http://siefar.org/mediawiki/fr/index.php?title=Sp%C3%A9cial:Nouvelles_pages&feed=atom&limit=50&offset=&namespace=0&username=&tagfilter=SiefarWikiFr - Nouvelles pages [fr]2024-03-28T09:47:51ZDe SiefarWikiFrMediaWiki 1.23.9http://siefar.org/dictionnaire/fr/Henriette_Fitz-JamesHenriette Fitz-James2024-03-21T10:06:05Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = marquise de Reynel/Resnel/Renel <br />
| conjoints = Clermont d'Amboise Jean-Baptiste, marquis de Reynel<br />
| dénominations =<br />
| naissance = 1705<br />
| décès = 1739<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Jeanne Rochaud]], 2023 ==<br />
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Henriette de Fitz-James, née en 1705, a pour père Jacques de Fitz-James, duc de Berwick, fils naturel de Jacques II roi d'Angleterre et d'Arabella Churchill. Après la Révolution anglaise de 1688, ce catholique s’est mis au service du roi de France. Il est naturalisé en 1703 et, devenu maréchal, il meurt le 12 juin 1734 au siège de Philipsbourg. Son épouse, Anne Bulkeley, est fille de Henry Bulkeley, intendant de la maison royale de Jacques II, et de Sophie Stuart, dame d'honneur de la reine d'Angleterre.<br/><br />
Henriette est mariée en 1722 à Jean-Baptiste de Clermont d'Amboise, marquis de Reynel, comte de Cheverny (1702-1761), dont la mère, Marie-Thérèse Colbert de Croissy est, par son second mariage en 1704, duchesse de Saint-Pierre. Mme de Reynel a trois enfants (deux fils et une fille née en mars 1733). Elle est dame du palais de la reine Marie Leczinska de 1728 à 1737 et meurt en 1739, à l'âge de 34 ans.<br/><br />
Sa vie durant, elle fréquente la diaspora jacobite dont son père est un membre éminent. Son cercle est lettré et compte Montesquieu, ami de son père et de son oncle (François de Bulkeley), la jeune duchesse de Bourbon-Condé, plusieurs membres du Parlement de Paris (comme le président Hénault), le philosophe Fontenelle, l'archevêque de Paris Vintimille du Luc, des écrivaines comme Mme de Vertillac ou Mlle Lubert, et surtout Hercule-Mériadec prince de Rohan (1669-1749).<br/><br />
Mme de Reynel défraie souvent la chronique mondaine : en avril 1732, se promenant aux Tuileries, maquillée à l'excès, elle cause un attroupement ; un mois plus tard, ce sont ses amours avec un garde du roi qui lui valent quolibets, railleries et conseil de famille. Le couvent est évité, mais elle est désormais placée sous la surveillance très stricte de Mr Jacques Jametz de la Rivaudais (1688-1735), conseiller d'état à la chambre des Comptes. C'est pendant cette période qu’au printemps 1733, elle rencontre le comte d'Argenson (1696-1764) qui, alors chancelier du duc d'Orléans, lui fait vivre « l'affaire la plus grave et la plus sérieuse de sa vie, sur laquelle elle pleure des larmes de sang quand elle est seule ». Mais il faut déjouer la surveillance dont elle est l'objet, démasquer les espions de M. de la Rivaudais, se méfier des laquais, y compris les siens, imaginer des lieux de rencontre (soupers, opéra, jardins du Palais-Royal où habite le comte), chercher des soutiens comme le prince de Rohan, qu'elle voit fréquemment à l'hôtel de Soubise ou à l'abbaye de Penthémont et qui couvre ses amours en lui prêtant une maison. C'est un amour-folie et elle commet des « extravagances », écrit-elle, qui lui valent force réprimandes : « je ne doute pas après ce que j'ai fait l'autre jour au Palais-Royal que j'irais casser les lanternes si c'était un moyen de vous voir », écrit-elle au comte. On échange des portraits, et pour cela, elle fait faire une copie en « miniature » du sien qui est chez le peintre Gobert, et elle espère obtenir celui du comte « pour être en adoration devant ». On partage des livres : dans Manon Lescaut, elle se voit en des Grieux et le comte devient Manon l'infidèle. Mais cet amour est rempli d'orages et de soupçons partagés : le comte accorde du crédit aux racontars colportés sur le compte de la marquise, elle-même jalouse des femmes que le comte fréquente ; et si elle ne lui fait aucun reproche (il n'a rien fait pour la séduire), cela ne l'empêche pas de jeter, de rage, certaines lettres au feu.<br/><br />
De cette relation si pleine de fureur, le comte se lasse. En outre, la santé chancelante de Mme de Reynel l'oblige à se retirer dans son château de Cheverny, d'où elle essaie de résoudre la « grande affaire » qui oppose les Reynel au duc d'Orléans, objet d'un procès qui dure depuis des dizaines d'années, à la suite d'une succession embrouillée.<br/><br />
Sa brève et abondante correspondance avec le comte d'Argenson, centrée sur sa vie intime, montre une épistolière qui maîtrise très bien l'écrit : son geste est aisé, son orthographe stable est conforme à celle de ses contemporains et son style, spontané, ne recherche pas l'effet. Membre d'une famille respectée et influente, Mme de Reynel travaille pour son clan, mais semble peu soucieuse de sa réputation. Si elle mène une vie sexuelle très libre, elle n'est toutefois pas maîtresse de sa vie et elle est traitée comme une enfant rebelle.<br/><br />
Mme de Reynel, personnage fantasque et quelque peu scandaleux, reste ignorée, sa correspondance relevant essentiellement du for privé.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* Correspondance avec le comte d'Argenson, Bibliothèque Universitaire Poitiers, P 94 (26 lettres), et P 95 (106 lettres)<br />
* Correspondance avec Montesquieu, ''Œuvres complètes, correspondance II'', Paris, ENS éditions, classiques Garnier, 2014, tome 19 : une lettre autographe à Montesquieu, datée du 16 juin 1736, p.123 (coll. privée).<br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* BARBIER Edmond-Jean-François, ''Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763)'', Paris, Charpentier éditeur, 1858, tome 2, p. 258-259<br />
* MAUREPAS [Frédéric Phélypeaux, comte de], ''Mémoires'', Paris, Buisson, 1792, 2 vol.<br />
* MONTESQUIEU, ''Œuvres complètes. Correspondance'', Paris, ENS éditions, Classiques Garnier, 2014, t. 18-20.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Yves COMBEAU, ''Le comte d'Argenson, 1696-1764 : Ministre de Louis XV'', Paris, École des Chartes, 1999.<br />
* Françoise d'ARGENSON, Philippe CARON, et autres, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d'état à la guerre à travers les archives d'Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2020, t. XVIII, p. 7-86.<br />
<br />
==Jugements==<br />
* « 22 juin 1726 [à Jacques Fitz-James, maréchal de Berwick] je Croy Monseigneur que de touts les Complimens Celui que vous trouverés le plus Convenable Cest celui que jay lhonneur de vous faire sur les heureuses couches de madame de renel […]. [2 juillet 1728, au même] J’ai reçu, à mon retour de Hongrie, où j’ai resté pendant près d’un mois, une lettre dont vous m’avez honoré, qui m’apprend deux nouvelles qui m’ont fait bien du plaisir : l’une que votre santé est bonne, l’autre que Mme de Renel est dame du palais. Comme je sais la répugnance qu’elle a, toute sa vie, eue pour cette place, je n’ose hasarder mon compliment. Je suis persuadé qu’il n’a pas fallu moins que votre autorité pour l’obliger à l’accepter. […][fin février-début mars 1734 ? à Mme de Reynel] « J’ay senti pour vous seule une flame parfaite [allusion à un air de l’opéra-ballet de Campra, L’Europe galante] […] adieu madame il n’y a que mon admiration qui approche du respect avec lequel je suis ». (MONTESQUIEU, ''Œuvres complètes. Correspondance I-III'', Paris, ENS éditions, Classiques Garnier, 2014 ; tome 18, p. 215 et 339 et tome 19, p. 23 ; reprod. partielle de cette lettre autographe, p. LXXX).<br />
<br />
* « Le 15, dernière fête de Pâques [1732], il arriva une aventure aux Tuileries. Madame la marquise de Resnel, femme de grande qualité, s'y promenoit le soir avec une autre dame et un monsieur. C'est une grande femme, maigre, un visage très long et qui met effectivement extrêmement de rouge. Sa mine dans cet équipage parut extraordinaire au peuple, qui y etoit en grande abondance. Les premiers qui s'en aperçurent disoient : "Mais voilà une femme qui est comme un masque!" Cela donna curiosité à d'autres, qui entendirent cela. Une douzaine de personnes, qui s'avancèrent pour la voir, en attira bien d'autres, de manière qu'en un moment elle fut entourée de deux mille âmes [...] Cette populace la suivit avec huées jusqu'au Pont-Royal où etoit son carrosse. [...] Madame de Resnel en a été pour une scène très désagréable. "Encore, disoit-on, si cela pouvoit corriger les femmes de mettre tant de rouge". En tous cas, c'est jouer de malheur. On est fait au rouge dans ce pays-ci, et pareille aventure n'est arrivée à personne." » (Edmond BARBIER, ''Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763)'', Paris, Charpentier, 1858, tome 2, p. 258-259).<br />
<br />
* [1732 ?] « M. le marquis de Resnel, et madame la duchesse de Saint-Pierre, sa mère, ont porté leurs plaintes de cette aventure [avec Mr Brisson, garde du roi] à M. le maréchal de Berwick, qui a fort grondé sa fille : elle a promis de mener une meilleure conduite, et il a conseillé à son gendre de ne point faire du bruit de cette aventure, mais au contraire de paroitre en public avec sa femme, afin d'en imposer à ceux qui en pourroient parler » (MAUREPAS, ''Mémoires'', Paris, Buisson, 1792, tome 2, p. 257-258).<br />
<br />
* [19 novembre 1734] « Je n'ay point vu la princesse [nom donné par sa famille à Mme de Reynel] depuis votre depart. Elle demeure constamment dans son Cheverny. Elle est aussi constante dans ses amours que dans ses projets d'arrangement, et vous pouvez compter sur sa fidélité » (lettre de l'abbé de Fitz-James, son frère, futur évêque de Soissons, à Montesquieu, ''in'' MONTESQUIEU, ''idem'', p. 68-69).<br />
<br />
* [3 août 1735] « J'ay été huit jours à la fête avec madame de Berwick ; la grande marquise [Mme de Reynel] a quitté Chivernay et est aux trousses du duc d'Orléans qui fait son métier de devot en ne la regardant pas et point du tout son metier d'homme juste, en ne lui rendant son bien » [lettre faisant référence au procès de la succession d'Arschot qui oppose la famille de Reynel au duc d'Orléans].- [18 juillet 1736] « Mme de Renel est arrivée dans sa maison rue Saint-Honoré ; je la verrai aujourd’hui, j’espère. On dit qu’elle n’est pas mieux ».- [19 juin 1737] « La pauvre madame de Reinel s’en va je croy dans l’autre monde sans perdre l’esperance de celuy cy elle est mieux mais elle crache toujours du pus et je vous avoüe que je la croy sans ressource et qu’il n’est question que de lui prolonger la vie elle me fait pitié car je la voy plus que je n’ay fait encore c’est me semble la plus aimable des [de toutes les productions] du maréchal [de Berwick] » (lettres de Montesquieu à François de Bulkeley, oncle maternel de Mme de Reynel, ''ibidem'', p. 96, 130 et 149).<br />
<br />
* « Les grandes amies : ”Emilie” et Mme de Reynel.- La plupart des mémorialistes qui essayent d’identifier les maîtresses du comte [d’Argenson] tombent généralement sur la même liste : Mmes de Tencin, de Séchelles, de Gontaut, de Mauconseil, de Villars et d’Estrades. […] Mme de Reynel ne jouit pas d’une excellente réputation. » [Mme de Reynel est] "une dame dont l'orthographe, chose rare, est excellente, et dont l'écriture est fort belle" (Yves Combeau, ''Le comte d'Argenson, 1696-1764 : Ministre de Louis XV'', Paris, École des Chartes, 1999, p. 69 et 71). <br />
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{{DEFAULTSORT:Fitz-James, Henriette}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
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<div>Jean-Christophe Labadie a rédigé la notice suivante:<br />
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* [[Marie Jourdan]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Labadie, Jean-Christophe}}<br />
[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Marie_JourdanMarie Jourdan2024-03-21T09:38:16Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = Arène, Jean-André<br />
| dénominations = "La Belle Marchande"<br />
| naissance = 1756<br />
| décès = 1803<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Jean-Christophe Labadie]] et [[Nicole Pellegrin]], 2023==<br />
<br />
<br />
Marie Jourdan est issue d’un milieu modeste de travailleurs agricoles demeurant à Espinouse (aujourd’hui commune du Chaffaut-Saint-Jurson, près de Digne), où elle est née le 2 mai 1756. Elle épouse un dénommé Jean-André Arène dont elle a deux filles et avec qui elle tient l’une des trois auberges d’Esparron-de-Verdon, un village qui, situé à la limite entre les départements des Alpes-de-Haute Provence et du Var, est un important lieu de passage. Elle y est connue sous le surnom de « la Belle Marchande ». En vendémiaire an 10 (octobre 1802), alors que la répression de l’État contre « le brigandage » marque des points dans toute la France rurale (il y sévit depuis la Terreur), Marie se réfugie à Espinouse et tente de se faire oublier. Mais elle apparaît lors de différentes procédures engagées par la justice qui délivre contre elle un mandat d’arrêt le 23 vendémiaire an 11 (15 octobre 1802). Jugée seule par un tribunal criminel spécial, elle est condamnée à mort et guillotinée à Digne vers 11 heures le matin du 5e jour complémentaire de l’an 11 (22 septembre 1803).<br/><br />
La liste des faits qui lui sont reprochés est longue et comporte treize chefs d’accusation. Le commissaire du gouvernement constate notamment que son auberge a servi de repaire à des brigands, que Marie a participé à des expéditions sous des habits masculins, qu’elle a profité des effets volés et même incité la bande à commettre des vols, des viols et des assassinats. Trente-cinq témoins à charge évoquent recel de bijoux, renseignements sur les personnes à détrousser, préparation des embuscades, participation aux actions, soin aux brigands blessés, prosélytisme et même proxénétisme.<br/><br />
Pour se défendre, Marie insiste sur le phénomène alors général du banditisme et sur la fréquence des passages, à partir de 1793 à Esparron, de « fuyards » ou de « brigands » (déserteurs, réquisitionnaires et autres hors-la-loi). Elle s’exonère d’ailleurs de tout lien avec ces bandits. S’ils ont souvent soupé dans son auberge, ce qu’elle ne peut nier, elle avance la thèse de la contrainte : « Je les ai reçus par force, m’ayant d’abord menacée que si je ne leur donnais à boire et à manger, ils violeraient ma fille en ma présence et m’assassineraient, et dès lors je leur dis de ne me faire aucun mal, que j’étais disposée à leur donner ma chemise s’ils l’exigeraient [sic]».<br/><br />
Le brigand repenti Jean-Pierre Pons suggère que Marie Jourdan aurait tissé des relations intimes avec le chef brigand Félix de la Valette, avec qui elle était en affaires et qu’elle aurait même demandé l’assassinat du maire et de l’adjoint d’Esparron. D’autres témoins l’accablent. À Esparron, Gabrielle Burle raconte avoir en vain tenté de soustraire Michel Blanc, que fréquentait sa fille, du brigandage organisé par Marie Jourdan. Les déclarations devant le juge du jeune François Xavier Marcellin, accusé de complicité avec les brigands et qui sert de factotum à Marie Jourdan, sont déterminantes : c’est un « enfant naturel » originaire de Marseille et placé à Esparron, village dont il décrit l’ambiance : « Je voyais à Esparron des étrangers se promener sur la place et dans la rue au devant de la maison d’une femme nommée Arene surnommée « La Belle Marchande » chez laquelle ils logeaient et lorsqu’ils se promenaient, plusieurs d’entre eux fumaient la pipe et ne quittaient jamais leurs fusils ». Ainsi, plus que complice, Marie serait elle-même une brigande. Pons dénonce sa participation à au moins deux expéditions : la première contre le chef d’escadron Mathieu à Gréoux le 14 pluviôse an 8 (3 février 1800) ; la seconde en germinal an 8 au hameau de Reillières, à Saint-Julien-le-Montagnier dans le Var. Pour se fondre dans la bande, elle portait alors des vêtements d’homme.<br/><br />
Malgré ses nombreuses obscurités, la vie de Marie Jourdan n’est jamais tombée dans l’oubli, au moins localement, grâce à divers historiens et romanciers. Ainsi elle revit chez Jean Giono sous les traits de deux personnages romanesques : Françoise Pécoul, le véritable nom d’une brigande nommée « La Belle Marchande », dans L’Iris de Suse (1970), et la veuve Baron, dite « La Belle Hôtesse », dans Les Récits de la demi-brigade (1972). Aujourd’hui, ces héroïnes du passé sont réinterprétées sous des angles nouveaux : infériorité juridique des femmes, revendications socio-politiques globales, brouillage entre désir de réparation personnelle et criminalité, complexité des identités de sexe, agentivité et violence féminines, variantes genrées de l’honneur, etc. <br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* ''Copie de procédure contre les prévenus de brigandages comme auteurs ou comme complices'', Draguignan, chez Fabre, an 12-1804, 4 vol. <br />
* MAUREL, abbé M. J., ''Le Brigandage dans les Basses-Alpes, particulièrement depuis l’an VI jusqu’à l’an X. Étude historique contemporaine'', Marseille, P. Ruat, 1899.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* AGULHON, Maurice, ''La vie sociale en Provence intérieure au lendemain de la Révolution'', Paris, Société des Études robespierristes, 1970.<br />
* LABADIE, Jean-Christophe, ''Les brigands. Basses-Alpes, 1798-1804'', Digne-les-Bains, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2020.<br />
* LAMBERT, Karine, « Femmes et brigandage en Provence au lendemain de la Révolution. Pistes de recherches », ''Actes du 128e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques'', Bastia, 2003, Paris, CTHS, 2008, p. 221-231. [https://www.persee.fr/doc/acths–1764-7355_2008_act_128_3_1348] <br />
* MÉNY, Jacques, « Le brigandage, ”belle matière pour romanciers” », in Bertrand (Michel), Not (André) et Jauer (Annick) dir., ''Patrimoines gioniens'', Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2018, p. 225-247 [https://books.openedition.org/pup/52393?lang=fr] <br />
* SOTTOCASA, Valérie, ''Les brigands et la Révolution. Violences politiques et criminalité dans le Midi (1789-1802)'', Champ Vallon, 2016, coll. Époques.<br />
<br />
==Jugement==<br />
* « C’était un diable […] ».- « Cette méchante femme en a fait de toutes les couleurs, jusqu’à se déguiser et s’habiller en homme et commettre des vols sur les grands chemins avec des bandes […]. Cette méchante femme a fait elle-même plus du mal qu’on ne saurait imaginer et même décrire » (Digne, interrogatoire du 7 germinal an 11 (28 mars 1803) ; Draguignan, interrogatoires des 17 thermidor (5 et 30 août 1803) et 12 fructidor an 11, de Jean-Pierre Pons dit Turriers ou Turriès, ''Copie de procédure contre les prévenus de brigandages comme auteurs ou comme complices'', Draguignan, chez Fabre, an 12-1804, t. I, p. 71 et 141).<br />
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{{DEFAULTSORT:Jourdan, Marie}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie: Criminalité]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Mich%C3%A8le_RoselliniMichèle Rosellini2023-12-06T15:52:05Z<p>Henneau : Page créée avec « Michèle Rosellini a rédigé la notice suivante: * Madame Ulrich {{DEFAULTSORT:Rosellini, Michèle}} Catégorie:Auteur(e) »</p>
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<div>Michèle Rosellini a rédigé la notice suivante:<br />
* [[Madame Ulrich]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Rosellini, Michèle}}<br />
[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Edwige_Keller-Rahb%C3%A9Edwige Keller-Rahbé2023-12-06T15:50:52Z<p>Henneau : Page créée avec « Edwige Keller-Rahbé a rédigé la notice suivante: * Madame Ulrich {{DEFAULTSORT:Keller-Rahbé, Edwige}} Catégorie:Auteur(e) »</p>
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<div>Edwige Keller-Rahbé a rédigé la notice suivante:<br />
* [[Madame Ulrich]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Keller-Rahbé, Edwige}}<br />
[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Madame_UlrichMadame Ulrich2023-12-06T15:34:01Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = Madame<br />
| conjoints = Ulrich<br />
| dénominations = Ulric, Ulrik, Ulrick, De Ulric, De Ulrick, la Ulric, Ulricq<br />
| naissance = ca 1665<br />
| décès = ca 1707<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
<br />
== Notice [[Aurore Evain]], [[Edwige Keller-Rahbé]], [[Michèle Rosellini]], 2023==<br />
Les dates de vie et de mort, le prénom et le nom de naissance de Mme Ulrich sont inconnus. Les seules sources biographiques disponibles sont fournies par un récit satirique, ''Pluton maltôtier'', paru en Hollande en 1708. Destiné à décrier les mœurs françaises, il présente néanmoins des informations fiables. Elle serait la fille d’un des vingt-quatre Violons de la Musique du Roi. Malgré sa formation artistique, elle aurait été placée à 14 ans, en raison de la mort précoce de son père, chez un barbier, d’où le Suédois Ulrich, maître d’hôtel du comte d’Auvergne, l’aurait retirée pour la faire éduquer dans un couvent à dessein de l’épouser. Elle y rencontre le poète-comédien Florent Carton, dit Dancourt. Ulrich aurait précipité alors le mariage, mais il échoue à mettre fin à l’indépendance de son épouse.<br/><br />
Dans ce contexte, vraisemblablement, Mme Ulrich intègre le milieu théâtral, et compose son unique comédie, ''La Folle Enchère''. Créée le 30 mai 1690 à la Comédie-Française, la pièce est représentée seize fois jusqu’en 1692 sous le nom de Dancourt. Mais Mme Ulrich revendique la maternité de sa comédie en obtenant un privilège d’impression (18 janvier 1691, sous ses initiales « M. U. ») et en la publiant à Paris. Énoncée au féminin, la préface construit un éthos de femme dramaturge et mentionne le succès de sa comédie. Mme Ulrich est ainsi, au XVIIe siècle, la seule femme avec Catherine Bernard et Mlle Longchamps (souffleuse de théâtre), à avoir été jouée par les Comédiens français. Sa brève carrière est interrompue le 10 juillet 1690, quand la troupe lui refuse d’assister aux répétitions au motif qu’il est douteux qu’elle soit l’autrice de « sa pièce » (''La Folle Enchère'' ou une autre ?).<br/><br />
