans l’adoption de la troupe par le prince de Conti, son secrétaire, le poète Jean-François Sarasin, en étant devenu amoureux.<br/>
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Lors du séjour à Rouen, où se prépare le retour de la troupe à Paris, elle rencontre Pierre et Thomas Corneille, tous deux dramaturges. Certains des poèmes galants publiés par « Corneille » dans les ''Poésies choisies de Messieurs [...]'' (dit recueil Sercy, t. V, 1660), lui sont sans doute dédiés, dont les fameuses « Stances » (« Marquise, si mon visage... »), mises en musique par Brassens avec une railleuse strophe supplémentaire de Tristan Bernard. Mais il s’agit d’un jeu littéraire, voire professionnel, Corneille cherchant alors à se rapprocher des milieux galants parisiens.<br/>
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Selon une lettre de Chapelle, il y a alors quelques dissensions entre les actrices principales de la troupe, Madeleine Béjart, Catherine de Brie et Marquise, qui se trouvait un peu reléguée aux seconds rôles. De plus, les frères Corneille, voulant contribuer au redressement du théâtre du Marais, usent de leur influence pour y faire entrer le couple Du Parc. À Pâques 1659, tous deux quittent la troupe de Molière ; mais cette expérience fut sans doute décevante, et un an plus tard, ils la réintègrent.
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Les contemporains ne parlent pas de son jeu ; elle brille surtout par sa beauté et par ses talents de danseuse dans les comédies-ballets et les spectacles de cour. Elle est sans doute la bergère du ballet du 3ème acte des ''Fâcheux'' (1661) ; dans ''Le Mariage forcé'' (1664), elle joue Dorimène, la femme de Sganarelle, et danse dans la VIIIe entrée (alors que, dans les ballets de cour, les rôles féminins sont presque toujours dansés par des hommes). <br/>
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Après avoir joué Elvire dans ''Dom Juan'' (1665) et Arsinoé dans ''Le Misanthrope'' (1666), elle obtient enfin un premier grand rôle, celui d’Axiane dans ''Alexandre le Grand'' de Racine (créé le 14 décembre 1665). Mais Racine avait aussi confié sa pièce, contre tous les usages, à l’Hôtel de Bourgogne, qui, en la créant à son tour le 18, fait chuter la mise en scène du Palais-Royal. On ne sait pas si Racine était déjà l’amant de Marquise, dont le mari est mort en 1664. En tout cas, il obtient de la faire recruter par l’Hôtel de Bourgogne (mars 1667) : elle y crée le rôle d’Andromaque (novembre 1667), c’est un triomphe.<br/>
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Après avoir eu plusieurs enfants de Du Parc (dont un seul survécut), elle donne naissance à une fille (baptisée en mai 1668, morte en 1676), probablement de Racine. En décembre 1668, Marquise Du Parc meurt des suites d’une fausse couche ou d’un avortement, à 35 ans. Lors de l’affaire des poisons, en 1679, « la Voisin » (Catherine Deshayes) accuse Racine de l’avoir fait empoisonner, par jalousie ; très en cour, il n’est pas inquiété. Le service funèbre de la comédienne fut suivi par une foule d’admirateurs désespérés, selon le récit du gazetier Robinet. Elle est inhumée en l’église des Carmes des Billettes.
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Marquise Du Parc a donné lieu à plusieurs fictions récentes (un film : ''Marquise'', Véra Belmont, 1997 ; un roman historique : ''Marquise ou la vie sensuelle d’une comédienne'', Christophe Mory, 2012 ; une pièce de théâtre : ''Adieu Marquise'', Monique Lancel, 2015...). Mais on ne sait en fait pas grand-chose de sa personnalité, en dehors de sa beauté, unanimement célébrée : rien par exemple sur ses nombreuses maternités, qui finissent par causer sa mort, comme pour beaucoup de femmes de l’époque. Molière en fait, non sans quelque ironie, une « Marquise façonnière » dans ''L’Impromptu de Versailles'' (1663) et une jeune fille galante et coquette dans Le Mariage forcé (1664). Sans doute la troupe profita-t-elle davantage de ses talents de danseuse, qui font d’elle en quelque sorte une première figure de danseuse professionnelle avant celles formées par l’Académie royale de musique (Lafontaine, 1655-1738 ; Marie-Thérèse Perdou de Subligny, 1666-1740).
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Version du 12 décembre 2022 à 15:28

Thérèse Marquise de Gorla
Conjoint(s) René Berthelot, dit Du Parc, dit Gros-René
Dénomination(s) Mlle Du Parc, « la Duparc », Marquise
Biographie
Date de naissance 1633
Date de décès 11 décembre 1668
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution


Notice de Claudine Nédelec, 2022

Thérèse Marquise est issue du mariage de Marguerite Jacquart et de Giacomo de Gorla, d’origine italo-suisse, bonimenteur de foires, ayant reçu l’autorisation d’installer un théâtre et de vendre ses marchandises sur la place des Jacobins à Lyon en 1644. Marquise a sans doute commencé par attirer le chaland pour son père en dansant. Lorsque la troupe du duc d’Épernon, que dirigent désormais Madeleine Béjart et Molière, arrive fin 1652 à Lyon, René Berthelot, dit Du Parc et Gros-René, spécialisé dans les rôles de valet, décide de l’épouser : le contrat est signé en février 1653. Elle apporte une dot de 3 000 livres : son père était donc à son aise. Devenue membre de la troupe sous le nom de Mlle Du Parc, elle en suit les pérégrinations. Selon les Mémoires de Daniel de Cosnac, elle joue un rôle dans l’adoption de la troupe par le prince de Conti, son secrétaire, le poète Jean-François Sarasin, en étant devenu amoureux.
Lors du séjour à Rouen, où se prépare le retour de la troupe à Paris, elle rencontre Pierre et Thomas Corneille, tous deux dramaturges. Certains des poèmes galants publiés par « Corneille » dans les Poésies choisies de Messieurs [...] (dit recueil Sercy, t. V, 1660), lui sont sans doute dédiés, dont les fameuses « Stances » (« Marquise, si mon visage... »), mises en musique par Brassens avec une railleuse strophe supplémentaire de Tristan Bernard. Mais il s’agit d’un jeu littéraire, voire professionnel, Corneille cherchant alors à se rapprocher des milieux galants parisiens.
Selon une lettre de Chapelle, il y a alors quelques dissensions entre les actrices principales de la troupe, Madeleine Béjart, Catherine de Brie et Marquise, qui se trouvait un peu reléguée aux seconds rôles. De plus, les frères Corneille, voulant contribuer au redressement du théâtre du Marais, usent de leur influence pour y faire entrer le couple Du Parc. À Pâques 1659, tous deux quittent la troupe de Molière ; mais cette expérience fut sans doute décevante, et un an plus tard, ils la réintègrent. Les contemporains ne parlent pas de son jeu ; elle brille surtout par sa beauté et par ses talents de danseuse dans les comédies-ballets et les spectacles de cour. Elle est sans doute la bergère du ballet du 3ème acte des Fâcheux (1661) ; dans Le Mariage forcé (1664), elle joue Dorimène, la femme de Sganarelle, et danse dans la VIIIe entrée (alors que, dans les ballets de cour, les rôles féminins sont presque toujours dansés par des hommes).
Après avoir joué Elvire dans Dom Juan (1665) et Arsinoé dans Le Misanthrope (1666), elle obtient enfin un premier grand rôle, celui d’Axiane dans Alexandre le Grand de Racine (créé le 14 décembre 1665). Mais Racine avait aussi confié sa pièce, contre tous les usages, à l’Hôtel de Bourgogne, qui, en la créant à son tour le 18, fait chuter la mise en scène du Palais-Royal. On ne sait pas si Racine était déjà l’amant de Marquise, dont le mari est mort en 1664. En tout cas, il obtient de la faire recruter par l’Hôtel de Bourgogne (mars 1667) : elle y crée le rôle d’Andromaque (novembre 1667), c’est un triomphe.
Après avoir eu plusieurs enfants de Du Parc (dont un seul survécut), elle donne naissance à une fille (baptisée en mai 1668, morte en 1676), probablement de Racine. En décembre 1668, Marquise Du Parc meurt des suites d’une fausse couche ou d’un avortement, à 35 ans. Lors de l’affaire des poisons, en 1679, « la Voisin » (Catherine Deshayes) accuse Racine de l’avoir fait empoisonner, par jalousie ; très en cour, il n’est pas inquiété. Le service funèbre de la comédienne fut suivi par une foule d’admirateurs désespérés, selon le récit du gazetier Robinet. Elle est inhumée en l’église des Carmes des Billettes.

Marquise Du Parc a donné lieu à plusieurs fictions récentes (un film : Marquise, Véra Belmont, 1997 ; un roman historique : Marquise ou la vie sensuelle d’une comédienne, Christophe Mory, 2012 ; une pièce de théâtre : Adieu Marquise, Monique Lancel, 2015...). Mais on ne sait en fait pas grand-chose de sa personnalité, en dehors de sa beauté, unanimement célébrée : rien par exemple sur ses nombreuses maternités, qui finissent par causer sa mort, comme pour beaucoup de femmes de l’époque. Molière en fait, non sans quelque ironie, une « Marquise façonnière » dans L’Impromptu de Versailles (1663) et une jeune fille galante et coquette dans Le Mariage forcé (1664). Sans doute la troupe profita-t-elle davantage de ses talents de danseuse, qui font d’elle en quelque sorte une première figure de danseuse professionnelle avant celles formées par l’Académie royale de musique (Lafontaine, 1655-1738 ; Marie-Thérèse Perdou de Subligny, 1666-1740).

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