Dans les années qui suivent, l’intérêt de Mme Ulrich pour les Lettres est probablement soutenu par sa fréquentation du cercle du duc et de la duchesse de Bouillon, Marie-Anne Mancini, amatrice de théâtre et dédicataire de plusieurs dramaturges, cercle auquel lui donne accès son mari, maître d’hôtel du frère du duc. En témoigne sa relation amicale avec La Fontaine, ami et protégé de la duchesse. Aussi se trouve-t-elle à la mort du poète (1695) dépositaire de plusieurs manuscrits autographes, qu’elle édite en les préfaçant sous le titre ''Œuvres posthumes de M. de La Fontaine'' (1696).<br/><br />
Le récit malveillant du ''Pluton maltôtier'' ignore ce pan de la vie de « la Ulric » et dépeint ses dernières années sous les couleurs infamantes d’un comportement déviant, sanctionné par des mesures de surveillance et d’enfermement. Probablement veuve, mère d’une fille (Thérèse ou Françoise), Mme Ulrich est alors dans un état de précarité et de vulnérabilité qui l’expose aux soupçons typiques de la diffamation contre les femmes : prostitution, escroquerie, sorcellerie. Cet aspect est documenté par les archives policières et par la correspondance de Mme de Maintenon. Celle-ci semble avoir contribué à l’entrée au couvent de la fille de Mme Ulrich en lui obtenant une pension du roi, et s’est employée à convertir la mère au fil de ses réclusions dans des maisons religieuses pour femmes de mauvaise vie repentantes. On perd la trace de Mme Ulrich après le mandement royal de « la faire conduire au Refuge où il sera bon de l’oublier pendant plusieurs années » (1er avril 1707).<br/><br />
Il résulte de ce parcours tourmenté, aggravé par l’isolement social, un effacement quasi-total de l’histoire littéraire. Le statut d’autrice de Mme Ulrich a été dénié ou délégitimé : ''La Folle Enchère'' a été durablement annexée au théâtre de Dancourt ; quant à sa contribution d’éditrice à l’œuvre de La Fontaine, elle a été ravalée par les biographes et les critiques à l’exploitation opportuniste d’une liaison intéressée avec le poète.<br/><br />
La réhabilitation de Mme Ulrich comme dramaturge originale – ''La Folle enchère'' met en scène une femme coupable de déni de maternité par peur de vieillir, mais dont le fils obtient par ruse le consentement à son mariage – a été portée par le mouvement de redécouverte du théâtre de femmes de l’Ancien Régime initié par P. Gethner. On doit à A. Evain les premières recherches biographiques débarrassées de leur gangue fictionnelle, ainsi que la première édition critique de ''La Folle Enchère'', et enfin sa recréation à la scène (Compagnie La Subversive, 2019). Après deux siècles d’invisibilisation de son travail éditorial (retracés par M. Rosellini), Mme Ulrich est en passe d’être reconnue dans les études lafontainiennes pour sa contribution à la conservation des dernières lettres du poète et à l’augmentation du corpus des fables et des contes.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
<br />
* 1691: ''La Folle Enchère'', Paris, Veuve de Louis Gontier -- ''La Folle Enchère. Comédie'' (1691), dans Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (éd.), ''Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, Tome III, XVIIe-XVIIIe siècles'', Saint-Étienne, PU de Saint-Étienne, 2011, p.183-232 ; rééd. Paris, Classiques Garnier, 2022, p.181-238. <br />
* 1696 : « Épître », « Préface », « Portrait de M. de La Fontaine » dans ''Œuvres posthumes de M. de La Fontaine'', Paris, Guillaume de Luyne ; Lyon, Thomas Amaulry et Claude Bachelu.<br />
<br />
==Principales sources==<br />
<br />
* Archives de la Comédie-Française : Registre des recettes journalières : 1690-1691 (R25) ; 1691-1692 (R27). Registre des Assemblées : 14/05/1690 (R_52_0_1690) ; 10/07/1690 (R_52_0_1690).<br />
<br />
* ''Pluton maltôtier. Nouvelle galante'', À Cologne, Chez Adrien l’Enclume ; Gendre de Pierre Marteau, ''Seconde Partie'', 1708, p.130-140.<br />
<br />
* ''Notes de René d’Argenson, lieutenant général de police, intéressantes pour l’histoire des mœurs et de la police de Paris à la fin du règne de Louis XIV'', Paris, F. Henry, 1866 : Tentative d’évasion – 5 septembre 1700, p.32 ; Mme Ulrik – 22/10/1700, p.33-34 ; 01/04/1702, p.70-71.<br />
<br />
* ''Rapports inédits du lieutenant de police René d'Argenson (1697-1715) : publiés d'après les manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale'', Paul Cottin éd., Paris, Plon, 1891 : Tentative d’évasion, « Les demoiselles de Boussans » (suite) – 5 septembre 1700, p.28-30 ; 22 octobre 1700, p.34-35. <br />
<br />
* ''Maison du roi. Copies d’actes émanés des rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, recueillis pour servir de modèles (1610-1669). Minutes ou transcriptions authentiques d’actes émanés des rois Louis XIV et Louis XV expédiés par le secrétaire de la Maison du Roi et concernant le royaume ou des particuliers [1669-1786]. Tome XXIII'' : U-Z ARCHIVES NATIONALES SECRETARIAT DE LA MAISON DU ROI Inventaire des registres O 1 1 à O 1 128 (1610-1786) XXIII U - Z O/1/1-O/1/128 : ULRICH (Françoise) brevet de 300 l. de pension O/1/42, fol. 199 ; ULRIK (mademoiselle) maintenue au couvent de la Magdelaine O/1/43, fol. 304 v° ; ULRICQ (la nommée) (O/1/44, fol. 187 v°) 24 avril 1700 ; ULRIC (dame) affaire la concernant (O/1/44, fol. 301 v°) ; ULRICH (dame) affaire de sa mise en liberté (O/1/44, fol. 342, 343) - [342] 12/08/1700, [343] 12/08/1700 ; ULRIC (madame) du couvent de la Madeleine : élargissement (O/1/44, fol. 378, 379 v°) ; ULRIC (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 499 v°) 6/10/1700 ; ULRIC (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 508 v°) 13/10/1700 ; ULRIK (madame) ordre d’observer sa conduite (O/1/44, fol. 537) 27/10/1700 ; ULRIC (la nommée) ordre de la mettre au refuge (O/1/46, fol. 49 v°) 05/04/1702 à Versailles ; ULRIK (la nommée) ordre de la faire sortir de l’Hôpital (O/1/49, fol. 94 v°) Du 25e juin 1705 à Versailles ; ULRIC (la nommée) ordre de l’enfermer au Refuge (O/1/51, fol. 27 v°) 9/02/1707.<br />
<br />
* ''Lettres de Madame de Maintenon'', volume III, 1698-1706, éd. intégrale et critique par Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie, Paris, H. Champion, 2011.<br />
<br />
* Walckenaer, Charles-Athanase, ''Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine'', troisième éd., Paris, A. Neveu, 1824, p.467-479.<br />
<br />
==Choix bibliographique ==<br />
<br />
* Clarke, Jan, « Women interpreting men: theatrical cross-dressing and the representation of masculinity in Campistron’s ''Amante amant'' (1684) and Dancourt’s Folle Enchère (1690) », dans ''Interpretation in/of the seventeenth century'', Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2015, p.199-213.<br />
<br />
* Evain, Aurore, « Notices » dans Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (éd.), ''Théâtre de femmes de l’Ancien Régime'', Tome III, ''XVIIe-XVIIIe siècles'', Saint-Étienne, PU de Saint-Étienne, 2011, p.185-187 et p.191-192 ; rééd. Paris, Classiques Garnier, 2022, p.177-179 et p.183-184.<br />
<br />
* Keller-Rahbé, Edwige, « 95. Madame Ulrich - 18 janvier 1691 », dans ''Privilèges d’auteurs et d’autrices en France (XVIe-XVIIe siècles). Anthologie critique'', Michèle Clément, Edwige Keller-Rahbé (éd.), Paris, Classiques Garnier, 2017, p.453-456.<br />
<br />
* Rosellini, Michèle. « Madame Ulrich, une éditrice de La Fontaine invisibilisée par l’histoire littéraire », ''Histoire de l’édition. Enjeux et usages des partages disciplinaires (XVIe-XVIIIe siècles)'', Sophie Abdela, Maxime Cartron et Nicholas Dion (dir.), Paris, Classiques Garnier, 2023, p.347-365.<br />
<br />
==Jugements==<br />
<br />
* « Cette femme ne fut pas plus tôt dans le monde qu’elle se fit distinguer généralement par tous les états de la vie pour la plus lubrique du siècle. Elle ne se contenta pas de Dancourt pour amant, mais tout ce qui se présenta dans la robe, dans l’épée et ailleurs, tout fut reçu à bras ouverts, mais particulièrement les jeunes seigneurs étrangers qui venaient avec de bonnes bourses pour se façonner à la cour. » (''Pluton maltôtier. Nouvelle galante'', voir ''supra'', p.135).<br />
<br />
* « Comédie souvent revue, & qui mérite de l’être. L’Auteur y multiplie les déguisemens ; mais tous étaient nécessaires ; tous ont pour but de faire consentir Madame Patin [Argante] au mariage de son fils avec Angélique. Les différentes métamorphoses de Champagne & de Merlin servent à égayer la Pièce, & amenent un dénouement aussi neuf qu’ingénieux. Il y a peu de Scènes au Théâtre plus divertissantes, que celle qui donne le titre à cette Comédie. » (Joseph de La Porte, ''Dictionnaire dramatique'', Paris, Lacombe, 1776, p.517, à propos de ''La Folle Enchère'', « par Mademoiselle Ulric, attribuée à Dancourt »).<br />
<br />
* « ''A typical example of this dogged police feminin work was the case of a Mme Ulrick, who had been singled out for police scrutiny for her debauchery with Parisian notables.'' » (Philip F. Riley, ''A Lust for Virtue: Louis XIV’s Attack on Sin in Seventeenth-century France'', Westport (Connecticut), Greenwood Press, 2001, p.59-60). <br />
<br />
* « Pendant sa liaison avec le poète, elle s’était fait remettre non seulement le manuscrit des ''Quiproquos'' mais aussi plusieurs autres. Cette femme folle de son corps l’était aussi des papiers de La Fontaine. C’est elle qui inaugura, de la façon la plus naturelle, cette longue lignée de veuves et de maîtresses abusives qui surent accaparer les manuscrits de certains hommes illustres que les cajoleries rendaient bonasses sur leur déclin. Voilà notre virago non seulement propriétaire de manuscrits, mais juge. Elle ne s’en tira pas trop mal, elle savait écouter les amis et admirateurs de La Fontaine. Elle les répétait en disant : « Je ». À l’en croire, c’est elle qui aurait découvert, prôné et répandu le génie de La Fontaine […] Que vient-elle traîner son âme dans les alcôves de Boccace ? Elle était plus naturelle quand elle n’y amenait que son corps. » (Jean Orieux, ''La Fontaine ou la vie est un conte'', Paris, Flammarion, 1977, p.578).<br />
<br />
* « Son parcours retrace surtout celui d’une autrice et éditrice intégrée dans le courant libertin de son temps, dont la reconnaissance auctoriale et la création littéraire furent violemment contrariées par les conditions sociales et morales imposées aux femmes. Mme Ulrich est l’une des deux seules autrices à avoir fait jouer une comédie à la Comédie-Française au XVIIe siècle. » (Aurore Evain, « Notice » dans ''La Folle Enchère. Comédie'' (1691), ''Théâtre de femmes de l’Ancien Régime'', voir ''supra'', p.179).<br />
<br />
* « Rester discrètes et, dans le même temps, affirmer un savoir-faire littéraire, tel est bien le dilemme de certaines femmes qui se mêlent d’écrire au XVIIe siècle dont témoigne ce privilège. » (Edwige Keller-Rhabé, ''Privilèges d’auteurs et d’autrices en France'', voir ''supra'', p.453-456).<br />
<br />
* « Son discours liminaire donne consistance et légitimité à une figure singulière d’éditrice, qui joue sur le double registre de l’expertise littéraire et de la sociabilité mondaine. De fait, elle conçoit véritablement la publication des pièces inédites de La Fontaine comme une action, et même une action d’éclat sur le terrain socialement valorisé des belles-lettres. Et d’ailleurs l’examen attentif du contenu et de la composition du recueil révèlerait chez elle une audace qui tient plutôt du courage politique que de l’impudeur ou du cynisme dont l’ont affublée les biographes de La Fontaine. » (Michèle Rosellini, « Madame Ulrich, une éditrice de La Fontaine invisibilisée par l’histoire littéraire », voir ''supra'', p.363).<br />
<br />
<br />
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<br />
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<br />
{{DEFAULTSORT:Ulrich, Madame}}<br />
[[Catégorie:Personnage]] [[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Art dramatique]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_MartyFrédéric Marty2022-12-12T14:33:57Z<p>Henneau : </p>
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<div>Frédéric Marty a rédigé la notice suivante<br />
* [[Louise Marie Madeleine Fontaine]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Marty, Frédéric}}<br />
[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Marie_Charlotte_Fran%C3%A7oise_MarlinMarie Charlotte Françoise Marlin2022-08-31T09:03:48Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = <br />
| dénominations = « Caroline », « Carolin », « Tullie », « mon compagnon-fille », « mon fils »<br />
| naissance = 31 mai 1781<br />
| décès = <br />
| enligne = <br />
}}<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2022==<br />
<br />
Marie Charlotte Marlin, dite aussi « Tullie », « Carolin » ou « Caroline-Tullie », est née le 31 mai 1781 à Cherbourg. <br/><br />
Son père François, né et mort à Dijon (1742-1822), est « commiss(ion)naire du roi pour (les vivres de) la marine » et se pare du titre de « sieur » et de divers patronymes (Marlin, Milran ou Marlin de Milrand), tandis que ses écrits, diversement autobiographiques, sont tous publiés anonymement. Ses cinq autres enfants sont baptisés dans les ports où il est affecté après avoir navigué entre l’Afrique et les Iles : Brest, Quimper et Cherbourg. Marie Charlotte est le cinquième enfant de cette famille itinérante d’employés de la Marine qui circule entre la capitale (sa sœur aînée, née à Paris, y est ondoyée) et les côtes de Bretagne ou de Normandie, quand elle n’est pas en Bourgogne, le pays paternel. L’époque révolutionnaire convertit ce père en négociant, à plusieurs reprises banqueroutier, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des activités d’écrivain polygraphe professionnel (un roman, des essais). À ce titre, il fréquente des hommes de lettres plus connus que lui comme Rétif de la Bretonne ou Louis-Sébastien Mercier, ainsi que des administrateurs civils, des hydrographes, des manufacturiers, des hommes politiques. Gynophile et peu clérical, Marlin a cependant placé ses deux filles dans un couvent de visitandines, en des temps et lieux indéterminés.<br/><br />
L’épouse, depuis 1771, de ce père quelque peu énigmatique est « demoiselle Marie-Charlotte Audemard », née à Brest en 1752 d’un père commis aux vivres et morte à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) en 1837. Son rôle éducatif est ignoré, mais ses deux filles, comme leurs frères, sont capables de lire, écrire, discourir, et la cadette devient même, habillée en garçon, la compagne appréciée des voyages hexagonaux de son père entre 1788 et 1793. Le récit – sous forme épistolaire – de ces périples (près de 2000 pages réunies en quatre volumes publiés en 1817) est la source, quasi unique, de nos informations sur celle que Marlin nomme « mon compagnon-fille », « mon fils », « Carolin-e » ou, plus souvent, « Tullie », en référence probable à la correspondante et fille bien-aimée de Cicéron.<br/><br />
L’étrange ménage ambulant que constitue ce couple père-fille parcourt ainsi des centaines de kilomètres, comme lors du « Premier grand voyage avec Caroline-Tullie » qui, en 1789, les mène en des lieux comme Grasse, Nice, Marseille, Port-Vendres, Perpignan, Toulouse, Bayonne, Saint-Sébastien, Bordeaux, Périgueux, Limoges, Clermont-Ferrand, Moulins, Dôle, Dijon, Vesoul, Strasbourg, Arras, Amiens, Rouen, Salency, Reims, Le Paraclet. La description, toujours pittoresque, des paysages et des monuments, des activités et des mœurs des habitants, s’accompagne du récit des quiproquos nés d’un double incognito : Marlin aime taire un patronyme hérité d’un père qu’il déteste ; sa fille veut ou doit déguiser son sexe sans toujours y réussir. Quant aux bouleversements politiques et socio-économiques du moment, ils sont évoqués notamment grâce aux commentaires, écrits ou oraux, qu’en fait « Carolin-e » et que rapporte affectueusement son père. Elle aime à discuter avec des gens de rencontre, pratique volontiers la charité et tient un journal de route.<br/><br />
Compagne tendre et/ou personnage utilitaire des incessants voyages paternels (à tout le moins de leur narration), Marie Charlotte avance littéralement masquée. Sous la plume de l’écrivain-voyageur à succès que rêve de devenir son père, elle est pourvue, par lui, des vertus et des aspirations conformistes d’une citoyenne républicaine des Lumières : généreuse, courageuse, silencieuse et modeste, elle aurait aspiré à devenir « dessinatrice et brodeuse en fleurs » lors d’un séjour à Lyon, métier qu’elle semble avoir pratiqué à Marseille sous l’Empire. Elle n’a pas alors fondé de famille et maintient, avec un père nostalgique du passé, des liens épistolaires dont la durée et la fréquence ne sont pas connues, puisque même la date de la mort de Marie-Charlotte est aujourd’hui ignorée.<br/> <br />
De cette biographie en pointillés, on peut au moins retenir la figure de fille-en-garçon qu’entre sept et treize ans, la jeune Marlin a endossée à l’instar de quelques voyageuses bien réelles, mais aussi d’héroïnes romanesques comme les Marmoisan, Mignon, Claudine ou Gabriel chantées par L’Héritier, Gœthe, Florian et, plus tard, Sand. Le personnage - trop oublié – de la fille travestie permet de comprendre, mieux que toute autre, la place accordée aux femmes dans les sociétés anciennes. <br />
<br />
==Oeuvre==<br />
* des lettres ?<br />
* un journal de voyage ?<br />
* Des originaux perdus cités dans les ''Voyages en France et Pays circonvoisins depuis 1775 jusqu’à 1817'' (Paris, Guillaume et Cie et Arthus Bertrand, 1817).<br />
<br />
==Principales sources manuscrites==<br />
* registres paroissiaux et état-civil de Brest, Cherbourg, Quimper et Dijon (recherches généalogiques menées par André Chatalic, que je remercie).<br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* [François Marlin], ''Jeanne Royez ou la Bonne mère'', Paris, Le Normant, 1814, 4 vol.<br />
* [François Marlin], ''Voyages en France et Pays circonvoisins depuis 1775 jusqu’à 1817'', Paris, Guillaume et Cie et Arthus Bertrand, 1817, 4 vol ill.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Guy Arbellot et Bernard Lepetit, ''Atlas de la révolution française.'' I .- ''Routes et communications'', Paris, EHESS, 1987, p. 64-65 : « Voyages : Young et Marlin, 1787-1789 ». <br />
* Nicole Pellegrin, "Le genre et l'habit. Figures du transvestisme féminin sous l'Ancien Régime", ''Clio'', n° 10 (Femmes travesties : un mauvais genre), 1999, pp. 1-54, ill.<br />
* Nicole Pellegrin, « Un double cas d’anonymat ostensible. Les voyages en France (1775-1807) d’un père et de sa fille » in Albrecht Burkardt et al., ''Identités dissimulées. Le voyage anonyme dans les sociétés anciennes et modernes'', Limoges, PULIM, 2020, p. 317-340.<br />
* Simone de Reyff, « Un négociant sur la route : des écritures à l’écriture », in Gilles Corminbœuf et Marie-José Béguelin (dir.), ''Mélanges en l’honneur d’Alain Berrendonner'', Bruxelles, De Boek-Duculot, 2011, p. 565-576.<br />
* Catherine Velay-Vallantin, ''La fille en garçon'', Carcassonne, Garae, 1992.<br />
<br />
==Jugements==<br />
Tous ces jugements sont énoncés par le père de l’intéressée dans ses ''Voyages en France et Pays circonvoisins depuis 1775 jusqu’à 1817'', Paris, Guillaume et Cie et Arthus Bertrand, 1817 (ici Voyages) et dans ''Jeanne Royez ou la Bonne mère'', Paris, Le Normant, 1814 (ici Jeanne Royez). L’usage fréquent que Marlin fait des italiques est soigneusement respecté.<br />
<br />
* Voyage de Cherbourg à Paris, août 1787 : « Il ne me reste que ''Caroline'', dont je fais souvent un joli petit garçon, que j’appelle ''Carolin'', ayant ainsi, tour-à-tour et dans le même enfant, une fille et un fils. Ma Caroline a plus d’ingénuité que de finesse ; mais elle annonce du sens, du jugement, elle annonce aussi du sens, du soin : c’est le meilleur lot en ménage. Malheur à qui prendra une femme qui ne saurait point calculer » (''Voyages'', t. I, p. 265).<br />
* En Picardie-Normandie, septembre 1788 :« que d’embarras [dans les rues de Caen] ! Ma petite compagne en est étourdie. Je promène ''Carolin''. […] Ma ''Caroline'' est fort étonnée de voir entrer la voiture et les chevaux dans le ''bac de Columbelle'' […] Ma Caroline, qui est peu causeuse […], est comme effrayée de cette volubilité [des Montreuilloises]. […] J’ai demandé, pour moi et mon fils, […] à Calais […]. […] Je vais m’acheminer [de Rouen] vers Marseille, où le jeune voyageur, les jours où il sera fille, portera un nom de plus ; je l’appellerai ''Caroline-Tullie'', selon le commandement d’''Amynthe''. » (''Voyages'', t. I, p. 303, 308, 328).<br />
* En Provence, juillet 1790 : « ''Tullie'', impatiente de la mer, désire que demain nous prenions la route de Marseille […] Le démon voyageur qui m’accompagne [sa fille] se plaît dans les routes obliques » (''Voyages'', t. III, p. 105, 110).<br />
* À Travers (Suisse), juillet 1790 : la femme de l’aubergiste « n’avait pas regardé ''mon fils'', elle commence à le caresser, […] et embrassant une seconde fois ''mon fils'' : sur ma foi, disoit-elle, comme se parlant à elle seule, si on ne croirait que c’est une fille ! Cet air doux !… Ces beaux yeux !… Et Tullie était bien près de rougir, si cela n’avait pas fini ». (''Voyages'', t. III, p. 259). <br />
* À Rochefort, août 1791 : « ''Je n’ai pu cacher à mon ami que mon jeune compagnon n’est qu’une jolie compagne. Je ne m’étonne plus de ce ton si doux, m’a dit M. Touplaint [professeur d’hydrographie à Marennes] ; il faut que les sexes gardent leur accent ; celui de la femme a la mélodie et l’insinuance ; la voix de l’homme doit être ferme et magistrale, sans dureté cependant, a ajouté le philosophe'' » (''Voyages'', t. IV, p. 73-74).<br />
* À Brest, août 1791 : « J’ai fait connaître l’intérieur du ''bagne à Tullie'' ; elle a été effrayée de voir six cents hommes dans une salle, et quatre salles pareilles, outre les mansardes remplies de ces malheureux ; puis elle m’a demandé comment ils ne se révoltaient pas » (Voyages, t. IV, p. 29) Environs de Paris, 1790 et 1792 : « je vous ai parlé souvent d’un journal que tenait en particulier ma compagne ; mais je n’avais rien vu de ce journal mystérieux qu’on vient de m’ouvrir enfin, et où je prendrai quelques articles pour remplir une lacune que je n’aurais que très imparfaitement suppléé de mémoire.[…] ce que j’en ai copié c’est dans ses propres expressions » (''Voyages'', t. IV, p. 170-171).<br />
* En Soissonnais, face à un cavalier peut-être « terroriste», 6 octobre 1793 : « Ma jeune Penthésilée, remettons-nous en route.- Qu’était-ce que ''Penthésilée'' ? - Une ''amazone'', une femme courageuse comme ma Tullie ; mais partons » (''Voyages'', t. IV, p. 202)<br />
* À Châlons-sur-Saône, 16 novembre 1793 : « Cette ville me plaisait, mais avec ''Tullie'' […], la douce compagne de mes voyages. […] il m’a semblé que si j’avais eu ici [Jonchy] le ''compagnon'' de mes courses, j’aurais pu y admirer une vallée plate bien arrosée d’eaux vives, et fermée de prochains coteaux dont les hauteurs inégales, plantées, cultivées, habitées, festonnent richement un horizon champêtre. […] Jouis de la santé, chère ''Tullie'', et que chaque jour ajoute à ton instruction et à tes vertus ! […] » (''Voyages'', t. IV, p. 225, 230-231)<br />
<br />
* 1795 : « Ma seconde fille a toujours été un peu sérieuse, sans mélancolie cependant. Le silence, la tranquillité lui conviennent ; elle manque de vivacité, mais elle est laborieuse, appliquée ; tous les talents de son sexe et quelques-uns des nôtres lui sont propres ; elle fait bien tout ce qu’elle a appris, et elle a appris tout ce qu’elle a désiré savoir. Le teint de cette cadette a de l’éclat ; son œil est bleu et grand ; l’ensemble de son visage est bien dessiné, sa physionomie douce […]. Tout annonce en elle l’éducation, le sentiment, la raison ; elle n’a jamais eu de ces saillies qui surprennent, ou qu’on admire plus qu’elles ne valent ; mais à l’âge de quatorze ans qu’elle a aujourd’hui (en 1795), jamais un mot hors de place, jamais une parole légère n’est sortie de sa bouche ; elle badine, mais avec délicatesse et décence ; son esprit est juste ; l’expression ne lui défaut jamais ; cependant elle parle peu ; le bon sens et le babil ne lui paraissent pas faits pour se trouver ensemble. Voilà celle qui a été la compagne de mes voyages […] ». (''Jeanne Royez'', t. III, p. 52-53).<br />
* « Oh ! quelle bonne mère aurait été ma ''Tullie'', si le renversement de ma fortune ne lui eût persuadé de renoncer au mariage, cet état si honorable et même si heureux quand la femme permet que le bonheur vienne s’asseoir entre les deux époux. […] Ma fille cadette porte un nom de ''l’ancienne Rome'' ; mais ce n’est pas son père qui l’a appelée ''Tullie'' le premier, et ce nom ne se trouve pas sur l’acte de son baptême » (''Jeanne Royez'', t. II, p. 253, 264).<br />
* Paris, 30 mai 1810 : « À TULLIE MILRAN, à Marseille. […] Quand vous m’écrivez si rarement, pourquoi vous travailler d’esprit dans vos lettres ? […] Croyez-moi, ''Tullie'', ayez toujours de la religion, et ne soyez jamais dévote. […] Restons éloignés, ''Tullie'', […] Vous avez besoin de tous vos moments pour le travail […] Je verrais avec admiration sortir de ses doigts souples et déliés toutes les fleurs de la nature, et aussi vives que la nature ; […] vous délasser de ces soins domestiques dont une femme sensée ne se croit jamais exempte » (''Jeanne Royez'', t. I, p. 227-231).<br />
<br />
<br />
{{DEFAULTSORT:Marlin, Marie Charlotte Françoise}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar ]]<br />
[[Catégorie:Aventures, voyages]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Madeleine_NobleMadeleine Noble2022-08-31T08:51:13Z<p>Henneau : /* Principales sources manuscrites */</p>
<hr />
<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = <br />
| dénominations = « mademoiselle de Jousserand », « mademoiselle de Jousserand la cadette », « demoiselle de la Voulernie », « Marie Anne »<br />
| naissance = 7 décembre 1760<br />
| décès = ?<br />
| enligne = <br />
}}<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2022 ==<br />
<br />
Native d’un écart du bourg de Saint-Coutant (actuel département de la Charente) dans lequel sa mère, Jeanne Beaussand/Beausens/Bosseng, habite encore en 1785, Madeleine Noble est « âgée de 21 ans ou environ » (en fait 24) quand elle dépose le 16 février 1785 dans un procès intenté, pour calomnie, par la sœur d’un ancien maître, une demoiselle noble qui aurait accouché clandestinement et avec qui elle fut un temps peut-être confondue. À ses dires (elle ne sait les contresigner), « elle a eu le malheur detre abusée par le sieur chevalier de Jousserand des œuvres duquel elle a accouchée d’un garçon chés le sieur Joseau chirurgien a Courcôme sur la fin de 1781 [en fait, le 29 janvier 1782], quelle avoit prise chés ce chirurgien le nom de marie anne, […] que son enfans a été porté a la boiste Dangoulesme » trois mois plus tard. Après ce temps (passé chez la femme de son probable accoucheur) et l’abandon – anonyme – de son enfant dans un établissement religieux équipé d’un « tour » ou « boîte », Marie Noble est servante dans plusieurs maisons d’Angoulême pendant 18 mois. Puis, elle revient chez sa mère où elle se dit désormais journalière quand elle est interrogée comme témoin. Elle prétend ne pas savoir avoir été surnommée « mademoiselle de Jousserand », ni connaître les responsables des bruits répandus à l’égard de « la plaintive […] par tant de personnes quelle ne peut en nommer aucune ». <br/><br />
Son bref et tardif témoignage (le 151éme d’une série de 167, tous évasifs à son égard) est en fait la seule source qui permette d’imaginer quelque peu ce que furent les premières années d’une servante de 17-18 ans, analphabète et séduisante, engrossée par le fils de son maître et chassée aussitôt son état connu. À noter que, contrairement à beaucoup d’autres, elle n’a pas eu à déclarer sa grossesse devant un juge seigneurial pour obtenir dédommagement et frais de gésine et se protéger ainsi de l’accusation d’infanticide en cas de mort du nouveau-né. Dans la procédure judiciaire qui la fait connaître mais dont elle n’est pas l’objet, Madeleine Noble se révèle une protagoniste essentielle bien que toujours fantomatique. Elle semble néanmoins avoir épousé à Saint-Coutant le 14 janvier 1788 un tailleur de pierre nommé Charles Dechâtre (son père, Pierre Lenoble, alors décédé, est déclaré « journalier »), mais elle disparaît ensuite des sources mobilisables dans sa région de naissance. <br/><br />
Ce destin de fille-mère est classique, à quelques détails près : d’une part, son choix d’un pseudonyme élégant le temps de sa grossesse ; d’autre part, la prise en charge, en un lieu coûteux, de son accouchement par un séducteur et amant, plus attentionné que de coutume ; enfin, la publicité que celui-ci donne à la naissance de leur enfant par souci – probable – de compromettre sa propre sœur, [[Marguerite de Jousserand]] en lui attribuant des relations fécondes hors mariage. Malgré des amours ancillaires connues de toute la contrée, cet homme réussit à se bien marier, quand sa sœur et sa servante ont sans doute perdu l’une et l’autre leur bonne renommée, en ces temps de patriarcat officiel et dominant.<br/><br />
Le cas de Madeleine Noble vaudrait d’être comparé à celui d’autres jeunes femmes, victimes parfois consentantes de leurs maîtres et mères d’enfants qui, abandonnés, sont voués à mourir très vite.<br />
<br />
==Principales sources manuscrites==<br />
<br />
Archives départementales de la Vienne : <br />
* 6 B 266, Bailliage de Lusignan.<br />
Archives départementales de la Charente : <br />
* 3 E 117/1, registres paroissiaux de Courcôme (1755-1801) <br />
* 3 E 334/1, registres paroissiaux de Saint-Coutant (1737-1791)<br />
Ces derniers documents m’ont été indiqués par Sébastien Jahan que je remercie vivement.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Véronique Demars-Sion, ''Femmes séduites et abandonnées au 18e siècle. L’exemple du Cambrésis'', Hellemes, L’Espace Juridique, 1991, ill.<br />
* Nicole Pellegrin, « L’art d’accoucher : savoir féminin ou science virile ? », « Former des sages-femmes au XVIIIe siècle », « Des enfants (non) voulus. Filles-mères sous l’Ancien Régime. Abandons d’enfants. Infanticides », « La publication du privé », « À l’origine de l’état-civil : les registres paroissiaux », « Layettes poitevines », in Nicole Pellegrin et Marie-Christine Planchard (dir.), ''Entrer dans la vie en Poitou du XVIe siècle à nos jours'' (catalogue d’exposition), Poitiers, Musées de la ville de Poitiers, 1987, p. 31-34, 48-51, 93-102, 125-127, 130-131, 147-149, passim, ill.<br />
* Nicole Pellegrin, « Rumeurs de déshonneur en Angoumois. La fille du châtelain a accouché clandestinement (1782-1785) », in A.-M. Cocula & M. Combet (dir.), ''Le Château "à la une" ! Événements et faits divers'', Bordeaux, Ausonius, 2009, p. 221-234.<br />
* Marie-Christine Phan, « Les déclarations de grossesse en France (XVIe-XVIIIe) : essai institutionnel », ''Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine'', 1975, p. 105-126.<br />
<br />
==Jugements==<br />
Ces dépositions en justice sont toutes issues des Archives départementales de la Vienne, 6 B 266.<br />
<br />
* Dépose […] « que […] Magdelene noble sa cousinne germaine […] dans ces temps la sortit de la maison de la Voulernie enceinte des œuvres de Monsieur le chavalier de Jousserand et a qui on a donné le nom de Mademoiselle de Jousserand la cadette » (Jeanne Lingault femme de Jean Saulnier sabotier, paroisse du Bouchage, 55 ans ; 10 décembre 1784). <br />
<br />
* Dépose […] « que sur la fin de l’année 1781, on emmena chés lui une fille enceinte des faits du sieur chevalier de la Voulernie, qui demeura chés luy huit mois, et qui prit le nom de Marie anne quelle accoucha d’un garçon sur la fin de février autant quil peut se rappeller en l’année 1782, quil fut baptisé a Courcôme et qu’environ deux mois après il fut porté a la boîte dangoulesme par un quelqu'un dont il ne se rappelle pas le nom qui y conduisit aussy en même temps la mère c’est a dire dans la ville Dangoulesme ou elle saccueillit [devint servante] chés la demoiselle Pressac [épouse du déposant] ou elle resta peu de temps et se raccüellit chés le sieur pontberton négociant, que cette fille etoit habillée comme les paysannes du pays, avec dassées mauvais vêtemens, que c’etoit le sieur chevalier de Jousserand qui devoit payer sa nourriture ches luy et quil est venu l’y voir trois ou quatre fois, que le sieur dalençon desvergnes et la dame son epouse sont allés avec luy […] dans tout le temps quelle a demeurée chés luy n’a jamais été surnommée ni mademoiselle de La Voulernie ni mademoiselle de Jousserand la cadette et n’a été connues sous d’autres noms que celui de Marie anne » (le sieur Charles Joseau, maître chirurgien, paroisse et bourg de Courcôme, 52 ans ; 11 décembre 1784). <br />
<br />
* Dépose « que vers le commencement de l’année 1782 magdelene noble de sa paroisse étant servante au logis de la voulernie y devient grosse des œuvres du sieur chevalier de Jousserand, que des paysans de sa paroisse lui dirent dans ce temps la en parlant de ladite Noble quils qualifioient entre eux de mademoiselle de Jousserand etoit partie de chés sa mère ou elle setoit retirée a la sortie de chés Monsieur de Jousserand et que quelques jours apres ces mêmes paysans lui dirent que Mademoiselle de Jousserand avoit accouchée d’une fille, […] » (messire Etienne Oudin, prêtre curé de la paroisse de Saint-Coutant, 42 ans ; 16 février 1785).<br />
<br />
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{{DEFAULTSORT:Noble, Madeleine}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Faits divers, scandales]]<br />
--></div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Marguerite_de_JousserandMarguerite de Jousserand2022-08-30T18:58:49Z<p>Henneau : /* Notice de Nicole Pellegrin, 2022 */</p>
<hr />
<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = <br />
| dénominations = « demoiselle de la Voulernie », « Mademoiselle de Jousserand »<br />
| naissance = 1745<br />
| décès = 17 août 1820<br />
| enligne = <br />
}}<br />
<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2022 ==<br />
<br />
Marguerite de Jousserand est née le 1er janvier 1745 à Courbillac (actuel département de la Charente) dans la paroisse de sa mère, Marie Hor(r)ic /Horry. Son père, Jean de Jousserand, appartient, lui aussi, à la noblesse d’Angoumois et possède le « lieu noble » de La Voulernie dans la paroisse du Bouchage, paroisse alors poitevine qui relevait de la justice du marquisat angoumoisin de Ruffec.<br />
Ce père est encore en vie au moment de l’action en justice lancée à Ruffec le 3 août 1782 par sa fille majeure « contre certains quidams […] pour atteinte à sa réputation en répandant dans le public qu’elle avait accouchée en la ville d’Engoulesme, ou ailleurs, & d’autres propos diffamants de cette espèce ». Marguerite a au moins deux frères : l’un est décédé en 1775, marié à une « Jousserand de Linazay » ; l’autre, Léonard, né en 1754, aime « badiner » (parole de témoin) avec les servantes (quitte à les engrosser). Il prête à sa sœur des « galands » et veut peut-être lui ôter (parole d’enquêteur) « les moyens de s’établir », alors qu’il se marie lui-même le 3 février 1785, dans sa caste, en pleine « affaire ». <br/><br />
En réfutant – publiquement – des bruits de grossesse hors mariage, Marguerite de Jousserand fait preuve de courage et de ténacité, puisqu’elle ose défendre son honneur dans un environnement social peu amène à son égard et malgré l’extraordinaire enchevêtrement des instances administrativo-judiciaires locales : sa plainte initiale est déposée et instruite – mal – devant le tribunal seigneurial du marquisat de Ruffec, avant de « monter » au parlement de Paris (16 octobre 1783), puis d’atterrir (fin août 1784) au bailliage de Lusignan, une instance royale à plus de 50 kilomètres de là, dont les officiers sont obligés de « se déporter » jusqu’à Ruffec et de mener à nouveaux frais l’enquête initiale, bâclée, dit-on, en 1782. L’« information secrète », menée du 1er décembre 1784 au 20 février 1785, donne alors la parole à 167 témoins, soit 99 hommes et 68 femmes de tous statuts, domiciliés dans 37 paroisses différentes (17 de ces personnes, dont le frère calomniateur, comparaîtront à nouveau, mais comme accusés, à Lusignan au printemps 1785). Urbains ou ruraux, jeunes ou âgés, nobles ou roturiers, ces gens exposent leur identité, leurs activités, leurs inimitiés et leur goût du commérage ; ils révèlent, surtout, comment calomnies et rumeurs circulent autour d’une personne quelque peu excentrique qui, flanquée d’un frère amateur de scandales et peut-être malfaisant, reste célibataire jusqu’à sa mort le 18 août 1820 à Macqueville (Charente-Maritime), commune limitrophe de son lieu de naissance.<br />
Considérée comme « une personne de vertu et d’honneur » dans son milieu, Marguerite de Jousserand souffre en effet d’une réputation sulfureuse du fait de son habillement masculin et de ses dépenses. Elle semble surtout la victime – au moins indirecte – des frasques de son frère qui a longtemps logé, au château familial, une servante-maîtresse, [[Madeleine Noble]], dite « Mademoiselle de Jousserand ». Celle-ci, contrairement à Marguerite dont elle devient un temps par risée l’homonyme, a effectivement accouché fin janvier 1782 d’un fils « naturel », vite abandonné au tour d’Angoulême.<br />
La fin de vie des deux femmes reste inconnue, tout comme le jugement définitif prononcé à Lusignan contre les calomniateurs (il a disparu, avec d’autres archives, dans un incendie en 1906). La première des deux femmes est analphabète, quand la seconde, incapable de signer un acte de baptême à l’âge de 9 ans, se voit plus tard imputer des billets écrits de sa main. <br/><br />
Ce fait-divers est à jamais énigmatique malgré sa valeur de « miniature révélatrice » (P. Tacussel). Cette « rumeur » suggère des antagonismes anti-seigneuriaux vivaces et le poids du contrôle social dont les femmes font l’objet. Cependant on ne sait que penser d’un procès hors-normes et coûteux, producteur d’archives particulièrement nombreuses mais à jamais incomplètes. De nouveaux travaux restent à mener pour retrouver des personnes qui, aussi peu conformistes que Marguerite de Jousserand, ont elles aussi osé rendre public leur prétendu déshonneur et sont allées jusqu’à affirmer devant témoins (propos rapportés par un prêtre et une lingère en août 1782) : « Je prends la deffence de toutes les femmes dont on attaque l’honneur. Je ferai faire des enquestes ».<br />
<br />
==Principales sources manuscrites==<br />
Archives départementales de la Vienne : <br />
* 6 B 266, Baillage de Lusignan. Soit un dossier – incomplet – de 550 feuillets, décomposé en trois ensembles de pièces, rédigées entre août 1784 et juin 1785, à Ruffec (justice seigneuriale), à Paris (parlement) et Lusignan (justice royale). <br />
* 9 E 162/2.4 : registres paroissiaux de Linazay (1779-1790).<br />
Archives départementales de la Charente : <br />
* 3 E 116/1 : registres paroissiaux Courbillac (1737-1789)<br />
* 3 E 56/1 : registres paroissiaux Le Bouchage (1757-1792)<br />
* 3 E 236/1 : registres paroissiaux Messeux (1775-1801)<br />
* 2 E 1687 sq : actes notariés variés concernant la famille de Jousserand, fin XVIIe-XVIIIe siècles.<br />
Archives départementales de la Charente-Maritime : <br />
* 2 E 228 /7 : état-civil Macqueville (1819-1822)<br />
Ce dernier document m’a été indiqué par Sébastien Jahan que je remercie vivement.<br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* DAREAU,François , ''Traité des injures dans l’ordre judiciaire'', Paris, Nyon, 2 vol., 1785.<br />
* BRICAULD de VERVEUIL, Émile et Maurice Pouliot, ''Inventaire sommaire des archives antérieures à 1790'', t. III : Archives de Civray, Poitiers, 1940.<br />
* HENRI, Paul et Joseph Beauchet-Filleau, ''Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou'' […]. Réédition complétée, Fontenay-le-Comte, P. et O. Lussaud, 1965, t. V, p. 378-394.<br />
* VRILLAC, Jean-Claude, ''Recueil historique, généalogique et héraldique des anciennes familles du Ruffecoi''s, chez l’auteur, 2008.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Claude Gauvard, ''« La "Fama", une parole fondatrice »'', Médiévales, 1983, n°24, p. 5-13. <br />
* Nicole Pellegrin, « Rumeurs de déshonneur en Angoumois. La fille du châtelain a accouché clandestinement (1782-1785) », in A.-M. Cocula & M. Combet (dir.), ''Le Château "à la une" ! Événements et faits divers'', Bordeaux, Ausonius, 2009, p. 221-234.<br />
* Patrick Tacussel, « La différence ordinaire. Comment les faits divers parlent-ils de leur époque : des miniatures révélatrices », ''Autrement'', n° 98-Avril 1988 : « Faits-divers. Annales des passions excessives », p. 20-28.<br />
* Suzan Van Dijk, ''Traces de femmes. Présence féminine dans le journalisme français du XVIIIe siècle'', Amsterdam, Holland University Press, 1988 (notamment, p. 71-74).<br />
* Charles Walton, ''La Liberté d’expression en Révolution. Les mœurs, l’honneur, la calomnie'', Rennes, PUR, 2014, p. 65-79.<br />
<br />
==Jugements==<br />
Ces extraits de dépositions et d’interrogatoires sont tous issus des Archives départementales de la Vienne, 6 B 266.<br />
<br />
* Dépose qu’étant allé au logis de la Touche chez la dame de Menoux, celle-ci lui « cita que s’étant trouvée chez monsieur du Roc Larmigère lieutenant aux maréchaux de France où seroit venue mademoiselle de Jousserand habillée en homme à son ordinaire, et que sur les bruits qu’on faisoit courir elle auroit fait observer à madame du Roc avec laquelle elle conféroit de cela : voilà un Monsieur qui danse qui a une belle braguette mais il n’y a rien dedans […]» (déposition de Jacques Bourdier de la Gorce, lieutenant général civil et criminel de la sénéchaussée de Civray ; 4 décembre 1784).<br />
<br />
* Dépose « qu’un jour de foire de Ruffec de l’année mil sept cent quatre vingt deux, ayant chez elle des moissonneurs à boire dont elle ignore le nom et la demeure, la demoiselle de Jousserand passa devant sa porte, habillée en homme, qu’un de ces moissonneurs dit : voilà un beau monsieur, qu’un autre répondit : ce n’est pas un beau monsieur, c’est une demoiselle de condition dont on parle mal à propos […]» (Louise Machet, veuve Touffaud, 38 ans, cabaretière à Ruffec ; 7 décembre 1784).<br />
<br />
* Dépose que […] « le sieur chavalier de Jousserand vint chés lui déposant et en le saluand lapella son beau-frère, qu’il lui repondit qu’il seroit bien flatté de cet honneur, […] que ledit sr chevalier de Jousserand lui répliqua, vous ne sçavés donc pas que l’on dit dans le public que ma sœur a fait un enfant dont on dit que vous estes le père ; […] que lui dit déposant a ouï parler de ce prétendu accouchement a tant de personnes qu’il nen peut nommer aucune ; que toutes les personnes comme il faut qui en ont parlé ont rendus justice a la vertu de Mademoiselle de Jousserand ; et l’ont plainte de s’etre jettée aussy inconsidérément dans une information si dispendieuse ; que ce qui a donné lieu a tous les faux bruits qui ses sont répandus sur son compte est une servante du logis de La voulernie qui sortit grosse des œuvres dudit sieur chevalier de Jousserand a peu pres dans le temps que lade demoiselle de Jousserand fut a angoulesme, Laquelle servante on appelloit par dérision dans la paroisse du Bouchage Mademoiselle de la Voulernie […] » (messire Louis Alexandre de Monnoÿs chevalier seigneur châtelain Dordières, paroisse de Benest ; 13 décembre 1784).<br />
<br />
* Dépose que […] « il na jamais ouï parler qu’en bien de ladite demoiselle de jousserand et que ceux qui en ont parlés depuis qu’elle a commencé a faire informer, ont dits quelle faisoit mal de manger son argent aussy mal a propos […] » (Antoine Galais laboureur demeurant au bourg et paroisse de Surin, 52 ans ; 13 décembre 1784).<br />
<br />
* Dépose « qil a oüi dire sous tant de différents rapports et par tant de personnes les bruits calomnieux qui couroient sur le compte de Mademoiselle de Jousserand quil lui est impossible de rien dire de positif a ce sujet toutes les personnes qui en ont parlés devant luy n’ayant elles mêmes parlés que sur les ouïs dire , […] quil a oüi dire que ce qui avoit donné lieu a ces bruits etoit une méprise en ce qu’une servante sortie de ché le père de la plaignante grosse, dit-on des œuvres de Monsieur le chevalier son frère et fut accoucher a angoulesme, qu’en route comme ailleurs elle fut qualiffiée de Mademoiselle de Jousserand et qu’à peu près dans le même temps la demoiselle plaignate elle-même eut occasion de se rendre a angoulesme ou elle y resta quelques jours retenue, disoit-on, par une indisposition […] ; on lui rapporta que l’autheur des bruits […] etoit le chevalier son frere […] quil etoit plus adroit qu’on ne croyoit, en ce quil comptoit par la forcer sa sœur au célibat pour demeurer seul l’heritier de sa maison […] » (messire Jean-Louis Pressac Desplanches, avocat en la sénéchaussée de Civray et y demeurant, 31 ans ; 15 décembre 1784).<br />
<br />
* Dépose […] « sur le champ quil etoit douloureux que la réputation d’une fille honnête fut sur la lèvre d’un furieux et de quelque ennemi particulier […] et le dit déposant croit et croira toujours que toute cette information nest que l’effet du mésentendu ; ajoute en outre que sur la dernière plainte il a bien oüi dire que la demoiselle de Jousserand alloit très souvent chés Monsieur labbe desforgêts prendre des leçons de musique mais que toutes ces démarches ne tendoient a rien qui fut contraire a son honneur » (messire Louis François Pressac, curé de Saint-Gaudent y demeurant, 32 ans ; 16 décembre 1784). <br />
<br />
* « Interrogé si un jour étant a la messe à Messeux ou etoit aussy la demoiselle de Jousserand, il ne dit pas a quelques personnes quelle sen etoit fait donner par sa boutonnière en voulant dire quelle etoit grosse ou en avoit fait le pourquoy […] A dit quil na jamais mal parlé de la dite demoiselle de Jousserand ni été sollicité par personne d’en mal parler » (Louis Simon, dit Rousselot, 30 ans, laboureur, demeurant à Faugeroux, paroisse de Messeux ; 25 avril 1785). <br />
<br />
* « Interrogé s’il n’a pas été préposé par quelques personnes pour répandre dans le public le bruit du prétendu accouchement de la dites demoiselle de Jousserand. A denié le contenu au présent interrogatoire. Interrogé s’il n’a pas dit dans quelques maisons quil etoit arrivé un grand malheur a ladite demoiselle de Jousserand, quelle setoit fendüe en deux […] sans être tombée de cheval […]<br />
A dit navoir point de ressouvenir […] » (Gabriel Sabelle, laboureur à Messeux, 26 ans ; 27 avril 1785)<br />
<br />
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{{DEFAULTSORT:Jousserand, Marguerite de}} [[Catégorie:Personnage]][[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Faits divers, scandales]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Justine_AudebrandJustine Audebrand2022-08-29T19:04:06Z<p>Henneau : Page créée avec « Justine Audebrand a rédigé la notice suivante: * Gerberge de Saxe {{DEFAULTSORT:Audebrand, Justine}} Catégorie:Auteur(e) »</p>
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<div>Justine Audebrand a rédigé la notice suivante:<br />
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* [[Gerberge de Saxe]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Audebrand, Justine}}<br />
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[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Esprit-Madeleine_PocquelinEsprit-Madeleine Pocquelin2022-04-25T16:32:21Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = Claude de Rachel de Montalant<br />
| dénominations =<br />
| naissance = 4 août 1665<br />
| décès = 23 mai 1723<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Claudine Nédelec]], 2022==<br />
La seule fille survivante (sur quatre enfants) de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, et d’[[Armande Béjart]] est restée à l’écart de la vie publique et du monde du théâtre professionnel. Mais elle a été, avec Michel Baron et Jean Racine, une informatrice avérée de Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest, auteur en 1705 de la première biographie de Molière.<br/><br />
Ses deux prénoms sont ceux de son parrain, Esprit de Modène, et de sa marraine, [[Madeleine Béjart]], ce qui pourrait confirmer qu’Armande était bien la fille de Madeleine et d’Esprit, la coutume étant alors de choisir les grands-parents pour le parrainage. <br />
Esprit-Madeleine n’avait pas huit ans à la mort de son père et la seule allusion que l’on ait à une scène de son enfance est un petit costume de couleur rose au corps de taffetas vert qu’elle dut revêtir pour jouer une des deux petites Grâces qui accompagnent Vénus dans le prologue de ''Psyché'' (1671), costume décrit dans l’inventaire après décès de Molière. Mais elle aurait refusé de jouer le rôle de Louison du ''Malade imaginaire'' (il fut joué par la fille de Mlle Beauval).<br />
Le testament de [[Madeleine Béjart|Madeleine]] avait fait d’elle son héritière, après sa mère Armande. «Pensionnaire» («celle qui paie pension pour être logée, nourrie et quelquefois instruite») au couvent des Dames religieuses de la Conception, à sa majorité, elle eut quelques contestations avec sa mère concernant son héritage (1691-1693), ce qui lui permit d’entrer en possession de biens suffisants pour mener une vie autonome et à l’abri du besoin. Restée célibataire jusqu’à ses quarante ans (à cause de la sulfureuse réputation faite à sa mère ?), elle épouse en 1705 un gentilhomme de modeste condition, Claude de Rachel de Montalant, de dix-neuf ans son aîné, qui depuis 1669 tient l’orgue de l’église Saint-André-des-Arts ; elle n’en eut pas d’enfant.<br/><br />
Dans sa ''Vie de M. de Molière'', Grimarest, qui la fréquentait, et faisait avec elle et quelques amis du théâtre de salon, rend hommage à « Mademoiselle Pocquelin », en écrivant qu’elle « fait connaître par l’arrangement de sa conduite et l’agrément de sa conversation qu’elle a moins hérité des biens de son père que de ses bonnes qualités ». <br/><br />
Rompant avec la vocation théâtrale de la génération précédente, peut-être par esprit de dévotion, Esprit-Madeleine a préféré une vie anonyme et simple – tout de même facilitée par son indépendance financière. Giovanni Macchia en a fait l’héroïne douloureuse d’une pièce de théâtre, ''Le Silence de Molière'' (1975, trad. française 1989).<br />
<br />
==Principales sources==<br />
*Acte de baptême (original détruit dans l’incendie de l’Hôtel-de-Ville en 1871, publié par Louis-François Beffara, ''Dissertation sur J. B. Poquelin-Molière, sur ses ancêtres, l’époque de sa naissance qui avait été inconnue jusqu’à présent'', Paris, Vente, 1821, p.15) : « Du mardi 4 aoust 1665 fut baptisée Esprit-Magdeleyne, fille de Jean-Baptiste Pauquelin Maulier, bourgeois, et Armande-Gresinde sa femme, demeurant rue Saint-Honoré. Le parrain : messire Esprit de Remon, marquis de Modene ; la marraine : Magdeleyne Bezart, fille de Joseph Besart, vivant procureur. » <br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
*Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest, ''Vie de Monsieur de Molière'', Paris, J. Le Febvre, 1705 [dans Molière, ''Œuvres complètes'', Paris, Seuil, « L’intégrale », 1962, p. 13-32 – citation p. 31].<br />
*Eudore Soulié, ''Recherches sur Molière et sur sa famille'', Paris, Hachette, 1863, p. 100-116 et p. 305-358.<br />
*Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, ''Cent ans de recherches sur Molière, sur sa famille et sur les comédiens de sa troupe'', Paris, SEVPEN, 1963 [https://www.iv.archives-nationales.culture.gouv.fr/mm/media/download/FRAN_ANX_008004.pdf]<br />
<br />
==Jugements==<br />
<br />
*[Alors qu’il se promenait avec un ami au pied des vignes (on est à la saison des vendanges), l’auteur a vu soudain descendre du sentier] « un vieux monsieur qui levait haut la tête avec une dame encore jeune qui paraissait plus grande que lui. J’ai remarqué chez l’un comme chez l’autre un air de commandement. Mon ami me dit : ‟Ne prenez pas garde ! C’est la fille du fameux Molière”. On n’a pas besoin d’aller à la comédie pour connaître cet auteur célèbre, qui a été si coupable envers la religion. Quoique fière, elle nous a salués avec douceur et avec un signe de main. Elle avait des gants avec de grandes franges, ce qui prouvait qu’elle n’avait pas vendangé. On ne lui voyait rien sur elle qui ne fût de prix. [...] J’ai appris avec un vrai contentement qu’on les voyait souvent tous les deux dans les églises ; on aime mieux savoir cette dame à l’église qu’au théâtre comme son père. Mon ami faisait cette réflexion que presque toujours il y a dans les familles des manières de vivre toutes contraires ; c’est bien heureux de penser qu’une telle dame ne soit pas perdue avec les comédiens. On dit pourtant qu’elle a commencé par jouer la comédie, mais sans doute pour obéir à ses père et mère. […] Nous ouïmes la messe paroissiale, qui me parut trop courte, quoique nous eûmes la procession, l’eau bénite et le prône. Dans la procession, je reconnus, portant un cierge, ce Monsieur Montalant suivi d’une manière de laquais. Il avait au doigt un diamant de cinquante louis. On nous dit que dans sa jeunesse il n’allait pas à la procession. L’essentiel est de bien finir. J’ai reconnu aussi son épouse, qui semblait pénétrée de la sainteté de l’office divin. Elle avait toujours un air d’une femme de qualité fort relevée. [...] Mon ami m’avait donné la veille un volume de Molière. Je n’y ai pas vu tant de mal que j’y croyais trouver ; au contraire, il y a des sentences qui ne seraient pas déplacées dans de meilleurs livres. » ([Anonyme], ''Pèlerinage aux saintes reliques d’Argenteuil'' (1719), cité par Arsène Houssaye, ''Molière, sa femme et sa fille'', Paris, Dentu, 1880, p. 155)<br />
* « [Elle] fut nommée Esprit-Marie-Madeleine Pocquelin Molière. Elle était grande, bien faite, peu jolie, mais elle réparait ce défaut par beaucoup d’esprit. Lasse d’attendre un parti du choix de sa mère, elle se laissa enlever par le sieur Claude Rachel, écuyer, sieur de Montalant. Mademoiselle Guérin [Armande] fit quelques poursuites, mais des amis communs accommodèrent l’affaire. M. & Mme de Montalant sont morts à Argenteuil, près de Paris, sans postérité. » (Les frères Parfaict, ''Histoire du théâtre françois'', Paris, 1747, t. XII, p. 320)<br />
<br />
<br />
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<br />
{{DEFAULTSORT:Pocquelin, Esprit-Madeleine}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Art dramatique]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Isabelle_P%C3%A9naIsabelle Péna2022-03-09T14:09:46Z<p>Henneau : </p>
<hr />
<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = Marc Pioche de La Vergne (de février 1633 à décembre 1649); Renaud-René de Sévigné (de décembre 1650 à la mort <br />
| dénominations = Mme de La Vergne, Mme de Sévigné, Mme de Sévigny, baronne de Champiré-Baraton<br />
| naissance = vers 1610<br />
| décès = 2 février 1656<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
<br />
== Notice de [[Nathalie Grande]], 2021 ==<br />
Deuxième fille de Michelle Couppe et de François Péna, « médecin ordinaire du roi », la future mère de [[Marie-Madeleine Pioche de La Vergne|Mme de Lafayette]] est une roturière, issue d’une famille d’origine provençale de médecins. On ne sait rien de son enfance sauf qu’elle a perdu jeune ses deux parents et a été recueillie par un oncle également médecin, Lazare Péna : c’est lui qui signe comme tuteur lors de son mariage avec Marc Pioche de La Vergne, dont le nom apparemment noble ne doit pas cacher l’origine roturière. Elle a autour de 20 ans tandis que son époux approche les 45 ans. Des signatures prestigieuses figurent à ce contrat de mariage (Marie-Madeleine de Vignerod, marquise de Combalet, future duchesse d’Aiguillon et très influente nièce du cardinal de Richelieu; [[Charlotte-Marguerite de Montmorency]], princesse de Condé et mère du Grand Condé; sa fille [[Anne-Geneviève de Bourbon]], future duchesse de Longueville; Julie d' Angennes de Rambouillet|Julie d’Angennes]], fille de la marquise de Rambouillet et future duchesse de Montausier) manifestant les relations de haute volée qu’entretiennent les deux époux. Surtout, on note que Mme de Combalet se montre généreuse puisqu’elle dote Isabelle Péna de 10 000 livres : s’agit-il d’une manière de la remercier pour son service auprès d’elle ? Ou bien faut-il y voir une manière de récompenser aussi le futur, alors en charge comme gouverneur de l’éducation du jeune Jean Armand de Maillé, marquis de Brézé, autre neveu du tout-puissant cardinal ? En tout cas cette somme, bien gérée par Marc Pioche, est à l’origine de la fortune patrimoniale du couple : elle a notamment servi à bâtir un hôtel particulier à l’angle de la rue Férou et de la rue de Vaugirard. Pourtant les époux vont s’installer au Petit Luxembourg, chez Mme de Combalet, signe que leur service les appelle tous deux à être des proches de la famille Richelieu. C’est là en 1634 que va naître leur première fille, Marie-Madeleine, la future romancière. La naissance de deux autres filles, Éléonore-Armande en 1635 et Isabelle-Louise en 1636, amène la famille Pioche de La Vergne à quitter l’appartement de fonction pour rejoindre leur hôtel tout proche, signe de l’aisance acquise. La mort brutale de son époux en décembre 1649 n’est pas pleurée longtemps par Isabelle Péna : elle épouse, un an presque jour pour jour après son veuvage, un ex-chevalier de Malte revenu à la vie civile, le chevalier Renaud-René de Sévigné, son aîné d’une quinzaine d’années. Ce modeste cadet de famille est certes un aristocrate (oncle de la fameuse épistolière) mais désargenté. Lors du partage entre entre mère et filles de la petite fortune familiale, Isabelle Péna récupéra la moitié du patrimoine constitué lors de son précédent mariage et favorisa par le contrat de mariage son nouvel époux au détriment de ses enfants. Pour avantager son aînée, Isabelle Péna envoie alors chez les Ursulines de Valençay ses deux filles cadettes, qui y resteront toute leur vie, une stratégie courante à l’époque, pour les filles comme pour les garçons. Grâce à la recommandation de son mari, elle entre en correspondance avec [[Christine de France]], duchesse de Savoie, et l’on sait qu’elle reçoit et est reçue dans les milieux parisiens en vue, par exemple chez Mme de Rambouillet et chez [[Madeleine de Scudéry|Mlle de Scudéry]]. Nul doute que cette femme habile n’est pas pour rien dans la visibilité mondaine de sa fille, comme dans sa future élévation aristocratique.<br/><br />
L’échec de la Fronde oblige Isabelle Péna à suivre son époux qui part se retirer dans ses terres angevines, dans sa petite propriété de Champiré-Baraton. Elle l’y rejoint avec sa fille en février 1653, et l’érudit Gilles Ménage est du voyage. Elle rentre fin 1654 à Paris avec Marie-Madeleine, officiellement pour la guérir d’une mauvaise fièvre. En fait, elle négocie le mariage de cette dernière, alors âgée de 21 ans, avec un aristocrate veuf mais encore assez jeune, le comte de Lafayette : le mariage est conclu en février 1655, d’autant plus rapidement que le comte accepte d’épouser la fille sur ses espérances, sans versement immédiat d’une dot. La nouvelle Mme de Lafayette part pour l’Auvergne, tandis que sa mère rejoint son mari en Anjou ; elles ne se reverront plus. Isabelle Péna meurt le 2 février 1656 à Angers et est enterrée paroisse Saint Maurille. Le décès prématuré de sa mère ramène Mme de Lafayette à Paris après presque un an en Auvergne pour s’occuper des détails de la succession, et les époux Lafayette choisissent de laisser l’usufruit de l’ensemble des biens à Renaud-René de Sévigné, moyen pour eux de recouvrer l’intégralité du patrimoine après le décès de ce dernier.<br/><br />
Quoique présente dans différents documents de l’époque, Isabelle Péna n’a jusque là pas suscité l’intérêt des historiens ; pourtant son parcours témoigne des possibilités d’ascension sociale, par le service et par le mariage, offertes aux femmes gravitant dans les clientèles des puissant-e-s. Sa fille, devenue comtesse de Lafayette, en témoigne aussi parfaitement.<br />
<br />
==Sources==<br />
* ''Correspondance du chevalier de Sévigné et de Christine de France, duchesse de Savoie'', éd. Jean Lemoine et Frédéric Saulnier, Paris, Société de l’histoire de France, 1911.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Duchêne Roger, ''Madame de Lafayette, la romancière aux cent bras'', Paris, Fayard, 1988, rééd. 2000.<br />
* Grande Nathalie, ''Madame de Lafayette ou les passions subjuguées'', SIEFAR, 2021 [http://siefar.org/en-ligne/2-2021-n-grande-mme-de-lafayette-ou-les-passions-subjuguees/]<br />
<br />
==Jugements==<br />
<br />
* « Madame, dit-on de La Vergne,/ De Paris et non d’Auvergne,/ Voyant un front assez uni/ Au chevalier de Sévigni,/ Galant homme et de belle taille/ Pour aller à la bataille,/ D’elle seule prenant aveu,/<br />
L’a réduit à rompre son vœu./ Si bien, qu’au lieu d’aller à Malte,/ Auprès d’icelle il a fait halte/ En qualité de son mari,/ Qui n’en est nullement marri,/ Cette affaire lui semblant bonne./ Mais cette charmante mignonne,/ Qu’elle [Mme de La Vergne] a de son premier époux,/ En témoigne un peu de courroux/ Ayant cru, pour être fort belle,/ Que la fête serait pour elle,/ Que l’Amour ne trempe ses dards,/ Que dans ses aimables regards,/ Que les filles fraîches et neuves/ Se doivent préférer aux veuves,/ Et qu’un de ces tendrons charmants/ Vaut mieux que quarante mamans. » (Loret, ''La Muse historique'', janvier 1651)<br />
<br />
* « Madame, Encore que je n’aie pas si souvent l’honneur de vous voir que quantité de beaux esprits et de beaux hommes qui font si souvent chez vous de grosses assemblées, je vous prie de croire qu’il n’y a ni bel homme ni bel esprit qui vous honore tant que moi. Cela étant si vrai qu’il n’y a rien de plus vrai, je crois que vous m’obtiendrez de votre grande duchesse [i. e. Mme de Combalet, duchesse d’Aiguillon] une lettre pour le gouvernement du Havre, afin qu’il facilite notre gouvernement [Mme de Combalet a assuré la charge de gouverneur du Havre de 1649 à 1661]. Quand je dis votre grande duchesse, je dirais aussi bien la mienne, si j’osais; mais je sais assez régler mon ambition pour un poète. Vous ne serez quitte avec moi pour une importunité ; je vous prie de donner les placets que je vous envoie à M. de Barillon, et à ceux de sa chambre qui sont connus de vous. Je baise humblement les mains à monseigneur de Sévigné, à mademoiselle de la Vergne, toute lumineuse, toute précieuse, toute, etc., et à vous, madame, à qui je suis de toute mon âme, Madame, votre très-humble et très-affectionné serviteur, Scarron. (Paul Scarron, lettre non datée, ''Dernières Œuvres de Monsieur Scarron'', Paris, Guillaume de Luyne, 1663)<br />
<br />
* « [Catherine Henriette d’Angennes de La Louppe] était jolie, elle était belle, elle était précieuse par son air et par sa modestie. Elle logeait tout proche de Mme de La Vergne [le mémorialiste donne à Isabelle Péna le nom de son défunt mari, et non celui de son mari vivant]. Elle était amie intime de mademoiselle sa fille ; elles avaient même percé une porte par laquelle elles se voyaient sans sortir du logis. Cette Mme de La Vergne était une honnête femme dans le fond, mais intéressée au dernier point et plus susceptible de vanité pour toute sorte d’intrigue, sans exception, que femme que j’aie jamais connue. […L’affaire] était d’une nature à effaroucher d’abord une prude. J’assaisonnai mon discours de tant de protestations de bonne intention et d’honnêteté qu’il ne fut pas rebuté ; mais aussi ne fut-il reçu que sous les promesses solennelles que je fis de ne prétendre jamais qu’elle étendît les offices que je lui demandais au-delà de ceux que l’on peut rendre en conscience pour procurer une bonne, chaste, pure, simple et sainte amitié. » (Paul de Gondi, cardinal de Retz, ''Mémoires'', éd. Simone Bertière, Paris, Livre de Poche/Classiques Garnier, «La Pochothèque», 1999, p. 949)<br />
<br />
* « Mme de La Vergne, qui avait épousé en secondes noces M. le chevalier de Sévigné, et qui demeurait en Anjou, avec son mari, m’y vint voir [à Nantes où le cardinal est incarcéré] et y amena Mlle de La Vergne, sa fille, qui est présentement Mme de Lafayette. Elle était fort jolie et fort aimable, et elle avait, de plus, beaucoup d’air de Mme de Lesdiguières. Elle me plut beaucoup ; la vérité est que je ne lui plus guère, soit qu’elle n’eût pas beaucoup d’inclination pour moi, soit que la défiance que sa mère et son beau-père lui avait donnée, dès Paris, même avec application, de mes inconstances et de mes différentes amours, la missent en garde contre moi. (''ibid''., p. 1119)<br />
<br />
* « Les liens de la nièce de Richelieu et de la nouvelle mariée [Isabelle Péna] sont énoncés dans le contrat : la première a participé à la dot de la seconde « pour l’amitié qu’elle lui porte ». En langage de notaire, cela veut dire qu’Isabelle Péna fait partie des domestiques de la grande dame, qui la récompense de ses services en la dotant. » Roger Duchêne, ''Mme de Lafayette, la romancière aux cent bras'' [1988], Paris, Fayard, 2000, p. 19.<br />
<br />
* « Cette décision (d’envoyer ses filles cadettes au couvent) témoigne d’une alliance entre la mère et sa fille aînée, car seule la mère avait l’autorité pour prendre cette décision pour ses filles mineures, décision qui en les privant de leur qualité d’héritières (une pension de quelques centaines de livres versée au couvent leur vie durant soldait leurs droits), assurait l’avantage de l’aînée. C’est pourquoi on peut douter qu’il y ait eu rivalité entre mère et fille, car Isabelle Péna une fois remariée a continué à veiller précieusement sur sa fille aînée. Par ailleurs, si le mariage de la mère pénalisait l’héritière en titre sur le plan patrimonial, en revanche nul doute qu’il lui a été très favorable sur le plan social. [...] De cette implantation dans le milieu aristocratique témoigne bientôt la charge de «demoiselle d’honneur de la reine» Anne d’Autriche, que Marie-Madeleine reçoit, quelques mois après le mariage de sa mère. Ce titre est purement honorifique, et ne fait pas de la jeune Marie-Madeleine une intime de l’entourage de la reine ; mais il signale comment le mariage de la mère avec un aristocrate a permis à sa fille d’avoir ses entrées à la cour, et comment il a ainsi contribué à préparer sa future accession à la noblesse par mariage interposé. » (Nathalie Grande, ''Madame de Lafayette ou les passions subjuguées'', SIEFAR, 2021, p. 10).<br />
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{{DEFAULTSORT:Pena, Isabelle}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
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<div>{{Infobox Siefar2<br />
| image = image:Charles André van Loo - Mlle Clairon en Médée.jpg<br />
| conjoint = Jason puis Égée<br />
| dénominations = Médée<br/>Medée<br/>Medea<br/><br />
| naissance = Époque de la quête de la Toison d'Or<br />
| région d'origine = La Colchide<br />
| domaines de notoriété = Personnage de théâtre antique<br />
}}<br />
<br />
__FORCETOC__<br />
<br />
== Sources antiques principales == <br />
<br />
Fille du roi de Colchide, petite-fille du Soleil, parfois présentée comme la nièce de Circé, Médée est une figure ancienne de la mythologie (Hésiode, ''Théogonie'', v. 956). Associée à des faits violents et dotée de pouvoirs magiques, elle intervient dans plusieurs histoires. Son rôle principal est indissociable de Jason (Apollonios de Rhodes, ''Les Argonautiques''), le fils d’Aéson, qu’elle aide à conquérir la toison d’or, à recouvrer le trône de Iolcos en éliminant l’imposteur Pélias et qu’elle abandonne ensuite à Corinthe après avoir tué sa rivale, la fille du roi, et son père Créon. Elle est également associée à Égée auprès duquel elle trouve refuge en quittant Corinthe, mais ce répit n’est pas durable car elle est également chassée d’Athènes pour avoir tenté de tuer Thésée, le fils du roi. Le personnage figure dans des récits ainsi que des tragédies. <br />
<br />
Les crimes de Médée semblent particulièrement subversifs : ses victimes sont toujours des hommes, objet direct de sa vengeance ou simple moyen en vue d’une fin, et les moyens utilisés aussi variés que cruels. Deux cas retiennent tout particulièrement l’attention : Pélias dépecé et cuit par ses filles convaincues de le rajeunir à la suite du mensonge de la magicienne et Absyrtos démembré par sa propre sœur afin de ralentir leur père qui, poursuivant les voleurs de la toison d’or, s’arrête pour en recueillir les morceaux. <br />
<br />
La tragédie d’Euripide (''Médée'') constitue une rupture majeure dans la réception de la magicienne en ajoutant à la liste des crimes un forfait encore plus scandaleux que tous les autres : Médée tue ses propres enfants. Ce crime fait d’elle un personnage terrifiant mais aussi remarquable et contribue durablement à la fortune littéraire, et surtout théâtrale (qu’on pense à Sénèque et à ses émules), du personnage antique. <br />
<br />
Magicienne, amoureuse, meurtrière, Médée est une figure complexe qui inspire les poètes antiques (Ovide, en particulier : ''Héroïdes'', VI et XII ; ''Métamorphoses'', VII, 1-424 et une tragédie perdue) et suscite la curiosité des savants qui s’interrogent sur la psyché de cette criminelle paradoxale qui tue ceux qu’elle aime (Chrysippe, Galien).<br />
<br />
== Article de [[Zoé Schweitzer]] (2022) ==<br />
<br />
Parmi les nombreuses figures de criminel(le)s de la mythologie et de la tragédie antique, Médée est atypique. D’une part, elle est l’autrice de crimes d’une violence inouïe, tant par le nombre et la nature de ses forfaits (fratricide, régicide, infanticide), que par sa détermination à les perpétrer. L’impunité dont bénéficie la criminelle achève de la singulariser. Médée est le « plus horrible exemple de cruauté qui se trouve en toutes les Histoires des Anciens » (« ''Medea, saevissimum veteris perfidie documentum'' », Boccace, ''De claris mulieribus'' [1362], ch. XVII « ''De Medea regine Colcorum'' »). Et pourtant, dans les tragédies antiques où Jason est un ingrat et Créon un roi injuste, elle apparaît aussi comme pitoyable. D’autre part, l’infanticide a été inventé par un poète tragique ce qui fait de Médée est un mythe littéraire, c’est-à-dire advenu en littérature.<br />
<br />
Cette singularité explique que Médée intéresse la fiction et en particulier le genre tragique. Ses crimes provoquent des émotions violentes, conformément à ce que recommande Aristote dans ''La Poétique'', et soulèvent des questions théoriques tant l’infanticide est difficilement représentable, comme le souligne Horace dans l’''Art poétique'' (v. 185-188). C’est pourquoi le personnage de Médée et l’épisode corinthien que représentent les tragiques depuis Euripide constituent un exemple récurrent dans les poétiques dramatiques, en particulier lorsqu’il est question de vraisemblance et de spectaculaire, deux notions cruciales pour la poétique d’inspiration aristotélicienne qui domine en France et en Italie dès le XVIIe siècle.<br />
<br />
Paroxystique sur la scène, la violence de Médée excède le champ du théâtre. Elle suscite l’intérêt dans des domaines aussi divers que la médecine, la politique, la démonologie ou la querelle des sexes : le scandale provoqué par le personnage de Médée déborde la scène tragique parce que ses crimes mettent en jeu des questions politiques (que peut la puissance royale ? quelle résistance opposer à l’ennemi ? quelle violence est légitime ?) ou les représentations de son sexe : avec Médée, la fille, la sœur, l’épouse et la mère sont toutes criminelles et aucun lien du lignage ne demeure. Par sa violence paroxystique, le personnage devient un ''exemplum'' inséré dans un discours descriptif ou argumentatif dont les enjeux sont éminemment variables. Défendue par Christine de Pisan et condamnée par Boccace, louée pour son savoir par Henri Corneille Agrippa et critiquée pour sa méchanceté par Olivier (''Alphabet de l’imperfection et malice des femmes'', 1617), Médée sert les misogynes et les philogynes. De la Renaissance italienne à la fin du XVIIe siècle, deux attitudes coexistent dans les traités : pour les uns, Médée est un monstre coupable ; pour les autres, elle est la victime de son mari. Dans tous les cas ce personnage de mère infanticide est mu par une passion dévorante à lire les recueils d’histoires tragiques (Bandello, Boaistuau, Rosset) ou encore ''Les Spectacles d’horreur'' de Camus en 1630. Par son ambiguïté, le personnage de la mère infanticide se trouve ainsi au cœur d’un débat sur les vertus et les vices féminins mais aussi sur les prérogatives de son sexe. Au XVIIIe siècle, la fortune prodigieuse de la maternité provoque un changement dans la conception des femmes qui se répercute sur la représentation de Médée : on remarque que dans les réécritures de cette époque l’héroïne est le plus souvent une mère égarée par la douleur amoureuse. Paradigme de la violence, victime emblématique de la tyrannie masculine ou illustration de la puissance des passions, Médée permet de réfléchir à l’identité féminine.<br />
La recension des œuvres mentionnant Médée dans leur titre ne doit pas masquer l’extraordinaire plasticité du personnage car les auteurs adaptent au goût de leurs contemporains cette mère infanticide et cette femme violente, motivant différemment ses crimes et édulcorant ou accentuant la cruauté de son caractère en fonction des époques. Cruelle chez La Péruse (1556) et Galladei (1558), soucieuse du droit chez Corneille (1639) mais égarée chez Longepierre (1694), Médée est franchement sensible chez Clément (1779) fût-ce jusqu’à l’hallucination comme chez Glover (1761) ou à l’innocence (Johnson, 1731).<br />
<br />
Le XVIIIe siècle est une période particulièrement intéressante pour ce personnage. Pour la plupart des doctes, le sujet de Médée ne convient plus à la tragédie car il ouvre inévitablement deux voies impossibles : soit l’on représente une Médée coupable et l’intérêt se porte sur une criminelle, ce qui va contre la moralisation nécessaire de la fable tragique, soit l’on représente une Médée innocente et l’intérêt même du sujet disparaît, comme le souligne Coupé, qui traduit la ''Médée'' de Sénèque en 1795. Pourtant, on joue davantage ''Médée'' au XVIIIe siècle qu’aux siècles précédents, notamment parce que la hantise de l’infanticide et l’exacerbation de la maternité sont à leur comble. Nombre d’anecdotes de cette époque soulignent toutefois que l’actrice fait le succès de la représentation, bien plus que la pièce, et ainsi Mlle Clairon choisit-elle de se faire représenter dans ce rôle par Van Loo (1759 - voir l'illustration de cet article). Dans ce domaine également, le personnage est vecteur d’une réflexion théorique : ce rôle cristallise le débat sur la notion d’imitation et exacerbe ce qui fait le propre du plaisir tragique.<br />
<br />
Magicienne et amoureuse, Médée trouve logiquement sa place dans les opéras, italiens d’abord puis français et allemands, tant le genre est amateur d’effets spectaculaires et de figures passionnées, mais c’est au prix le plus souvent, exception faite de Thomas Corneille (musique de Charpentier, 1695), Gotter (musique de Benda, 1775) ou Hoffman (musique de Cherubini, 1797) d’une modification de l’épisode mythologique choisi : Médée ne se trouve plus à Corinthe mais en Colchide (Cicognini, musique de Cavalli, 1649 ; Rousseau, 1696 ; Palazzi, 1726) ou à Athènes (Quinault, musique de Lully, 1675 ; Aureli, 1676) et l’ensorceleuse a supplanté la criminelle sanglante. <br />
<br />
Cette fortune, constante depuis la première modernité, ne s’arrête pas à l’époque moderne loin s’en faut et le XXe siècle est particulièrement riche de Médée, en particulier pour la scène (Hans Henny Jahnn, 1927 ; José Bergamín, 1954 ; Dario Fo et Franca Rame, 1976 ; Max Rouquette, 1992), mais aussi l’opéra ou le cinéma. Aujourd’hui comme naguère, Médée polarise les jugements éthiques et politiques : vectrice d’un discours anticolonial (Pier Paolo Pasolini, 1969 ; Heiner Müller, 1982), elle est encore parfois la caution d’un propos misogyne et réactionnaire (Jean Anouilh, 1946). Il est remarquable combien Médée intéresse ces dernières décennies les autrices, de théâtre (par exemple Dea Loher, ''Manhattan Medea'', 1999 ou Sarah Stridsberg, ''Medealand'', 2009), mais aussi de roman, qu’on pense à Ludmila Oulitskaïa (1996) ou bien encore à Christa Wolf (1996) dont le but explicite est de rédimer la Colchidienne en l’innocentant de l’infanticide, conçu par un tyran, accompli par des hommes déchaînés et diffusé par un dramaturge grec complice, Euripide.<br />
<br />
== Bibliographie sélective ==<br />
<br />
BERRA, Aurélien, CUNY-LE CALLET, Blandine et GUÉRIN, Charles (éd.), ''Cahiers du théâtre antique. Cahiers du GITA – « Médée. Versions et interprétations d’un mythe. »'', n°20, nouvelle série n°2, 2016.<br />
<br />
CHARPENTIER, Françoise, « Médée, figure de la passion. D’Euripide à l’âge classique » dans ''Prémices et floraison de l’Âge classique. Mélanges en l’honneur de Jean Jehasse'', dir. Bernard Yon, Saint-Étienne, Publications de l’Université Saint-Étienne, Institut Claude Longeon, 1995, p. 388-402.<br />
<br />
CLAUSS, James J., JOHNSTON, Sarah Iles (éd.), ''Essays on Medea in Myth, Literature, Philosophy, and Art'', Princeton, Princeton University Press, 1997.<br />
<br />
HALL, Edith, MACINTOSH, Fiona et TAPLIN, Olivier (éd.), ''Medea in Performance 1500-2000'', Oxford, Oxford University Press, Legenda, 2000.<br />
<br />
LECERCLE, François, « Médée, la volupté d’un geste lent », dans ''La Maladie sexuelle – Le Fait de l’analyse'', Paris, Autrement, n°8, printemps 2000, p. 213-232.<br />
<br />
MENU Michel (dir.), ''Médée et la violence''. Colloque international organisé à l’Université de Toulouse-Le Mirail les 28, 29 et 30 mars 1996 à l’initiative du C.R.A.T.A., Pallas, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1996.<br />
<br />
MOREAU, Alain, ''Le Mythe de Jason et Médée. Le Va nu-pied et la Sorcière'', Paris, Les Belles Lettres, Vérité des mythes, 1994.<br />
<br />
NISSIM, Liana, PREDA, Alessandra (éd.), ''Magia, Gelosia, Vendetta. Il Mito de Medea nelle lettere francesi''. Gargnano del Garda (8 – 11 giugno 2005), Milan, Cisalpino, Università degli Studi di Milano, Facoltà di lettere e filosofia, Quaderni di Acme, 2006.<br />
<br />
PIGEAUD, Jackie, ''La Maladie de l’âme. Étude sur la relation de l’âme et du corps dans la tradition médico-philosophique antique'', Paris, Les Belles Lettres, Études anciennes, 1989 [1981].<br />
<br />
SCHWEITZER, Zoé, « Les figures de Médée et de Cornélie dans les ouvrages de la Querelle : hypothèses sur le rôle de la maternité dans l’élaboration d’une identité féminine », dans Revisiter la « querelle des femmes ». ''Discours sur l’égalité/inégalité des sexes, de 1600 à 1750'', dir. D. Haase-Dubosc et M.-E. Henneau, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2013, p. 179-192.<br />
<br />
SCHWEITZER, Zoé, « Sexualité et questions de genre dans les Médée renaissantes et classiques », revue électronique ''Silène'', 2007 (www.revue-silene.com) : [http://www.revue-silene.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=89] <br />
<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Femmes antiques et légendaires]]</div>Debrossehttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Louise_SeguinLouise Seguin2021-09-19T15:38:08Z<p>Henneau : /* Jugements */</p>
<hr />
<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = Jean Lefel<br />
| dénominations = « la veuve Lefel »<br />
| naissance = 1746 ou 1756 <br />
| décès = ?<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2021 ==<br />
L’année et le lieu de naissance de Louise Seguin, héroïne exemplaire d’une émeute de subsistances, sont tout aussi inconnus que ses origines. Elle a soit 33, soit 43 ans, dans la grosse liasse de la sénéchaussée de La Rochelle qui rassemble la procédure judiciaire où se découvrent les évènements survenus les 17 et 18 avril 1789 dans la ville, portuaire et militaire, de Rochefort sur le fleuve Charente. Dans cette « émotion populaire » (celles-ci se multiplient dans la France effervescente du printemps 1789), Louise aurait joué un rôle majeur : partage de miches de pain chez deux boulangers aux côtés de plusieurs centaines de personnes, récupération de farine tombée au sol, probable agression à coups de pierres de sergents de ville venus à la rescousse, présence dans divers attroupements où ses propos seront jugés mobilisateurs et séditieux.<br/><br />
D’extraction modeste, cette émeutière est la veuve du taillandier Jean Lefel, un faiseur d’objets métalliques, qui travaillait « sur le port ». Elle serait « mère de famille », mais l’âge et le nombre de ses enfants ne sont pas indiqués. Elle se déclare « femme de journée » et fait notamment du blanchissage chez un boulanger. Elle ne sait pas signer, mais les dépositions des témoins et les procès-verbaux de ses interrogatoires, semblent montrer qu’elle sait user d’un vocabulaire vigoureux et précis quand il s’agit de répliquer à sa patronne, de réclamer au maire « le juste prix » du pain ou de tenter de minimiser ses actes lors de son procès. Son rôle de meneuse lors du pillage de plusieurs boulangeries n’est pas clair, mais il est monté en épingle par des juges en quête de responsables : prioritairement des hommes, précisément identifiés et sévèrement punis, et accessoirement, des femmes mal différenciées, « furieuses » mais nourricières et, pour cela, plus excusables.<br/><br />
« La veuve Lefel » est la seule « séditieuse » dont les propos sont rapportés par les témoins et c’est peut-être son éloquence, autant que ses affirmations réitérées d’être dans le bon droit, qui expliquent son arrestation le 21 avril et sa condamnation, le 14 juillet 1789, à un enfermement à perpétuité en « maison de force ». Une peine que la sentence prévôtale assortit de la fustigation en public et du marquage à l’épaule droite d’une fleur de lys, le tout lui étant infligé après avoir assisté à la pendaison du seul des trois hommes poursuivis : les deux autres condamnés à mort sont contumaces (un chirurgien, un fils d’aubergiste), tandis qu’un quatrième (un marin « Italien ») est envoyé à vie aux galères, et qu’une quinzaine d’autres semblent exonérés. Des sept femmes soupçonnées, Louise est la seule à être emprisonnée à Rochefort, puis à La Rochelle, et si elle échappe à la peine capitale, c’est – sans doute – du fait de son appartenance de genre. Son destin ultérieur reste inconnu.<br/><br />
La lecture fine d’archives particulièrement riches (près de 700 pages, dont 138 pour la seule « information » où témoignent 78 personnes) permet de ressusciter un pan de la vie d’une personne à la fois singulière et symptomatique. Elle a la prudence de cacher chez elle un premier pain dérobé chez sa patronne dont elle refuse l’argent, puis elle repart « au partage », harangue les hésitants et sait dire « nous » quand, devant le maire, « elle porta la parole de sa troupe de femmes » : des veuves ou épouses de crocheteurs, portefaix, « limeur aux grosses œuvres », cordier ou charpentier de navire, femmes qui survivent en louant leur force de travail ou en vendant des pommes ou des sardines (l’une d’elles cependant est la jeune veuve d’un sergent de la marine et se déclare « tailleuse pour hommes »). Par-delà l’habituelle solidarité de genre et de classe qui s’organise spontanément face au prix abusif des subsistances, les évènements rochefortais font apparaître les particularités d’une ville sous contrôle militaire qui draine une main d’œuvre turbulente venant d’Aunis et Saintonge, mais aussi d’Angoumois, d’Auvergne et même de Naples. Ces évènements révèlent plus encore le rôle conjoint des hommes et des femmes au moins lors des émeutes d’Ancien Régime, qu’elles soient vivrières comme ici, antifiscales ou autres.<br/> <br />
Dans l’historiographie, la violence des femmes ne fait plus débat, mais l’analyse des aspects politiques de leur activisme mérite d’être reprise et étendue dans le temps. Elle oblige à multiplier, au plus près de l’archive, des études monographiques du type de celle entreprise, il y a peu, par Catherine Odoux.<br />
<br />
==Principales sources==<br />
* Archives départementales de Charente-Maritime, B 1785-2 (sénéchaussée de la Rochelle) : « Emeute de Rochefort des 17-18 avril 1789 »<br />
* Archives municipales de Rochefort, registre 60 673. Voir notamment, 17 avril 1789 : affiche imprimée taxant (une diminution infime) le prix du pain ; 20 juillet 1789 : paiement de trois mois de dépenses des troupes occupées au maintien de l’ordre)<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Bitaudé, Pierre, « La crise économique et l’approvisionnement de Rochefort (1789-1797) » , in Jacques Duguet (dir.), ''La Révolution française à Rochefort, 1789-1799'', Poitiers, Projets éditions, 1989, p. 115-130. <br />
* Chevalier, Clara, « Des émeutières passées sous silence ? L’invisibilisation de la violence des femmes au prisme du genre (Paris, 1775) », in Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), ''Penser la violence des femmes'', Paris, La Découverte/Poche, 2017, p. 106-118 (1ère éd. 2012).<br />
* Farge, Arlette, « Evidentes émeutières », in G. Duby et M. Perrot (dir.), ''Histoire des femmes en Occident''. t. 3 : ''XVIe-XVIIIe siècles'', Paris, Plon, 1991, p. 481-496.<br />
* Odoux, Catherine, « Le prétexte du pain. Emeute populaire de Rochefort les 17-18 avril 1789 », ''Le Pays chauvinois'', n° 48/2010, p. 261-281.<br />
* Pellegrin, Nicole, « Émeutières des Lumières », ''L’Actualité Nouvelle-Aquitaine'', n°122, été-automne 2021, p. 20-23, ill.<br />
<br />
==Jugements==<br />
* « Interrogatoire sur décret […]: Interrogée […] si étant chez la Baudry Texière [boulangère], ladite Baudry ne lui dit pas vous nous ruinez méchante femme et si L’accusée ne répondit pas C’est vous qui nous ruinez en vendant le pain trop cher. […] si elle ne fut pas à la tête de la populace chez hérault boulanger, si elle n’invitoit pas les autres à la révolte, disant que s’il y en avoit vingt comme elle, ils assassineroient les boulangers. […] a dit qu’elle fut effectivement avec d’autres femmes parler à M. Le maire sur la place, qu’elle dit seulement, monsieur, vous êtes le père du peuple et vous ne voudries pas chercher a enrichir les boulangers au préjudice de tout le peuple et qu’il faut absolument que le pain diminue et en se reprenant a dit qu’elle dit nous voudrions que le pain diminuât, nous ne pouvons pas vivre. Interrogé si elle connoit quelques uns des auteurs ou complices de la révolte, a dit qu’elle [étoit] avec beaucoup de monde, mais que dans un moment comme celui là, elle ne put connoitre personne. […] a déclaré ne savoir signer. […] » (Archives départementales de Charente-Maritime, B 1785-2 : 25 avril 1789). <br />
* « Jugement définitif […] avons déclaré ladite Louise Seguin Veuve Lefel duement atteinte et convaincue […] de s’être mise a la tête d’une troupe de femmes et de les avoir conduites en les excitant par ses clameurs, chez le S. Maire de Rochefort et n’ayant point trouvé cet officier, d’avoir conduit ladite troupe à la porte du commandant de la place d’où ledit Sr Maire étant venu, ladite veuve Lefel porta la parole pour la troupe et lui demanda la diminution du pain, d’avoir avant cela, été chez deux boulangers chez lesquels elle s’etoit fait donner du pain, lesd. Boulangers y étant forcés par L’attroupement, d’avoir pris et emporté de la farine qu’elle a trouvée sur le pavé d’un troisième boulanger, d’avoir excité la populace par des cris séditieux, en criant à L’assaut, et disant s’il y en avoit vingt comme moi, nous assassinerions tous les boulangers, ajoutant après que nous aurons pris le pain, nous prendrons les robes, les coeffes et la bourse, d’avoir avec l’aide des femmes qu’elle excitoit, voulu forcer la garde qui s’opposoit à ses violences, d’avoir lancé des pierres dont l’une desquelles un soldat a été atteint, pour réparations de quoi l’avons condamnée […] » (Archives départementales de Charente-Maritime, B 1785-2 : 14 juillet 1789). <br />
* « Louise Seguin est une grande femme de 33 ans. […] Cette femme-là est un peu différente des autres. Son comportement de meneuse improvisée est remarquable : elle a la voix haute de qui prétend s’adresser à l’autorité publique. […] Dans le contexte de l’époque, ces paroles sont fort courageuses : légitimes pour celle qui les profère, elles sont hautement transgressives aux yeux des autorités » (Catherine Odoux, « Le prétexte du pain. Emeute populaire de Rochefort les 17-18 avril 1789 », ''Le Pays chauvinois'', n° 48/2010, p. 276).<br />
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{{DEFAULTSORT:Seguin, Louise}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Criminalité]] [[Catégorie:Activités politiques]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Marie_LaigleMarie Laigle2021-09-19T15:20:01Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = « première Servante » (mère supérieure)<br />
| conjoints = <br />
| dénominations =<br />
| naissance = 1686<br />
| décès = 4 février 1749 <br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2021==<br />
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Marie Laigle est née à Longué (bourg de l’actuel département du Maine-et-Loire) en 1686. Son origine sociale, sans doute modeste, et sa scolarisation, de qualité, ne sont pas connues. Le 22 septembre 1706, elle entre dans la congrégation – controversée – fondée en 1704 à Saumur par la marchande en mercerie, [[Jeanne Delanoue]] (1666-1736) : les Sœurs de Sainte-Anne de la Providence, Servantes des pauvres. Cette vêture a lieu au tout début de l’expansion de la fondation et dans une période de récoltes calamiteuses et de grande misère. Les obédiences successives de Marie, professe le 9 mai 1710, restent ignorées, mais elle semble avoir très tôt occupé des fonctions qui lui permettent de recueillir et noter les faits et gestes de la fondatrice et les manœuvres des cénacles dévots angevins qui la soutiennent ou l’ostracisent. Mêlée aux problèmes incessants du ravitaillement de la maison, elle n’ignore rien des réticences et des élans de générosité de celles et ceux qui font vivre la communauté et son hôpital, tant par leurs dons que par leurs conseils spirituels. Elle succède à la fondatrice à la mort de celle-ci en 1736 et reste supérieure jusqu’à sa mort le 4 février 1749.<br/><br />
Le dialogue singulier de Marie et de [[Jeanne Delanoue]] a lieu face à des tiers attentifs (une autre scribe, l’ensemble de la communauté, leurs directeurs religieux, quelques profanes, les pauvres à secourir). Leur cohabitation quotidienne au sein de tâches prosaïques et d’exercices de piété incessants permet donc à Marie d’être un témoin privilégié de l’action et de la spiritualité d’une future sainte. Elle l’est d’autant plus que – fait exceptionnel et comble de mortification pour l’une et l’autre – Marie, terrorisée, est contrainte de devenir, le 20 septembre 1712, la supérieure de sa Supérieure à la demande de celle-ci, devenant donc la directrice de sa vie matérielle et intérieure.<br />
Pendant son supériorat officiel, Marie Laigle sollicite l’aumônier des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire de Chinon, l’abbé Cever, pour qu’il écrive la vie de son ancienne supérieure. L’ouvrage, publié à Angers en 1743 et dédié à l’évêque du lieu, est enrichi d’un « Avertissement » où les « Dames Religieuses de sainte Anne, les Servantes des Pauvres de Jesus-Christ, qui composent la Maison de la Providence de Saumur » sont remerciées de lui avoir fourni des « mémoires, extraordinairement longs » et très disparates, recueillis après la mort de la supérieure. De ces éléments, sont à peine distingués « les fragmens, que la Sœur Marie alloit écrire comme elle pouvoit, & selon le peu de loisir qu’elle en avoit ». En réalité, tous ceux qui se sont penchés sur ces textes, ne manquent pas d’en admirer la précision et la vivacité et regrettent qu’ils s’interrompent en 1716 pour une raison inconnue : pertes dues aux guerres de Vendée ou volonté d’un confesseur désireux de lui faire arrêter un travail d’écriture par trop satisfaisant pour son autrice ? <br/><br />
La ''Vievie'' (sic) écrite par Marie Laigle est déconcertante à plus d’un titre. Anecdotes, dialogues et opinions se succèdent et sont authentifiés par des « Je l’ai vu », « je l’ai vu de mes propres yeux », « elle m’a dit », « je l’ai laissé par écrit », « je le puis dire avec vérité, car je le sais par expérience, et je l’ai expérimenté plusieurs fois, grâce à Dieu. je puis vous l’assurer ». Elle se désigne aussi comme « cette Sœur » (épisode du supériorat intérimaire) mais, le plus souvent, elle emploie la première personne du pluriel (« nous », « notre Mère »). Assistante puis successeure de [[Jeanne Delanoue]], Marie Laigle est une écrivaine d’un type inédit qui mérite d’être lue hors des cercles pieux. La soif de détails, édifiants mais concrets, de cette hagiographe ressuscite le poids des « malheurs des temps » au sein desquels survit le plus grand nombre. Son texte, plus encore, fait apparaître des formes insoupçonnées de la piété catholique au XVIIIe siècle, tout à la fois traditionnelles et démocratisées ¬: maintien des pèlerinages, foi invincible dans la Providence et ses miracles, goût des mortifications, poids des directeurs de conscience, force émancipatrice de la foi pour certaines religieuses, ambivalences de l’entraide féminine, ampleur d’un activisme charitable qui fleurit, loin de Paris, bien avant les temps postrévolutionnaires et la multiplication des congrégations à supérieure générale. Cette écriture du fragment, pittoresque et compacte, sa prolixité répétitive, ses tournures vernaculaires, attendent d’être analysées au plus près du manuscrit original.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* « La vie de notre chère mère Jeanne Delanoue », texte du manuscrit modernisé de Marie Laigle, édité et commenté par le chanoine Georges Blond, ''La mère des pauvres. Jeanne Delanoue, 1666-173''6, Saumur, Congrégation des Sœurs de Jeanne Delanoue à Saint-Hilaire-Saint-Florent, 1968, p. 1-288. Ce texte est illustré, entre autres (face p. 3 et 34), d’une reproduction de la première et de la dernière page du « cahier de Marie Laigle » et d’un feuillet du registre des Actes d’association daté du 8 novembre 1734 signé de Marie Laigle et Jeanne Delanoue (face p. 258). À noter une rédaction à plusieurs mains (Marie et une ou deux copistes)<br />
* (en collaboration avec Jeanne Delanoue et les autres sœurs), « Première et Seconde Règles », in G. Blond, ''op. cit''., p. 289-309.<br />
<br />
==Principale source==<br />
* [Abbé Cever], ''Discours sur la vie et les vertus de la vénérable sœur Jeanne Delanoue Fondatrice & première Superieure de la Maison de la providence de Saumur, décédée le 16 Août 1736 en odeur de sainteté'', Angers, Pierre-Louis Dubé, 1743.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* ''La vénérable Jeanne Delanoue, Fondatrice des Sœurs de Sainte Anne de la Providence de Saumur Servantes des Pauvres, 1666-1736'', Angers, Société anonyme des Editions de l’Ouest, 1930.<br />
* B-d-E, « SAINTE-ANNE (Congrégation des Sœurs de), servantes des pauvres. Vie de Jeanne de La Nouë, fondatrice de cette Congrégation et de l’hospice de la Providence, à Saumur » in Hélyot, Badiche et Tochou, les pères (dir.), ''Dictionnaire des ordres religieux'' […], Paris, J.-P. Migne, ''Encyclopédie théologique'', tome XXIII/ 4, 1859, col. 1383-1392.<br />
Darricau, Raymond , Bernard Peyrous et Jean de Viguerie, ''Sainte Jeanne Delanoue, servante des pauvres'', Chambray-les-Tours, C. L. D., 1982.<br />
<br />
==Jugements==<br />
* « Je nomme pour être ma supérieure Sœur Marie ; c’est elle qui est plus avec moi pour voir mes imperfections afin de m’en reprendre. Je suis sûre que je ne lui fais pas plaisir de la charger de cela ; je sais que je la mortifie extrêmement ; mais, n’importe, il faut que cela soit […].(propos de la mère Jeanne Delanoue, cités dans « La vie de notre chère mère Jeanne Delanoue », texte du manuscrit de Marie Laigle édité et commenté par le chanoine Georges Blond, ''La mère des pauvres. Jeanne Delanoue, 1666-1736'', Saumur, Congrégation des Sœurs de Jeanne Delanoue à Saint-Hilaire-Saint-Florent, 1968, p. 205-206. <br />
* [À l’issue d’un songe où Marie descend facilement d’une montagne, tandis que sa supérieure va de précipice en précipice] Vous qui avez descendu si librement, c’est que vous ne portez pas le poids de la peine ; vous vous reposez librement sur moi ; vous avez seulement une certaine crainte humaine, une appréhension de l’avenir, mais vous ne m’aidez point et n’entrez nullement en la peine ; il n’y a que moi qui porte le fardeau. Mais votre temps viendra que vous le porterez, si vous êtes fidèle à répondre à la grâce ; mai si vous la négligez, Dieu retirera celles que vous avez eues et vous tomberez dans l’endurcissement dont vous ne sortirez pas. Prenez-y garde, veillez-y. […] » , ''Ibidem'', p. 244).<br />
* « Nous ne les avons pas tels qu’elle les a débités [ces discours de la fondatrice de la Providence de Saumur], puisqu’elle ne les a point écrits, il ne nous en reste que des fragmens, que la Sœur Marie alloit écrire comme elle pouvoit, & selon le peu de loisir qu’elle en avoit, après les avoir entendus […]» ([Abbé Cever], ''Discours sur la vie et les vertus de la vénérable sœur Jeanne Delanoue Fondatrice & première Superieure de la Maison de la providence de Saumur, décédée le 16 Août 1736 en odeur de sainteté'', Angers, Pierre-Louis Dubé, 1743, p. 202).<br />
* « C’est par le moyen des notes que prenait cette sœur Marie que nous est parvenue la connaissance de quantité de particularités de la vie privée de sœur Jeanne [Delanoue]. Après elle, sa pieuse confidente, Marie Laigle, fut supérieure générale, et eut elle-même pour successeur, sa propre sœur Catherine Laigle » (B-d-E, « Sainte-Anne (Congrégation des Sœurs de), servantes des pauvres. Vie de Jeanne de La Nouë, fondatrice de cette Congrgation et de l’hospice de la providence, à Saumur »in Hélyot, Badiche et Tochou, les pères (dir.), ''Dictionnaire des ordres religieux'' […], Paris, J.-P. Migne, ''Encyclopédie théologique'', t. XXIII/ 4, 1859, col. 1390-1391).<br />
* « L’autorité de ces mémoires est de premier ordre au point de vue du témoignage […]. Malgré l’admiration et l’affection vive qu’elle a pour sa bonne Mère, elle dit ingénument ce qu’elle pense. À un bon sens exquis […], Marie Laigle joint ce sens supérieur des choses divines que l’Esprit Saint donne aux humbles et aux petits […], tout illettrée qu’elle était, […]. On ne peut exiger plus de garantie pour la vérité de la parole humaine ». (le père Ory, S. J. en 1888 lors du « procès informatif diocésain, in le chanoine Georges Blond, ''La mère des pauvres. Jeanne Delanoue, 1666-1736'', Saumur, Congrégation des Sœurs de Jeanne Delanoue à Saint-Hilaire-Saint-Florent, 1968, p. 188).<br />
* « Marie Laigle n’a rien d’une styliste […] elle ne sait pas composer : son cahier est une suite de notes écrites au jour le jour et mises bout à bout […] destinées à ses Sœurs ; elle ne suit pas l’ordre chronologique […] ; sa langue est parfois assez drue […]. Marie Laigle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense […]. Elle est vraiment trop discrète, […] ne manque pas d’ironie, […] […] la chronologie de l’excellente fille est flottante ». (Le chanoine Georges Blond, ''La mère des pauvres. Jeanne Delanoue, 1666-1736'', Saumur, Congrégation des Sœurs de Jeanne Delanoue à Saint-Hilaire-Saint-Florent, 1968, p. 14-16, 187 ; 91 n. 2, 93 n. 4, 203 n. 18).<br />
* « Marie Laigle […], dans un texte irremplaçable […], et en fine observatrice […] est d’un secours précieux pour notre connaissance de la sainte de Saumur. […] Nous avons la faculté de la suivre jusqu’en 1716, grâce au cahier de Marie Laigle, malheureusement interrompu à cette date. » (Raymond Darricau et Bernard Peyrous, in R. Darricau et autres, ''Sainte Jeanne Delanoue, servante des pauvres'', Chambray-les-Tours, C. L. D., 1982, p. 23-24, 41). <br />
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{{DEFAULTSORT:Laigle, Marie}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Vie consacrée]] [[Catégorie:Histoire]] [[Catégorie:Mystique, prophétisme, spiritualité]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Marianne_ChatainMarianne Chatain2021-09-19T14:48:07Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = <br />
| dénominations = soeur Jeanne<br />
| naissance = 28 mai 1729?<br />
| décès = 19 juin 1816<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Nicole Pellegrin]], 2021 ==<br />
Marianne Châtain serait née le 28 mai 1728 ou 1729 en Bas-Poitou, à Rorthais, dans le nord de l’actuel département des Deux-Sèvres. Son origine sociale est obscure : actuellement inconnue, elle est assurément modeste. La jeune Poitevine apparaît en 1767 dans les archives de la congrégation des Filles de la Sagesse quand elle demande à être agrégée à celle-ci comme sœur converse auprès du couvent et maison-mère de Saint-Laurent-sur-Sèvre, en actuelle Vendée. Sans doute pauvre et pieuse, cette fille de peine souhaite avoir un statut jusqu’alors refusé par les fondateurs : elle déclare qu’elle est déjà membre de la confrérie des Vierges de Saint-Laurent instituée par le père Grignion de Montfort, qu’elle a donc fait un vœu de célibat renouvelable chaque année et qu’elle remplit, à ce titre, au sein de la communauté, des tâches essentielles de servante rétribuée ; son travail est si absorbant qu’il ne lui permet pas de s’acquitter correctement des exercices de piété auxquels elle aspire. Elle souhaite donc offrir gratuitement et définitivement son labeur « dans l’obéissance », c’est-à-dire sous le voile. Face à sa demande, la mère Anastasie (née Jeanne Barré à Niort en 1727 et supérieure générale de 1759 à 1768) est embarrassée car, selon les Constitutions de la Sagesse, sa communauté ne saurait recevoir des personnes « ayant été en service », injonction qui reflète la vision dégradée du travail servile qui prévaut dans la société d’Ancien Régime et au-delà. Marie-Louise Trichet, première supérieure générale, avait d’ailleurs refusé d’incorporer une « Vierge » comme converse, se contentant à la mort de celle-ci de faire dire en sa faveur les prières en usage pour les religieuses défuntes. Finalement Marianne Châtain obtient d’entrer en communauté et, sous le nom de sœur Jeanne, elle revêt un habit brun distinct de celui de ses sœurs de chœur habillées de gris (la coiffe notamment est modifiée pour ne pas gêner les travaux de cuisine et de buanderie).<br/><br />
Elle survit aux violentes tribulations engendrées par la guerre civile en Vendée : sac de Saint-Laurent par l’armée républicaine le 31 janvier 1794, départ à pied des religieuses enchaînées deux à deux vers les prisons de Nantes via la brève embauche de certaines à l’hôpital de Cholet (successivement occupé par les républicains puis par les royalistes et à nouveau par les Bleus), arrivée à Nantes les 7 ou 8 mars, incarcération dans différentes prisons jusqu’au début 1795, dispersions, etc. De ce convoi initial, 12 religieuses sur 35 ont pu survivre et, parmi elles, la sœur Jeanne, à moins qu’elle ne soit restée cachée aux environs de Saint-Laurent. Aux dires des historiens de la Sagesse, peu précis à propos de cette converse, elle aurait d’ailleurs, pendant toute cette période, rendu de multiples services à ses compagnes, mais on n’en connaît ni les moyens ni le contenu. Par contre, on sait avec assurance que lorsqu’en 1800 les professions reprennent à Saint-Laurent, elle refuse, ainsi que trois sur cinq de ses humbles compagnes, de quitter son état de converse. Par modestie sans doute, par crainte peut-être aussi de devoir faire, à 71 ans, un an de noviciat. Sa mort ne survient, à la maison-mère de Saint-Laurent, que sous le règne de Louis XVIII, le 19 juin 1816, à l’âge de 87 ou 88 ans.<br/><br />
Marianne Châtain devenue sœur Jeanne est la première converse d’une congrégation qui, après avoir refusé, en ses débuts, d’établir de différences entre ses membres en spécialisant leurs emplois, a recruté de nombreuses religieuses de rang subalterne jusqu’en 1954 (avec une interruption de 1845 à 1859), et cela pour mieux permettre aux sœurs de chœur d’accomplir un apostolat féminin très apprécié dans le domaine des soins et de l’éducation des pauvres. Malgré son importance dans le fonctionnement de tous les couvents, le personnage de la converse (ou du frère lai) n’est guère étudié, sauf quand il est endossé par quelques grand.e.s mystiques assoiffé.e.s de pénitences et d’humiliations (la carmélite [[Barbe Avrillot]]-Acarie, future sainte Marie de l’Incarnation ; la visitandine [[Jeanne Pinczon du Hazay]] ; etc.). Même sous sa forme strictement utilitaire, c’est une figure essentielle mais trop souvent oubliée d’engagement religieux féminin.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* ARNOLD, Odile, ''Le corps et l’âme. La vie des religieuses au XIXe siècle'', Paris, Seuil, 1984.<br />
* DERVAUX, J.-F., ''Le doigt de Dieu. Les Filles de La Sagesse après La mort des Fondateurs'', t. I : ''1759 à 1800'', Saint-Laurent-sur-Sèvre, Communauté des Filles de la Sagesse, 1954, ill.<br />
* FONTENEAU, Père, ''Histoire de la Congrégation de la Sagesse'', Paris et Poitiers, Oudin, 1878.<br />
* LANGLOIS, Claude, ''Le Catholicisme au féminin. Les congrégations à supérieure générale au XIXe siècle'', Paris, Cerf, 1985.<br />
* MURPHY, Gwenaël, ''Les religieuses dans la Révolution française'', Paris, Bayard, 2005.<br />
<br />
==Jugements==<br />
* Une justification traditionnelle : « c’est la divine Providence qui a inspiré de faire ce changement auquel on n’avait point pensé jusque là. […] ces modestes religieuses […] ne sont point étrangères à la famille de Montfort, […] bien qu’à un degré inférieur. […] Le travail des mains est l’occupation des Sœurs converses. Cependant ce travail n’absorbe pas tellement tous leurs instants qu’elles ne puissent, de temps en temps dans la journée, se livrer à quelques exercices de piété. Avent tout, elles sont Religieuses pour travailler à leur propre sanctification. N’étant point chargées du gouvernement des maisons et de la direction des Sœurs, n’ayant point à traiter avec les administrations, ne prenant qu’une faible part de responsabilité dans les emplois qui sont toujours dirigés par une Sœur de chœur, elles ont une grande facilité à s’occuper d’elles-mêmes. Leurs journées se passent tranquillement dans l’obéissance, le travail et les exercices de piété, comme l’avait désiré la Sœur Jeanne qui leur a ouvert à toutes le chemin de la Sagesse. Sans se préoccuper du lendemain, elles peuvent se reposer délicieusement dans le Cœur de Jésus, leur Époux et leur modèle. […] » (Le père FONTENEAU, ''Histoire de la Congrégation de la Sagesse, Paris et Poitiers'', Oudin, 1878, p. 116).<br />
* Une vision plus contemporaine : « Jusqu’au bout humble, active, infatigable éplucheuse de légumes, elle en faisait la principale occupation de son grand âge » (J.-F. Dervaux, ''Le doigt de Dieu. Les Filles de La Sagesse après La mort des Fondateurs'', t. I : ''1759 à 1800'', Saint-Laurent-sur-Sèvre, Communauté des Filles de la Sagesse, 1954, p. 23).<br />
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{{DEFAULTSORT:Chatain, Marianne}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
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* [[Émilie]] en collaboration avec [[Évelyne Arnault-Robert ]]<br />
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<div>Évelyne Arnault-Robert a rédigé la notice <br />
* [[Émilie]], en collaboration avec [[Brigitte Bonnet]]<br />
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{{DEFAULTSORT:Arnault-Robert, Évelyne}}[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/%C3%89milieÉmilie2021-09-19T14:25:41Z<p>Henneau : </p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = <br />
| dénominations = « Émilie »<br />
| naissance = <br />
| décès = vers 1700<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Évelyne Arnault-Robert]] et [[Brigitte Bonnet]], 2021 ==<br />
« Émilie » est une des nombreuses correspondantes et maîtresses du comte d’Argenson (1696-1764) Celui-ci a exercé plusieurs fonctions d’État (lieutenant général de police, chancelier, ministre de la Guerre) et a conservé une bonne partie de sa correspondance privée passive, dont près de cinquante lettres d’une énigmatique inconnue. Celle-ci ne signe jamais. Cependant elle se donne un prénom – réel ou d’emprunt – « Emilie », et cela une seule fois, un 23 septembre sans indication d’année : « pour quoy nemepas dire mon chere enfan machere Emilie, ne cuige pas avous ». Ces lettres sont, pour l’instant, la seule source disponible pour identifier leur rédactrice.<br/><br />
Pendant les deux ans (1731-1733) que semble avoir duré cette relation épistolaire, le comte est chancelier du duc d’Orléans et a d’autres amantes : la duchesse de Gontaut (1734-1737), madame de Reynel (1733-1735), madame de Séchelles (1736-1751). Émilie est elle aussi une femme mariée. Son mari, qu’elle dit « extravagant », semble avoir un domicile à Charenton. Elle possède ou a possédé une maison à Paris et elle est servie par au moins une personne nommée Brodin qui facilite ses échanges de lettres avec le comte. Émilie serait belle, (selon madame de Narbonne), jeune (« je peut Etre imprudente, a mon age onest pardonable »), capricieuse et de santé fragile : « livronnous auplaisir vous davoire la taille fine ? Et moy le teinClaire », « pasdont bien mefache, machetivesanté est sidérangé ». Sa mère vit encore, seule personne de sa famille qu’elle évoque. Emilie, fort cultivée mais à l’orthographie incertaine, fréquente l’opéra, le théâtre, demande des livres au comte et s’intéresse à la littérature (notamment aux écrits du « petit Crébillon »). Elle semble très amoureuse du Comte : « je vous adore detoute maforCe jemeurdenvie devous mordre de vous Croqué » et elle doit imaginer des plans pour le rencontrer.<br/><br />
Émilie met-elle en danger sa réputation de femme mariée dans un monde où l’adultère est fréquent ? Une procédure judiciaire dont on ne sait précisément qui en prit l’initiative, est en cours entre elle et son mari. Dans l’attente d’un procès qui doit se dérouler « après Pâques », elle loge dans différents couvents et, pendant un séjour « aux Cordeliers », elle demande de l’aide au comte : « je seroy vraiment perduë apres les simoy, il pourait en venire, Encore sisautre ». Par ailleurs, elle évoque une lettre de cachet qui devrait la protéger du comportement de son mari. À sa demande, elle quitte des lieux conventuels non identifiés, refuse d’aller à la Miséricorde et semble avoir vécu chez un grand nombre de gens, en ville ou à la campagne. Elle nomme madame de Narbonne qui a probablement écrit en sa faveur, ainsi que monsieur de Narbonne. Elle parle d’un hôte qui l’effraie : j’ai « une peure aurible aureste Cest un fort honetehomme,qui ne fait pas bonne chere, il est vrait /quil nest pas petit maitre, Cest quelque Chose, son ajustement delit est simple et unique, Cest adire quil Couche sans ridaus, avec uneredingote rouge, et pour rendre letout parfait, un bonois denuit sisale, que le Cœur menbondit, Cest dommage ». Elle compte sur son procureur, un Mr Lebeuf, sur le gouverneur Felez, sur son avocat. Elle cite aussi des personnes qui lui sont inconnues mais qui pourraient, dit-elle, l’aider : monsieur de Carignan, duc de Savoie, la « Générale Lamotte », le président Hénault, messieurs de Maurepas et de Lamotte. Émilie échafaude des plans de fuite, part sans bagages et demande au comte de lui faire parvenir tissus, robes, papier, vin, pâté. Elle ne veut pas aller en « Provence » où on prévoit de l’envoyer. Émilie est jalouse des femmes qui entourent son amant et en particulier de « la. Caucos » qu’elle traite de chienne, mais elle excuse néanmoins les absences du Comte, tant que ses manquements peuvent s’expliquer par ses occupations ou sa santé. Petit à petit, le ton des lettres laisse imaginer que cette relation s’est achevée au bout de deux ans.<br/><br />
Émilie est une inconnue en quête d’identité. Sa relation clandestine avec un personnage important du règne de Louis XV révèle le sort de nombre de femmes de l’aristocratie, mal mariées mais combatives et procédurières. Le ton passionné de ses lettres, leur graphie particulière (notamment sa manière de segmenter les mots), la vivacité des faits qu’elles évoquent, rendent très attachante une épistolière dont l’anonymat mérite d’être levé par des recherches collectives.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* Bibliothèques universitaires de Poitiers (France), fonds ancien, archives d’Argenson : P 94. Soit au moins 49 lettres de la même écriture, dont 48 sont adressées au comte d’Argenson et une à madame « la Générale Lamotte ». Une seule lettre est signée et elle l’est du prénom « Emilie ». Seuls les quantièmes du jour et du mois sont parfois indiqués.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Argenson, Françoise d', Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, et autres, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d'état à la guerre à travers les archives d'Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2020, t. XVIII, p. 7-86.<br />
* Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, Pellegrin, Nicole, et autres, « Des femmes à leur écritoire au XVIIIe siècle : les épouses d’Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2016, t. XV, p. 7-87.<br />
* Combeau, Yves, ''Le Comte d'Argenson (1696-1764), ministre de Louis XV''. Préface de Michel Antoine, Paris, École des Chartes, 1999. <br />
* Martin, Georges, ''Histoire et généalogie de la maison de Voyer de Paulmy d’Argenson'', Lyon, chez l’auteur, 1997.<br />
<br />
<br />
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{{DEFAULTSORT:N..., Émilie}}<br />
[[Catégorie:Personnage]] [[Catégorie:Patronyme inconnu]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Correspondance]] [[Catégorie:Mondanité]] [[Catégorie:Influences]] [[Catégorie:Maîtresses, favorites]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Nicole_ProuxNicole Proux2021-09-19T14:16:24Z<p>Henneau : Page créée avec « Nicole Proux a rédigé la notice: * Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson {{DEFAULTSORT:Proux, Nicole}}Catégorie:Auteur(e) »</p>
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<div>Nicole Proux a rédigé la notice:<br />
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* [[Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson]]<br />
<br />
{{DEFAULTSORT:Proux, Nicole}}[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Anne-Jos%C3%A8phe_Bonnier_de_la_MossonAnne-Josèphe Bonnier de la Mosson2021-09-19T14:06:14Z<p>Henneau : /* Jugements */</p>
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = duchesse de Picquigny (ou Pecquigny), puis duchesse de Chaulnes. <br />
| conjoints = Michel Ferdinand d'Ailly, duc de Picquigny, puis duc de Chaulnes <br/> Martial Henry de Giac.<br />
| dénominations = Madame de Chaulnes<br />
| naissance = 15 avril 1718<br />
| décès = 4 décembre 1782<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Nicole Proux]], 2021 ==<br />
<br />
Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson, née en 1718, appartient à une famille de financiers. Son père, trésorier général des États du Languedoc, est un riche et grand amateur d'art mort en 1726 un an avant son épouse. Le frère d’Anne-Josèphe, de seize ans son aîné, est un éminent bibliophile et possède à Paris un remarquable cabinet de curiosités. Ainsi, les passions de son père et de son frère peuvent avoir donné à Anne-Josèphe un accès précoce aux sciences et à la culture.<br/> <br />
En 1734, âgée de seize ans, la riche héritière est mariée à un descendant de l'illustre famille des Luynes, Michel-Ferdinand d'Albert d'Ailly, vidame d'Amiens, duc de Picquigny, puis duc de Chaulnes. Jean-Marc Nattier exécute en 1744 le portrait en Hébé de la duchesse de Chaulnes ; elle y apparaît légèrement plantureuse, avec des yeux noirs dans un visage ovale.<br/> <br />
Son époux, Michel-Ferdinand d'Albert d'Ailly, né en 1714, est un officier et un habile stratège, qui contribue à la victoire de Fontenoy en 1745. Sa bravoure et ses qualités humaines sont reconnues par Louis XV qui le surnomme « l'honnête homme » et l'autorise à acheter la lieutenance générale de Bretagne en juin 1747. En 1751, la duchesse qui accompagne son mari à Rennes pour la tenue des États y est chaleureusement accueillie. L'hostilité des États bretons éclate cependant à propos du vingtième taxant les revenus et de la nomination des commissaires chargés de la répartition des impôts. Patient et conciliant, le duc, soutenu par sa femme, réussit à mettre fin au mécontentement. Cependant, en 1752, lassé, il revend sa charge. Déjà gouverneur d'Amiens, il obtient le gouvernement d'Artois. Cet homme est un bibliophile averti et un grand amateur de musique. Physicien, astronome et collectionneur de curiosités, il est attiré par les sciences et les inventions et il aime réunir des savants en son hôtel parisien. La duchesse partage leurs discussions et y fait l'apprentissage des sciences. <br />
La vie de la duchesse se déroule principalement à Paris, dans leur hôtel Place Royale, puis dans une autre demeure spacieuse, près du jardin du Luxembourg, ou dans leur logement de Versailles. D'abord « dame à accompagner la reine », elle accède en 1767 à la fonction de dame du Palais qu'elle exerce jusqu'à sa mort. Quand elle aspire à la tranquillité, elle se réfugie au château de Chaulnes en Picardie.<br/><br />
Sa correspondance avec le comte d'Argenson, alors ministre et secrétaire d'État de la guerre, devenu son amant en 1743-1744, révèle une femme cultivée, sachant citer Racine et évoquer les mythes grecs. Son esprit critique acéré lui fait juger avec lucidité et férocité l'aristocratie dont elle fait pourtant partie. Elle écrit que les « petits politiques […] moitié importants, moitié freluquets » l'agacent. Elle trouve la vie à la cour difficile car les femmes y sont toujours tentées « d'égratigner tout le monde ». Selon elle, la noblesse a un rôle à jouer : elle doit montrer l'exemple au reste de la société. Même si elle se réjouit « des elevations inatendues arrivées [aux] armés » (sic), elle déclare détester « le bruit affreux des armes » et souhaite que les années de guerre n'aient jamais existé.<br />
Le duc de Chaulnes meurt en 1769, désespéré, diront les ennemis de la duchesse, par les infidélités de celle-ci. Leur fils, né en 1741, a lui aussi la passion des sciences et s'adonne à des travaux de chimiste et de naturaliste. Il décède sans descendance en 1792.<br/><br />
Madame de Chaulnes crée un grand scandale en se remariant, à cinquante-cinq ans, avec Martial Henry de Giac, maître des requêtes, conseiller au Parlement. Il n'appartient pas à la haute noblesse, il est de vingt ans son cadet et on le soupçonne d'être attiré par la fortune de son épouse. Elle devient donc, selon ses propres termes « la femme à Giac ». Mariés en octobre 1773, ils se séparent d'un commun accord en juin 1774. Elle passe les dernières années de sa vie rue Saint-Jacques, probablement à l’abbaye du Val-de-Grâce, où elle décède en décembre 1782.<br/><br />
Femme d'esprit, fantasque, impulsive, guidée, semble-t-il, par ses passions, et mal aimée des gens de son monde, elle diffère des autres dames de la Cour par sa curiosité, sa soif de connaissances, l'acuité de ses jugements. Épistolière accomplie, sa maîtrise élégante de l'écriture et son éloquence lui ont permis de traduire ses états d'âme dans des lettres d'amour oscillant entre abattement profond, emportement colérique et enthousiasme exalté. <br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* Bibliothèque universitaire de Poitiers (France), archives d'Argenson : carton P 69 (soixante-trois lettres) ; carton P 74 (deux lettres). Soit 65 lettres, écrites en 1743 et 1744 et destinées au comte d'Argenson.<br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* Créquy, Mme de, ''Les Souvenirs de Madame de Créquy de 1710 à 1803'', Paris, Garnier frères, 1873.<br />
* Du Deffand, Mme, ''Correspondance complète de la Marquise du Deffand avec ses amis'', éd. par M. de Lescure, Paris, Henri Plon,1865.<br />
* Luynes, duc de, ''Mémoires sur la cour de Louis XV, publiés par L. Dussieux et Eud. Soulié'', Paris, F. Didot, 1860, tome 10, « Appendice de l'année 1750 ».<br />
* Sénac de Meilhan, Gabriel, ''Portraits et Caractères des Personnes distinguées à la fin du XVIIIe siècle'', Paris, J. G. Dentu, 1813.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, Pellegrin, Nicole, et autres, « Des femmes à leur écritoire au XVIIIe siècle : les épouses d’Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2016, t. XV, p. 7-87.<br />
* Argenson, Françoise d', Caron, Philippe, et autres, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d'état à la guerre à travers les archives d'Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2020, t. XVIII, p. 7-86.<br />
* Combeau, Yves, ''Le Comte d'Argenson, Ministre de Louis XV'', Paris, École des Chartes, 1999.<br />
* Grasset-Morel, Louis, ''Les Bonnier ou une famille de financiers au XVIIIe siècle'', Paris, E. Dentu, 1886.<br />
<br />
==Choix iconographique==<br />
* 1744, Jean-Marc Nattier, ''La duchesse de Chaulnes représentée en Hébé'', huile sur toile, 144 x110 cm. Musée du Louvre, Paris, France. <br />
* 1746, Jean-Marc Nattier, ''Portrait du duc de Chaulnes, représenté en Hercule'', huile sur toile, 129 x103 cm. Musée du Louvre, Paris, France.<br />
<br />
==Jugements==<br />
* Forges, station thermale en Normandie, 2 juillet 1742 : « O mon dieu qu'elle me déplaît ! Elle est radicalement folle […]. Sa prétention est d'avoir de l'imagination et de voir toute chose sous des faces singulières, et comme la nouveauté des idées lui manquent, elle y supplée par la bizarrerie de l'expression, sous prétexte qu'elle est naturelle. » -- Forges, 9 juillet 1742 : « La Pecquigny n'est d'aucune ressource, et son esprit est comme l'espace : il y a étendue, profondeur, et peut-être toutes les autres dimensions que je saurais dire, parce que je ne les sais pas, mais cela n'est que du vide pour l'usage. Elle a tout senti, tout jugé, tout éprouvé, tout choisi, tout rejeté. […]. Elle est, dit-elle, toute la journée avec toutes nos petites dames à jaboter comme une pie. [...] Elle est aisée à vivre ; mais je la défierais d'être difficile avec moi : je me soumets à toutes ses fantaisies. » (Madame du Deffand au président Hénault, in ''Correspondance complète de la Marquise du Deffand avec ses amis'', par M. de Lescure, Paris, Henri Plon, 1865, p. 16-17, 37).<br />
* Bretagne, 1747- 1752 : « Madame de Chaulnes alla ce jour-là dans la salle des Etats ; c'était le moment où l'on faisait les adjudications pour les fermes. Dans le moment qu'on la vit paroître, il y eut des acclamations les plus grandes et les plus flatteuses. » (Duc de Luynes, ''Mémoires sur la cour de Louis XV, publiés publiés par L. Dussieux et Eud. Soulié'', Paris, Firmin Didot, 1860, tome 10 : « Appendice de l'année 1750 », p. 454).<br />
* Le remariage de 1773 vu par Renée Caroline de Frouly, marquise de Créquy (1714- 1803) et femme de lettres (texte sans doute apocryphe) : « La duchesse de Chaulnes était certainement la plus extravagante et la plus ridicule personne de France. C'était une grosse douairière toute bouffie, gorgée, soufflée, boursoufflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne et qui zézayait en parlant pour se rajeunir. » (''Les Souvenirs de Madame de Créquy de 1710 à 1803'', Paris, Garnier frères, 1873, tome 2, page 5).<br />
* Un portrait plus nuancé ou plus perfide par l'écrivain Gabriel Sénac de Meilhan (1736- 1803) qui a fréquenté Madame de Chaulnes déjà âgée : « Sans avoir jamais été belle, elle avoit de la physionomie, ses yeux étoient brillants, expressifs [...], son teint avoit de la blancheur mais rien d'animé ; son maintien avoit de la gêne et de l'embarras jusqu’à ce qu'elle eût donné l'essor à son esprit. […] Elle avoit à un degré supérieur le don de la pensée. […] Son esprit car il composoit tout son être […] avoit le plus rapide élan. […] L'esprit étoit tout pour elle. […] Ses pensées n'avoient jamais ni passé ni futur : elle voyait tantôt les choses sous un angle, tantôt sous un autre. […] Sa vie a été une longue jeunesse que n'a jamais éclairée l'expérience. » (Gabriel Sénac de Meilhan, ''Portraits et Caractères des Personnes distinguées à la fin du XVIIIe siècle'', Paris, J. G. Dentu, 1813, p. 71).<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
{{DEFAULTSORT:Bonnier de la Mosson, Anne-Joseph}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Correspondance]] [[Catégorie:Savoirs, érudition]] [[Catégorie: Salon, cour, cercle]] [[Catégorie:Mondanité]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Jeanne_RochaudJeanne Rochaud2021-09-19T13:47:45Z<p>Henneau : </p>
<hr />
<div>Jeanne Rochaud a rédigé la notice:<br />
<br />
* [[Henriette Fitz-James]]<br />
* [[Madeleine Charlotte Émilie Le Fèvre de Caumartin]]<br />
<br />
{{DEFAULTSORT:Rochaud, Jeanne}}[[Catégorie:Auteur(e)]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Madeleine_Charlotte_%C3%89milie_Le_F%C3%A8vre_de_CaumartinMadeleine Charlotte Émilie Le Fèvre de Caumartin2021-09-19T13:41:21Z<p>Henneau : /* Notice de Jeanne Rochaud, 2021 */</p>
<hr />
<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = marquise de Balleroy<br />
| conjoints = Jacques de La Cour, Jacques, marquis de Balleroy<br />
| dénominations =<br />
| naissance = 1674 ?<br />
| décès = 1749<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Jeanne Rochaud]], 2021 ==<br />
Charlotte-Émilie Le Fèvre de Caumartin naît vers 1674 dans une famille de robins qui a occupé de hautes fonctions - son bisaïeul, Louis Le Fèvre (1552/1623) est garde des sceaux en 1622. Son aïeul, en épousant Madeleine de Choisy, s'allie, et aux Pontchartrain, et à la finance. Son père, Louis-François Le Fèvre de Caumartin (1624-1687), lié au coadjuteur de Retz pendant la Fronde, devient intendant en Champagne et conseiller d'état ; en épousant, en secondes noces, Catherine-Madeleine de Verthamon, il renforce l'endogamie des grands robins de Paris (Bignon, Talon, Voysin, d'Aligre). Soucieux de l'éducation de ses enfants, en particulier de ses fils, il leur donne de bons précepteurs, Fléchier pour l'aîné Louis-Urbain, né d'un premier lit, homme brillant qui, allié à Pontchartrain, devient intendant des finances et conseiller d'état.<br/><br />
A la mort du père, Louis-Urbain doit marier ses cinq sœurs ; la seconde, épouse un d'Argenson, désargenté mais plein d'avenir, et Jacques de La Cour ( ?-1725), issu de la meilleure noblesse normande, épouse la troisième, Charlotte-Émilie, sans dot, le 8 mars 1693. Pourvu d'une charge de maître des requêtes, mais peu fait pour la vie à Paris, La Cour vend cette charge, acquiert la terre de Balleroy (dans l’actuel Calvados) et son magnifique château (il a appartenu aux Choisy, parents de sa femme) et s'installe en Normandie. Émilie se fait promettre, par tous ses parents et amis restés dans la capitale, l'envoi de lettres, lui permettant d'assister, de loin, à tout ce qui fait la vie de la bonne société et de la cour. De 1704 à 1724, tous lui écrivent, plus ou moins régulièrement. Ce sont ces lettres qui dressent, en creux, un portrait de Charlotte-Émilie et font apparaître le personnage, central sous l’Ancien Régime, de l’épouse dont l’invisible entregent social permet ou facilite l’ascension d’un vaste ensemble de familles alliées.<br/><br />
Si ses correspondants (ses frères, ses neveux d'Argenson et Guitaut, son cousin Breteuil et, dans une moindre mesure, ses sœurs) montrent tant d'esprit, on peut imaginer qu'elle-même n'en était pas dépourvue, et que l'humour dont ils font preuve comble son attente. Coquette ? Les factures dont parle son époux en témoignent. Cultivée ? Les livres que son neveu d'Argenson lui envoie, le prouvent. Pieuse ? Son frère, Caumartin de Boissy, la raille : « Je me recommande à vos saintes prières. Quand vous viendrez nous voir, de quel parti serez-vous sur la Constitution ? ». Mais Émilie s'ennuie dans son château. Son mari qui ne supporte pas Paris, mais y fait de longs séjours, pour régler des dettes, suivre ses procès, s'occuper de ses fils, lui écrit : « depuis que j'ai quitté Balleroy, je m'ennuie autant à Paris que je vous ai vue vous ennuyer à Balleroy ». Ces lettres (1175 au total), pieusement conservées par leur destinataire, sont attendues avec impatience, lues en public et sans doute relues avec plaisir et une pointe de nostalgie.<br/><br />
La marquise de Balleroy a deux fils nés en 1694 et 1696 à Paris. En 1720, le fils aîné est marié à une fille du maréchal de Matignon, alliance prestigieuse, qui rapproche de la cour les Balleroy, mais c’est une mésalliance pour la maison de Matignon. Mariage qui cause un froid entre la marquise et son frère de Boissy qui rêvait d'une telle alliance pour sa fille. En 1722, le marquis de la Cour imagine faire entrer le cadet dans la garde du cardinal Dubois et demande conseil à son épouse. L'achat de Balleroy a vraiment grevé les finances familiales. Est-ce la raison pour laquelle Émilie n'accompagne pas son mari à Paris, lors de ses nombreux séjours ? <br/><br />
En 1744, l'aîné des fils Balleroy, devenu marquis à la mort de son père, gouverneur du duc de Chartres en 1735, est disgracié (soupçonné d'être hostile à Mme de Châteauroux, maîtresse du roi) ; la marquise écrit à son neveu d'Argenson, alors ministre de la guerre, sans succès. Après la mort de son mari en 1725, Émilie rejoint probablement Paris, mais c'est à Balleroy, aux côtés de son fils exilé, qu'elle meurt en 1749.<br/><br />
La marquise de Balleroy reste une femme méconnue. Vouée à une vie brillante par sa famille et son éducation, elle partage le sort de bien des jeunes femmes, pas assez titrées ou pas assez riches, que le mariage oblige à vivre en province. Elle n'a d'existence qu'à travers l’abondante correspondance dont elle est la destinataire, puisque ses propres lettres n'ont pas survécu, à quelques exceptions près. Elle est la figure, paradoxale mais trop négligée par les études littéraires et historiques de la réceptrice.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* Bibliothèque Universitaire de Poitiers, AA, P 77 : dossier Mme de la Cour lettres manuscrites, au comte d'Argenson<br />
* Barthélémy, Édouard de, ''Les correspondants de la marquise de Balleroy d'après les originaux inédits de la Bibliothèque Mazarine'', Paris, Hachette, 1883, t.1, p. LXV : une lettre à son frère Caumartin de Boissy à propos de la succession de son frère Louis-Urbain.<br />
<br />
==Principales sources==<br />
* Sévigné, Marie de Rabutin-Chantal, ''Lettres de Madame de Sévigné, de sa famille et de ses amis'', éd .par M. Monmerqué, Paris, Hachette, 1862, 14 vol. <br />
* Saint-Simon, Louis de Rouvroy, ''Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence, collationnés sur le ms. original par M. Chéruel et précédés d'une notice par M. Sainte-Beuve'', Paris, Hachette, 1856-1858, 20 vol.<br />
* Barthélémy, Édouard de, ''Les correspondants de la marquise de Balleroy d'après les originaux inédits de la Bibliothèque Mazarine'', Paris, Hachette, 1883.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Argenson, Françoise d', Caron, Philippe, et autres, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d'état à la guerre à travers les archives d'Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2020, t. XVIII, p. 7-86.<br />
* Aubertin, Charles, « Une marquise sous la Régence », ''Revue des Deux-Mondes'', 1872-01, p. 182-203<br />
* Combeau, Yves, ''Le comte d'Argenson, 1696-1764 : Ministre de Louis XV'', Paris, École des Chartes, 1999.<br />
* Dagen, Jean, « Les Caumartin : entre gens de cour et gens de plume », Cahiers Saint-Simon/ Année 2007/35, Les Belles-Lettres à la Cour, p. 3-15.<br />
* Frostin, Charles, ''Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV, alliances et réseaux d'influence'', Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.<br />
<br />
==Choix de Liens électroniques==<br />
* Barthélémy, Édouard de, ''Les correspondants de la marquise de Balleroy d'après les originaux inédits de la Bibliothèque Mazarine'', Paris, 1883 : [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204728c.pdf] et [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204729r.pdf]<br />
* Dagen, Jean, « Les Caumartin : entre gens de cour et gens de plume », ''Cahiers Saint-Simon'', 2007/35, Les Belles-Lettres à la Cour, p.3-15 :[https://doi.org/10.3406/simon.2007.1425]<br />
<br />
==Jugements==<br />
* « Je vous aime trop pour vous faire la moindre peine, je suis sans reproches devant Dieu et devant les hommes. […] Je vous assure que je vous regarde comme ma consolation, et je crois que la petite indisposition que j'ai eue vient autant d'ennui d'être sans vous que d'autre chose » le marquis de Balleroy. (cité par Charles Aubertin, « Une marquise sous la Régence », ''Revue des Deux-Mondes'', 1872-01, p. 188).<br />
<br />
* « Les légitimés ont donné leur requête au Parlement. Je ne doute pas que cette cabale n'écrive à votre fils pour lui faire signer cette ridicule requête. Il est homme d'esprit, mais il est jeune, et je crains sa tête. Faites lui bien comprendre dans quoi il se jette. S'il a signé, faites en sorte qu'il retire sa signature s'il le peut : c'est le plus grand service que vous puissiez lui rendre. Servez-vous de votre bon esprit, ma chère sœur, pour lui faire distinguer le faux du vrai » (Caumartin de Boissy à la marquise de Balleroy le 21 juin 1717, cité par É. de Barthélémy, ''Les correspondants de la marquise de Balleroy'', Paris, Hachette, 1883, p. 167-168).<br />
<br />
* « Parlant des Matignon, la seconde fille du maréchal de Matignon qui, n'était plus jeune, et s'ennuyait de n'être point mariée, épousa Basleroy, colonel de dragons. Son nom était La Cour, et si peu de chose, que son père, qui était riche, épousa pour rien la sœur de Caumartin conseiller d'état, et se fit maître des requêtes ; il n'alla pas plus loin. Les Matignon outrés furent fort longtemps sans vouloir ouïr parler de Basleroy et sa femme, et à la fin les virent et leur pardonnèrent » (Saint-Simon, ''Mémoires'', Paris, 1858, t. 17, chapitre 21, p. 452).<br />
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{{DEFAULTSORT: Le Fèvre de Caumartin, Madeleine Charlotte Émilie}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie: Correspondance]] [[Catégorie: Mondanité]] [[Catégorie: Salon, cour, cercle]]</div>Henneauhttp://siefar.org/dictionnaire/fr/Thierry_FerrierThierry Ferrier2021-09-19T13:28:40Z<p>Henneau : Page créée avec « Thierry Ferrier a rédigé la notice suivante * Marie-Anne-Catherine d'Amoressan de Pressigny {{DEFAULTSORT: Ferrier, Thierry}}Catégorie:Auteur(e) »</p>
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<div>Thierry Ferrier a rédigé la notice suivante<br />
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* [[Marie-Anne-Catherine d'Amoressan de Pressigny]]<br />
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = <br />
| conjoints = Jean Moreau de Séchelles (1690-1760)<br />
| dénominations = Madame de Séchelles<br />
| naissance = 1690<br />
| décès = 1764<br />
| enligne = <br />
}}<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Thierry Ferrier]], 2021 ==<br />
Issue d’une famille de la noblesse de robe, fille de Théméléon d'Amoressan de Pressigny, conseiller au parlement de Paris, et d'Élisabeth Alègre, Marie Anne Catherine épouse, en 1712, Jean Moreau, seigneur de Séchelles (1690-1760), maître des requêtes (1719), intendant du Hainaut (1727), intendant de Flandres (1743), contrôleur général des finances (1754 à 1756), ministre d'État (1755). Le couple donne naissance à deux filles qui font de beaux mariages : Marie-Hélène (1715-1798) épouse René Hérault, lieutenant général de police, et Marie Jeanne Catherine (?-1791) convole avec François Peyrenc, marquis de Moras. <br/><br />
Madame de Séchelles passe sa vie entre Neuilly, Paris et Versailles où elle participe aux activités de la reine, [[Marie Leczinska]] (1703-1768) qui, selon le duc de Luynes, éprouve beaucoup de bonté pour elle.<br />
Elle entretient une riche correspondance (297 lettres recensées) avec Marc-Pierre de Voyer de Paulmy comte d'Argenson (1696-1764), lieutenant général de police, chancelier du duc d'Orléans (1723-1740), ministre d'État (1742), secrétaire d'État de la Guerre de Louis XV (1743-1757) avec qui elle noue une relation amicale et amoureuse d’une durée estimée de 25 ans. À ce jour, cette correspondance signée « Desechelle », datée du jour et du mois sans l’année, constitue la principale source d’informations sur une personnalité singulière et son entourage. La profonde affection qu’elle éprouve pour le comte, dont la réciprocité est inconnue par manque de sources, se traduit tantôt par des mots enflammés : « Je vous adore mon cher ami, je ne vis que pour toi et pour t’aimer », tantôt par une tendresse toute maternelle lorsqu’elle s’inquiète pour lui : « votre santé m’est chère mon bon ami» ou lorsqu’elle lui confectionne des éléments de parure, elle écrit : « Ce sont vos dentelles, j’espère que vous en serez content ».<br/><br />
L’épistolière n’hésite pas à décrire les évènements personnels et mondains qui rythment son quotidien ainsi que les missions dont elle se sent investie. De manière récurrente, elle y évoque sa santé ainsi que celle de sa mère et de ses filles.<br/><br />
Fuyant la solitude, elle aime être entourée. Outre son cercle familial, il y a le cercle mondain constitué de celles et ceux qu'elle fréquente par amitié ou par nécessité sociale. Ainsi, elle mentionne souvent la maréchale de Maillebois, le duc de Crillon et Jean-François Hénault (1685-1770), président de la première chambre des enquêtes, surintendant de la maison de la reine, qu’elle considère comme « la boussole des sentiments des grands, s’il ne vient pas cela fera mauvais effet, les autres ne viendront pas non plus ». Elle décrit leurs occupations communes (bals, spectacles, promenades, dîners), les nouvelles qui sont échangées, les rumeurs qui circulent. Les relations sociales au sein de ce réseau sont des accélérateurs de carrière et permettent l’obtention de recommandations elles-mêmes suivies de l'envoi d’un billet ou d’une lettre. Maîtresse et amie d’un ministre qui côtoie le roi, elle est souvent sollicitée pour l'attribution de places, de grades, de décorations, de pensions, d’aides financières : « la marquise de Ximenes me prie de vous demander une compagnie de cavalerie pour son neveu ». Plus de 50 demandes ont été ainsi recensées dans l’ensemble des courriers étudiés.<br />
Par ailleurs, elle n’hésite pas à donner son avis au comte d’Argenson sur des événements majeurs d’ordre militaire et à lui rapporter des accidents, affaires, maladies, décès qui affectent les gens de cour. Elle se complaît à être les yeux et les oreilles de son amant afin d’orienter ses actions politiques et personnelles et le protéger de toutes sortes d’intrigues.<br/><br />
Madame de Séchelles connaît bien le fonctionnement de la société de cour et les moyens d’en tirer parti et de s’en méfier. Elle sait que pour mieux tenir son rang, il faut se rendre indispensable aux gens de pouvoir. Elle apprécie ce rôle d’intermédiaire auprès du comte d’Argenson : en cherchant à satisfaire ceux qui s'adressent à elle, elle livre, en retour, à son ami des renseignements fort utiles. Ainsi, le « jeudy 12 décembre » (sans année), elle l’informe que « le maréchal a des conversations avec le duc d’Aquin ; le chevalier de Grille incite le roi à aller à la guerre ».<br/><br />
Malgré la bonne conservation de son abondante correspondance, Madame de Séchelles reste aujourd’hui peu connue contrairement au grand serviteur de l’État que fut son époux, ce mari complaisant et amical, qui partage avec elle une certaine idée du service du roi.<br />
<br />
==Oeuvres==<br />
* Bibliothèques universitaires de Poitiers (France) : Archives d’Argenson, carton P 88 : soit 297 lettres manuscrites que Madame de Séchelles a adressées à son ami, le comte d’Argenson, lettres non datées mais sans doute écrites entre 1736 et 1751 selon l’estimation que permettent des mentions à divers événements et aux fonctions différentes du destinataire.<br />
<br />
==Principales sources==<br />
* Bibliothèques universitaires de Poitiers (France) : Archives d’Argenson, carton P 88.<br />
* Fouchy, Jean-Paul Grandjean de, « Éloge de M. de Séchelles », ''Histoire de l'Académie royale des sciences. Année 1760'', Paris, Imprimerie royale, 1765, p. 195-212.<br />
* Luynes, Charles-Philippe d’Albert de, ''Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV, publiés sous le patronage de M. le duc de Luynes par Louis Dussieux et Eudore Soulié'', Paris, Firmin Didot, 1860-1865, 17 vol.<br />
<br />
==Choix bibliographique==<br />
* Argenson, Françoise d’, Caron, Philippe, Proux, Claude et Nicole, Rochaud, Jeanne, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, « Le comte d'Argenson et les dames. La place des femmes dans les réseaux du secrétaire d’État de la guerre à travers les archives d'Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest, Société des antiquaires de l’Ouest'', t. XVIII, 2019, p. 5-86.<br />
* Caron, Philippe, Traineau-Durozoy, Anne-Sophie, Pellegrin, Nicole, et autres, « Des femmes à leur écritoire au XVIIIe siècle : les épouses d’Argenson », ''Revue historique du Centre-Ouest'', 2016, t. XV, p. 7-87.<br />
* Combeau Yves, ''Le comte d'Argenson, 1696-1764 : Ministre de Louis XV'', Paris, Ecole des Chartes, 1999.<br />
<br />
==Jugements==<br />
<br />
* Le 7 octobre 1751, la Reine est allée voir « donner le voile blanc » à Mme de Rupelmonde au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle : « Ce prodigieux nombre d’hommes et de femmes joint à plusieurs autres à qui la reine avoit permis de se trouver à son arrivée, comme […] Mme la duchesse de Gramont, belle-sœur de la novice, et Mme de Séchelles (Pressigny), pour qui la reine a beaucoup de bonté… » (Luynes, ''Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV'', éd. L. Dussieux et E.Soulié, Paris, F. Didot, 1860-1865, Tome 11, p. 255)<br />
<br />
* Lettre non datée d’Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson (1702-1782), duchesse de Chaulnes, maîtresse du Comte d'Argenson, où elle s'indigne de la négligence de son amant à l'égard de Madame de Séchelles : « Vous avés couché deux nuits à Neuilli sans venir voir un moment Mme deSéchelles ; il y a quatre mois qu’elle ne vous a aperçu […] il y a vingt-cinq ans qu elle vous adore […] elle vous a toute ∫avie tout sacrifié cést de votre aveû ceque vous aimés et avés aimé le mieux apres vous et la gloire » (Bibliothèques universitaires de Poitiers (France), archives d’Argenson, carton P 69 lettre 9).<br />
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{{DEFAULTSORT:Amoressan de Pressigny, Marie-Anne-Catherine}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
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<div>Claude Proux a rédigé la notice suivante<br />
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* [[Claire-Thérèse d'Aguesseau]]<br />
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<div>{{Infobox Siefar<br />
| image = <br />
| titres = Comtesse de Chastellux<br />
| conjoints = Guillaume Antoine, comte de Chastellux<br />
| dénominations =<br />
| naissance = 25 octobre 1699<br />
| décès = 4 octobre 1772<br />
| enligne = <br />
}}<br />
<br />
__FORCETOC__<br />
== Notice de [[Claude Proux]], 2021 ==<br />
Claire Thérèse d'Aguesseau est baptisée à Paris le 25 octobre 1699 en l'église, aujourd’hui disparue, de Saint-André-des-Arts. Son père est Henri-François d'Aguesseau (1678-1751), chancelier de 1717 à 1750. Il demeure dans son hôtel particulier au 18 de la rue Séguier, dans l'actuel 6e arrondissement de Paris. Sa dernière biographe, Isabelle Storez, le définit comme un « savant émérite, jurisconsulte distingué, magistrat applaudi mais homme politique dénigré, mathématicien en herbe, poète à ses heures, philosophe et moraliste ». Il est l'époux d'Anne Françoise Le Fèvre d'Ormesson (1678-1735), elle-même issue d'une grande famille de robe. Selon un contemporain, Achille de Harlay, magistrat au Parlement de Paris, ce mariage représente « l'alliance du mérite et de la vertu ». Des dix enfants nés de leur union célébrée le 4 octobre 1694, Claire Thérèse est la quatrième. <br/><br />
Dès l'âge de quatre ans, Claire-Thérèse est placée à la Visitation Sainte-Marie de la rue Saint-Jacques, auprès d'une parente, où elle reçoit, selon sa fille, une « éducation meilleure qu'elle ne l'est ordinairement dans un couvent ». Claire Thérèse sort de cet établissement réputé à 15 ans et passe sous la ferme tutelle de sa mère et d'un père attentionné qui aurait déclaré : « vous leur ferez voir [à vos frères] que la science peut être le partage des filles comme des hommes […]. Ce que je trouve de bon en vous, ma chère fille, c'est que vous ne dédaignez pas de descendre du haut de votre érudition, pour vous abaisser à faire tourner le rouet. » Des propos qui sont rapportés par la marquise de La Tournelle, sa fille et biographe, dans un riche essai sur la ''Vie de Madame la comtesse de Chastellux'', écrit en 1772 au lendemain de la mort de sa mère.<br/><br />
Claire Thérèse d'Aguesseau épouse le 16 février 1722, à 23 ans, en l'église Saint-Roch, Guillaume- Antoine, comte de Chastellux, vicomte d'Avallon, lieutenant général des armées du roi (1683-1742) qui est âgé de 39 ans. Elle met au monde 9 enfants : 6 fils et 3 filles (quatre décèderont en bas-âge) et mène une vie relativement retirée de mère attentive à la réussite de sa famille, ne faisant que de brèves apparitions à la cour. Une lettre, présente dans le fonds d'Argenson de la Bibliothèque universitaire de Poitiers et adressée au comte d’Argenson, retient l’attention : il s'agit d'une demande de promotion, datée du samedi 2 septembre 1747, pour son fils Philippe-Louis, comte de Beauvoir, qui a participé à la bataille de Lawfeld (2 juillet 1747) et y a été blessé d'un coup de feu à la jambe. Il faut noter que Claire-Thérèse est alors veuve, Guillaume Antoine de Chastellux, étant décédé à Perpignan le 13 avril 1742. Elle souhaite assurer l'avenir de son fils qui, le 1er février 1748, reçoit une commission pour « tenir rang de mestre-de-camp de cavalerie au siège de Maëstricht ». C’est une promotion militaire éclatante et elle est saluée par le duc de Luynes : « Mercredi 8 octobre 1749 […] S.M. vient de donner au second fils de Mme de Chastellux le régiment d'Auvergne […] qu'avait son frère ainé ». Le comte de Beauvoir participe à la prise de Minden, aux batailles de Closterseven (Prusse, 1757), Crefeld (1758) et Clostercamp (1760) ; il est promu brigadier (1762) et enfin lieutenant général en1784.<br/><br />
Après un long veuvage (1742) et la perte douloureuse de deux de ses fils et de son père (1747, 1749, 1751), Claire-Thérèse décède en son hôtel de la rue St Dominique, le 4 octobre 1772, et elle est inhumée au cimetière d'Auteuil auprès de ses père et mère.<br/><br />
Modèle, aux yeux de sa famille, de la mère vertueuse telle que la rêve la fin du XVIIIe siècle, Claire-Thérèse est à l’occasion une femme de cour habile et mal connue. Fait remarquable, elle a eu pour première et unique biographe, une fille aimante qui, comme elle, mériterait une étude plus étendue.<br />
<br />
== Oeuvres ==<br />
* Bibliothèque universitaire de Poitiers (France), archives d'Argenson, P 63 : au moins, deux lettres manuscrites adressées au comte d'Argenson (lundi 08/08/1740 et samedi 02/09/1747). <br />
<br />
==Principales sources imprimées==<br />
* Moreau, Jacob-Nicolas, ''Mes Souvenirs'', Paris, Plon, 1898-1901, 2 vol.<br />
* Aguesseau, Henri-François d’, ''Lettres inédites du chancelier d'Aguesseau'', éd. par Dominique Armand Rives, Paris, Imprimerie Royale, 1823, 2 vol.<br />
* Marquise de la Tournelle « Essai sur la Vie de Madame la comtesse de Chastellux », dans Aguesseau, voir ''supra'', t. 1, p. 1-64. <br />
* Luynes, Charles-Philippe d’Albert de, ''Mémoires du Duc de Luynes sur la Cour de Louis XV (1735-1758)'', Paris, Firmin Didot 1860-1865, 17 vol.<br />
<br />
== Choix bibliographique ==<br />
* Chastellux, Henri-Paul-César de, ''Histoire généalogique de la maison de Chastellux'', Auxerre, Perriquet, 1869.<br />
* Ribbe, Charles de, ''La vie domestique: ses modèles et ses règles d'après des documents originaux'', Paris, Edouard Baltenweck, 1877.<br />
* Storez, Isabelle, ''Le chancelier Henri François d'Aguesseau (1668-1751)'', Paris, Editions Publisud, 1996. <br />
<br />
==Jugements==<br />
* « A l'exemple de son père, la comtesse de Chastellux était pieuse, modeste, gaie et amicale ; elle refusait de mettre du rouge et d'aller au spectacle, et son mari, d'ailleurs fort vertueux, ne voulut pas contrarier ses désirs. [..] Veuve le 12 avril 1742, elle redoubla de soins pour ses enfants ». Elle eut pour moi « des bontés de mère. » (Jacob-Nicolas Moreau [alors précepteur des fils aînés et ami de la maison], ''Mes Souvenirs'', Paris, Plon, 1898-1901, t.1, p. 25).<br />
<br />
* « [Ma mère] avoit l’esprit juste et étendu, une grande facilité pour apprendre, avec la mémoire la plus heureuse ; avantage qu’elle avoit conservé jusqu’à la fin de sa vie, et qu’elle avoit fort cultivé dans son enfance. Toujours elle remporta les prix de mémoire [à la Visitation], et souvent on lui donna pour récompense, des vers à apprendre. Son goût dominant étoit alors la poésie ; elle avoit paru même en avoir un peu le talent ; mais elle l’abandonna en quittant le couvent. […] aucun écart ne l’a détournée un seul moment […] de cette touchante uniformité dans la vertu, qui a fait, pour ainsi dire, une seule journée de toute sa vie. […] Elle avoit dans Mme sa mère l’exemple des vertus qui rendent une femme précieuse à sa famille, et le modèle de son sexe. […] Elle avoit cependant encore plus le talent d’écrire que celui de la parole. […] un petit défaut dans l’organe rendoit sa prononciation incertaine, […] mais elle savoit parfaitement sa langue, et l’écrivoit d’une manière peu commune par une femme. […] Pendant ce premier exil de M. son père [1718-1720] à Fresnes elle se remit au latin, dont elle n’avoit alors qu’une légère teinture, et que depuis elle a su parfaitement. Elle paroissoit toujours en savoir plus et avoir plus d’instruction que les femmes n’en ont ordinairement. […] Le mariage se fit le 16 février 1722. Ma mère avoit alors vingt-deux ans faits. Sa figure n’avoit rien de remarquable en bien ni en mal ; mais sa taille avoit plus de rectitude que de grâce, et ses traits plus de régularité que d’agrément. Cependant sa physionomie étoit noble, ouverte, et peignoit une belle âme ; […] elle n’avoit ni le goût ni le talent de la parure […]. Tout ce qu’elle savoit de celui qu’elle alloit épouser, son extérieur prévenant, ainsi que la joie que ce mariage donnoit à sa famille, la satisfaisoient aussi elle-même. […] Ma mère n’eut pas de peine à s’attacher à un homme qui avoit tant de qualités aimables […] ses vivacités […] étoient quelquefois pour elle un sujet de mérite, [mais] ne lui causèrent jamais de malheur réel ; […] il lui avoit laissé la liberté sur le rouge et le spectacle. De son côté, elle désiroit ne lui pas rendre sa dévotion à charge, et elle avoit la satisfaction de voir qu’il avoit lui-même beaucoup de principes de religion […]. ma mère eut neuf enfans, six garçons et trois filles ; elle perdit deux garçons et deux filles en bas âge. Cette fécondité n’altéra point son tempérament. Sans être forte, elle avoit une excellente santé ; […]. [Éducation des enfants] Ils prirent donc le parti de les garder tous chez eux, excepté leurs filles, et de les élever sous leurs yeux. […] Quoiqu’elle fût chargée d’une nombreuse famille, elle ne voulut jamais rien faire pour porter aucun de ses enfans à l’état ecclésiastique. […] elle se seroit fait un véritable scrupule de leur procurer des biens d’église, ou de déterminer leur vocation […]. [Chagrins familiaux] Ma mère ne se permettait pas, quand elle étoit affligée, les soulagemens qui nourrissent et entretiennent la douleur en paroissant la satisfaire. […] » (Marquise de la Tournelle [fille de Claire-Thérèse d’Aguesseau, comtesse de Chastellux], « Essai sur la Vie de Madame la comtesse de Chastellux [1772] », dans Henri-François d’Aguesseau, ''Lettres inédites du chancelier d'Aguesseau'', éd. Dominique Armand Rives, Paris, Imprimerie Royale, 1823, t. 1, p. 3-4, 15, 28-29, 33-34, 37-38, 46, 59).<br />
<br />
* « Le mariage ayant été arrêté en janvier 1722, le contrat fut dressé les 13, 14 et 15 du mois suivant, par Hachette et Demasle, notaires au Châtelet de Paris, et signé par le roi et par les princes et les princesses du sang. [..] Lundi 16 - Le mariage de Mademoiselle Daguesseau avec M. de Chastellux a été célébré à Saint-Roch en grande cérémonie, à midi. Le dîner s'est fait en particulier chez la maréchale de Chamilly, et le soir il y a eu un grand souper en famille de trente-huit à quarante personnes, précédé d'un beau concert qui a duré quatre heures. Les présents ont été de quatre cents louis en or, qui valent, à présent, dix-huit mille livres, et de plusieurs bijoux d'or et des nippes galantes » Guillaume-Antoine de Chastellux, son mari « appréciait sa modestie, sa réserve, sa simplicité et ses qualités solides et sérieuses. […] Veuve après vingt années d'une union toujours heureuse, la comtesse de Chastellux se réfugia auprès de son vénérable père, dont elle aimait les conseils et l'expérience. Déjà cruellement frappée dans ses affections maternelles, elle eut la douleur de le perdre le 9 février 1751, et ne trouva de consolations que dans l'amitié de son frère, Jean-Baptiste-Paulin Daguesseau de Fresnes, auprès duquel elle vécut jusqu'à sa mort, qui eut lieu à Paris le 4 octobre 1772 ». (Le comte Henri-Paul-César de Chastellux (1842-1917), ''Histoire généalogique de la maison de Chastellux'', Auxerre, imprimerie Perriquet, 1869, p 189).<br />
<br />
* « Elle faisait à la Cour les apparitions nécessaires pour ne pas nuire à la carrière militaire de son mari, mais en usait avec la même modération que son père. » (Isabelle Storez, ''Le chancelier Henri- François d'Aguesseau (1668- 1751), monarchiste et libéral ?'', Paris, Editions Publisud, 1996, p. 147).<br />
<br />
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{{DEFAULTSORT:Aguesseau, Claire-Thérèse d'}}<br />
[[Catégorie:Personnage]]<br />
[[Catégorie:Dictionnaire Siefar]]<br />
[[Catégorie:Correspondance]] [[Catégorie: Mondanité]] [[Catégorie: Influences]]</div>Henneau